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Lounis ait menguellat

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  • Lounis ait menguellat

    De par son riche répertoire, il est difficile de nominer la meilleure chanson d’Aït Menguellat, même après un tri bien réfléchi. Cependant, pour moi, j’ai favorisé :
    le texte qui est un poème à 03 phases d’un sens très significatif,
    la musique comportant 03 airs correspondant au contenu de chaque phase,
    la voix grave convenant au texte et à la musique,
    le tout constituant une œuvre d’une architecture très recherchée.
    Ces facteurs ont influencé mon choix pour élire Ayaggou comme sa meilleure œuvre.
    Pour éviter la répétition, j’ai effectué une petite recherche sur F.A. et j’ai constaté que "remember" a déjà posté la chanson le 30 août 2010, mais seulement la 1ère partie.
    Je me permets donc de poster la chanson complète.
    N.B./ La suite commence à partir de la 3ème mn dans le 2ème vidéo.
    Par ailleurs, pour les mordus d’Aït Menguellat qui ne comprennent pas le kabyle, voici un essai de traduction.
    Ayaggou veut dire brume ou brouillard. Je me range du côté d’Issyakhem qui a choisi « brouillard » dont le sens aussi bien propre que péjoratif sied mieux.
    Première phase.
    C’est un « Istikhbar » dans lequel le poète dit :

    J’ai regardé où je pourrai voir un de mes amis
    Ils sont absents. Ils n’arrivent pas. Ils n’arriveront pas.
    Où êtes-vous ? Où êtes-vous partis, vous qui n’acceptez pas le tort.
    Mon cœur ne veut pas croire que, de vous, il ne reste personne.
    Je vous cherche, mais ne vous trouve que dans le rêve.
    Où êtes-vous ? Où êtes-vous partis, vous que le sort n’a pas épargné.
    La solitude est là, présente. Elle a élis domicile dans mon cœur.
    En moi, elle a trouvé tout ce qu’elle cherchait.
    Où êtes-vous ? C’est par votre joie qu’elle quittera cet endroit.
    La solitude m’a dit qu’elle a choisi mon cœur.
    Maintenant, je peux t’affronter, car tes amis qui sont tes ailes
    Sont partis. Ils ne sont plus là. Qui te sera d’un secours ?
    Deuxième phase.
    Il raconte la vie d’un exilé, sûrement un exilé politique.

    Je suis exilé comme tant d’autres et la raison est la même :
    C’est lorsque j’ai voulu du bien à mon frère
    Qu’il s’est levé pour me frapper.
    Je m’exile donc pour changer de pays. Reste mon frère, laboure-la, moissonne-la.
    Rappelons la génération qui a oublié, lorsque nous nous sommes mobilisés.
    Ce jour-la. Mon frère a roulé du couscous à l’ennemi,
    Et moi je lui ai roulé de la chevrotine.
    A présent que l’accalmie est là, je suis relégué à rester sous sa protection.
    Ta protection est rigide, bien assise à la maison,
    Et moi au seuil de la porte te demandant de manger la charité (manger un bout dans ta main).
    Je ne suis pas de ceux qui se baissent, mais plutôt fier.
    Depuis que mes yeux se sont éloignés, ils ne manquent de larmes.
    Ils attendent quelqu’un venir pour, au moins, le questionner.
    Ce n’est pas toi qui m’inspire de la pitié, mais plutôt la terre qui nous enfantés.
    Ô ! Clair de lune qui fait briller les collines.
    Où que je sois, où que nous voulons être, je te vois comme ils te voient.
    J’ai attendu une nouvelle. Hier ou aujourd’hui, c’est pareil. Aujourd’hui ou demain, c’est pareil.
    Eté ou hiver, c’est pareil… J’attends une nouvelle en regardant dans toutes les directions.
    Troisième partie.
    Il s’agit d’un dialogue entre l’exilé et le brouillard.

    Et vint le brouillard qui, à ma question, me répondit « mon pauvre ! »
    D’où viens-tu, ô brouillard emmené par le vent ?
    Je viens d’où tu es venu et où tu ne retourneras pas, mon pauvre.
    Qu’as-tu vu, ô brouillard emmené par le vent ?
    J’ai vu ceux que tu aimes, mais que tu ne reverras point, mon pauvre.
    Qu’a-t-il survenu, ô brouillard emmené par le vent ?
    Ton sort a changé depuis le décès de ton père, mon pauvre.
    C’est toujours mon frère qui gouverne, ô brouillard emmené par le vent ?
    Quelle gouvernance ! Ce sont les peureux qui y sont restés, mon pauvre.
    Dis-moi. Y a-t-il de l’injustice, ô brouillard emmené par le vent ?
    Ce sont tes frères qui la pratiquent et l’enterreront quand ils en auront marre, mon pauvre.
    Alors, l’injustice est enterrée, ô brouillard emmené par le vent ?
    Ce sont tes frères qui la déterrent après l’avoir enterrée, mon pauvre.
    Au fait, pourquoi viens-tu, ô brouillard emmené par le vent ?
    Ce sont tes frères qui m’ont envoyé pour te couvrir ton soleil, mon pauvre.



    Dernière modification par Sidib, 03 mai 2011, 18h43.

  • #2
    Azul Sidib

    Merci à toi !

    Je te rejoins quant à ton choix ! Ayag°g°u est de très loin ma chanson préférée du répertoire de Lounis !

    J'ai déjà posté cette chanson sur le forum dans son intégralité, mais ça remonte à deux ans au moins !


    ../..
    “La vérité est rarement enterrée, elle est juste embusquée derrière des voiles de pudeur, de douleur, ou d’indifférence; encore faut-il que l’on désire passionnément écarter ces voiles” Amin Maalouf

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    • #3
      Sidib

      ... La fan de Menguellett qui ne comprend pas bien le kabyle te remercie infiniment...

      « La voix de la mer parle à l'âme. Le contact de la mer est sensuel et enlace le corps dans une douce et secrète étreinte. »

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      • #4
        Beau travail, Sidib.
        "Tout ce que je sais, c'est que je ne sais rien."
        Socrate.

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        • #5
          Je suis heureux à plus d'un titre: Océane qui s'y est retrouvée, l'imprévisible dont l'avis est le même que le mien (ce n'est pas n'importe quel avis!) et elfamilia qui m'encourage et pour qui je dis ceci: Réflexion faite, je me retrouve beaucoup plus dans "thiqdhimine" que dans "thijdhidhine". Tu as raison.

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          • #6
            azul agma
            tu fais le bonheur de plus d'un dans cette rubrique.

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            • #7
              Makhlouka.
              3aslamtek awatma. Je suis ravi que tu apprécie. Dois-je te dire que la traduction est loin de refléter la beauté du poème de Lounis.

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              • #8
                Sidib
                les paroles de Menguellat sont trés difficiles à traduire, leur traduction ne rend pas toujours l'exactitude de leur sens profond et lourd.

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                • #9
                  yusa-d w agu yufa-y-id
                  Mi t-steqseɣ yenna-y-id
                  ay ameɣbun-iw ah
                  lehdur-is yezmen ...


                  merci sidib

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                  • #10
                    Quand on procède à une traduction de ce genre de texte, on est obligé de choisir un sens. Alors que la VO offre plusieurs sens en même temps(qui s'insèrent finalement dans un seul sens global). Je prend un exemple de la traduction de Sidib:

                    Rappelons la génération qui a oublié, lorsque nous nous sommes mobilisés.
                    Ici Ait Menguellet dit : ad nesmekti el djil yetsun ghaf dar asmi inezmed arkass. Si on opte pour une traduction intégrale cela donnerait à peu près ceci : Faisons rappeler la génération qui a oublié du temps où nous serrions arkass* sur notre pied.

                    *arkass est le singulier de irkassen qui est une sorte de souliers (savates) fait avec les moyens du bord. C'est parce que les gens n'ont pas les moyens de se payer des chaussures, qu'ils ont recours à ce type de "sandales" pour se chausser. Dans ce texte cela signifie donc la misère et la pauvreté. Et le fait de le serrer sur le pied fait allusion à la mobilisation, comme l'a écrit Sidib. Donc le fait de dire "ghaf dar asmi inezmed arkass" veut dire "l'époque où en plein misère nous nous sommes décidés de nous mobiliser". Il s'agit vraisemblablement de la guerre de libération. C'est dans cette misère que la mobilisation a été enclenchée. C'est cette misère même qui a nourri cette mobilisation...etc.

                    Ce n'est là qu'un petit passage du texte. Sur chaque vers nous pouvons écrire de longues pages.

                    C'est pour cela que je trouve la traduction de Sidib bonne. Il a dû faire des deuils - et ce n'est pas facile - sur certaines connotations.
                    "Tout ce que je sais, c'est que je ne sais rien."
                    Socrate.

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                    • #11
                      velvet.
                      De rien, wetma.
                      elfamilia.
                      Je te remercie pour avoir explicité ce passage.
                      Dernière modification par Sidib, 05 mai 2011, 22h35.

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                      • #12
                        bonsoir les amis
                        sidib merci pour la traduction que je trouve très proche du texte

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                        • #13
                          Pour info, Aït Menguellet vient de lancer son site officiel: http://www.aitmenguellet.net/
                          Fortuna nimium quem fovet, stultum facit.

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                          • #14
                            En ce moment même, quelque part sur une scène, Ait Menguellet est en train d'interpréter amennugh.

                            Un kheloui incroyable.
                            "Tout ce que je sais, c'est que je ne sais rien."
                            Socrate.

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                            • #15
                              Maintenant il chante Ettess.

                              Ettess ettess mazal el hal.
                              "Tout ce que je sais, c'est que je ne sais rien."
                              Socrate.

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