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Faux virements : Les escrocs de l'Elysée ont fait trente autres victimes

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  • Faux virements : Les escrocs de l'Elysée ont fait trente autres victimes

    Outre la présidence de la République, des dizaines de sociétés parmi les plus prestigieuses ont été victimes de cette ingénieuse arnaque aux faux virements bancaires, pour un préjudice de 10 millions d'euros.

    L'Elysée, Areva, l'Agence nationale pour les Chèques-Vacances, Essilor... Selon nos informations, la police judiciaire parisienne a recensé près de 30 escroqueries ou tentatives d'escroqueries visant des grandes entreprises françaises dans la capitale et en petite couronne. En tout, une dizaine de millions d'euros ont été subtilisés par des escrocs ingénieux. Un des premiers faits recensés remonte à janvier 2010.

    C'est Areva, le géant du nucléaire, qui est visé à travers une de ses filiales, la Société technique énergie et atomique. Un certain « Louis Bouvard, commandant à la brigade financière », avait expliqué, après une série d'appels préparatoires, vouloir « tendre un piège » à un employé indélicat et demandé, pour l'appâter, de virer une forte somme en Chine.

    L'ordre de transfert de 982.000 € vers une succursale HSBC de Hong Kong a été bloqué in extremis. En mars, les Chèques-Vacances ont été délestés de 998.000 €, via la Caisse des dépôts et consignations, comme l'a révélé Le Canard enchaîné. Le 14 avril, c'est l'Elysée qui s'est vu « exiger » 2 millions d'euros. Le Trésor public a tout bloqué. Quelques jours plus tôt, Essilor, dont le siège social est à Charenton (Val-de-Marne), déposait plainte pour une tentative d'escroquerie similaire. Un interlocuteur convaincant avait appelé le leader du verre ophtalmique et tenté d'obtenir un virement de 902.000 euros !


    Le rythme des tentatives d'escroquerie est assez frénétique. « Je dirais chaque semaine », avance un enquêteur. Et leurs auteurs ne se cantonnent pas à la France métropolitaine mais « tapent » aussi dans les DOM-TOM, en Afrique, parmi les nombreuses les filiales des grands groupes, au Luxembourg, en Belgique, en Suisse. Bref, que des pays francophones. Un indice sur la nationalité de ces escrocs imaginatifs.

    Ingénieux scénario

    Le « mode opératoire » semble être toujours le même. D'abord, récupérer les coordonnées bancaires. Simple comme un coup de fil. Même à l'Elysée, où les escrocs se sont fait passer pour Air France. Une fois munis de ces précieuses informations, ils s'adressent à la banque de la société, rédigent l'ordre de virement avec une en-tête en y ajoutant un numéro de téléphone, le leur. Pour cela, les escrocs utilisent des plates-formes téléphoniques internationales qui leur servent d'écran et leur permettent d'apparaître avec des numéros commençant par « 01 » ou « 06 ». Ce qui rassure leurs futures victimes.

    Mais pour réussir, les délinquants en col blanc doivent maîtriser parfaitement l'organigramme de la société ciblée. « Ils font une étude assez fine », reconnaît un policier. Il y a des variantes : le policier menant une enquête sur une escroquerie comme pour Areva, ou, le « must », avec l'usurpation du nom d'un PDG ou d'un directeur financier ou tout cadre supérieur que l'employé de banque ne connaît pas personnellement. « Ils jouent sur l'urgence, précise un enquêteur : il faut l'argent immédiatement, même s'il y a normalement une double signature. Ils disent qu'ils savent que ce n'est pas la procédure mais que c'est une opération confidentielle. Ils mettent une pression terrible sur leur interlocuteur, le menacent de les faire virer et disent : "On sait qu'on peut vous faire confiance. On s'en souviendra". »

    Une piste à Tel-Aviv

    La plupart du temps, les sommes atterrissent sur des comptes de particuliers ouverts sous de faux noms à Hong Kong, où les banques ne seraient pas très regardantes. Mais qui sont ces aigrefins ? Les différentes enquêtes ont retracé les flux financiers et ont déterminé que l'argent arrivé en Chine avait ensuite été rapatrié vers Israël, du côté de Tel-Aviv.

    Les escrocs n'en sont probablement pas à leur coup d'essai. Le fait qu'ils s'expriment dans un français sans accent laisse penser qu'il s'agit de Franco-Israéliens ou de Français installés en Israël. Est-ce une seule et même équipe ? « Nous ne sommes pas certains qu'il s'agisse des mêmes individus à chaque fois », reconnaît un policier. Bien souvent, les « inventeurs » d'une escroquerie font des émules. D'autant que, protégés par les frontières, les escrocs pensent être à l'abri des poursuites. « Ce qu'il vole en une fois est l'équivalent de ce qu'un voyou touche comme part sur un fourgon blindé, commente un policier. Et de plus, l'argent est déjà en banque ! »

    Sauf qu'en s'attaquant à l'Elysée, les escrocs sont sans doute allés trop loin. Ils ont déclenché une enquête internationale qui pourrait bien leur être fatale. Deux juges d'instruction parisiens sont saisis des différentes affaires. Ils ont lancé des commissions rogatoires internationales en Israël. Généralement, la coopération judiciaire entre les deux pays est assez difficile, mais, cette fois, avec l'Elysée pris pour cible, les magistrats espèrent obtenir des informations cruciales. Et identifier ces audacieux escrocs.

    Brendan Kemmet
    France Soir
    Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-la.” Saint Augustin
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