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Plaidoyer pour l'écotourisme dans le sud

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    L’Algérie est un beau pays», «C’est un pays-continent», «Le tourisme balnéaire n’a pas d’avenir», «Nous avons une côte à peine plus grande que celle du Liban ou d’Israël», «L’avenir du tourisme, c’est le désert», «Il n’y a pas un désert en Algérie, mais des déserts», «Faites attention au tourisme sexuel»…

    Ce genre de phrases revient comme un leitmotiv dans les conférences-débats animés par le truculent docteur Smaïl Boulbina, lors du Séminaire national sur l’écotourisme et la santé organisé par l’association SOS Nejda et celle de la formation médicale continue, du 23 au 27 avril à Timimoun, qui a regroupé des représentants de plusieurs ministères.
    Comme pour justifier l’intitulé de ce thème opportun et non moins important, les associations avancent la définition de la santé de l’OMS : «La santé est un état de complet de bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité.» Seulement voilà, il y a eu des défections, comme par exemple celle du directeur du tourisme de la wilaya. Selon le Dr Boulbina, président de SOS Nejda, «beaucoup ont été invités mais ne sont pas venus ; certains même voulaient saboter le séminaire». Bizarre, le ministre du Tourisme se trouvait, la veille, dans la région. Il n’empêche que, d’emblée, le ton est donné par le délégué au développement local, Abdelkader Khelil, qui insiste sur ce qui s’est passé (et se passe encore) à Marrakech et Tozeur.
    L’une et l’autre ne sont plus des villes touristiques, après avoir été urbanisées d’une manière anarchique, livrées, si l’on peut dire ainsi, à un tourisme rapace, vorace, s’adonnant à tous les excès et autres lubies fumeuses. Puis chacun des intervenants y est allé de sa petite définition de l’écotourisme, un mot à la mode dont le concept remonte à une trentaine d’années, au Kenya. Toute une littérature est servie par l’Organisation mondiale du tourisme (OMT) et le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE).
    Selon la première, «l’écotourisme rassemble toutes les formes de tourisme axées sur la nature et dans lesquelles la principale motivation du tourisme est d’observer et d’apprécier la nature, ainsi que les cultures traditionnelles qui règnent dans les zones naturelles».

    Et la région de Timimoun, ou précisément du Gourara, s’y prête fabuleusement. Mais pas seulement. Il y a, bien sûr, toutes les autres régions du Sud : le Tassili, le Hoggar, Oued Souf, le M’zab… avec leurs parcs naturels et leurs diverses cultures traditionnelles et parfois millénaires : la Sobeiba de Djanet, le Tafsit de Tamanrasset, le S’boue, le Baroud et l’Ahellil de Timimoun, le Maoussim de Taghit et bien d’autres encore.
    Rabah Merahba, cadre à l’ONT, dans son intervention, prévient justement que «le tourisme est une activité qu’il faut gérer avec prudence pour éviter une série d’effets négatifs et nuisibles, tels que la destruction du patrimoine naturel, la dégradation d’espaces à écosystème fragile à cause d’un aménagement déraisonnable, le non-respect des cultures des populations locales». Donc il faut toute une culture touristique pour parer à tout cela et surtout pour qu’il y ait développement durable. Aussi, c’est dans ce sens que les organisateurs plaident, entre autres, pour l’érection du statut de l’ex-hôtel Oasis rouge de Timimoun en musée. Bâti en 1917, ce joyau architectural de style arabo-africo-mauresque, après sa rénovation, fonctionne actuellement comme centre culturel.

    Plusieurs volets ont été soulevés par rapport à l’écotourisme, comme la sécurité, la jeunesse, la formation professionnelle, les parcs nationaux, etc. Pour ce qui est du transport, l’on trouve aberrant qu’il n’y ait qu’un seul vol hebdomadaire (le mercredi) Alger-Timimoun et que le prix du billet d’avion soit exorbitant : exactement 16 190 DA. Evidemment, on ne peut ainsi favoriser ni promouvoir le tourisme national. Les opérateurs de Timimoun s’en plaignent énergiquement et à haute voix.
    Si pour Akacem Bachir, guide et chef de l’agence ONAT de Timimoun, les étrangers arrivaient de Paris par charters, il y a quelques années, ces temps-ci, ils se comptent sur les doigts d’une seule main et ils viennent par la route, par Béchar ou El Bayadh. Et d’ajouter : «La destination Timimoun a toujours été prisée, et ce, depuis l’époque coloniale. Les gens adorent le dépaysement, l’évasion. Après la nébuleuse terroriste ou, pour être précis, à partir de 2002, les vols Paris-Timimoun ont repris pour s’arrêter il y a plus d’une année.» Pourquoi ? «Sur le plan sécuritaire, on est sur la liste noire. Ici, c’est le calme et la tranquillité, mais pour eux, Timimoun ou ailleurs, c’est pareil, du moment qu’il n’y a pas de sécurité», poursuit-il. Il regrette qu’il n’y ait pas de cuisiniers de randonnée et de guides. A propos de formation, Akacem Bachir précise qu’une demande a été transmise à la direction du tourisme, toujours en attente de réponse.
    Selon le wali d’Adrar, on en est encore aux balbutiements du tourisme et lui aussi se garde d’un certain tourisme.
    Il sera relayé par Nekkar Mohamed-Salem, président de l’APC de Timimoun, qui parlera de développement local. M. Nekkar nous dira plus tard : «L’Etat investit dans le tourisme, il y a des projets, des routes inscrites au niveau de la direction de l’agriculture, la maison du tourisme, la maison de l’artisanat... Ce sont des structures qui seront à la disposition des touristes. En tant que président de l’APC de Timimoun, nous refusons le tourisme genre marocain et tunisien. On ne veut pas de tourisme qui touche à notre culture et nos valeurs morales et autres, ou celui donnant à voir l’image de gens courant et harcelant le touriste pour une obole. Et je parle du touriste en général, qu’il soit étranger ou national. Lors de la visite du ministre du Tourisme, nous avons demandé que soit revu à la hausse le PCD de Timimoun, qui est insuffisant, car on a besoin d’une foule de choses comme l’éclairage public, entre autres. Cette commune a 28 localités (ksour) et a besoin d’un budget spécial pour le développement du tourisme. Et je l’ai dit au délégué au développement local. Il ne faut pas oublier que Timimoun, chef-lieu de commune et de daïra, dont fait partie la commune d’Ouled Saïd, est la capitale du Gourara, cette région vaste, qui compte 10 communes ; il y a des projets en cours de réalisation tels que la rénovation de l’hôtel Gourara et la construction de gîtes et d’hôtels privés.
    Par ailleurs, nous avons proposé la restauration du grand ksar de Timimoun ; le wali a demandé d’ouvrir le dossier, d’inscrire le projet et de le donner à l’étude, mais rien n’a encore été fait. Nous essayons d’impliquer tout le monde ; toutes les directions, celles de la culture et du tourisme notamment, sont concernées, nous emmenons à chaque fois les responsables dans ces endroits. Pour la petite info, nous avons un ancien ksar dans la localité de Beni Mehlal, à 5 km de Timimoun, bâti sur trois étages, resté intact à 95%. Jusqu’en 2004, des gens y habitaient, mais ils l’utilisent toujours comme grenier.»
    M. Nekkar nous apprend aussi que l’assainissement et le gaz n’existent pas dans les ksour (comprendre localités ou villages) et que, pour le premier, l’étude est en cours et que la ville de Timimoun est en voie d’être raccordée au gaz naturel. En fait, mis à part son aspect ocre rouge, son architecture arabo-afro-mauresque et ses vastes artères, la ville de Timimoun pourrait facilement passer pour une ville du Tell avec son souk anarchique où l’informel règne en maître et ses tas d’ordures parsemant les quartiers.
    L’on nous parle de deux cybercafés uniquement, l’un d’eux est toujours bondé et les gens attendent leur tour ; l’attente peut durer des heures. Selon certains, tout est acheminé du Nord, même les légumes. Mais des Timimounis nous assurent que ces légumes sont des produits du terroir. En tout cas, ils sont chers. Par contre, la mangue fait courir visiteurs et autres voyageurs : le kilo fait à peine 120 DA.
    Toujours est-il que l’on se demande pourquoi les jeunes ne travaillent pas la terre. Interrogés, certains le veulent bien, mais à condition que l’Etat les aide en matière de fogarra et de forages. Quoi qu’il en soit, le chômage, selon certains, fait des ravages dans le milieu des jeunes ; l’on avance même le taux de 90%. Le maire ne voit pas les choses ainsi : ce chiffre serait exagéré. Certes, le chômage sévit dans le milieu des jeunes, surtout ceux diplômés, mais pas à ce point.


    Abdelwahab Boumaza


    El Watan


    " Celui qui passe devant une glace sans se reconnaitre, est capable de se calomnier sans s'en apercevoir "
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