Un diplomate anglais qui voit monter la guerre. Des témoins de villages oubliés qui racontent l’horreur. Des chiffres encore sujets à polémique. Tout n’a pas été dit sur le 8 mai 1945...
Soixante-six ans après, les douloureux événements du mardi 8 mai 1945 ont encore des secrets à livrer. L’hebdomadaire français le Point a publié en septembre 2010 de larges extraits, en exclusivité, de nombreux rapports adressés avant, pendant et après la manifestation pacifique transformée par l’armée coloniale en un océan de sang. Les révélations de John Eric Maclean Carvell, consul général britannique à Alger, ont permis de découvrir des vérités restées enfouies des décennies durant et dévoilent certains plans de la France qui a tout mis en œuvre pour perpétrer un génocide à huis clos. Le 9 février 1945, soit presque trois mois avant le déclenchement des hostilités, le consul prédit des troubles.
Les conditions de vie des populations se sont dégradées, notamment à l’est, où les gens souffrent du manque de vêtements durant l’hiver et doivent affronter la famine. Les habitants de certaines localités qui n’ont pas eu de céréales durant plus de deux mois réussissent à survivre grâce à des racines. Dans la missive du 11 mai (n°157), le consul parle de l’implication des forces navales depuis les rivages de Béjaïa et de Jijel. Le même document fait aussi état des mouvements de l’aviation française. Laquelle a effectué 300 sorties en six jours. La note du 23 mai est plus explicite. Elle indique clairement que «les Français ne savent pas gérer les troubles». Des troupes, comportant un bataillon de Sénégalais renforcé par des voitures blindées, sont envoyées d’Alger, Sidi Bel Abbès, Biskra, Béjaïa et Constantine.
Le même papier indique que «sur demande des autorités françaises, 75 soldats de la Légion étrangère ont été acheminés de Sidi Bel Abbès à bord de la Royal Air Force». Selon le télégramme du 11 mai, l’armée britannique a, à l’instar de l’armée américaine, refusé de fournir des bombes antipersonnel à l’armée française. Laquelle a, en quelques jours, bénéficié du renfort de 1200 hommes du 13e régiment d’infanterie entièrement composé d’anciens membres des Forces françaises de l’intérieur (FFI) de la Creuse et de la Dordogne. Ce contingent a été, souligne-t-il, transporté à bord de B26 et P38, entre les 8 et 14 mai 1945. Concernant l’ampleur des pertes parmi la population, le rapport est sans équivoque : «Il ne sera jamais connu avec précision.
Sachant qu’aucun rapport n’a été établi.» En se référant aux chiffres avancés par les Français, le consul mentionne : «Le gouverneur général estime le nombre de morts entre 900 et 1000 personnes. Alors que les autorités médicales françaises situent les pertes à 6000 tués et 14 000 blessés. D’autres estimations sont beaucoup plus élevées.» Le diplomate avertit le 12 juin 1945 : «La destruction impitoyable de villages et le massacre sans discernement de femmes et d’enfants ne seront jamais oubliés.». Avec une telle prédiction, le général Duval n’a pas été seul à prédire la chute de l’empire colonial…
Kamel Beniaiche/ el watan
Soixante-six ans après, les douloureux événements du mardi 8 mai 1945 ont encore des secrets à livrer. L’hebdomadaire français le Point a publié en septembre 2010 de larges extraits, en exclusivité, de nombreux rapports adressés avant, pendant et après la manifestation pacifique transformée par l’armée coloniale en un océan de sang. Les révélations de John Eric Maclean Carvell, consul général britannique à Alger, ont permis de découvrir des vérités restées enfouies des décennies durant et dévoilent certains plans de la France qui a tout mis en œuvre pour perpétrer un génocide à huis clos. Le 9 février 1945, soit presque trois mois avant le déclenchement des hostilités, le consul prédit des troubles.
Les conditions de vie des populations se sont dégradées, notamment à l’est, où les gens souffrent du manque de vêtements durant l’hiver et doivent affronter la famine. Les habitants de certaines localités qui n’ont pas eu de céréales durant plus de deux mois réussissent à survivre grâce à des racines. Dans la missive du 11 mai (n°157), le consul parle de l’implication des forces navales depuis les rivages de Béjaïa et de Jijel. Le même document fait aussi état des mouvements de l’aviation française. Laquelle a effectué 300 sorties en six jours. La note du 23 mai est plus explicite. Elle indique clairement que «les Français ne savent pas gérer les troubles». Des troupes, comportant un bataillon de Sénégalais renforcé par des voitures blindées, sont envoyées d’Alger, Sidi Bel Abbès, Biskra, Béjaïa et Constantine.
Le même papier indique que «sur demande des autorités françaises, 75 soldats de la Légion étrangère ont été acheminés de Sidi Bel Abbès à bord de la Royal Air Force». Selon le télégramme du 11 mai, l’armée britannique a, à l’instar de l’armée américaine, refusé de fournir des bombes antipersonnel à l’armée française. Laquelle a, en quelques jours, bénéficié du renfort de 1200 hommes du 13e régiment d’infanterie entièrement composé d’anciens membres des Forces françaises de l’intérieur (FFI) de la Creuse et de la Dordogne. Ce contingent a été, souligne-t-il, transporté à bord de B26 et P38, entre les 8 et 14 mai 1945. Concernant l’ampleur des pertes parmi la population, le rapport est sans équivoque : «Il ne sera jamais connu avec précision.
Sachant qu’aucun rapport n’a été établi.» En se référant aux chiffres avancés par les Français, le consul mentionne : «Le gouverneur général estime le nombre de morts entre 900 et 1000 personnes. Alors que les autorités médicales françaises situent les pertes à 6000 tués et 14 000 blessés. D’autres estimations sont beaucoup plus élevées.» Le diplomate avertit le 12 juin 1945 : «La destruction impitoyable de villages et le massacre sans discernement de femmes et d’enfants ne seront jamais oubliés.». Avec une telle prédiction, le général Duval n’a pas été seul à prédire la chute de l’empire colonial…
Kamel Beniaiche/ el watan
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