La résolution votée par le Conseil de sécurité conforte la position du Maroc sur le Sahara
01.05.2006 | 15h11
Une décision dans le sillage du dernier rapport de Kofi Annan
Comme on pouvait s'y attendre, le Conseil de sécurité dans sa très large majorité, dans le sillage du rapport de Kofi Annan, a adopté une résolution pertinente pour recommander la mise en œuvre d'une solution politique consensuelle au Sahara. Comme on s'y attendait également, les responsables algériens, leurs protégés du polisario et une certaine presse à leurs bottes, en ont conçu de l'aigreur, voire de la rage ! Ils se sont gardés de mettre en exergue la principale disposition sur la solution politique.
La résolution du Conseil de sécurité recommande la mise en œuvre d'une solution politique consensuelle au Sahara
D'autant que plusieurs délégations étrangères et non des moindres, dont quelques pays membres du Conseil de sécurité comme les Etats-Unis pour ne citer que ces derniers, se sont félicitées à cette occasion de sa pertinence, de sa justesse et de son équité.
Le fameux plan Baker de 2003, que seuls les responsables algériens se sont échinés à défendre, est donc enterré, devenu caduc pour ainsi dire, cédant de ce fait la place à une proposition constructive que le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, a recommandée explicitement et pertinemment dans son rapport du 19 avril dernier.
Elle va dans le sens de l'avenir, met un terme à la confusion entretenue par le gouvernement algérien et ouvre le chemin à une solution raisonnable, juste et durable. L'intitulé de la résolution dispose que «le Conseil de sécurité réaffirme une nouvelle fois sa volonté d'aider les parties à parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable» au Sahara. Voici donc une disposition qui ne souffre aucune ambiguïté, bien au contraire elle cautionne officiellement une démarche qui transpire l'équité et la légalité.
Et puisque le gouvernement algérien s'est constamment référé à l'Onu, qu'il en fait le seul dépositaire du règlement du conflit, ne devrait-il pas s'inscrire d'emblée dans une démarche aussi dynamique ? Mieux, la recommandation du Conseil de sécurité, instance suprême s'il en est de l'organisation mondiale, ne lance-t-elle pas à nouveau un appel pressant «aux parties et aux Etats de la région de continuer à coopérer pleinement avec l'Organisation des Nations unies pour mettre fin à l'impasse actuelle et progresser vers une solution politique» ? C'est peu dire, en effet, que la référence continuelle à la formule de «solution politique» est à la fois explicite et volontaire dans la bouche des responsables chargés de ce dossier.
Que les adversaires déclarés ou virtuels d'une telle formulation, à commencer par les dirigeants algériens et leurs obligés, s'efforcent à la dénaturer, n'étonne pas ! Il n'est pas jusqu'aux dirigeants américains chez lesquels une certaine presse algérienne, forçant la malice et l'ambiguïté, croit déceler un «langage ambivalent» et une présumée neutralité en faveur du ci-devant plan Baker, qui n'aient été a contrario aussi francs que limpides.
L'ambassadeur des Etats-Unis à l'Onu, James Bolton, n'a-t-il pas solennellement exhorté «les parties à déployer les efforts nécessaires afin de parvenir à la solution d'un conflit qui n'a que trop duré» ? Sur la même lancée, faite à la fois de lassitude et de conviction préservée, n'a-t-il pas relevé que «le Maroc a exprimé son intention de soumettre un plan d'autonomie. Nous l'encourageons à présenter un plan qui sera substantiel et crédible avec l'espoir qu'il pourrait constituer la base pour un nouveau processus de négociations onusien»…
Il n'est pas de langage plus clair et limpide que cette déclaration, car le diplomate américain ne sacrifie pas aux finauderies, ne se joue pas et ne fait pas l'économie des mots. Quand il dit «un nouveau processus de négociations onusien», il ne fait référence de manière délibérée à aucun autre processus, il enterre ce faisant et de manière rédhibitoire cette mascarade de Plan Baker que dirigeants algériens et leurs protégés du polisario ressortent de terre à tours de bras. Sauf à continuer à nous faire prendre des vessies pour des lanternes, la propagande algérienne tire des conclusions pour le moins anachroniques des prises de position de l'ensemble de la communauté internationale. Pourtant, aussi bien le représentant de la Grande-Bretagne que ceux de la France, du Japon et de l'Argentine ont abondé dans le sens de James Bolton.
Dans la revue espagnole «Afkar», éditée à Barcelone par l'Institut européen de la Méditerranée, Gordon Gray, secrétaire d'Etat adjoint américain pour le Proche-Orient et le Maghreb vient de réaffirmer que «les Etats-Unis continuent à chercher une solution politique acceptable pour les deux parties, dans le cadre des Nations unies». Il y a dans ce propos officiel comme une substance thématique, fédératrice où les deux parties-disons les parties, puisqu'il semble y en avoir beaucoup-se retrouvent indubitablement parce qu'aussi bien le Maroc que l'Algérie, par polisario interposé, se satisfont le premier pour la solution politique, la seconde parce que l'Onu y apporte sa caution.
Cela dit, les Etats-Unis, les Nations unies et la communauté internationale s'empresseraient-ils à mettre en œuvre un tel processus, qu'ils auraient besoin de l'adhésion des intéressés, disons des concernés dans l'affaire. Pourquoi, dira-t-on in fine, l'affaire du Sahara retrouve-t-elle de nos jours un regain d'intérêt au niveau de l'administration américaine et des instances de l'Onu ? Pourquoi la diplomatie internationale, incarnée par le pré carré du Conseil de sécurité et par l'assemblée générale, déploie-t-elle tant de prouesses pour instaurer une nouvelle dynamique qui favoriserait une solution politique consensuelle ? La réponse ne saurait aller de soi: il existe à présent un redéploiement de la diplomatie américaine dans la région du Maghreb à nul autre pareil par le passé.
L'effondrement de l'empire soviétique, conséquence ou prémisse à la fin de la guerre froide, a laissé les coudées franches à la seule Amérique qui a renoué avec sa culture de leadership où se conjuguent responsabilité mondiale et grandeur impériale. Dans la zone précisément qui va du Sahara au Sahel, vaste mouvance désertique, les velléités en tous genres se profilent, parfois se précisent même, où l'intégrisme islamiste s'installe, gagne progressivement les tribus en déshérence et en proie à la propagande d'al-Qaïda.
Ce n'est pas par hasard qu'il a été dit que le polisario recrute dans les rangs de cette mouvance informe, sans nationalité et sans statut affichés. Et ce n'est pas un hasard non plus si le gouvernement américain, soucieux de la stabilité de cette région, y perçoit comme un foyer potentiel de terrorisme et qu'il entend en finir avec l'affaire du Sahara, comme le souligne Gordon Gray, pour «favoriser la consolidation de la coopération politique et économique au Maghreb et au Sahel»…
Le matin
01.05.2006 | 15h11
Une décision dans le sillage du dernier rapport de Kofi Annan
Comme on pouvait s'y attendre, le Conseil de sécurité dans sa très large majorité, dans le sillage du rapport de Kofi Annan, a adopté une résolution pertinente pour recommander la mise en œuvre d'une solution politique consensuelle au Sahara. Comme on s'y attendait également, les responsables algériens, leurs protégés du polisario et une certaine presse à leurs bottes, en ont conçu de l'aigreur, voire de la rage ! Ils se sont gardés de mettre en exergue la principale disposition sur la solution politique.
La résolution du Conseil de sécurité recommande la mise en œuvre d'une solution politique consensuelle au Sahara
D'autant que plusieurs délégations étrangères et non des moindres, dont quelques pays membres du Conseil de sécurité comme les Etats-Unis pour ne citer que ces derniers, se sont félicitées à cette occasion de sa pertinence, de sa justesse et de son équité.
Le fameux plan Baker de 2003, que seuls les responsables algériens se sont échinés à défendre, est donc enterré, devenu caduc pour ainsi dire, cédant de ce fait la place à une proposition constructive que le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, a recommandée explicitement et pertinemment dans son rapport du 19 avril dernier.
Elle va dans le sens de l'avenir, met un terme à la confusion entretenue par le gouvernement algérien et ouvre le chemin à une solution raisonnable, juste et durable. L'intitulé de la résolution dispose que «le Conseil de sécurité réaffirme une nouvelle fois sa volonté d'aider les parties à parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable» au Sahara. Voici donc une disposition qui ne souffre aucune ambiguïté, bien au contraire elle cautionne officiellement une démarche qui transpire l'équité et la légalité.
Et puisque le gouvernement algérien s'est constamment référé à l'Onu, qu'il en fait le seul dépositaire du règlement du conflit, ne devrait-il pas s'inscrire d'emblée dans une démarche aussi dynamique ? Mieux, la recommandation du Conseil de sécurité, instance suprême s'il en est de l'organisation mondiale, ne lance-t-elle pas à nouveau un appel pressant «aux parties et aux Etats de la région de continuer à coopérer pleinement avec l'Organisation des Nations unies pour mettre fin à l'impasse actuelle et progresser vers une solution politique» ? C'est peu dire, en effet, que la référence continuelle à la formule de «solution politique» est à la fois explicite et volontaire dans la bouche des responsables chargés de ce dossier.
Que les adversaires déclarés ou virtuels d'une telle formulation, à commencer par les dirigeants algériens et leurs obligés, s'efforcent à la dénaturer, n'étonne pas ! Il n'est pas jusqu'aux dirigeants américains chez lesquels une certaine presse algérienne, forçant la malice et l'ambiguïté, croit déceler un «langage ambivalent» et une présumée neutralité en faveur du ci-devant plan Baker, qui n'aient été a contrario aussi francs que limpides.
L'ambassadeur des Etats-Unis à l'Onu, James Bolton, n'a-t-il pas solennellement exhorté «les parties à déployer les efforts nécessaires afin de parvenir à la solution d'un conflit qui n'a que trop duré» ? Sur la même lancée, faite à la fois de lassitude et de conviction préservée, n'a-t-il pas relevé que «le Maroc a exprimé son intention de soumettre un plan d'autonomie. Nous l'encourageons à présenter un plan qui sera substantiel et crédible avec l'espoir qu'il pourrait constituer la base pour un nouveau processus de négociations onusien»…
Il n'est pas de langage plus clair et limpide que cette déclaration, car le diplomate américain ne sacrifie pas aux finauderies, ne se joue pas et ne fait pas l'économie des mots. Quand il dit «un nouveau processus de négociations onusien», il ne fait référence de manière délibérée à aucun autre processus, il enterre ce faisant et de manière rédhibitoire cette mascarade de Plan Baker que dirigeants algériens et leurs protégés du polisario ressortent de terre à tours de bras. Sauf à continuer à nous faire prendre des vessies pour des lanternes, la propagande algérienne tire des conclusions pour le moins anachroniques des prises de position de l'ensemble de la communauté internationale. Pourtant, aussi bien le représentant de la Grande-Bretagne que ceux de la France, du Japon et de l'Argentine ont abondé dans le sens de James Bolton.
Dans la revue espagnole «Afkar», éditée à Barcelone par l'Institut européen de la Méditerranée, Gordon Gray, secrétaire d'Etat adjoint américain pour le Proche-Orient et le Maghreb vient de réaffirmer que «les Etats-Unis continuent à chercher une solution politique acceptable pour les deux parties, dans le cadre des Nations unies». Il y a dans ce propos officiel comme une substance thématique, fédératrice où les deux parties-disons les parties, puisqu'il semble y en avoir beaucoup-se retrouvent indubitablement parce qu'aussi bien le Maroc que l'Algérie, par polisario interposé, se satisfont le premier pour la solution politique, la seconde parce que l'Onu y apporte sa caution.
Cela dit, les Etats-Unis, les Nations unies et la communauté internationale s'empresseraient-ils à mettre en œuvre un tel processus, qu'ils auraient besoin de l'adhésion des intéressés, disons des concernés dans l'affaire. Pourquoi, dira-t-on in fine, l'affaire du Sahara retrouve-t-elle de nos jours un regain d'intérêt au niveau de l'administration américaine et des instances de l'Onu ? Pourquoi la diplomatie internationale, incarnée par le pré carré du Conseil de sécurité et par l'assemblée générale, déploie-t-elle tant de prouesses pour instaurer une nouvelle dynamique qui favoriserait une solution politique consensuelle ? La réponse ne saurait aller de soi: il existe à présent un redéploiement de la diplomatie américaine dans la région du Maghreb à nul autre pareil par le passé.
L'effondrement de l'empire soviétique, conséquence ou prémisse à la fin de la guerre froide, a laissé les coudées franches à la seule Amérique qui a renoué avec sa culture de leadership où se conjuguent responsabilité mondiale et grandeur impériale. Dans la zone précisément qui va du Sahara au Sahel, vaste mouvance désertique, les velléités en tous genres se profilent, parfois se précisent même, où l'intégrisme islamiste s'installe, gagne progressivement les tribus en déshérence et en proie à la propagande d'al-Qaïda.
Ce n'est pas par hasard qu'il a été dit que le polisario recrute dans les rangs de cette mouvance informe, sans nationalité et sans statut affichés. Et ce n'est pas un hasard non plus si le gouvernement américain, soucieux de la stabilité de cette région, y perçoit comme un foyer potentiel de terrorisme et qu'il entend en finir avec l'affaire du Sahara, comme le souligne Gordon Gray, pour «favoriser la consolidation de la coopération politique et économique au Maghreb et au Sahel»…
Le matin
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