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Politique linguistique Tanzanienne- Consecration du Swahili

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  • Politique linguistique Tanzanienne- Consecration du Swahili

    4 La politique linguistique de la Tanzanie

    source Université Laval , Quebec, CANADA

    Depuis l'indépendance, la politique linguistique de la Tanzanie a généralement été favorable à la swahilisation du pays. Mais ce qui est surprenant, c'est que la Constitution de 1984, pas plus que les précédentes, ne contient de disposition linguistique à ce sujet. L'anglais est une langue officielle dans les faits (de facto) depuis la colonisation britannique; quant au kiswahili, il est une autre langue officielle de par les pratiques linguistiques en vigueur. Autrement dit, la Tanzanie est probablement l'un des rares États bilingues au monde à avoir deux langues officielles non reconnues juridiquement par la Constitution ni par aucune loi: il s'agit de deux langues officielles reconnues simplement dans les faits (de facto).

    4.1 Les langues de la législation


    Dès la proclamation de la République, le gouvernement tanzanien a dû composer avec la langue anglaise qui avait toujours été la langue courante de la législation, de l'Administration et de la justice. C'est ainsi que l'anglais a continué à jouir de ses privilèges de langue officielle pendant plusieurs décennies. C'était la seule langue du Parlement, de la justice, de l'Administration et de l'école.

    À l'heure actuelle, le Parlement tanzanien (appelé le Bunge), comme d'ailleurs les réunions du Conseil des ministres, fait usage du kiswahili dans les débats, l'anglais étant réservé aux détails techniques de procédure et à la rédaction des lois. Les lois sont rédigées dans les deux langues officielles. Le journal officiel existe en deux versions: la Official Gazette (en anglais) et la Gazeti Rasmi (en kiswahili). Les lois sont systématiquement publiées en deux langues. Cependant, il existe un sentiment de la prédominance de l'anglais écrit du fait que ce genre de texte est souvent manipulé par des gens qui en font usage par l'anglais: par exemple, les magistrats, les avocats, les conseillers juridiques, les hommes d'affaires ou dans les relations internationales. Cela dit, les débats parlementaires ont lieu en kiswahili; les dirigeants du pays, dont le président tanzanien, s'adressent à la population en kiswahili et les campagnes électorales se déroulent en kiswahili. Quant au Parlement de Zanzibar, les députés discutent en kiswahili et rédige leurs textes en cette même langue.

    4.2 Les langues de la justice


    Les tribunaux de première instance, pour leur part, bien qu'ils administrent des lois rédigées exclusivement en anglais, fonctionnent généralement en kiswahili, parfois en une langue régionale, rarement en anglais. Les cours de seconde instance utilisent les deux langues, l'anglais ou le kiswahili, mais la Cour d'appel de l'État tanzanien privilégie encore l'anglais, bien que le kiswahili commence à concurrencer sérieusement cette langue. L'article 13 de la Loi sur les juges de paix de 1984 décrit ainsi la procédure:


    Article 13

    Langue des tribunaux

    1) La langue des tribunaux de première instance doit être le kiswahili.

    2) La langue des tribunaux d'un juge résidant et des tribunaux de district doit être l'anglais ou le kiswahili, ou celle que le juge de la cour peut en décider; cependant, dans l'exercice d'un appel, d'une révision ou d'une confirmation de juridiction par un tribunal de district (auquel cas le procès-verbal et la sentence peuvent être rendus en anglais ou en kiswahili), le procès-verbal et la sentence doivent être en anglais.

    Bref, dans toutes les cours de justice, le kiswahili demeure omniprésent dans les conversations, car les employés, avocats et témoins utilisent exclusivement cette langue à l'oral. Si le kiswahili reste la langue d'expression orale du tribunal, les jugements sont prononcés en fonction des lois rédigées en anglais. Le juge rend souvent sa sentence en anglais, quitte à la traduire en kiswahili pour l'accusé. De fait, les documents sur lesquels repose le fonctionnement de la justice sont tous rédigés en anglais. Tous les ouvrages émanant de la Tanzania Law Society sont rédigés uniquement dans cette langue.

    Cependant, la Loi sur la procédure pénale de 1985 apporte beaucoup de précision sur l'emploi des langues en matière de justice. Selon l'article 10, un agent de police qui procède à une arrestation doit enregistrer les déclarations de l'individu arrêté en kiswahili ou en anglais ou encore dans une autre langue; si cet individu comprend pas la langue dans laquelle la déclaration est rédigée, celle-ci doit lui être traduite dans une langue qu'il comprend afin qu'il ait la liberté d'expliquer ou de modifier sa déclaration. L'article 53 énonce que toute personne doit être informée par un policier, dans une langue qu'elle parle couramment, par écrit et, si c'est possible, oralement, du fait qu'elle est sous arrestation, ainsi que des motifs de l'infraction en relation avec son arrestation. L'article 135 précise que la déclaration d'infraction doit décrire brièvement l'infraction dans un langage simple en évitant autant que possible l'emploi de termes techniques. Selon l'article 211, lorsqu'un témoignage est présenté dans une langue que ne comprend pas un accusé, il lui sera traduit dans une langue qu'il comprend; il en est ainsi pour l'avocat :

    Article 211

    Interprétation du témoignage pour l'accusé ou son avocat

    1) Lorsqu'un témoignage est présenté dans une langue qui n'est pas comprise par l'accusé et qu'il est présent lui-même, ledit témoignage lui sera traduit en audience publique dans une langue qu'il comprend.

    2) S'il apparaît selon l'avocat que le témoignage est donné dans une autre langue que celle du tribunal et qu'elle n'est pas comprise par l'avocat, le témoignage doit être traduit dans la langue du tribunal.

    3) Lorsque les documents sont présentés comme preuve formelle, il relève de la discrétion de la cour de les faire traduire si c'est nécessaire.

    Dans tous les cas, il est prescrit que la cour doit toujours utiliser un «langage simple ("ordinary language"), sans termes techniques, lorsqu'elle s'adresse à l'accusé ou à un témoin.

    Autrement dit, les deux langues admises au tribunal sont l'anglais et le kiswahili. Dans tous les autres cas, le tribunal a recours à la traduction.

    4.3 Les langues de l'Administration

    Dans l'Administration gouvernementale, l'anglais et le swahili sont les langues légalement admises, mais le swahili est pratiquement seul à être utilisé dans les communications orales avec les citoyens parce qu'il demeure la langue la plus connue dans tout le pays. Dans les municipalités, certaines autres langues sont aussi employées à l'oral, en plus du swahili, comme le sukuma, le gogo, le hya, le chaga, le nyamwezi, le ha, etc.

    Cependant, le gouvernement emploie toujours l'anglais dans la documentation officielle destinée à l'ensemble des citoyens, avec en en‑tête la seule appellation suivante: The United Republic of Tanzania. Les rares textes rédigés en kiswahili semblent être les courriers internes des employés au service de l'Administration, car tout le système administratif repose sur des textes rédigés et imprimés en anglais. Ainsi, l'anglais écrit demeure le support de toutes les structures de l'État et tout citoyen tanzanien est forcément confronté un jour ou l'autre à l'anglais. L'affichage gouvernemental est généralement bilingue, parfois uniquement en kiswahili.

    À Zanzibar, la situation est différente. Même les lettres signées des ministres sont en kiswahili, quand elles s'adressent à des Tanzaniens. Une nomination, une directive, c'est en kiswahili avec en en-tête Serikali ya Mapinduzi ya Zanzibar. Le recrutement par voie de petites annonces pour la fonction publique se fait en kiswahili et en anglais pour les deux parties, continent et Zanzibar.

    Pour bien montrer le caractère co-officiel de l'anglais et du kiswahili, la Loi sur la citoyenneté de la Tanzanie (1995) exige comme l'une des conditions pour obtenir la citoyenneté tanzanienne est d'avoir une une connaissance adéquate du kiswahili ou de l'anglais:


    Loi sur la citoyenneté de la Tanzanie, 1995

    ANNEXE II

    Article 9

    Conditions pour l'obtention de la citoyenneté par naturalisation

    1) Sous réserve des dispositions du paragraphe suivant, les qualifications applicables pour la naturalisation d'un étranger sont:

    (a) qu'il ait résidé dans la République unie au cours de la période de douze mois précédant immédiatement la date de la demande; et

    (b) que, pendant les dix années précédant immédiatement ladite période mentionnée, il ait résidé dans la République unie pour des périodes s'élevant au total à au moins sept ans; et

    (c) qu'il ait une connaissance adéquate du kiswahili ou de l'anglais; et

    (d) qu'il soit de bon caractère; et

    [...]

    Selon la Loi sur les autorités locales (élections) de 1979, tout candidat à une élection locale doit avoir publié dans les journaux un avis en kiswahili et en anglais indiquant la nature du contrat et son intérêt pour l'entreprise ou la société contractante:


    Loi sur les autorités locales (élections), 1979

    Article 40

    Disqualification pour l'élection à une collectivité locale

    1) Toute personne doit être disqualifiée lors de l'élection comme membre
    d'une autorité locale :

    (d) Si elle est partie ou partenaire dans une entreprise ou gestionnaire d'une société qui est partie à un contrat existant avec l'autorité locale pour laquelle elle cherche à être élue et qu'elle n'a pas, un mois avant la date de l'élection, diffusé dans les journaux publiés dans le secteur de l'autorité concernée un avis en kiswahili et en anglais indiquant la nature du contrat et son intérêt pour l'entreprise ou la société contractante;

    Article 125

    Règlements

    1) Le Ministre peut édicter des règlements pour la meilleure mise en œuvre des objectifs et dispositions de la présente loi.

    2) a) Le Ministre peut prévoir des règles prescrivant les formulaires et déclarations devant être utilisées aux fins de la présente loi.

    b) Là où un formulaire a été prescrit en vertu du présent article, il doit être employé pour les fins visées et pour lesquelles il peut être adapté et traduit et utilisé dans une langue que les autorités peuvent employer directement.

    Bien qu'il n'y ait pas beaucoup de textes juridiques concernant les langues employées dans l'Administration, l'anglais et le kiswahili demeurent les langues admises partout.
    Dernière modification par Sioux foughali, 12 mai 2011, 10h11.

  • #2
    4.4 Les langues de l'enseignement

    Du côté du monde de l'éducation, les écoliers tanzaniens sont scolarisés pendant tout le cycle primaire en kiswahili. Toutefois, l'usage du kiswahili ne s'est jamais répandu aux cycles supérieurs, bien que cela ait été envisagé dès 1967. Jusqu'à présent, à partir du secondaire, la langue d'enseignement est uniquement l'anglais, sauf pour le kiswahili en tant que matière et l'éducation civique, qui sont enseignés en kiswahili. À l'université, le kiswahili est inexistant, car seul l'anglais sert de véhicule de transmission des connaissances. À Zanzibar ainsi que dans les écoles coraniques du continent, l'arabe est également enseigné comme langue seconde avec l'anglais.

    Le système d'enseignement tanzanien n'est pas exempt de problèmes liés à l'emploi des langues. Dans les écoles primaires, où l'on enseigne pourtant en kiswahili, il est fréquent que les manuels en kiswahili ne suivent pas. Autrement dit, des cours peuvent se donner en kiswahili accompagnés de manuels en anglais. Au secondaire, même si l'anglais est omniprésent dans l'enseignement, la formation en anglais des professeurs devant enseigner dans cette langue laisse souvent à désirer. Cette situation entraîne des conséquences à l'université où beaucoup d'étudiants éprouvent des difficultés importantes à suivre les cours en anglais. Or, la pénurie de professeurs formés en kiswahili et de manuels en cette langue, et la présence de nombreux manuels en anglais mal adaptés à la population africaine sont en train de faire régresser l'usage du kiswahili et de compromettre le niveau général de l'éducation et de la culture générale des Tanzaniens. Curieusement, la loi scolaire de la Tanzanie (Law School of Tanzania Act, 2007) ne contient aucune disposition d'ordre linguistique.

    Au moment de l'Indépendance, il existait une volonté politique de soutenir une politique de swahilisation, mais après quarante ans il faudrait songer à redéfinir cette politique qui se limite souvent à des discours et des prises de positions officielles, sans conséquences. Il faudrait, d'une part, développer davantage le lexique technique et scientifique du kiswahili, d'autre part, former des professeurs aptes à enseigner adéquatement l'anglais en tant que langue d'enseignement.

    D'ailleurs, les opposants à la promotion du kiswahili dans l'enseignement dénoncent justement cette prétendue incapacité de la langue swahilie à exprimer des idées et des concepts par manque de vocabulaire. Ils estiment que l'usage de l'anglais doit être plus étendu afin que les Tanzaniens puissent participer de plein droit à la «communauté internationale». Ils craignent que la promotion du kiswahili se fasse au détriment de l'anglais et en arrive à «couper la Tanzanie» du reste du monde.

    Par contre, les partisans de la promotion du kiswahili croient que cette langue peut satisfaire à tous les besoins et être utilisée à tous les niveaux d'enseignement, incluant l'université. Ils soutiennent que l'usage du kiswahili à tous les niveaux de l'éducation ne peut que favoriser un meilleur développement cognitif pour les enfants tanzaniens. De fait, une étude tanzanienne (de P. Mlama et M. Materu, 1978) portant sur le niveau secondaire démontre depuis assez longtemps la supériorité de l'enseignement en swahili par rapport à l'anglais dans le développement des fonctions cognitives; par exemple, lorsqu'une question est posée en anglais, les réponses des élèves dénotent un défaut de compréhension et/ou d'inaptitude à répondre en anglais. Or, lorsque la même question est posée en swahili, les réponses sont pertinentes et clairement exprimées. Enfin, ceux qui préconisent un enseignement en swahili précisent aussi que, à l'heure actuelle, l'enseignement n'étant plus gratuit depuis 1993, seule une minorité favorisée de Tanzaniens accéderont au secondaire et à l'anglais.

    Cela dit, le gouvernement tanzanien a fait connaître sa position officielle lors d'un colloque international tenu en 2000 à l'Université de Dar-es-Salaam. Le vice-président Omar Ali Juma a déclaré que le gouvernement s'est engagé à faire employer le kiswahili comme langue d'instruction à tous les niveaux : «Nous, en Tanzanie, sommes fiers que la langue kiswahilie nous aie unis et soit connue par tous les gens. Nous devons défendre et protéger cette langue.» La politique culturelle de 1997 précise qu'un programme spécial doit être préparé pour faire du kiswahili la langue d'enseignement à tous les niveaux d'éducation. Dans son discours donné en kiswahili, Omar Ali Juma a déclaré que la politique culturelle de 1997 incarne la vision du gouvernement sur le développement des langues nationales au pays. Il a incité les organismes responsables du développement de la langue nationale à préparer des terminologies et des manuels pour réaliser la mise en oeuvre du kiswahili comme véhicule d'enseignement dans le système éducatif tanzanien. Toutefois, il a précisé aussi que le passage au kiswahili ne doit pas signifier le rejet de l'enseignement de l'anglais: «La politique stipule clairement que les langues étrangères, incluant l'anglais, ne doivent pas être sous-évaluées, mais doivent être apprises et employées là où elles sont nécessaires. Nous attendons que les experts de la langue nous aident à atteindre ce but.»

    En réalité, la politique culturelle de 1997 veut promouvoir le développement des langues nationales pour qu'elles puissent être utilisées dans l'enseignement, à partir de l'école primaire jusqu'à l'université. Cette politique mentionne également que les programmes spéciaux seront prévus pour développer le kiswahili et s'assurer en même temps que d'autres langues étrangères ne soient pas négligées. Jusqu'ici, le gouvernement n'a fait aucun pas pour mettre en application cette décision, ni pour inclure les questions linguistiques dans la Constitution. En dépit des déclarations d'intentions, le gouvernement tanzanien n'est peut-être pas prêt à donner au kiswahili la place qui lui fut promise par la TANU (Tanganyika African National Union ou Union nationale africaine du Tanganyika) avant l'indépendance, car appliquer une telle politique linguistique coûte beaucoup d'argent (trop!) pour un pays avec de maigres ressources financières.

    Pour ce qui est de Zanzibar, l'anglais, comme sur le continent, reste un parent pauvre dans l'enseignement, bien que la swahilisation y soit plus poussée. Comme dans tout le pays, à l'université, l'anglais reste la langue d'enseignement. Dans les faits, il est impossible pour la plupart des Zanzibarais de discuter en anglais dès qu'ils se retrouvent entre eux. L'anglais demeure une langue scolaire, alors que l'administration universitaire fonctionne en kiswahili. La question linguistique, à Zanzibar comme sur le continent, est loin d'être réglée.


    source Université Laval , Quebec, CANADA
    .
    Dernière modification par Sioux foughali, 12 mai 2011, 10h10.

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    • #3
      4.4 La langue des entreprises

      La Tanzanie a prévu certaines mesures concernant l'emploi des langues de la part des entreprises. Ainsi, la Loi sur les entreprises (Compagnies Act) oblige les entreprises à prévoir que leurs documents soient rédigés en anglais (art. 9 et 439). Dans le cas où les documents sont dans une langue étrangère, une traduction certifiée conforme doit être annexée aux documents (art. 132, 434 et 438):

      Loi sur les entreprises, 2002

      Article 4

      Exigences en ce qui concerne les notes de commande

      1) Les notes de commande de chaque entreprise doivent être imprimées en anglais et indiquer :

      a) le nom de l'entreprise avec "société publique à responsabilité limitée" comme derniers mots du nom dans le cas d'une société publique ou avec "limitée" comme dernier mot du nom dans le cas d'une société en commandite par des actions ou par garantie (non une société publique); et

      Article 9
      Documents prescrivant des règlements pour les entreprises

      2) Les documents doivent être:
      a) en anglais;
      b) imprimés;

      Article 132

      Comptes et d'autres documents à être annexés aux revenus annuels

      1) Doivent être annexés à la déclaration annuelle :

      a) Dans le cas de toutes les entreprises autres que des sociétés privées exemptées de l'obligation de nommer des vérificateurs en vertu de l'article 171 et des entreprises illimitées exonérées de l'obligation de préparer des déclarations en vertu de l'article 16:

      (i) Une copie autorisée par un directeur et le secrétaire de l'entreprise comme étant une copie authentique, des déclarations déposées par l'entreprise lors d'une assemblée générale pendant la période à laquelle les revenus sont rapportés (incluant chaque document exigé, conformément à la loi pour être annexé à la déclaration); et

      (ii) Une copie certifiée, comme il est prévu ci-dessus, du rapport des vérificateurs et de celui des directeurs accompagnant chacun de ces bilans; et lorsque les déclarations ou documents exigés en conformité avec la loi pour être annexés, sont dans une langue étrangère, une traduction certifiée conforme doit être annexée;

      Article 434
      Documents devant être remis au greffier par les entreprises étrangères

      1) Les entreprises étrangères qui, après le jour désigné, ont une place d'affaires en Tanzanie doivent, dans les trente jours de l'instauration de la place d'affaires, remettre au greffier pour fins d'enregistrement:

      a) Une copie certifiée conforme à la charte, aux statuts ou règlements de l'entreprise ou tout autre instrument établissant ou définissant la constitution de l'entreprise et, si les documents ne sont pas rédigés en anglais, une traduction certifiée conforme.

      Article 438

      Obligation des sociétés étrangères de classer ses comptes

      1) Toute entreprise étrangère doit, pour chaque année civile, présenter des déclarations annuelles selon une forme précise et contenant ces indications en incluant ces documents, conformément aux dispositions de la présente loi (sous réserve toutefois des exceptions prescrites par le Ministre par règlement); s'il s'agit d'une société aux termes de la présente loi, l'entreprise est tenue d'inscrire et de déposer à son assemblée générale et de remettre, dans les trois mois après la date à laquelle les déclarations sont présentées, des copies de ces documents au greffier à des fins d'enregistrement.

      2) Si ces documents, tels qu'ils sont mentionnés au paragraphe 1, ne sont pas rédigés en anglais, une traduction certifiée conforme doit y être annexée.

      Article 439

      Obligation de mentionner le nom de l'entreprise étrangère, si elle est à responsabilité limitée et le pays d'incorporation

      1) Toute entreprise étrangère doit:

      d) Si la responsabilité des membres de l'entreprise est limitée, le motif de l'avis de ce fait doit être présenté en anglais avec des caractères lisibles pour chacun de ces documents d'offre et dans toutes les en-têtes de facture, le papier de lettre, des avis et autres publications officielles de l'entreprise en Tanzanie et doit être fixé à chaque endroit où l'entreprise exerces ses activités.

      Cette Loi sur les entreprises de 2002 ne fait aucune allusion au kiswahili, mais la Loi sur les assurances (Insurance Act) de 1996 mentionne la possibilité d'utiliser l'anglais OU le kiswahili ou encore les deux à la fois:

      Loi sur les assurances, 1996
      Article 24
      Registres et conservation des documents

      1) Toutes les entrées dans les livres et tous les comptes d'un assureur doivent être rédigés en anglais ou en kiswahili, ou dans les deux langues.

      Article 56
      Droits des courtiers

      1) Toutes les entrées dans les livres et les comptes d'un courtier doivent être en anglais ou en kiswahili ou dans les deux langues.

      Dans la Loi sur les brevets d'invention (Patents Act) de 1987, la protection accordée par la loi (art. 33) ne vaut que si le texte est rédigé en anglais ou accompagné d'une traduction anglaise:
      The Patents Act, 1987

      Section 33.
      Article 33
      Sécurité provisoire des publications internationales

      1) L'exonération mentionnée à l'article 66 peut être demandée à l'égard des actes commis avant l'émission du brevet d'invention, mais après la date de de la publication internationale en vertu de l'article 21 du Traité de coopération en matière de brevet, à la condition que ladite publication internationale ait été rédigée en anglais.

      2) Lorsque la publication internationale a été rédigée dans une autre langue que l'anglais, le paragraphe 1 s'applique à la condition que le requérant ait transmis une traduction anglaise de ladite publication internationale à un tiers et seulement dans le respect des actes commis par ce dernier après qu'il ait reçu ladite traduction.

      Ces quelques exermples suffisent à démontrer que l'anglais occupe une place incontournable en Tanzanie, supérieure à celle du kiswahili, du moins dans les entreprises.


      source Université Laval , Quebec, CANADA
      Dernière modification par Sioux foughali, 12 mai 2011, 10h10.

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      • #4
        4.6 Les médias et les activités économiques

        En Tanzanie, la langue des médias est manifestement le swahili (ou kiswahili). La radio nationale et des stations privées émettent dans cette langue toute la journée. La presse écrite, qui s'est considérablement développée depuis 1993, utilise massivement le kiswahili. Le nombre de journaux publiés en anglais est minime, comparativement au nombre de journaux paraissant tous les jours en kiswahili. En somme, les médias témoignent d'un pays plus swahiliphone qu'anglophone:


        Pour les activités économiques, la plupart des communications orales se font en kiswahili, même si presque tous les documents écrits sont en anglais. On peut dire que les langues de l'activité économique sont le kiswahili pour les affaires ordinaires (commerces locaux, banques, postes et autres services publics) et l'anglais pour les affaires importantes (grandes entreprises et commerce international). En ce sens, l'anglais a surpassé le kiswahili dans la mesure où la connaissance de l'anglais constitue un facteur de prestige dans les milieux de travail où l'instruction est importante. Par ailleurs, le bilinguisme anglais-kiswahili est fréquent dans l'affichage commercial et les raisons sociales, mais la publicité se fait majoritairement en kiswahili.

        La politique linguistique officielle de la Tanzanie est de favoriser le swahili, tout en maintenant encore l'anglais pour quelque temps dans certaines fonctions. Ça, c'est le discours officiel, qui est démenti dans les faits. Le swahili ou kiswahili n'a pas encore la place qui lui avait été promise par la TANU (Tanganyika African National Union ou Union nationale africaine du Tanganyika) en 1967 et que sa situation quarante ans après l'Indépendance laisse encore à désirer. Le kiswahili a bien remplacé l'anglais dans certains domaines et il est effectivement présent oralement sur tout le territoire, dans les lieux publics et administratifs, mais il reste d'un usage restreint dans des domaines de prestige, dont l'enseignement secondaire et universitaire, ainsi que dans la plupart des textes administratifs, politiques et judiciaires, qui régissent la vie publique de ce pays. Le swahili occupe la place prépondérante à l'oral et les médias, mais est négligé à l'écrit et jusque dans les symboles de l'État.

        De plus, on peut se demander comment il se fait que l'État a favorisé le swahili parlé par seulement 1 % de la population plutôt que le sukuma (15 %) dont le nombre des locuteurs dépasse les cinq millions. C'est que le swahili possède l'avantage d'être une langue parlée dans tout le sud-est de l'Afrique par 30 à 40 millions de personnes (comme langue seconde), qu'il dispose d'une écriture et d'une littérature, et est devenu une langue d'enseignement jusqu'à l'université. Les autres langues tanzaniennes sont limités aux communications orales, elles ne sont pas enseignées et restent trop localisées au point de vue géographique. Beaucoup de jeunes des villes refusent souvent de parler leur langue locale pour éviter de se marginaliser; ils connaissent souvent mieux le swahili que leur langue maternelle. Il faut ajouter aussi que la plupart des langues locales sont fragmentées en une multitude de variantes dialectales et sont donc très limitées dans leurs fonctions sociales. C'est pourquoi le swahili paraît avoir tous les atouts pour devenir la langue véhiculaire importante en Tanzanie.
        De plus, le swahili demeure l'une des rares langues autochtones en Afrique, avec l'arabe, à pouvoir tenir tête à l'anglais. C'est déjà une grande victoire pour les langues africaines. Cependant, l'anglais semble détenir encore un rôle incontournable dans les entreprises.


        source Université Laval , Quebec, CANADA
        Dernière modification par Sioux foughali, 12 mai 2011, 09h25.

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        • #5
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          Au début des années soixante, le Tanganyika (Tanzanie) était demeuré un pays pauvre, disposant de peu de ressources exportables, d'une industrie à l'état embryonnaire et dont l'agriculture était fondée sur les cultures vivrières. En février 1967, Julius Nyerere, lors de la célèbre «déclaration d'Arusha», posa les principes fondateurs d'une nouvelle politique économique, visant notamment à atteindre l'autosuffisance alimentaire et jetant les bases d'un socialisme à la tanzanienne: «Un gouvernement honnête, l'égalité entre les riches et les pauvres, l'indépendance économique». Il déclara aussi: «La Tanzanie est engagée dans une guerre contre la pauvreté et l'oppression; cette lutte est à la base de notre projet d'amener le peuple tanzanien et tous les Africains de l'état de pauvreté à celui de prospérité.» Malheureusement, cet idéal ne s'est jamais matérialisé.

          Du point de vue politique, le président Nyerere tenta d'unifier le pays en dépassant les clivages ethniques, entre autres, par l'usage du kiswahili (ou swahili). L'introduction du kiswahili constitua l'un des supports les plus ambitieux de la politique linguistique tanzanienne. Nyerere imposa la «swahilisation» de tous les domaines de l'État. Alors qu'en 1960 les candidats à l’Assemblée nationale devaient, aux termes de la loi, lire et parler couramment l’anglais, cette prescription disparut en 1965, et la campagne électorale se fit en kiswahili. Dès le début des années soixante-dix, le Parlement tanzanien siégea presque uniquement dans cette langue. Parallèlement, le kiswahili devint la langue officielle des tribunaux de première instance (1964). En septembre 1967, Julius Nyerere réaffirma l'importance du swahili dans Education for Self-Reliance, et expliqua les raisons qui favorisaient le «bannissement» de l'anglais: cette langue était le symbole du monde capitaliste et de valeurs opposées à la philosophie de l'Ujamaa, ce qui signifie «socialisme» en swahili. Le kiswahili devait être la langue des Tanzaniens, de l'Ujamaa et des valeurs africaines.

          L'usage du kiswahili s’étendit progressivement à des fonctions officielles de plus en plus nombreuses. Il devint la langue d'enseignement obligatoire au primaire et son introduction était prévue au secondaire (années quatre-vingt) et à l'université (années quatre-vingt-dix). Ainsi, le kiswahili acquit à la fois le statut de «langue nationale» et de «langue officielle» (Lugha ya Taifaî).

          De plus, des organismes linguistiques, dont le Bakita et l'Institute of Swahili Research de l’University College de Dar-es-Salaam, furent prévus afin de faire appliquer la politique de swahilisation linguistique; ils avaient pour mission de standardiser le kiswahili et d'assurer sa promotion. De très nombreuses commissions ou associations privées devaient ensuite travailler sur la modernisation de la langue. La swahilisation de la société tanzanienne fut sans doute facilitée par le fait que la promotion du kiswahili ne pouvait pas être assimilée à la prise de pouvoir d’un groupe ethnique sur les autres. On pourrait affirmer aussi que Julius Nyerere a eu presque la chance d'appartenir à l'une des plus petites des 120 ethnies tanzaniennes, les Zanakis, ce qui implique qu'on ne pouvait l'accuser de défendre des intérêts tribaux. Enfin, le kiswahili avait le très grand avantage de ne représenter aucune ethnie particulière et de ne privilégier ni défavoriser aucune des quelque 120 langues maternelles parlées sur le territoire, même si le kiswahili était la langue maternelle d'une petite minorité de Tanganyikais vivant sur la côte est du pays. L'objectif ultime de la politique linguistique de Nyerere était sans doute de remplacer l'anglais par le swahili dans tous les domaines.


          source Université Laval , Quebec, CANADA

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