Syrie : la menace fantôme de Damas
Le Point.fr - Publié le 16/05/2011 à 15:50
Des affrontements meurtriers ont ensanglanté la frontière entre la Syrie et Israël, dimanche. Un événement rarissime qui ne doit rien au hasard.
Des milliers de militants palestiniens se sont massés à la frontière entre la Syrie et Israël, dimanche. © Jack Guez / AFP
La Syrie a-t-elle tenté de "détourner l'opinion mondiale" de sa répression en tentant d'enflammer sa frontière avec Israël ? C'est ce qu'affirme l'armée israélienne, lundi matin, au lendemain d'une journée d'affrontements sans précédent sur le plateau du Golan, objet de litige entre les deux pays depuis près de 44 ans. Des milliers de manifestants palestiniens venus de Syrie se sont rassemblés à la limite de la partie occupée du Golan pour le 63e anniversaire de la Nakba, l'appellation dans le monde arabe de la création de l'État d'Israël, en 1948, et de l'exode des Palestiniens qui s'en est suivi. Deux cents personnes ont franchi la ligne de cessez-le-feu. Au moins deux ont été tuées par l'armée israélienne.
"C'est un acte très grave et violent qui menace la sécurité des habitants d'Israël et viole son territoire", a déclaré la porte-parole de l'armée israélienne Avital Leibovitz. "Nous dénonçons fermement les actes criminels d'Israël contre notre peuple dans le plateau du Golan", a rétorqué le ministère syrien des Affaires étrangères. Il faut dire que le plateau du Golan, annexé par Israël durant la guerre des Six-Jours de 1967, reste une revendication de Damas, malgré l'armistice signé en 1974 et le calme relatif qui prévaut sur la région depuis lors. En attendant, l'ONU a tranché : la violation de la frontière est venue "du côté syrien", a indiqué un communiqué de l'organisation internationale. Mais dans quel but ?
"Stratégie de diversion"
"La stratégie de diversion de Damas est évidente", analyse Barah Mikaïl, directeur de recherche à la Fondation pour les relations internationales et le dialogue extérieur (Fride, basé à Madrid). "Physiquement et matériellement, les autorités syriennes ont laissé transiter des gens à travers une frontière normalement infranchissable", explique-t-il. Un afflux de manifestants visiblement organisé, au moins quatre bus ont été vus quittant des camps de Palestiniens, samedi. "Le message est clair", pour Didier Billion, chercheur spécialiste du monde arabe à l'Institut de relations internationales et stratégiques (Iris) : "Faire qu'on pense à autre chose qu'à la répression quand on pense à la Syrie."
"Mais la stratégie est à double niveau", prévient Barah Mikaïl. "Damas a toujours prévenu que si la situation syrienne intérieure se dégradait, cela compliquerait les relations dans toute la région", explique-t-il. Le message serait donc adressé à la communauté internationale, alors que les condamnations de la répression se multiplient à travers le monde. La Syrie n'a peut-être pas "les ressources militaires suffisantes" pour faire peur à son voisin du sud, comme l'explique Didier Billion, mais elle dispose de capacités de nuisance certaines pour déstabiliser une région déjà fragile. Comme elle l'a montré ce week-end.
Lepoint.fr
Le Point.fr - Publié le 16/05/2011 à 15:50
Des affrontements meurtriers ont ensanglanté la frontière entre la Syrie et Israël, dimanche. Un événement rarissime qui ne doit rien au hasard.
Des milliers de militants palestiniens se sont massés à la frontière entre la Syrie et Israël, dimanche. © Jack Guez / AFP
La Syrie a-t-elle tenté de "détourner l'opinion mondiale" de sa répression en tentant d'enflammer sa frontière avec Israël ? C'est ce qu'affirme l'armée israélienne, lundi matin, au lendemain d'une journée d'affrontements sans précédent sur le plateau du Golan, objet de litige entre les deux pays depuis près de 44 ans. Des milliers de manifestants palestiniens venus de Syrie se sont rassemblés à la limite de la partie occupée du Golan pour le 63e anniversaire de la Nakba, l'appellation dans le monde arabe de la création de l'État d'Israël, en 1948, et de l'exode des Palestiniens qui s'en est suivi. Deux cents personnes ont franchi la ligne de cessez-le-feu. Au moins deux ont été tuées par l'armée israélienne.
"C'est un acte très grave et violent qui menace la sécurité des habitants d'Israël et viole son territoire", a déclaré la porte-parole de l'armée israélienne Avital Leibovitz. "Nous dénonçons fermement les actes criminels d'Israël contre notre peuple dans le plateau du Golan", a rétorqué le ministère syrien des Affaires étrangères. Il faut dire que le plateau du Golan, annexé par Israël durant la guerre des Six-Jours de 1967, reste une revendication de Damas, malgré l'armistice signé en 1974 et le calme relatif qui prévaut sur la région depuis lors. En attendant, l'ONU a tranché : la violation de la frontière est venue "du côté syrien", a indiqué un communiqué de l'organisation internationale. Mais dans quel but ?
"Stratégie de diversion"
"La stratégie de diversion de Damas est évidente", analyse Barah Mikaïl, directeur de recherche à la Fondation pour les relations internationales et le dialogue extérieur (Fride, basé à Madrid). "Physiquement et matériellement, les autorités syriennes ont laissé transiter des gens à travers une frontière normalement infranchissable", explique-t-il. Un afflux de manifestants visiblement organisé, au moins quatre bus ont été vus quittant des camps de Palestiniens, samedi. "Le message est clair", pour Didier Billion, chercheur spécialiste du monde arabe à l'Institut de relations internationales et stratégiques (Iris) : "Faire qu'on pense à autre chose qu'à la répression quand on pense à la Syrie."
"Mais la stratégie est à double niveau", prévient Barah Mikaïl. "Damas a toujours prévenu que si la situation syrienne intérieure se dégradait, cela compliquerait les relations dans toute la région", explique-t-il. Le message serait donc adressé à la communauté internationale, alors que les condamnations de la répression se multiplient à travers le monde. La Syrie n'a peut-être pas "les ressources militaires suffisantes" pour faire peur à son voisin du sud, comme l'explique Didier Billion, mais elle dispose de capacités de nuisance certaines pour déstabiliser une région déjà fragile. Comme elle l'a montré ce week-end.
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