Alger épisode 1
A peine rentré d'Israël, Nadir Dendoune le globe-trotter a à nouveau embarqué, cette fois-ci pour l'Algérie. Il nous raconte son arrivée à Alger.
Sélectionné et édité par Hélène Decommer
Temps de lecture : 3 minutes
Je suis bien. Plus détendu que lors de mon dernier voyage : normal, je pars en Algérie.
Le mois dernier, j’embarquais pour Tel Aviv, alors forcément, la donne était différente. On avait été gardé à l’aéroport huit heures et sans le coup de fil de l’ambassadeur de France, on aurait fait marche arrière.
J’ai pris mon scooter, fidèle assistant, et j’ai filé à l’arrache avec mon gros sac entre les jambes à Orly Sud. Sur le périphérique, des gens me souriaient, ou peut-être qu’ils se foutaient de ma tronche avec ma valise qui pendait comme des spaghettis mal essorées. K. m’a dit aujourd’hui que j’étais farfelu comme gars. Ca doit être vrai.
En tout cas, je suis arrivé à l’aéroport très gai. J’ai pas changé de cible, mais il ne faut jamais dire jamais : l’amour c’est pas comme les mathématiques. J’ai enregistré les bagages, il n’y avait personne. Un jeune homme sympa, un peu caillera sur les bords de la méditerranée, a adoré mon T-Shirt Free Palestine, moi aussi, je l’aime bien celui-là, il me va comme un prince que je ne suis pas.
L’embarquement se situait à la porte A 10, je donne des détails pour meubler et parce que je commence à comprendre enfin ce que c’est le bonheur.
Dans l’avion, j’ai demandé El Watan, mais il n’était pas disponible, alors j’ai commencé à feuilleter le Jour d’Algérie. Vachement moins bien qu’EL Watan. Mais lire le journal permet de mieux arriver à destination.
L’avion était à l’heure au départ et en avance à l’arrivée. Un chef d’entreprise qui aurait aimé être un pilote m’a expliqué en sortant que le vol n’avait duré qu’une heure quarante cinq minutes, et que c’était grâce à l’excellence des vents arrière et aussi parce que l’avion avait emprunté un bon couloir. Du Kurde pour moi. Ma valise est sortie dans les toutes premières, quand on se réveille avec le sourire et qu’on déjeune en plein soleil avec une super nana, il ne peut vous arriver que du bonheur le reste de la journée, c’est mécanique.
Deux nanas, une voilée l’autre pas, les deux l’air pas du tout soumises, nous ont accueillis avec un sourire de paradis. J’ai dit Salaam, pour être sûr de pas dire de conneries et je suis monté avec d’autres camarades de voyages dans une super berline noire, direction l’Hôtel Hilton.
La chambre était immense, le lit deux fois la taille du mien. J’aurais pu dormir avec deux potes. J’ai ouvert la fenêtre et l’océan s’offrait à moi. J’ai expiré, mes poumons se sont remplis d’air. J’étais bien. De plus en plus chez moi. J’ai attendu dix sept ans avant de revenir en Algérie et depuis deux ans, j’y reviens dès que je peux. Je vieillis. alors j’ai moins le temps et je vais à l’essentiel.
Avant de dîner, il y avait juste le temps pour le footing. La nuit faisait flipper. Je courrais, j’avais l’impression de n’avoir plus aucun souci. Je suis allé tout droit et je suis revenu sur mes pas, pour ne pas me perdre comme à Ramallah, il y a quelques semaines. J’ai entendu gueuler en arabe. Je venais d’entrer dans une zone ultra sécurisée et les militaires devaient se demander ce qu’un type habillé avec un fuseau serré pouvait bien foutre là. Puis ils ont ri et l’un d’entre eux s’est mis à courir avec moi. Pas longtemps. Deux minutes sans la douche.
Le dîner, on a mangé comme des porcs, c’est une expression, ici point de ralouf, sauf en Kabylie d’où sont originaires mes vieux, où certains se vantent d’éclater des sangliers.
Je suis resté dans le lobby quelques instants, puis je remonté : une nana les jambes croisées et décroisées me regardait d’une manière un peu trop explosive. J’ai pensé à DSK, aux grands hôtels de luxe, à la solitude de tous ces gens friqués, aux pervers, tout se mélangeait dans ma tête, et je me suis enfui.
Le lit était immense. J’ai enlevé tout, le superflu et je me suis vu dans ce miroir. Oh beau miroir… Mon égo était flatté…
A peine rentré d'Israël, Nadir Dendoune le globe-trotter a à nouveau embarqué, cette fois-ci pour l'Algérie. Il nous raconte son arrivée à Alger.
Sélectionné et édité par Hélène Decommer
Temps de lecture : 3 minutes
Je suis bien. Plus détendu que lors de mon dernier voyage : normal, je pars en Algérie.
Le mois dernier, j’embarquais pour Tel Aviv, alors forcément, la donne était différente. On avait été gardé à l’aéroport huit heures et sans le coup de fil de l’ambassadeur de France, on aurait fait marche arrière.
J’ai pris mon scooter, fidèle assistant, et j’ai filé à l’arrache avec mon gros sac entre les jambes à Orly Sud. Sur le périphérique, des gens me souriaient, ou peut-être qu’ils se foutaient de ma tronche avec ma valise qui pendait comme des spaghettis mal essorées. K. m’a dit aujourd’hui que j’étais farfelu comme gars. Ca doit être vrai.
En tout cas, je suis arrivé à l’aéroport très gai. J’ai pas changé de cible, mais il ne faut jamais dire jamais : l’amour c’est pas comme les mathématiques. J’ai enregistré les bagages, il n’y avait personne. Un jeune homme sympa, un peu caillera sur les bords de la méditerranée, a adoré mon T-Shirt Free Palestine, moi aussi, je l’aime bien celui-là, il me va comme un prince que je ne suis pas.
L’embarquement se situait à la porte A 10, je donne des détails pour meubler et parce que je commence à comprendre enfin ce que c’est le bonheur.
Dans l’avion, j’ai demandé El Watan, mais il n’était pas disponible, alors j’ai commencé à feuilleter le Jour d’Algérie. Vachement moins bien qu’EL Watan. Mais lire le journal permet de mieux arriver à destination.
L’avion était à l’heure au départ et en avance à l’arrivée. Un chef d’entreprise qui aurait aimé être un pilote m’a expliqué en sortant que le vol n’avait duré qu’une heure quarante cinq minutes, et que c’était grâce à l’excellence des vents arrière et aussi parce que l’avion avait emprunté un bon couloir. Du Kurde pour moi. Ma valise est sortie dans les toutes premières, quand on se réveille avec le sourire et qu’on déjeune en plein soleil avec une super nana, il ne peut vous arriver que du bonheur le reste de la journée, c’est mécanique.
Deux nanas, une voilée l’autre pas, les deux l’air pas du tout soumises, nous ont accueillis avec un sourire de paradis. J’ai dit Salaam, pour être sûr de pas dire de conneries et je suis monté avec d’autres camarades de voyages dans une super berline noire, direction l’Hôtel Hilton.
La chambre était immense, le lit deux fois la taille du mien. J’aurais pu dormir avec deux potes. J’ai ouvert la fenêtre et l’océan s’offrait à moi. J’ai expiré, mes poumons se sont remplis d’air. J’étais bien. De plus en plus chez moi. J’ai attendu dix sept ans avant de revenir en Algérie et depuis deux ans, j’y reviens dès que je peux. Je vieillis. alors j’ai moins le temps et je vais à l’essentiel.
Avant de dîner, il y avait juste le temps pour le footing. La nuit faisait flipper. Je courrais, j’avais l’impression de n’avoir plus aucun souci. Je suis allé tout droit et je suis revenu sur mes pas, pour ne pas me perdre comme à Ramallah, il y a quelques semaines. J’ai entendu gueuler en arabe. Je venais d’entrer dans une zone ultra sécurisée et les militaires devaient se demander ce qu’un type habillé avec un fuseau serré pouvait bien foutre là. Puis ils ont ri et l’un d’entre eux s’est mis à courir avec moi. Pas longtemps. Deux minutes sans la douche.
Le dîner, on a mangé comme des porcs, c’est une expression, ici point de ralouf, sauf en Kabylie d’où sont originaires mes vieux, où certains se vantent d’éclater des sangliers.
Je suis resté dans le lobby quelques instants, puis je remonté : une nana les jambes croisées et décroisées me regardait d’une manière un peu trop explosive. J’ai pensé à DSK, aux grands hôtels de luxe, à la solitude de tous ces gens friqués, aux pervers, tout se mélangeait dans ma tête, et je me suis enfui.
Le lit était immense. J’ai enlevé tout, le superflu et je me suis vu dans ce miroir. Oh beau miroir… Mon égo était flatté…
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