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Alger épisode 1

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  • Alger épisode 1

    Alger épisode 1
    A peine rentré d'Israël, Nadir Dendoune le globe-trotter a à nouveau embarqué, cette fois-ci pour l'Algérie. Il nous raconte son arrivée à Alger.
    Sélectionné et édité par Hélène Decommer
    Temps de lecture : 3 minutes

    Je suis bien. Plus détendu que lors de mon dernier voyage : normal, je pars en Algérie.



    Le mois dernier, j’embarquais pour Tel Aviv, alors forcément, la donne était différente. On avait été gardé à l’aéroport huit heures et sans le coup de fil de l’ambassadeur de France, on aurait fait marche arrière.

    J’ai pris mon scooter, fidèle assistant, et j’ai filé à l’arrache avec mon gros sac entre les jambes à Orly Sud. Sur le périphérique, des gens me souriaient, ou peut-être qu’ils se foutaient de ma tronche avec ma valise qui pendait comme des spaghettis mal essorées. K. m’a dit aujourd’hui que j’étais farfelu comme gars. Ca doit être vrai.

    En tout cas, je suis arrivé à l’aéroport très gai. J’ai pas changé de cible, mais il ne faut jamais dire jamais : l’amour c’est pas comme les mathématiques. J’ai enregistré les bagages, il n’y avait personne. Un jeune homme sympa, un peu caillera sur les bords de la méditerranée, a adoré mon T-Shirt Free Palestine, moi aussi, je l’aime bien celui-là, il me va comme un prince que je ne suis pas.

    L’embarquement se situait à la porte A 10, je donne des détails pour meubler et parce que je commence à comprendre enfin ce que c’est le bonheur.

    Dans l’avion, j’ai demandé El Watan, mais il n’était pas disponible, alors j’ai commencé à feuilleter le Jour d’Algérie. Vachement moins bien qu’EL Watan. Mais lire le journal permet de mieux arriver à destination.

    L’avion était à l’heure au départ et en avance à l’arrivée. Un chef d’entreprise qui aurait aimé être un pilote m’a expliqué en sortant que le vol n’avait duré qu’une heure quarante cinq minutes, et que c’était grâce à l’excellence des vents arrière et aussi parce que l’avion avait emprunté un bon couloir. Du Kurde pour moi. Ma valise est sortie dans les toutes premières, quand on se réveille avec le sourire et qu’on déjeune en plein soleil avec une super nana, il ne peut vous arriver que du bonheur le reste de la journée, c’est mécanique.

    Deux nanas, une voilée l’autre pas, les deux l’air pas du tout soumises, nous ont accueillis avec un sourire de paradis. J’ai dit Salaam, pour être sûr de pas dire de conneries et je suis monté avec d’autres camarades de voyages dans une super berline noire, direction l’Hôtel Hilton.

    La chambre était immense, le lit deux fois la taille du mien. J’aurais pu dormir avec deux potes. J’ai ouvert la fenêtre et l’océan s’offrait à moi. J’ai expiré, mes poumons se sont remplis d’air. J’étais bien. De plus en plus chez moi. J’ai attendu dix sept ans avant de revenir en Algérie et depuis deux ans, j’y reviens dès que je peux. Je vieillis. alors j’ai moins le temps et je vais à l’essentiel.

    Avant de dîner, il y avait juste le temps pour le footing. La nuit faisait flipper. Je courrais, j’avais l’impression de n’avoir plus aucun souci. Je suis allé tout droit et je suis revenu sur mes pas, pour ne pas me perdre comme à Ramallah, il y a quelques semaines. J’ai entendu gueuler en arabe. Je venais d’entrer dans une zone ultra sécurisée et les militaires devaient se demander ce qu’un type habillé avec un fuseau serré pouvait bien foutre là. Puis ils ont ri et l’un d’entre eux s’est mis à courir avec moi. Pas longtemps. Deux minutes sans la douche.

    Le dîner, on a mangé comme des porcs, c’est une expression, ici point de ralouf, sauf en Kabylie d’où sont originaires mes vieux, où certains se vantent d’éclater des sangliers.

    Je suis resté dans le lobby quelques instants, puis je remonté : une nana les jambes croisées et décroisées me regardait d’une manière un peu trop explosive. J’ai pensé à DSK, aux grands hôtels de luxe, à la solitude de tous ces gens friqués, aux pervers, tout se mélangeait dans ma tête, et je me suis enfui.

    Le lit était immense. J’ai enlevé tout, le superflu et je me suis vu dans ce miroir. Oh beau miroir… Mon égo était flatté…
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

  • #2
    Algérie: épisode 2

    Souvent, il suffit de laisser aller pour comprendre que le bonheur est à portée de main. Le réveil fut doux, comme ma nuit. J’ai laissé couler l’eau pour qu’elle soit à la bonne température. Elle glissait sur ma peau, j’avais les yeux fermés, mes bras le long de mon corps, la tête légèrement penchée vers le bas. J’ai vidé mon esprit, je voulais profiter de l’instant. Ne plus penser à là-bas. Aux autres. A la vie de tous les jours.
    Le téléphone a sonné : je ne voulais pas répondre, je savais juste qu’il était l’heure de descendre. Les nuits les plus belles sont toujours les plus courtes. J’ai rangé toutes mes affaires à l’intérieur de mon sac, j’ai refait le lit, j’ai fait ça pour les femmes de chambre. J’ai pensé à la « victime » de DSK, et de plus en plus, j’ai ressenti de la peine pour elle. Elle qui élève seule son enfant de quinze ans et qui n’en finit pas de verser des larmes. Lui, le puissant qui a du croire que tout était permis, qu’il pouvait tout faire. Plus les jours passent, et plus je le crois coupable. Tant pis si je me trompe. Parce que ça existe tellement. Ces hommes qui pensent qu’avoir du fric et être connus les protègent de tout. Ils croient être irrésistibles. J’ai claqué la porte. Une femme de chambre, à peine la vingtaine, se tenait là, poussant son chariot. Elle m’a souri.
    L’ascenseur tardait à venir. Je regardais par la vitre, la vue était splendide. Alger la magnifique. Dans le lobby, ça grouillait de monde : des gens qui arrivaient, d’autres qui partaient. Je suis allé prendre mon petit déjeuner. J’ai pris quelques minutes avant de m’asseoir pour aller saluer les employés, une majorité de Kabyle, alors j’ai balancé quelques phrases avec mon accent franchouillard. Ils ont ri. Puis, on a parlé politique : les Algériens ont tous ! une conscience politique, je m’en rends compte de plus en plus.
    Ensuite, j’ai filé à l’inauguration du salon du tourisme, le « Sitev » était prévue à dix heures. Le ministre est arrivé, suivi par un nuage de fans et de journalistes. Il visitait un à un les stands, je me suis dis A ce rythme là, il va y passer trois heures. Chacun voulait avoir sa photo avec cet homme important pour pouvoir se la raconter sur Facebook. Il y a eu après une conférence de presse et les habituelles questions à la noix. Je me suis approché et j’ai demandé ce qu’il en était des projets qu’avait promis de lancer son prédécesseur. Les autres m’ont regardé comme si j’étais arrivé torse nu dans une mosquée. Le ministre a botté en touche. C’est normal, il fait de la politique, il est juste là pour serrer des paluches.
    J’ai attrapé un taxi avec Faycal pour Alger Centre. Une dame, ex-blédarde, fausse-blonde, résidant désormais à Levallois-Perret (92), chez les Balkany, attendait sur le bas-côté de la route. Elle a demandé poliment, s’il vous plait, si elle pouvait venir avec nous, elle allait à Hydra, le Neuilly de la capitale. On a accepté mais si on avait parlé politique avant, je l’aurais dégagé à coups de pompe. Sur la droite, les Dunes Marrons n’avaient rien à envier à l’absence d’humanité que dégagent les barres HLM des 4000 de la Courneuve. Le chauffeur de taxi était peu loquace, ce qui n’était pas le cas de notre nouvelle « amie » d’accord à 300% avec Laurent Wauquiez, bébé ministre de 36 ans, qui mériterait bien deux baffes aussi, et pour qui l’assistanat est le « cancer de la société française», lui qui s’est fait assister par ses parents depuis le jour de sa naissance, en allant dans les meilleures écoles, par exemple…La fause blonde disait qu’elle s’était faite « toute seule », malgré que papa et maman l’aient élevé dans l’opulence, elle disait qu’elle était « outrée » de voir autant de fainéants, aussi bien en Algérie qu’en France. On l’a laissé sans aucune tristesse Place des Beaux Arts, comment pouvait-on être à la fois moche et conne ?
    On a marché un peu pour s’arrêter dans un troquet, Boulevard Telemny, seule rue horizontale plate d’Alger. Sur place, j’ai demandé un café allongé. Il était plus fort que l’expresso de chez nous. Je l’ai baptisé et tout le monde s’est marré : « un café de macho ». On est ressortis. Le soleil a montré sa gueule. Bienvenue en Algérie. Non loin, les immeubles aérohabitat, construit par l’architecte français Le Corbusier faisaient flipper. Avant d’arriver à Didouche Mourad (anciennement avenue Michelet), le restaurant Sidi Ferruch où on sert du sanglier, cousin du ralouf, avait toujours les rideaux fermés. On s’est posés avec des amis de Faycal dans une gargote sympa où on a dégusté une « Loubia », un cassoulet sans cochon. Le serveur, jeune homme costaud a posé sur la petite table une large bouteille d’Hamoud, limonade primé plusieurs fois dans des foires parisiennes, et qui existe depuis 1889. Magnifique ! J’étais aux anges.
    En sortant, on a rejoins le jardin de la Liberté, de son vrai nom Parc Galland (Galland était maire d’Alger entre 1910 et 1919), où les couples s’enlacent tout en discrétion. Au dessus, l’école des Beaux-Arts, donnait le tournis, c’est là qu’on peut trouver notamment des sculptures du feu Père Belmondo. On a continué notre escapade. Des immeubles avaient comme terrasse un pont. En face, l’appartement où avait vécu Malcolm X. L’Algérie a toujours soutenu les mouvements d’indépendance : Radio Portugal au temps de Salazar émettait depuis Alger, Ché Guevara avait des camps d’entrainements au dessus de Blida.
    On a repris un taxi pour revenir à l’hôtel. En sortant de la ville, le jardin d’essai, où une partie des scènes du premier Tarzan (celui avec Johnny Weissmuller) fut tourné, apparut. Juste à côté des usines où on fabrique le Selecto, l’imitation du Coca-Cola. C’était ma troisième fois à Alger et j’avais l’impression que je n’étais encore jamais venu ici.
    A l’Hitlon, je suis remonté dans ma piaule pour prendre mon short et ma corde à sauter. La salle de gym ouverte 24h sur 24h était à moitié pleine. Après avoir bien transpiré et poussé mon cœur à son extrême, je me suis foutu à poil, mis une serviette autour de ma taille et suis entré dans le hamam. Il n’y avait personne. J’étais bien. C’est donc ça être riche ! J’ai fermé les yeux et j’ai voulu crier pour demander au temps de s’arrêter. Au diner, à table, le Vava Nouva d’Idir m’a fait chialer. Je me suis rappelé du tourne-disque noir et rouge de ma maman : de ce jour où elle était toute excitée d’écouter pour la première fois le nouveau titre du chanteur kabyle…
    NADIR DENDOUNE
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

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    • #3
      Alger épisode 3

      Le problème quand tu kiffes trop, tu te freines de façon automatique, parce que tu sais que la vie de tous les jours, ça peut pas être ça et que le retour sera difficile Ce matin, l’alarme a sonné à 7h45. J’ai giflé mon téléphone qui me sert de réveil pour qu’il s’arrête de crier et qu’il me laisse profiter encore un peu de cette nuit. Je suis violent quand il s’agit de mon bonheur. La société devrait financer des lits de cette taille, tout le monde en sortirait gagnant.
      Depuis deux jours, je dors en diagonale. Depuis deux jours, je me réveille sans cette boule au ventre qui me poursuit depuis tellement longtemps que j’ai fini par lui dire Bonjour chaque matin. Je ne m’étais jamais rendu compte combien un hôtel pouvait autant vivre. Au lobby, le bonjour est obligatoire. Le pognon rend aimable. Du moins en apparence, du moins entre « nous », entre riches…Je me suis assis. Sur la table, deux thermos m’attendaient, une remplie de café et l’autre de lait. Derrière moi, un buffet impressionnant était dressé. J’avais le choix : du salé ou du sucré, des œufs, du fromage, des légumes, des viennoiseries, des crêpes, des jus de toutes les couleurs. Manquait plus que me de faire masser en mangeant, ou de me faire pomper la merguez puisque c’est permis d’être vulgaire, c’est même tendance parfois, et puis pour dire tout haut ce que beaucoup de mecs pensent tout bas.
      De là, où j’étais, j’apercevais les paquebots immobiles. A cause de la brume et du ciel gris, on avait l’impression que la mer n’existait plus, que les bateaux avaient été posés là pour le décor. J’étais bien, et les autres aussi. Personne ne courait, les gens prenaient leur temps pour se servir, pour manger. Et dire que certains « riches », parmi eux quelques uns qui ont bâti leurs empires avec la sueur des pauvres, vivent ça chaque matin. Alors que d’autres fouillent les poubelles. Je crois que parfois on a le droit d’être manichéen. Les riches font parfois des raccourcis, alors pourquoi «nous », on n’en ferait pas ? Je serais toujours pauvre mes camarades, peu importe le nombre de 0 qui figure sur mon relevé de comptes.
      Je regardais par la vitre et Assia est venue me sortir de mes interrogations : le minibus attendait devant l’Hilton. Au salon du tourisme, les stands bien agencés étaient investis par les visiteurs. La soif de voyage est universelle. Les Arabes ont été jadis de grands voyageurs. Ils le sont moins. D’autres priorités...On a repris le bus direction Tipaza. En quittant le salon, on est passé devant Sidi Abdallah, la nouvelle ville, puis Sidi Ferruch, c’est là à l’est d’Alger que les Français sont entrés en Algérie en 1830. A droite, le domaine Bouchaoui s’étendait sur plusieurs kilomètres avec ses vignes et ses caves de vin rouge. Pour Zéralda, il fallait bifurquer sur la droite, nous avons filé tout droit : des jeunes vendaient sur le bas-côté de la route du poisson et certains avaient mis les warning pour pouvoir s’approvisionner. Puis Tibérine, célèbre pour le Gris d’Algérie (raisin particulier cueilli en septembre) et aussi c’est vrai pour l’affaire des moines assassinés. Le bus de touristes s’est arrêté au mausolée de Mauritanie, appelé aussi Tombeau de la Chrétienne, construit sous la période mauritanienne (5 ou 6 siècles avant JC). Quelques photos et une explication détaillée par Nordine, guide certifié, une pépite à lui tout seul, qui m’a rebaptisé Kinder Surprise. Va savoir pourquoi…
      Au complexe touristique de la Corne d’Or, nous avons déjeuné comme si c’était notre dernier repas : shlata (poivrons cuits, ail écrasé, le tout baigné dans l’huile d’olive), kemia (assortiments de feuilletés), une crêpe sauce béchamel et une soupe de poisson, voilà pour l’entrée ! Le plat aux poissons a atterri sur la table quelques secondes après avoir englouti les entrées, comme si les serveurs avaient peur qu’on s’enfuit. Comme s’ils étaient tenus par un timing. En dessert, une tarte meringuée et un assortiment de fruit, puis l’habituel thé, café….Hamdoullah, comme ils disent… Après le repas, une visite éclair de l’endroit : une belle corniche déserte. Quel beau pays…Ensuite, nous avons visité les ruines de Tipasa. Aux abords, les magasins pour touristes étaient vides de clients.
      Retour à l’hôtel Hilton. A peine le temps de mettre mon short et ramasser ma corde à sauter qui trainait à même le sol, j’étais dans la salle de gym où la présence d’une nana au corps féérique donnait à tous les mecs l’envie de briller. Au hamam, une fois seul, j’ai laissé faire. Vidant l’esprit, détendant les muscles, j’avais l’impression que rien ne pouvait m’arriver aujourd’hui. Plus belle la vie ici. Avec Faycal, nous sommes partis diner en ville, laissant la vie de groupe un instant.
      A l’entrée d’Alger un flic, tenait un détecteur d’explosif dernier cri made in US. Le taxi nous a déposé boulevard Telemny où Mourad vivait. Avec lui, nous sommes redescendus vers la Grande Poste, toujours aussi imposante, plus haut, l’hôtel Albert 1er était illuminé de belles lumières vertes. Nous avons continué à pied. En cette vieille de week-end, nous sommes jeudi, les rues étaient désertes, quelques types se tenaient là à discuter. Le premier restaurant où nous nous sommes arrêtés affichait complet.
      Quand nous sommes arrivés au Tirolien, le patron nous a fait attendre au bar. La fumée des cigarettes me gênait terriblement, moi le Françaoui, habitué au no smoking des endroits publics de chez nous. Une table s’est enfin libérée : trois places au comptoir au premier étage. Les chefs cuistos préparaient la viande devant nous. Mourad a commandé un filet et une cervelle, tandis que Faycal et moi avions juste envie d’un filet. Le tout étant accompagné d’une part de fromage et de salade verte. La viande, bien cuite et pourtant bien tendre, prenait toute la place dans l’assiette carrée. Le ventre plein, on a quitté le Tirolien. On a laissé Mourad partir chez lui, jeune homme de quarante ans, qui vit désormais en France.
      De retour au Hilton, il était encore tôt. Alors, avec d’autres camarades du groupe, nous sommes sortis, pas loin : la discothèque de l’hôtel jouissait d’une belle réputation. Une sécurité à l’israélienne nous attendait. Une fois à l’intérieur, j’ai pris quinze ans dans la gueule en voyant tous ces gamins se trémousser sur de la techno…
      The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

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      • #4
        ennuyeux, incompréhensible et surtout impossible a lire, mais j'ai lu.

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        • #5
          Alger: épisode 4

          Les matins ont l’air de se ressembler quand tu as du pognon. La nuit fut plus courte que d’habitude mais j’ai eu quand même le temps de rêver au bonheur. La fille était intelligente, belle, riche, pas prétentieuse, généreuse et pas chiante. Oui, je sais, ça reste un rêve…
          Le mec, en l’occurrence, moi, était charmant, tendre, à l’écoute, drôle et patient. Oui, je sais, ça reste un rêve…J’avais un peu mal à la tête en me levant, fallait voir ma gueule, une façade pas très islamiste, malgré la barbe, avec seulement quelques heures de sommeil au comptoir. Heureusement que le corps affichait toujours un 10/10 largement mérité et salué jusqu’à Oran, notre destination de ce soir. J’avais l’impression aussi que mes poumons crachaient les clopes de la veille consumées par les clients du restaurant, puis de la discothèque. Après la douche, j’ai enfilé le peignoir pour l’intégration dans le monde des riches. Des chaussons blancs, avec un grand H de Hilton brodé dessus, attendaient que mes pieds les rejoignent. Manquaient plus que le cigare et la femme de chambre qui se met à entrer à l’improviste. Miaouh…L’homme et le pouvoir.
          J’ai ouvert la fenêtre, le ciel était gris. La mer, toute proche, était tout de même visible. C’était le calme absolu. Les riches achètent le silence. Sauf aux Etats-Unis, on l’a vu avec DSK. Je commençais à aimer mon nouveau statut. Malgré tout, j’avais honte de ce sentiment qui grandissait en moi. Je me suis habillé, je l’avoue, en retournant un caleçon certifié non réversible, puis je me suis parfumé à l’horizontale, et à la verticale pour masquer quelques odeurs qui s’étaient imprégnées sur mes vêtements. Pourtant, j’aurais juré que j’avais embarqué davantage de slips dans mon sac. Marliche. Et puis, pas le temps d’en acheter d’autres avec le timing serré, pas trop envie non plus de les laver : un riche ne fait pas ça ! A L’hôtel Hilton, on n’étend pas son linge sur le rebord de la fenêtre, voyons….Borde, faut tout vous dire.
          J’ai encore petit-déjeuner en petit comité, c’est-à-dire seul-tout, moi et Main Droite, ma femme sur Facebook, la seule, pour l’instant qui risque pas de se barrer avec un autre, encore que Main Gauche est aux aguets. Enfin, bref, c’est de l’ordre du privé et je ne suis pas encore un homme public, même si je fais tout pour. Pour pouvoir serrer des nanas comme DSK. Pour devenir un gros dégueulasse. Pour pouvoir faire du chiffre. Surtout pour croire que finalement, j’ai réussi ma vie d’homme. Le salon du tourisme grouillait de monde en ce premier jour de week-end. Le vendredi chez les Arabes, on ne travaille pas, on fait des barbecues halal et l’après-midi, on va à la mosquée pour la grande prière de la semaine. Les Catholiques kifferaient avoir autant de fidèles dans leurs églises. Ils ne peuvent pas tout avoir, les salops…
          Nous ne sommes pas restés longtemps au salon. Dehors, les parapluies fleurissaient : les nuages gris avaient fini par se noircir et une pluie fine s’abattait sur la chaussée. Nous sommes partis sous les chapeaux de roues, c’est une expression que j’ai pas encore compris. Gamin, quand on faisait des conneries, on s’arrachait, et cette expression pas très littéraire est pourtant plus logique que des chapeaux sur (hors ?) des roues. On est repassés à l’hôtel faire nos valises : on avait un vol pour Oran à 17H et il fallait qu’on déjeune avant. On a fait de notre mieux mais la vie de groupe, tu en as toujours quelques-uns qui sont individualistes et comme ils savent que le responsable ne donnera jamais l’autorisation de partir si vous n’êtes pas présents, la personne prend son temps. On s’en fout un peu mais celui qui écrit a le pouvoir. DSK avait le pouvoir d’être très heureux mais c’est jamais assez pour certains.
          J’étais assis à côté de Tchin-Tchin, journaliste chinois, avec qui je me suis tout de suite entendu : un type génial, toujours le sourire et qui aime bien bouger son corps de Cm2 sur du Rai. Il m’a parlé de Shangai où il vit. Il était surpris de voir tous ces endroits déserts, chez lui, là-bas, les gens sont entassés. Il m’a aussi dit mais vous le répétez pas, qu’il y a de plus en plus de SDF dans son pays, une société qui s’enrichit, forcément laisse des gens sur le carreau, sur le bas-côté de la route. On est arrivés à Aintaya, banlieue d’Alger (peut-être au Sud de la ville, ou au Nord, comme il y a des frustrés qui galèrent et qui relèvent tout sur cette page, je ne m’engage pas). Une chose est certaine : on a déjeuné dans un super resto Le Gourbi. De beaux poissons et des fruits de mer. Très vite, il a fallu remonter dans le Van pour filer à l’aéroport. Pour Oran. J’étais excité(e) comme une vierge effarouchée.
          Le vol n’a duré que 45 minutes. Main Droite a fait la gueule, elle avait besoin de plus d’affection. Et le trajet jusqu’à l’hôtel en car deux minutes : nous logions à l’Hôtel Eden. Le Hilton, le hamam, et cette nana au corps féérique qui s’excitait sur une machine électronique dans la salle de sport, me manquaient un peu. On s’habitue trop vite. Je plaisante : j’ai jamais été attiré par les bombasses, c’est elle qui me trouve chou. Je préfère les espadons, moins de risque qu’elles se barrent avec un bel étalon.
          Le diner fut presque parfait. Pour le jeu de mots. Puis on a filé pour une visite nocturne d’Oran. Il était 23h et j’avais les yeux qui se fermaient tout doucement, j’ai pensé à Bibi et sa chanson. Le Tocard se fait vieux. Bientôt, il devra prendre des médocs. Je me demande si DSK a besoin de Viagra pour faire le pervers. En Thailande, certains jeunes en pleine forme, se gavent de Viagra pour faire durer le plaisir. On a roulé 12 kms pour arriver au Centre Ville.
          Saviez-vous qu’Oran avait été fondé en 902 par des marins andalous, à l’époque la contrée était peuplée de lions. Oran en arabe veut dire Lion. On a longé la fortification longue de deux kilomètres avant d’arriver Place d’arme (maintenant Place du Premier novembre). A gauche, se trouvait l’Hôtel de Ville construit fin 19ème, et à droite l’Opéra, qui a vu le jour début 20ème. Quelques instants plus tard, nous avons atterri dans l’ancien quartier Juif, où l’ancienne plus grand synagogue d’Afrique, a été transformé depuis en mosquée. Allah akbar ! Il était plus de minuit et comme les Arabes sont Champion Olympique de l’hospitalité, une femme nous a accueilli chez elle. Au début, j’ai cru qu’on entrait dans un musée. Elle vivait avec son mari et ses trois enfants dans une maison de 900m2 qu’elle avait retapé en mode arabo-mauresque. L’intérieur était absolument magnifique. Du grand art. Le thé et les gâteaux furent servis dans le patio. Oran de nuit était peu éclairé mais son charme était perceptible.
          Oran, occupée trois siècles par les Espagnols (1509-1792), puis par les Ottomans, pas longtemps (39 ans) avant les Français dès 1830. Oran, située à l’Ouest de l’Algérie, à 200 kilomètres de la frontière marocaine. J’ai tout de suite pensé à Oran comme à cette jolie fille qu’on avait décidé, à cause de sa beauté, de ne jamais laisser tranquille…
          The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

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          • #6
            Algérie: épisode 5

            Le van a démarré très tôt, le programme était chargé aujourd’hui. Nous avions prévu d’atteindre Tlemcen en fin de journée. Tchin-Tchin avait déjà la patate. Quatre piles insérées dans son derche. Sur son bras droit, un bandeau à l’effigie de l’Algérie embrassait parfaitement son poignet.
            Depuis son arrivée en début de semaine, le journaliste chinois n’en finissait plus de rire, de profiter de ce pays, de ces gens qui l’accueillaient à chaque fois comme on accueille un frère rentrant de guerre. Plusieurs fois, je le vis pleurer. La joie et la tristesse peuvent parfois faire chambre commune. Une nouvelle fois, ému, il pris le micro, le car le faisait vaciller : « je voulais remercier tout le monde. Vous êtes mes frères. Ce groupe est composé de Français, d’Algériens, de Tunisiens, d’Italiens, d’Espagnols, de Belges. Et nous sommes tous frères. Une grande famille. N’oublions jamais ce que nous vivons là, afin d’en parler lors de notre retour au pays. Nous sommes la preuve que nous pouvons tous nous entendre». Quand Père Tchin-Tchin s’arrêta, un silence de Cour d’assises s’abattit. Il avait parlé avec sincérité, avec ses tripes, avec ses couilles. Son amour pour le groupe l’avait transcendé. Oui, son discours était bon à entendre. Bordel de merde. As-t-on déjà entendu Sarkozy, pour ne citer que lui, parler de la sorte ? L’as-t-on déjà entendu parler de fraternité, d’amour, ou de solidarité entre les peuples. Wallou. Ca n’aurait rien arrangé bien sûr, mais c’était au moins ça.
            Il y avait une bonne ambiance dans le groupe, c’était tellement beau à voir, tellement fort à entendre. La veille, Cheb Hasni avait fait dansé la moitié du car. Avant de prendre la route pour Tlemcen, via la côte, le car fit une halte à Oran, Place Kléber, où nous avions tous encore les yeux qui pétillaient, requinqués par ces beaux mots d’amour et de paix. Assis sur une terrasse de café, j’étais en face d’un vieillard qui lisait le journal. Cheveux gris, yeux verts, il m’offrit son plus beau sourire. C’est « avec plaiziiir » qu’il me prêta le quotidien d’Oran, journal connu pour son professionnalisme et la pertinence de ses articles. Le soleil était enfin de la partie. Je dégustais mon café au lait et je lisais un papier sur le discours de Barack Obama, le président des Etats-Unis avait demandé à ce qu’un Etat palestinien voit le jour sous les frontières de 1967. C’est comme si Sarkozy demandait aux Français d’arrêter de regarder TF1. Ou que DSK arrête de baiser tout ce qui bouge. A mourir de rire, non ? Pas une personne normalement constituée ne pouvait croire aux mots d’Obama. Un autre article fort intéressant condamnait fortement l’empathie de l’élite française à l’égard de l’ancien président du FMI. Rappelons juste que les « Bourgeois-Blancs » se protègent entre eux. Même pris la main dans le sac, ou plutôt ici la queue dans la culotte, « ils » arrivent toujours à trouver des circonstances atténuantes. Bientôt, ils vont nous dire que la femme de chambre avait chauffé DSK et que tout était de sa faute. Belle salope la Renoi. Elle n’avait pas qu’être belle, jeune et bonne ! Quand il s’agit d’un Noir ou d’un Arabe ou d’un « Babtou » prolo, surtout s’il est banlieusard, il est coupable sans aucun doute, la présomption d’innocence peut aller se rhabiller, personne ne veut en entendre parler. L’Afro-Bougnoule devient tout de suite un sauvage sanguinaire, pris en étau par son milieu social, sa religion, son extrémisme, sa culture archaïque…
            Enfin, bref, le café crème était excellent, by the way. La préfecture, construite au 19ème siècle, me faisait face, elle avait gardé toute son authenticité. Beaucoup de jeunes attendaient à l’ombre que le temps s’épuise et aussi que le gouvernement plein aux as fasse autre chose que d’empocher le fric du pétrole et du gaz et se battent pour lutter enfin contre le chômage de masse. Finalement, ils se ressemblent beaucoup les politiques. Le programme était chargé alors on est repartis comme des cailleras, ou comme DSK, ça dépend toujours de l’angle dans lequel on se place. J’ai placé les yeux sur la vitre, pour ne rien rater du paysage. J’avoue que j’avais peur qu’ils ne finissent pas rester collés dessus.
            On longeait la côte aussi belle que sauvage. Il paraît que les Suisses et les Emirats Arabes Unis font le forcing pour construire de gros complexes touristiques. La plage Madagh ou celle de Terga, deux magnifiques endroits où mon esprit se trouve encore, entre Oran et Tlemcen, ont failli en faire les frais. Pour l’instant, les autorités algériennes résistent mais jusqu’à quand ? Un responsable du ministère du tourisme, sympa au demeurant, a tenté de me rassurer : « nous voulons un tourisme solidaire ici. Nous ne ferons pas les mêmes erreurs qu’ont faites le Maroc ou la Tunisie ». Qui vivra, verra, camarades…A midi, on s’est arrêtés au complexe des andalous, situé dans la baie du même nom. En face du restaurant, sur la plage, un cavalier répétait ses gammes, le cheval, un bel étalon m’a rappelé qui je fus. Mais les années ont raison de tout, et bien plus vite que vous pouvez l’imaginer. Alors, profitez…
            Le repas était exquis, oui les Arabes savent cuisiner et aussi sourire, parce qu’une assiette remplie de poissons servi par un type adorable a bien meilleur goût. Le thé et les gâteaux furent servis dans une pièce à part. J’étais heureux, comme un gamin à qui on dit enfin Je t’aime. On est repartis en embrassant tout le monde et en chantant à tue-tête, en arabe, en kabyle, en français, en espagnol ou italien parce que tout le monde, quelque soit son pédigrée, peut-être happé par le bonheur quand il s’offre enfin à soi. Le port de Bouzedjar semblait tourner au ralenti avec seulement quelques bateaux postés à quai, mais le bus était bien loin alors les apparences peuvent être trompeuses. C’est ce que les avocats de DSK répètent en boucle pour qu’il sorte blanchi de cette affaire qui sent de plus en plus le brie pourri pour lui et la France des valeurs morales. Le bus s’arrêtait toutes les quinze minutes, à chaque fois, nous avions droit à une vue d’un autre temps. Les plages étaient désertes, les villages respiraient la tranquillité et la simplicité.
            A Benissaf, à 100km d’Oran, de beaux hôtels, surplombant la ville, donnaient envie de passer la nuit ici. A Benissaf, le manque d’activité du port de pêche avait poussé dans les années 60 et 70 les habitants à aller vivre en France. Certains avaient atterri à Aulnay-Sous-Bois, en Seine-Saint-Denis, mon département. Tlemcen n’était plus très loin. Le car filait à toute vitesse, Bahia reprenait les chansons d’Idir et Tchin-Tchin,décidément infatigable, dansait à n’en plus finir…
            Dernière modification par nacer-eddine06, 23 mai 2011, 08h18.
            The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

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            • #7
              Solas peux-tu me donner le lien vers son blog ?
              ta3adadat el assbabo wal karhato wahidatton faman lam yakrah bi la routine kariha bi ssiwaha

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              • #8
                c dans la boite
                The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

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                • #9
                  Moi aussi je voudrais le lien stp!
                  Fière d'être algérienne...

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                  • #10
                    SIDI GOOGLE
                    msiliyadulux
                    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

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