dimanche 22 mai 2011 - 18h41
A moins de deux semaines de Maroc-Algérie, Mustapha Hadji se livre en exclusivité à Footafrica365.fr. Le choc de Marrakech ainsi que le rôle des binationaux interpellent l’ancien maître à jouer des Lions de l’Atlas.
lors que se profile le choc entre le Maroc et l’Algérie, prévu le 4 juin à Marrakech, Mustapha Hadji, Ballon d’or africain 1998, a bien voulu pour Footafrica365.fr décrypter les enjeux de cette rencontre phare de la quatrième journée des éliminatoires de la CAN Orange 2012. C’est aussi un témoignage précieux, au moment où la Fédération française de football sort à peine de la tempête médiatique sur l’affaire des binationaux. L’ancien meneur de jeu des Lions de l’Atlas avait refusé les sollicitations de l’équipe de France Espoirs. En 1993, il avait honoré sa première sélection avec le Maroc, et se souvient du contexte qui avait prévalu sur ce choix à l’époque. La binationalité, un sujet qui lui tient à cœur et sur lequel, il s’exprime sans concession, les mots choisis sont parfois lourds de sens.
Mustapha, avant ce Maroc-Algérie du 4 juin, il y a eu cette première manche entre les deux pays, le 27 mars dernier (1-0 pour l’Algérie à Annaba). Qu’avez-vous pensez de ce match, et quels enseignements peut-on en tirer ?
Sur la première mi-temps, on sentait les joueurs très motivés. Il y a eu beaucoup trop de déchet dans le jeu et d’engagement physique. On n’a clairement pas vu du bon football. Ce fut ensuite de meilleure qualité. Les joueurs étaient plus en place. Il est dommage que le Maroc ait pris ce but d’entrée, car cela a gâché les événements et le spectacle.
Justement, penalty ou pas sur la main d’Hermach…
Ce n’est pas évident. On va dire que je défends le Maroc mais je ne pense pas qu’il y avait penalty. Car ce n’est pas la main qui va au ballon mais le contraire. Après, il est certain qu’arbitrer ce genre de match n’est pas facile. Ce but a gâché le match…
Le match va se disputer à Marrakech alors que certains préféraient Casablanca. Pensez-vous que le choix du stade soit si déterminant ?
C’est important. A Casablanca, on aurait pu avoir 80 000 personnes dans le stade. Et quand vous jouez à « Casa », la pression n’est pas la même. Le public est plus fanatique. A Marrakech, les conditions sont idéales, la pelouse est magnifique. Au final, la seule pression qui vaille, c’est celle que les joueurs devront mettre sur le terrain. Je parle de pression dans le bon sens…
Comment voyez-vous ce second match entre les deux équipes ? Et que doit faire le Maroc pour s’imposer ?
C’est toujours pareil. C’est un derby et on connaît les matches entre l’Algérie, le Maroc, la Tunisie ou l’Egypte. Le Maroc doit être dans le même état d’esprit que lors de la deuxième mi-temps. Ils auraient pu d’ailleurs revenir au score. Il ne faudra pas aller à la bagarre, il faut tenir le ballon et prendre le temps de développer notre jeu pour trouver la faille face à cette défense algérienne, très bien organisée. Je pense que les Algériens vont courir derrière le ballon et forcément, il y aura trois ou quatre occasions franches qu’on doit concrétiser. Si on s’engage dans un combat physique, le match sera sans intérêt.
Youssouf Hadji, Marouane Chamakh, Youssef El Arabi ou Mbark Bousouffa, l’armada offensive marocaine est impressionnante, le secteur défensif est lui moins prestigieux. Pensez-vous qu’il a un problème d’équilibre dans cette sélection ?
Oui, c’est un petit peu le Real Madrid (Rires). Depuis un petit moment, on a beaucoup de produits offensifs, on a toujours l’impression qu’on va faire la différence, qu’on va marquer, et finalement on ne passe pas. L’idée directrice, c’est que tout le monde participe. Et que les attaquants défendent aussi. Les Marocains ont les qualités individuelles pour faire la différence.
Et cette équipe algérienne, comment l’avez-vous trouvée ? Qu’est-ce qu’elle dégage ?
L’Algérie, c’est la solidarité et la combativité sur le terrain. Il n’y a pas de grands talents, mais c’est un groupe qui joue. Les uns travaillent pour les autres, et dans une équipe, on a plus besoin de cela, que des individualités comme au Maroc. A mon avis l’Algérie est un ton en dessous du Maroc, mais ce ne sont pas les qualités individuelles qui font la différence. Aujourd’hui, si les joueurs se mettent au service du collectif, on fera la différence. J’espère que le Maroc va se réveiller et retrouver son statut.
A votre époque, en plus du talent, le Maroc pouvez s’appuyer sur des vrais tauliers comme Naybet, Bassir ou vous. Ce n’est pas aujourd’hui le plus grand chantier de cette sélection marocaine ?
Dans les grandes nations de football, il y a toujours deux ou trois joueurs pour prendre les décisions et tirer tout le monde vers le haut. Aujourd’hui, on a des super garçons, bien élevés mais peut être un peu timides dans leur comportement. Il y a Kharja, qui est déjà dans ce rôle, il faut qu’il s’affirme et s’impose davantage. Chamakh, qui joue dans un grand club, doit aussi être dans ce rôle et il peut être un des leaders avec Youssouf Hadji. Ces trois là sont les plus anciens. Ils doivent prendre les décisions, imposer leur maturité, pouvoir taper sur la table quand les choses ne vont pas et mettre tout le monde dans le même sens. Si eux ne font pas, je ne vois pas qui peut le faire.
Finaliste en 2004 de la CAN, le Maroc connaît depuis un passage à vide alors qu’il semblait armé pour rester au premier plan. Comment peut-on l’expliquer ? Et paye-t-on encore l’épisode Lemerre ?
Je pense que l’instabilité récurrente qui a régné au niveau de la Fédération s’est répercutée sur les résultats de la sélection. Quant à Roger Lemerre, on ne peut pas lui en vouloir pour le travail fait. Il est arrivé à un moment délicat, après que Zaki eut fait des dégâts.
Que faut-il faire pour que la mayonnaise reprenne ?
Cela fait quatre ans que le Maroc n’a plus de solidarité malgré la qualité indéniable de nos joueurs. Il faut de la psychologie, Il faut arriver à ce que les joueurs locaux et professionnelles vivent en harmonie, que de la solidarité se développe. A mon époque, on est tombé sur un Henri Michel qui avait su trouver les bons mots pour nous mettre tous dans la même dynamique. Ce manque de solidarité et de détermination pèsent énormément. Alors laissons les gens travailler et au bout de 3 ou 4 ans, il sera venu le temps du bilan.
L’arrivée d’un grand nom comme Gerets à la tête de la sélection, est-elle la bonne formule ?
Il arrive dans des conditions qui lui permettent de reconstruire. Il peut sélectionner qui il veut, vu qu’il n’y pas eu de résultat depuis un moment. Il a tout pour lui : ce fut un grand joueur, il connaît par cœur le métier. Il peut apporter de la fraîcheur et une dignité à cette équipe du Maroc qui l’a perdue. Il peut se permettre des choses que Lemerre, lui, ne pouvait pas faire.
A moins de deux semaines de Maroc-Algérie, Mustapha Hadji se livre en exclusivité à Footafrica365.fr. Le choc de Marrakech ainsi que le rôle des binationaux interpellent l’ancien maître à jouer des Lions de l’Atlas.
lors que se profile le choc entre le Maroc et l’Algérie, prévu le 4 juin à Marrakech, Mustapha Hadji, Ballon d’or africain 1998, a bien voulu pour Footafrica365.fr décrypter les enjeux de cette rencontre phare de la quatrième journée des éliminatoires de la CAN Orange 2012. C’est aussi un témoignage précieux, au moment où la Fédération française de football sort à peine de la tempête médiatique sur l’affaire des binationaux. L’ancien meneur de jeu des Lions de l’Atlas avait refusé les sollicitations de l’équipe de France Espoirs. En 1993, il avait honoré sa première sélection avec le Maroc, et se souvient du contexte qui avait prévalu sur ce choix à l’époque. La binationalité, un sujet qui lui tient à cœur et sur lequel, il s’exprime sans concession, les mots choisis sont parfois lourds de sens.
Mustapha, avant ce Maroc-Algérie du 4 juin, il y a eu cette première manche entre les deux pays, le 27 mars dernier (1-0 pour l’Algérie à Annaba). Qu’avez-vous pensez de ce match, et quels enseignements peut-on en tirer ?
Sur la première mi-temps, on sentait les joueurs très motivés. Il y a eu beaucoup trop de déchet dans le jeu et d’engagement physique. On n’a clairement pas vu du bon football. Ce fut ensuite de meilleure qualité. Les joueurs étaient plus en place. Il est dommage que le Maroc ait pris ce but d’entrée, car cela a gâché les événements et le spectacle.
Justement, penalty ou pas sur la main d’Hermach…
Ce n’est pas évident. On va dire que je défends le Maroc mais je ne pense pas qu’il y avait penalty. Car ce n’est pas la main qui va au ballon mais le contraire. Après, il est certain qu’arbitrer ce genre de match n’est pas facile. Ce but a gâché le match…
Le match va se disputer à Marrakech alors que certains préféraient Casablanca. Pensez-vous que le choix du stade soit si déterminant ?
C’est important. A Casablanca, on aurait pu avoir 80 000 personnes dans le stade. Et quand vous jouez à « Casa », la pression n’est pas la même. Le public est plus fanatique. A Marrakech, les conditions sont idéales, la pelouse est magnifique. Au final, la seule pression qui vaille, c’est celle que les joueurs devront mettre sur le terrain. Je parle de pression dans le bon sens…
Comment voyez-vous ce second match entre les deux équipes ? Et que doit faire le Maroc pour s’imposer ?
C’est toujours pareil. C’est un derby et on connaît les matches entre l’Algérie, le Maroc, la Tunisie ou l’Egypte. Le Maroc doit être dans le même état d’esprit que lors de la deuxième mi-temps. Ils auraient pu d’ailleurs revenir au score. Il ne faudra pas aller à la bagarre, il faut tenir le ballon et prendre le temps de développer notre jeu pour trouver la faille face à cette défense algérienne, très bien organisée. Je pense que les Algériens vont courir derrière le ballon et forcément, il y aura trois ou quatre occasions franches qu’on doit concrétiser. Si on s’engage dans un combat physique, le match sera sans intérêt.
Youssouf Hadji, Marouane Chamakh, Youssef El Arabi ou Mbark Bousouffa, l’armada offensive marocaine est impressionnante, le secteur défensif est lui moins prestigieux. Pensez-vous qu’il a un problème d’équilibre dans cette sélection ?
Oui, c’est un petit peu le Real Madrid (Rires). Depuis un petit moment, on a beaucoup de produits offensifs, on a toujours l’impression qu’on va faire la différence, qu’on va marquer, et finalement on ne passe pas. L’idée directrice, c’est que tout le monde participe. Et que les attaquants défendent aussi. Les Marocains ont les qualités individuelles pour faire la différence.
Et cette équipe algérienne, comment l’avez-vous trouvée ? Qu’est-ce qu’elle dégage ?
L’Algérie, c’est la solidarité et la combativité sur le terrain. Il n’y a pas de grands talents, mais c’est un groupe qui joue. Les uns travaillent pour les autres, et dans une équipe, on a plus besoin de cela, que des individualités comme au Maroc. A mon avis l’Algérie est un ton en dessous du Maroc, mais ce ne sont pas les qualités individuelles qui font la différence. Aujourd’hui, si les joueurs se mettent au service du collectif, on fera la différence. J’espère que le Maroc va se réveiller et retrouver son statut.
A votre époque, en plus du talent, le Maroc pouvez s’appuyer sur des vrais tauliers comme Naybet, Bassir ou vous. Ce n’est pas aujourd’hui le plus grand chantier de cette sélection marocaine ?
Dans les grandes nations de football, il y a toujours deux ou trois joueurs pour prendre les décisions et tirer tout le monde vers le haut. Aujourd’hui, on a des super garçons, bien élevés mais peut être un peu timides dans leur comportement. Il y a Kharja, qui est déjà dans ce rôle, il faut qu’il s’affirme et s’impose davantage. Chamakh, qui joue dans un grand club, doit aussi être dans ce rôle et il peut être un des leaders avec Youssouf Hadji. Ces trois là sont les plus anciens. Ils doivent prendre les décisions, imposer leur maturité, pouvoir taper sur la table quand les choses ne vont pas et mettre tout le monde dans le même sens. Si eux ne font pas, je ne vois pas qui peut le faire.
Finaliste en 2004 de la CAN, le Maroc connaît depuis un passage à vide alors qu’il semblait armé pour rester au premier plan. Comment peut-on l’expliquer ? Et paye-t-on encore l’épisode Lemerre ?
Je pense que l’instabilité récurrente qui a régné au niveau de la Fédération s’est répercutée sur les résultats de la sélection. Quant à Roger Lemerre, on ne peut pas lui en vouloir pour le travail fait. Il est arrivé à un moment délicat, après que Zaki eut fait des dégâts.
Que faut-il faire pour que la mayonnaise reprenne ?
Cela fait quatre ans que le Maroc n’a plus de solidarité malgré la qualité indéniable de nos joueurs. Il faut de la psychologie, Il faut arriver à ce que les joueurs locaux et professionnelles vivent en harmonie, que de la solidarité se développe. A mon époque, on est tombé sur un Henri Michel qui avait su trouver les bons mots pour nous mettre tous dans la même dynamique. Ce manque de solidarité et de détermination pèsent énormément. Alors laissons les gens travailler et au bout de 3 ou 4 ans, il sera venu le temps du bilan.
L’arrivée d’un grand nom comme Gerets à la tête de la sélection, est-elle la bonne formule ?
Il arrive dans des conditions qui lui permettent de reconstruire. Il peut sélectionner qui il veut, vu qu’il n’y pas eu de résultat depuis un moment. Il a tout pour lui : ce fut un grand joueur, il connaît par cœur le métier. Il peut apporter de la fraîcheur et une dignité à cette équipe du Maroc qui l’a perdue. Il peut se permettre des choses que Lemerre, lui, ne pouvait pas faire.
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