Les médecins marocains se sont mobilisés aujourd’hui pour demander une réforme du secteur de la santé, qu’ils estiment délaissé par les autorités. Les professionnels du secteur ont été nombreux à répondre à l’appel. Les policiers aussi.
La gronde des médecins s’inscrit de le cadre d’un mouvement de mécontentement plus large au Maroc. Des manifestations en faveur d’une évolution démocratique du régime secouent régulièrement le pays depuis février. Ce week-end, les autorités marocaines semblent avoir perdu patiente face aux protestataires. Plusieurs centaines de militants du Mouvement du 20 février ont été violement dispersés dimanche 22 mai dans plusieurs villes du pays, notamment à Tanger, dans le nord du pays. Pour expliquer ce tour de vis sécuritaire, les autorités ont accusé les manifestants d'être "manipulés par les islamistes et les gauchistes".
CONTRIBUTEURS
Mehdi Abdane
"Le gouvernement promet des réformes dans divers secteurs, mais il ne fait rien pour le secteur médical"
Mehdi Abdane est médecin résident au CHU de Casablanca. Il a participé à la manifestation de Rabat, le 25 mai.
Nous nous sommes réunis ce matin à 10 heures, devant le ministère de la Santé, pour marcher jusqu’au Parlement. Mais à peine arrivés, nous étions encerclés par la police. La marche s’est alors transformée en "sit-in".
Nous étions près de 8 000 médecins à manifester [nous ne disposons pas encore de chiffres officiels]. La répression policière a été violente. Des centaines de policiers nous ont repoussés à coups de matraque. Une vingtaine de blessés ont été transportés en urgence à l’hôpital, certains souffraient de graves traumatismes crâniens.
Notre but était de demander une revalorisation de notre diplôme, car les docteurs en médecine au Maroc sont considérés comme détenteurs d’un master et non d’un doctorat. Nous manifestons aussi pour dénoncer nos conditions de travail : nous manquons de matériel et les patients se plaignent d’ailleurs constamment de la qualité des soins. Nos salaires son ridicules : un médecin résident dans un CHU marocain touche 3 000 dirhams [moins de 300 euros]. Et comble du comble, nous ne disposons même pas d’assurance maladie !
Nous avons été reçus une première fois par la ministre de la Santé, mais il n’a pas écouté nos demandes, il nous a, au contraire, accusés de troubler l’ordre public. Lors de la deuxième réunion, c’est uniquement le directeur les ressources humaines du ministère qui nous a reçus. Nous avons donc refusé de négocier.
Ce mouvement de contestation est totalement indépendant des manifestations politiques qui secouent le Maroc en ce moment. Les médecins avaient déjà fait grève en octobre 2010, bien avant le début du printemps arabe. Si nous passons aujourd’hui à la vitesse supérieure, c’est parce que nous voyons que le gouvernement promet des réformes dans le secteur de la police ou de la fonction publique, mais il ne fait rien pour le secteur médical."
Mehdi Abdane
France 24
Vidéos des manifestations
La gronde des médecins s’inscrit de le cadre d’un mouvement de mécontentement plus large au Maroc. Des manifestations en faveur d’une évolution démocratique du régime secouent régulièrement le pays depuis février. Ce week-end, les autorités marocaines semblent avoir perdu patiente face aux protestataires. Plusieurs centaines de militants du Mouvement du 20 février ont été violement dispersés dimanche 22 mai dans plusieurs villes du pays, notamment à Tanger, dans le nord du pays. Pour expliquer ce tour de vis sécuritaire, les autorités ont accusé les manifestants d'être "manipulés par les islamistes et les gauchistes".
CONTRIBUTEURS
Mehdi Abdane
"Le gouvernement promet des réformes dans divers secteurs, mais il ne fait rien pour le secteur médical"
Mehdi Abdane est médecin résident au CHU de Casablanca. Il a participé à la manifestation de Rabat, le 25 mai.
Nous nous sommes réunis ce matin à 10 heures, devant le ministère de la Santé, pour marcher jusqu’au Parlement. Mais à peine arrivés, nous étions encerclés par la police. La marche s’est alors transformée en "sit-in".
Nous étions près de 8 000 médecins à manifester [nous ne disposons pas encore de chiffres officiels]. La répression policière a été violente. Des centaines de policiers nous ont repoussés à coups de matraque. Une vingtaine de blessés ont été transportés en urgence à l’hôpital, certains souffraient de graves traumatismes crâniens.
Notre but était de demander une revalorisation de notre diplôme, car les docteurs en médecine au Maroc sont considérés comme détenteurs d’un master et non d’un doctorat. Nous manifestons aussi pour dénoncer nos conditions de travail : nous manquons de matériel et les patients se plaignent d’ailleurs constamment de la qualité des soins. Nos salaires son ridicules : un médecin résident dans un CHU marocain touche 3 000 dirhams [moins de 300 euros]. Et comble du comble, nous ne disposons même pas d’assurance maladie !
Nous avons été reçus une première fois par la ministre de la Santé, mais il n’a pas écouté nos demandes, il nous a, au contraire, accusés de troubler l’ordre public. Lors de la deuxième réunion, c’est uniquement le directeur les ressources humaines du ministère qui nous a reçus. Nous avons donc refusé de négocier.
Ce mouvement de contestation est totalement indépendant des manifestations politiques qui secouent le Maroc en ce moment. Les médecins avaient déjà fait grève en octobre 2010, bien avant le début du printemps arabe. Si nous passons aujourd’hui à la vitesse supérieure, c’est parce que nous voyons que le gouvernement promet des réformes dans le secteur de la police ou de la fonction publique, mais il ne fait rien pour le secteur médical."
Mehdi Abdane
France 24
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