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G8 ou la célébration des valeurs et de la suprématie occidentale

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  • G8 ou la célébration des valeurs et de la suprématie occidentale

    Source : Le Monde

    Au G8 de Deauville, les Occidentaux veulent réaffirmer leur suprématie
    Le soutien aux révolutions arabes, la sécurité nucléaire et la crise de la dette, principaux sujets à l'ordre du jour du sommet

    Dans une enceinte au plafond de cathédrale plus que millénaire, Barack Obama a délivré, mercredi 25 mai à Londres, une ode au monde anglo-saxon dont les valeurs ont " formé " le monde tel qu'il est. Le leadership américano-britannique restera " indispensable " à la stabilité planétaire, a-t-il martelé. Prononcé à Westminster Hall, devant quelque 1 500 dignitaires de la Couronne, dont les anciens premiers ministres Tony Blair, Gordon Brown, John Major et l'archevêque de Canterbury, le discours a conclu une tournée en Irlande et en Grande-Bretagne, où le président américain a semblé revenir à ses racines, avant de rejoindre, jeudi 26 mai, le G8 de Deauville.

    Ce forum, qui réunit jusqu'à vendredi, sous la présidence de Nicolas Sarkozy, les puissances du Nord, vise un peu à maintenir l'idée, sinon d'une domination, du moins d'une spécificité de l'Occident. Au début de son mandat, le président français revendiquait lui aussi une vision " occidentaliste "du monde, fondée sur la défense des valeurs occidentales, d'Israël et l'attrait pour les Etats-Unis. Il qualifiait l'antiaméricanisme de " cancer culturel qui empêche la France de déployer sa diplomatie ". Et, en juin 2010, il avait insisté pour que le G8 ne disparaisse pas sous le G20, qui rassemble les principales puissances de la planète. " Le G8, c'est la consultation informelle de la famille démocratique sur tous les sujets ", déclarait M. Sarkozy, incluant la Russie.

    La " famille ", toutefois, s'est divisée. M. Obama a traîné les pieds pour se rendre au G8 de Deauville - où les Européens sont dominants -, jugé obsolète. Crise financière et lutte d'influence diplomatique aidant, la méfiance française vis-à-vis de Washington a repris le dessus depuis l'élection de Barack Obama, qui entretient des relations fraîches avec M. Sarkozy.

    A Londres, l'Europe n'a pratiquement pas été mentionnée. Comme l'a dit un commentateur de la BBC, " M. Obama veut élever d'un cran l'alliance entre Londres et Washington. Je me demande comment les Français vont réagir ". L'Elysée, soucieux de préserver le G8, a refusé de voir dans le discours du président américain une mauvaise manière : " Si M. Obama avait fait une visite d'Etat en France, il aurait parlé de La Fayette et de Benjamin Franklin ", tempère un conseiller du président. " Les Britanniques n'ont plus aucune illusion sur la relation spéciale avec Washington alors que rarement, depuis vingt ans, la relation franco-britannique n'a été aussi forte ", a estimé un haut responsable du Quai d'Orsay.

    En Asie, M. Obama s'était déjà décrit comme " le premier président du Pacifique ". A Dublin, lundi 23 mai, il a fait valoir ses liens de famille, du côté maternel, et conquis le pays en rappelant la contribution de la diaspora au monde américain : " Il y aura toujours un peu de vert derrière le rouge, blanc et bleu. "

    [Barak Obama célèbre les valeurs occidentales.

    Avant de se rendre au sommet du G8, le président américain a récusé à Londres, l'idée du déclin de l'occident.


    Après une première partie de mandat à courtiser les pays émergents, M. Obama semble revenir aux vieilles alliances. Dans son discours de Londres, il a présenté l'Angleterre comme le pays qui a donné naissance aux droits de l'homme et au capitalisme. M. Obama a décrit le rôle d'Adam Smith dans le développement de l'économie de marché, celui de la révolution industrielle " qui a commencé dans les usines de Manchester ". Deux siècles plus tard, la révolution technologique est née dans la Silicon Valley. " Et c'est pourquoi des pays comme la Chine, l'Inde et le Brésil connaissent une croissance si rapide, a-t-il dit. Parce qu'ils vont vers les principes de marché adoptés par les Etats-Unis et le Royaume Uni. "

    Le président américain a réfuté l'idée de déclin de l'Occident, dont " il est devenu de bon ton dans certains cercles de débattre ". Ce raisonnement est " erroné, a-t-il ajouté. Ce sont les Etats-Unis et le Royaume Uni, et nos alliés démocratiques, qui ont façonné un monde dans lequel de nouvelles nations ont pu émerger et les individus prospérer. "


    Pour M. Obama, les nations comme les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont un " avantage inhérent " au fait qu'elles sont à l'origine de la mondialisation. Et que leur système encourage la créativité : " De Newton à Darwin, Edison et Einstein ; d'Alan Turing à Steve Jobs, nous avons mené le monde dans notre engagement dans la science et la recherche de pointe. "
    Les experts britanniques ont remarqué que M. Obama, qui avait utilisé dans son discours d'investiture le terme " ennemi " pour qualifier les troupes de l'empire britannique durant la guerre d'Indépendance, a glissé avec légèreté sur l'épisode. Il a bien évoqué son grand-père kenyan, " qui a été cuisinier pour l'armée britannique ", mais pour célébrer " l'exemple de nos deux nations ", où " il est possible aux vieilles haines de passer ", et au " petit-fils d'un Kenyan " d'être président des Etats-Unis. Ce qui lui a valu les seuls applaudissements nourris de sa prestation.

    M. Obama s'est refusé à relever les différences d'appréciation qui peuvent exister entre Londres et Washington. David Cameron - comme avant lui Tony Blair dans la foulée des attentats du 7 juillet 2005 - a dénoncé, en février, le modèle multiculturaliste britannique.

    Le président américain s'est dit persuadé que le monde anglo-saxon prévaudra aussi par son modèle d'intégration. " La manière dont nous nous définissons en tant que nations " fait que " les Etats-Unis et le Royaume-Uni sont indispensables à ce moment de l'Histoire ", a-t-il argué. Contrairement à la majorité des pays du monde, " nous ne définissons pas la citoyenneté sur la base de la race ou de l'ethnie. Etre britannique ou américain, ce n'est pas faire partie d'un certain groupe. C'est croire en un certain nombre d'idéaux : l'Etat de droit, les droits individuels. "

    De même, M. Obama n'est pas revenu sur les approches différentes de Londres et de Washington au regard de la lutte contre le déficit. Il n'a pas pour autant, comme l'espérait M. Cameron qui impose à son pays une cure d'austérité sans précédent depuis la seconde guerre mondiale, vanté les mérites de la rigueur. Le président américain a préféré rester vague.

    Sur les dossiers du jour, M. Obama s'est exprimé comme s'il avait toujours été évident qu'il déciderait de s'engager en Libye. " Il aurait été facile de dire que ce n'était pas notre affaire, mais nous sommes différents. Nous acceptons une responsabilité plus large ", a-t-il dit, sans avoir satisfait ceux des Britanniques qui continuent à réclamer une implication américaine plus nette.

    L'accent mis sur la proximité avec Londres s'explique. Comme le note un conseiller de M. Cameron, M. Obama ne sait pas si Nicolas Sarkozy ou Angela Merkel seront encore là dans quelques années alors que la législature de M. Cameron, elle, court jusqu'en 2015.

    Corine Lesnes avec Virginie Malingre et Arnaud Leparmentier
    Dernière modification par Dandy, 27 mai 2011, 09h36.
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