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Ernest Hemingway : Le soleil se couche aussi

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  • Ernest Hemingway : Le soleil se couche aussi

    Grandes plumes .
    Ernest Hemingway : Le soleil se couche aussi


    Le 2 juillet 1961, dans son chalet de Ketchum (Idaho, USA), un homme appuie sur la détente de son fusil de chasse, et assassine ce profond sentiment de solitude qui ne cessait de creuser le nid de sa dépression nerveuse.


    Cet homme qui refusait sa déchéance physique venait de reproduire l’acte de son père, qui le 6 décembre 1928, s’était suicidé aussi avec son fusil de chasse. C’est par cet acte stoïque et salvateur, qu’Ernest Hemingway, l’un des écrivains américains les plus influents du XXe siècle met fin à sa vie. Mais, avant de devenir un auteur majeur de la génération perdue, il a traversé bien des épreuves pour parvenir à trouver son style d’écriture et ainsi sa propre voie littéraire.
    Et c’est l’histoire des débuts littéraires d’Ernest Hemingway, de sa période d’apprentissage, de ses tâtonnements, de ses difficultés pour écrire, publier et se faire connaître que Luce Michel, traductrice et journaliste, nous fait découvrir dans son ouvrage à dimension biographique qu’elle consacre au prix Nobel de littérature pour son roman, The old man and the sea (Le vieil homme et la mer, 1954). La lecture de cet ouvrage incite à diviser les débuts de la trajectoire littéraire de cet écrivain en trois grandes périodes.

    La première phase correspond à l’époque où il vivait chez ses parents jusqu’à son départ pour la ville de Chicago. C’est à Oak Park (l’Illinois) qu’Ernest Hemingway vit avec sa famille. Sa mère est musicienne et femme au foyer. Son père, médecin, est décrit comme un personnage effacé et sujet à des crises nerveuses répétées.
    Pendant sa scolarité, Hemingway publie des poèmes et des histoires dans le journal du lycée. A dix-huit ans, il décide d’interrompre ses études. Son projet ? Vivre des aventures et devenir un «héros», un «homme». Le milieu bourgeois et conventionnel familial l’étouffe. Nourri par les valeurs rooseveltiennes qui prônent l’héroïsme, la bravoure, le travail, le sens du devoir, il exprime sa volonté de découvrir le monde et de prendre part à la guerre en Europe.

    Mais ses parents s’y opposent, en raison de son jeune âge. En attendant, il écrit pour le Kansas City Star. Et c’est grâce au journalisme qu’il découvre la «vraie» vie et des personnages en marge de la société : prostituées, voleurs, clochards... Ces êtres qui lui font prendre conscience d’une réalité sociale qu’il ignorait nourriront son imagination et peupleront ses écrits romanesques.
    En 1918, il s’engage avec la Croix-Rouge comme ambulancier. Mais, dès son arrivée en Italie, il est blessé. La violence et l’horreur de la guerre, le bruit des canons et le cri des blessés le marquent profondément. L’expérience de la guerre va servir de matière première à ses romans futurs.

    Cet aspect va permettre à Luce Michel de situer la naissance de l’écrivain Hemingway en Italie et non à Oak Park.
    Il va faire alors l’expérience de l’amour en s’éprenant d’Agnès von Kurowsky, une infirmière américaine. A la fin de la guerre, il rentre à Oak Park où il est accueilli en héros. Et en racontant ses exploits durant ce conflit mondial, il émerge comme un homme qui a le don de la mise en scène.La vie famiale est de plus en plus pesante et insupportable pour ce jeune homme obsédé par les souvenirs de la guerre.
    Un sentiment de décalage lui fait prendre conscience qu’il n’a plus de place dans cet environnement qui lui impose des rituels étouffants. A l’âge de 20 ans, Ernest Hemingway est neurasthétique et semble souffrir des mêmes maux que son père. A ces problèmes de santé et ces difficultés d’adaptation viendra s’ajouter la rupture avec son amoureuse, Agnès.
    Cette déception va lui inspirer un texte intitulé Une histoire courte qui sera publiée dans le journal In our Time (De nos jours). Il continue d’écrire des articles et des histoires en imitant le style des autres écrivains. La guerre, les relations père-fils, l’histoire familiale, les rapports entre ses parents sont les thèmes dominants de ses textes de jeunesse. Mais ces derniers seront rejetés.

    Des conflits répétés avec sa mère l'incitent à aller vivre à Chicago, capitale littéraire de l’Amérique. Cette ville le motive et le libère. L’alcool coule à flots dans la clandestinité malgré la loi sur la Prohibition. Les hommes et les femmes se mélangent. A vingt ans,Hemingway est jeune, beau et instable. A Chicago, il entame la seconde période de sa trajectoire. Il s’ouvre au monde, élargit ses horizons et fait la connaissance d’écrivains américains, dont Anderson Sherwood, qui l’introduira auprès des écrivains et artistes américains exilés à Paris.
    Il fait également connaissance de Hadley, sa première épouse. Même s’il associe le mariage à une prison, il n’en demeure pas moins qu’il le conçoit notamment comme un acte chevaleresque. Fidèle aux valeurs inculquées par sa famille, il croyait fermement que le désir et l'amour ne pouvaient se vivre que dans le cadre de cette institution et que le rôle d’un homme était d’assumer ses responsabilités en tant qu’époux.

    La troisième phase se déroule essentiellement à Paris, où il va vivre avec Hadley. Il travaille comme correspondant pour l’Europe au Toronto Star et fait la connaissance des personnalités du Paris anglophone des années vingt qui l’encouragent à écrire et lui permettent de publier :
    le critique et poète américain, Ezra Pound ; Gertrude Stein, poétesse, dramaturge, romancière, féministe et grande collectionneuse d’art ; Sylvia Beach qui dirige la librairie Shakespeare and Co, rue de l’Odéon, lieu de rencontre pour de nombreux auteurs anglophones et français dont André Gide, James Joyce, Paul Valéry, F. Scott Fitzgerald... Le 13 août 1923, il publie, pour la première fois, un recueil de nouvelle et de poèmes : Three stories and ten poems, (Trois nouvelles et dix poèmes). Ses déplacements journalistiques ne lui laissent guère de temps pour écrire. Il prend alors la décision de se consacrer exclusivement à l’écriture. Et c’est durant ces années qu’il apprend l’art de la faim.

    En 1925, il entame la rédaction de son premier roman : The sun also rises (Le soleil se lève aussi, 1926). Lorsqu’il quitte Paris en 1928, sa renommée est faite. C’est dans cette ville, où il fut pauvre et heureux qu’il s’affirme comme un écrivain talentueux. Ses années parisiennes sont restituées avec beaucoup d’émotion, de sincérité et de nostalgie dans son livre posthume, A Moveable feast (Paris est une fête, 1964).
    Ernest Hemingway est l’un des auteurs pour qui Paris a été plus qu’une terre d’accueil et d’exil. Car en lui offrant l’hospitalité, elle lui a permis de devenir un écrivain de grande renommée. A travers la description de Luce Michel, l’écrivain émerge comme un homme sensible, attachant, profondément marqué par les événements tragiques qu’il a vécus durant les années d’apprentissage de l’écriture. Oak Park est le lieu où il a pris conscience de son désir de devenir écrivain.

    Cependant, ce dernier est rarement mis en scène dans ses écrits. Hemingway exprime plutôt son affection au lac Waloon, lieu où il passait ses étés en compagnie de ses parents. La référence à ce lac met en évidence l’un de ses thèmes favori : l’eau en tant que symbole de solitude, de paix et de renaissance. Les héros hemingwayiens sont des êtres solitaires, insatisfaits, instables, blessés dans leur âme. A l’image de leur concepteur ! Ce récit biographique est intéressant à plusieurs égards.
    Primo, sa publication en langue française permet de faire davantage connaître au public francophone l’une des figures majeures de la littérature américaine contemporaine, dont l’écriture se caractérise par un style concis, épuré, réaliste et fortement influencé par les techniques d’écriture journalistique. Secundo, il offre l’opportunité d’une réflexion sur l’acte d’écrire et sur le statut des écrivains.

    Car en restituant les difficultés de cet auteur, Luce Michel nous apprend que l’écriture est un «art» qui s’acquiert au terme d’un long apprentissage et requiert un capital de patience et de persévérance. Tertio, la partie consacrée aux années parisiennes constitue une mine d’informations pour ceux et celles qui souhaitent apprendre davantage sur le Paris des années vingt, le passage des artistes, poètes et critiques littéraires américains, représentatifs de la génération perdue et leur rôle dans le développement et la diffusion de la littérature et des arts américains.

    Luce Michel, "Ernest Hemingway à 20 ans - Un homme blessé", Coll. "A 20 ans", Au Diable Vauvert, janvier 2011, 155 p.
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    Mieux vaut un cauchemar qui finit qu’un rêve inaccessible qui ne finit pas…

  • #2
    Suite...

    De la passion à l'acte fatal

    En 1954, Ernest Hemingway reçoit le Prix Nobel de Littérature «pour le style puissant et nouveau par lequel il maîtrise l’art de la narration moderne». L’écrivain se rend à Stockholm et, à l’étonnement général, il fait le discours le plus court de l’histoire de cette institution. Il est au sommet de sa carrière, ce qui signifie aussi pour lui qu’il ne cessera de décliner par la suite.

    Sept ans plus tard, au cours de l’été 1961, il se suicide, exactement comme son père, avec un fusil de chasse. Ironie du sort, il avait toujours réprouvé l’acte fatal de son père qui lui avait appris à chasser et pêcher et lui avait offert, à l’âge de dix ans, son premier fusil !
    Les innombrables biographies qui lui ont été consacrées se sont beaucoup penchées sur son suicide. Né dans une famille aisée et assez conservatrice de Oak Park, près de Chicago, rien ne le destinait en apparence à une vie dominée par la passion conjointe de l’aventure et de l’écriture. Ecrivain et journaliste, il a publié de son vivant sept romans et six recueils de nouvelles. Après sa mort, l’exploitation de ses archives personnelles donna lieu à l’édition posthume de trois romans, quatre recueils de nouvelles, un recueil de poèmes....

    Presque toutes ses œuvres ont marqué la littérature du XXe siècle ainsi que le cinéma puisqu’on compte au moins 17 films tirés de ses livres ou inspirés par sa vie. L’Adieu aux armes a été adapté deux fois à l’écran : en 1932 par Frank Borzage (avec Gary Cooper) et en 1957 par Charles Vidor (avec Rock Hudson et Jennifer Jones). Idem pour Le Vieil homme et la mer, réalisé en 1958 par John Sturges (avec Spencer Tracy) et repris en 1999 par Alexandre Petroy. C’est avec ce roman d’ailleurs que l’écrivain obtint le prix Pulitzer en 1953. Depuis son premier roman, Le Soleil se lève aussi (1926), il n’a pas cessé de montrer un talent immense avec des œuvres inoubliables comme Hommes sans femmes (1927), L’Adieu aux armes (1932), Les Neiges du Kilimandjaro (1936), Pour qui sonne le glas (1940), En avoir ou pas (1945), etc. Son talent s’appuyait d’abord sur un style fait de simplicité et de concision, sans fioritures, avec un rythme et une capacité d’entraînement stupéfiante d’économie et concentrée sur les actions concrètes..

    Cette écriture a été attribuée par certains critiques aux guerres qu’il a vécues et qui l’aurait amené à être précis et concis. Mais d’autres soulignent le rapport intime entre son travail de journaliste et sa création littéraire, d’autant que plusieurs de ses romans ou nouvelles s’inpirent de ses reportages ou missions de correspondant de guerre.
    Ses biographes ramènent en partie son suicide à cette fréquentation de la guerre et de la violence : engagé dans la Première Guerre mondiale (gravement blessé en Italie en 1918), journaliste durant la guerre gréco-turque en 1921, engagé dans la guerre civile espagnole dans les brigades internationales qui soutiennent les Républicains (1936), correspondant de guerre en Europe durant la Seconde Guerre mondiale où il devient une légende (qu’il crée en partie pendant la libération de Paris).

    Ses ennuis de santé tiennent aussi une bonne place dans les causes attribuées à son suicide : un accident d’avion en Afrique en 1953 lui laissera des séquelles terribles auxquelles viennent s’ajouter un début de cécité diabétique et une impuissance qui démoralisera l’homme amoureux qu’il avait toujours été, marié quatre fois, passionné par les femmes… En 1959, il quitte Cuba, où il vivait alors, pour son ultime destination. Par son acte fatal, lui qui était déjà considéré comme la figure de proue des écrivains de la Génération Perdue (celle de la 1re Guerre Mondiale), alla jusqu’au bout de cette perdition.
    El WAtan
    Mieux vaut un cauchemar qui finit qu’un rêve inaccessible qui ne finit pas…

    Commentaire


    • #3
      Il avait predit et averti de la montee du Nazisme, dans son roman pour qui sonne le glas. Il introduit la notion de la cinquieme colonne, un ennemi de l'enterieur qui servait les troupes de Franco.
      Dernière modification par djamal 2008, 28 mai 2011, 21h07.
      Ask not what your country can do for you, but ask what you can do for your country.

      J.F.Kennedy, inspired by Gibran K. Gibran.

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