Mohamed Sifaoui, journaliste, vient de sortir un livre-pamphlet, Bouteflika, ses parrains et ses larbins. Il répond ici aux questions du Matindz.
********* : Pourquoi un livre sur Bouteflika ? N’est-ce pas un livre de trop ?
D’abord, ce livre est un pamphlet documenté et non pas une biographie. Il sera le premier d’une série d’ouvrages que je compte publier d’ici à 2012 sur la nature et les pratiques mafieuses du pouvoir algérien. Je révélerai dans quelques mois, preuves à l’appui, les biens et patrimoines de plusieurs caciques, civils et militaires, du régime. Je voulais, avant de publier cette enquête qui portera principalement sur la corruption et le clientélisme, faire connaître ma position à l’égard de celui qui représente aujourd’hui le système, en l’occurrence Abdelaziz Bouteflika. Cela dit, j’ai tenu à rendre hommage, dans mon pamphlet, à Mohamed Benchicou car j’estime qu’il a été le premier à démasquer cette « imposture algérienne » qui squatte, de manière illégitime, la présidence de la République. Nous savons comment Bouteflika, Zerhouni et le DRS lui ont fait payer son impertinence, somme toute salvatrice. Pour répondre de manière directe à votre question, je dirai qu’il n’y aura jamais suffisamment de livres, il n’y aura jamais une parole de trop pour dénoncer la traîtrise qu’est en train de subir l’Algérie, devenue, le pays des copains et des coquins, une sorte de propriété privée, appartenant à quelques arrivistes, ambitieux, qui ont choisi d’asservir ce pays. Ces incompétents de surcroît malhonnête, pour beaucoup d’entre eux, ont transformé de l’or en cuivre. Ils ont clochardisé un pays magnifique et sacrifié, au moins, deux générations d’Algériens. Je crois que le travail effectué par Benchicou ou d’autres intellectuels et écrivains, je pense notamment à Boualem Sansal, est aujourd’hui nécessaire car, il faut libérer la parole de tous les Algériens qui souffrent de la mauvaise gouvernance et de la gabegie. Ce régime est honni et il doit le savoir. Ils nous ont, faut-il l’avouer, terrorisé en nous bâillonnant. Je pense qu’il est venu le moment de dire à Bouteflika, mais aussi à tous ses parrains et à tous ses larbins, que d’une nous ne les respectons pas, car ils n’ont pas respecté la société à laquelle nous appartenons et que de deux, nous ne les craignons plus.
-Peut-on avoir quelques exemples de révélations inédites que le lecteur pourra trouver dans ce livre ?
Je ne vais pas vous les donner toutes, car elles sont quand même nombreuses. Mais disons que la plus importante est sans nul doute, celle qui affirme que Bouteflika a « roulé », contre les intérêts de l’Algérie, et je souligne le « contre les intérêts de l’Algérie »,pour servir quelques émirs du Golfe. Il est, au regard, des informations que j’ai pu collectées passible du Tribunal militaire pour haute trahison. Ensuite, j’ai eu des témoignages précieux qui m’ont permis de comprendre – chose que je ne savais pas – que ce sont les généraux Smaïl Lamari, Larbi Belkheïr et Mohamed Lamari qui furent les premiers à parrainer sa cooptation à la tête de l’État. J’ai compris que le patron du DRS, le général Mohamed Mediène, plus connu sous le nom de Toufik, avait récupéré « le bébé », en un second temps. Je révèle également dans quelles conditions Liamine Zeroual est parti. J’ai pris conscience à quel point cet homme était honnête, responsable et patriote. Contrairement à quelques généraux qui ont, trèssouvent, privilégié leur carrière au détriment, parfois, des intérêts de l’Algérie, Zeroual a fait preuve de dignité et de responsabilité. Je dirais également que j’ai eu des informations qui me montrent qu’un vent de panique souffle sur ceux qui ont des choses à se reprocher. Aujourd’hui, même des États occidentaux enquêtent sur les biens, mal acquis, de certains responsables qui ont, non seulement, volé leur peuple, mais qui ont, en plus, placé leur argent à l’étranger. Vous verrez dans le prochain ouvrage qu’un inventaire détaillé sera publié afin que le peuple sache qui sont les corrompus. Permettez-moi d’expliquer ma démarche, car je connais trop bien le raisonnement de certains Algériens. Il n’y a derrière moi ni général ni clan. Simplement, j’estime qu’il ne faut plus parler de manière impersonnelle. Dire que tous les dirigeants seraient des corrompus, est complètement faux et injuste, car il y a encore dans ce pays des gens intègres. C’est la raison pour laquelle, je ne veux pas jeter le bébé avec l’eau du bain et prendre le risque d’être injuste ou malhonnête. Je compte donc, mettre des noms et des visages sur les « affaires », car ne pas nommer les choses rend service à la pourriture qui gangrène le système. Et je nomme ceux qui sont clairement mêlés sinon à la corruption, au clientélisme et au trafic d’influence.
-Que peut-on attendre d’un livre pareil dans le contexte actuel, marqué par la perplexité des opinions quant au retard que prend l’Algérie à rejoindre le mouvement des révoltes arabes ?
Personnellement, je ne souhaite pas que l’Algérie connaisse un sort similaire à celui de la Libye. Mais en même temps, je connais l’irresponsabilité de Bouteflika et de son entourage. Ils sont capables, pour défendre leurs intérêts étroits et mercantiles, de prendre le risque, y compris d’une somalisation du pays. Raison pour laquelle, j’ai voulu interpeller la société civile, les démocrates, les féministes, les universitaires, les journalistes, mais également les cadres les plus sincères au sein des différentes institutions, y compris les militaires, pour leur dire : Réveillez-vous ! Prenez les choses en main, ne laissons pas notre sort nous échapper, n’hypothéquons pas, par notre silence, l’avenir de nos enfants et du peuple algérien. Il faut que les énergies se conjuguent, il faut éliminer les facteurs de la division qu’entretient le pouvoir de Bouteflika. Il faut exiger immédiatement la mise en place d’une période de transition. Il est nécessaire d’anticiper sur les événements et d’assurer un passage pacifique de la« non légitimité » vers la légitimité démocratique. Il faut que Bouteflika et que tous ceux qui sont désormais les hommes du passé et du passif partent. Personnellement, je souhaite que toutes ces personnes s’en aillent dignement sinon les choses se feront inexorablement dans la violence. Il ne faudrait pas que mon propos soit mal interprété. Je n’appelle pas à la violence. Je souhaite de tout mon cœur qu’elle sera évitée. Je n’ignore pas que le peuple a déjà suffisamment souffert. N’empêche, nous vivons une période historique et le changement est devenu inéluctable. S’agissant de l’Algérie, c’est la biologie qui veut ce nécessaire changement. Le plus jeune de ceux qui gouvernent le pays grâce à cette fameuse « légitimité historique » a aujourd’hui plus de 70 ans. C’est dire qu’il est nécessaire aussi d’assurer cette rupture générationnelle de manière pacifique. S’ils ne veulent pas comprendre, c’est que de ce point de vue, Bouteflika et son entourage sont des irresponsables : quel pays veulent-ils laisser après eux ? J’ai parfois l’impression qu’ils se disent « Après nous, le déluge ! ». Je souhaite que ce livre participe à faire conscience justement qu’il y a risque de déluge.
-Avez-vous eu connaissance de réactions de l’entourage de Bouteflika au sujet de ce livre ?
Oui quelques-unes. Je sais que le fameux et néanmoins fumeux Mohamed Megueddem, « chargé de mission » à la présidence, est en train de gesticuler. Cet intrigant, que l’opinion ne connaît pas, mais qui est largement connu des gens du système et des journalistes, est largement cité dans l’ouvrage. Il s’était déplacé à Paris pour tenter de me corrompre afin que je ne publie pas ce livre. Malheureusement, pour lui, j’ai immortalisé nos rencontres, comment dire, électroniquement, afin de dénoncer, preuves à l’appui, ces agissements condamnables. Le pouvoir de Bouteflika croit que tout se vend et que tout s’achète, y compris les hommes. Je le dit fort modestement : je ne suis pas fait de cette pâte périmée qui pousse des personnes à vendre leur âme et leur honneur pour une contrepartie. Megueddem est un microscopique symptôme du pouvoir. Une toute petite illustration. Et j’ai tenu à parler de ma rencontre avec lui qui fut plus que cocasse puisqu’il tiendra des propos d’une extrême gravité, touchant parfois à la dignité de certains responsables algériens. Tout ceci pour me convaincre que si je devais évoquer des personnes dans mon livre, il ne fallait surtout pas le citer, lui,« l’homme de l’ombre ». Je sais que Chérif Rahmani est, m’a-t-on dit,« soulagé », car, je n’aurais pas révélé tout à son sujet. Sans mauvais esprit, je dirais qu’il ne faut pas souffler trop rapidement. Ce n’est pas fini. On m’a dit aussi, mais cela est invérifiable, que Saïd Bouteflika, celui qui se prend pour le prince héritier, m’aurait traité de tous les noms et que le général Tartag aurait fait de même. Mais disons que toutes ces belles âmes devraient, au lieu de sautiller comme des puces après un travail journalistique, discuter avec leur conscience et voir ce qu’ils ont fait tout au long de leur carrière. Pour finir, je sais que les responsables qui n’ont rien à se reprocher dorment en paix. A ceux-là, je tiens évidemment à rendre hommage, car, je le répète, je n’ignore pas qu’il y a encore en Algérie des personnes intègres et de vrais patriotes.
-Avez-vous bénéficié d’un soutien pour la promotion de votre livre en France et en Algérie ?
Pour parler de la presse française, je dirais que, jusqu’à présent, les choses se déroulent normalement, comme pour mes précédents ouvrages. Plusieurs médias m’ont déjà interviewé ou ont pris rendez-vous pour le faire. Des émissions sont également prévues durant les jours et les semaines à venir. De ce point de point de vue, hormis une décision du Centre d’accueil de la presse étrangère, qui est rattaché au ministère français des Affaires étrangères, et qui a refusé que sa salle soit utilisée pour une conférence de presse au cours de laquelle je devais lancer le livre, aucune censure n’est observée. Mais il ne faut pas oublier qu’en France, il y a une vieille tradition qui permet la critique des chefs d’État. La France est un pays où l’on a coupé la tête d’un roi : ne l’oublions pas. Par contre, ce qui m’étonne, c’est la réaction, ou plutôt l’absence de réaction, d’une grande partie de la presse algérienne. Hormis le Matin.dz, D.N.A et le Soir d’Algérie qui a cité le livre, très brièvement, à deux reprises, les confrères algériens, ne semblent pas très concernés par Bouteflika, ses parrains et ses larbins.
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********* : Pourquoi un livre sur Bouteflika ? N’est-ce pas un livre de trop ?
D’abord, ce livre est un pamphlet documenté et non pas une biographie. Il sera le premier d’une série d’ouvrages que je compte publier d’ici à 2012 sur la nature et les pratiques mafieuses du pouvoir algérien. Je révélerai dans quelques mois, preuves à l’appui, les biens et patrimoines de plusieurs caciques, civils et militaires, du régime. Je voulais, avant de publier cette enquête qui portera principalement sur la corruption et le clientélisme, faire connaître ma position à l’égard de celui qui représente aujourd’hui le système, en l’occurrence Abdelaziz Bouteflika. Cela dit, j’ai tenu à rendre hommage, dans mon pamphlet, à Mohamed Benchicou car j’estime qu’il a été le premier à démasquer cette « imposture algérienne » qui squatte, de manière illégitime, la présidence de la République. Nous savons comment Bouteflika, Zerhouni et le DRS lui ont fait payer son impertinence, somme toute salvatrice. Pour répondre de manière directe à votre question, je dirai qu’il n’y aura jamais suffisamment de livres, il n’y aura jamais une parole de trop pour dénoncer la traîtrise qu’est en train de subir l’Algérie, devenue, le pays des copains et des coquins, une sorte de propriété privée, appartenant à quelques arrivistes, ambitieux, qui ont choisi d’asservir ce pays. Ces incompétents de surcroît malhonnête, pour beaucoup d’entre eux, ont transformé de l’or en cuivre. Ils ont clochardisé un pays magnifique et sacrifié, au moins, deux générations d’Algériens. Je crois que le travail effectué par Benchicou ou d’autres intellectuels et écrivains, je pense notamment à Boualem Sansal, est aujourd’hui nécessaire car, il faut libérer la parole de tous les Algériens qui souffrent de la mauvaise gouvernance et de la gabegie. Ce régime est honni et il doit le savoir. Ils nous ont, faut-il l’avouer, terrorisé en nous bâillonnant. Je pense qu’il est venu le moment de dire à Bouteflika, mais aussi à tous ses parrains et à tous ses larbins, que d’une nous ne les respectons pas, car ils n’ont pas respecté la société à laquelle nous appartenons et que de deux, nous ne les craignons plus.
-Peut-on avoir quelques exemples de révélations inédites que le lecteur pourra trouver dans ce livre ?
Je ne vais pas vous les donner toutes, car elles sont quand même nombreuses. Mais disons que la plus importante est sans nul doute, celle qui affirme que Bouteflika a « roulé », contre les intérêts de l’Algérie, et je souligne le « contre les intérêts de l’Algérie »,pour servir quelques émirs du Golfe. Il est, au regard, des informations que j’ai pu collectées passible du Tribunal militaire pour haute trahison. Ensuite, j’ai eu des témoignages précieux qui m’ont permis de comprendre – chose que je ne savais pas – que ce sont les généraux Smaïl Lamari, Larbi Belkheïr et Mohamed Lamari qui furent les premiers à parrainer sa cooptation à la tête de l’État. J’ai compris que le patron du DRS, le général Mohamed Mediène, plus connu sous le nom de Toufik, avait récupéré « le bébé », en un second temps. Je révèle également dans quelles conditions Liamine Zeroual est parti. J’ai pris conscience à quel point cet homme était honnête, responsable et patriote. Contrairement à quelques généraux qui ont, trèssouvent, privilégié leur carrière au détriment, parfois, des intérêts de l’Algérie, Zeroual a fait preuve de dignité et de responsabilité. Je dirais également que j’ai eu des informations qui me montrent qu’un vent de panique souffle sur ceux qui ont des choses à se reprocher. Aujourd’hui, même des États occidentaux enquêtent sur les biens, mal acquis, de certains responsables qui ont, non seulement, volé leur peuple, mais qui ont, en plus, placé leur argent à l’étranger. Vous verrez dans le prochain ouvrage qu’un inventaire détaillé sera publié afin que le peuple sache qui sont les corrompus. Permettez-moi d’expliquer ma démarche, car je connais trop bien le raisonnement de certains Algériens. Il n’y a derrière moi ni général ni clan. Simplement, j’estime qu’il ne faut plus parler de manière impersonnelle. Dire que tous les dirigeants seraient des corrompus, est complètement faux et injuste, car il y a encore dans ce pays des gens intègres. C’est la raison pour laquelle, je ne veux pas jeter le bébé avec l’eau du bain et prendre le risque d’être injuste ou malhonnête. Je compte donc, mettre des noms et des visages sur les « affaires », car ne pas nommer les choses rend service à la pourriture qui gangrène le système. Et je nomme ceux qui sont clairement mêlés sinon à la corruption, au clientélisme et au trafic d’influence.
-Que peut-on attendre d’un livre pareil dans le contexte actuel, marqué par la perplexité des opinions quant au retard que prend l’Algérie à rejoindre le mouvement des révoltes arabes ?
Personnellement, je ne souhaite pas que l’Algérie connaisse un sort similaire à celui de la Libye. Mais en même temps, je connais l’irresponsabilité de Bouteflika et de son entourage. Ils sont capables, pour défendre leurs intérêts étroits et mercantiles, de prendre le risque, y compris d’une somalisation du pays. Raison pour laquelle, j’ai voulu interpeller la société civile, les démocrates, les féministes, les universitaires, les journalistes, mais également les cadres les plus sincères au sein des différentes institutions, y compris les militaires, pour leur dire : Réveillez-vous ! Prenez les choses en main, ne laissons pas notre sort nous échapper, n’hypothéquons pas, par notre silence, l’avenir de nos enfants et du peuple algérien. Il faut que les énergies se conjuguent, il faut éliminer les facteurs de la division qu’entretient le pouvoir de Bouteflika. Il faut exiger immédiatement la mise en place d’une période de transition. Il est nécessaire d’anticiper sur les événements et d’assurer un passage pacifique de la« non légitimité » vers la légitimité démocratique. Il faut que Bouteflika et que tous ceux qui sont désormais les hommes du passé et du passif partent. Personnellement, je souhaite que toutes ces personnes s’en aillent dignement sinon les choses se feront inexorablement dans la violence. Il ne faudrait pas que mon propos soit mal interprété. Je n’appelle pas à la violence. Je souhaite de tout mon cœur qu’elle sera évitée. Je n’ignore pas que le peuple a déjà suffisamment souffert. N’empêche, nous vivons une période historique et le changement est devenu inéluctable. S’agissant de l’Algérie, c’est la biologie qui veut ce nécessaire changement. Le plus jeune de ceux qui gouvernent le pays grâce à cette fameuse « légitimité historique » a aujourd’hui plus de 70 ans. C’est dire qu’il est nécessaire aussi d’assurer cette rupture générationnelle de manière pacifique. S’ils ne veulent pas comprendre, c’est que de ce point de vue, Bouteflika et son entourage sont des irresponsables : quel pays veulent-ils laisser après eux ? J’ai parfois l’impression qu’ils se disent « Après nous, le déluge ! ». Je souhaite que ce livre participe à faire conscience justement qu’il y a risque de déluge.
-Avez-vous eu connaissance de réactions de l’entourage de Bouteflika au sujet de ce livre ?
Oui quelques-unes. Je sais que le fameux et néanmoins fumeux Mohamed Megueddem, « chargé de mission » à la présidence, est en train de gesticuler. Cet intrigant, que l’opinion ne connaît pas, mais qui est largement connu des gens du système et des journalistes, est largement cité dans l’ouvrage. Il s’était déplacé à Paris pour tenter de me corrompre afin que je ne publie pas ce livre. Malheureusement, pour lui, j’ai immortalisé nos rencontres, comment dire, électroniquement, afin de dénoncer, preuves à l’appui, ces agissements condamnables. Le pouvoir de Bouteflika croit que tout se vend et que tout s’achète, y compris les hommes. Je le dit fort modestement : je ne suis pas fait de cette pâte périmée qui pousse des personnes à vendre leur âme et leur honneur pour une contrepartie. Megueddem est un microscopique symptôme du pouvoir. Une toute petite illustration. Et j’ai tenu à parler de ma rencontre avec lui qui fut plus que cocasse puisqu’il tiendra des propos d’une extrême gravité, touchant parfois à la dignité de certains responsables algériens. Tout ceci pour me convaincre que si je devais évoquer des personnes dans mon livre, il ne fallait surtout pas le citer, lui,« l’homme de l’ombre ». Je sais que Chérif Rahmani est, m’a-t-on dit,« soulagé », car, je n’aurais pas révélé tout à son sujet. Sans mauvais esprit, je dirais qu’il ne faut pas souffler trop rapidement. Ce n’est pas fini. On m’a dit aussi, mais cela est invérifiable, que Saïd Bouteflika, celui qui se prend pour le prince héritier, m’aurait traité de tous les noms et que le général Tartag aurait fait de même. Mais disons que toutes ces belles âmes devraient, au lieu de sautiller comme des puces après un travail journalistique, discuter avec leur conscience et voir ce qu’ils ont fait tout au long de leur carrière. Pour finir, je sais que les responsables qui n’ont rien à se reprocher dorment en paix. A ceux-là, je tiens évidemment à rendre hommage, car, je le répète, je n’ignore pas qu’il y a encore en Algérie des personnes intègres et de vrais patriotes.
-Avez-vous bénéficié d’un soutien pour la promotion de votre livre en France et en Algérie ?
Pour parler de la presse française, je dirais que, jusqu’à présent, les choses se déroulent normalement, comme pour mes précédents ouvrages. Plusieurs médias m’ont déjà interviewé ou ont pris rendez-vous pour le faire. Des émissions sont également prévues durant les jours et les semaines à venir. De ce point de point de vue, hormis une décision du Centre d’accueil de la presse étrangère, qui est rattaché au ministère français des Affaires étrangères, et qui a refusé que sa salle soit utilisée pour une conférence de presse au cours de laquelle je devais lancer le livre, aucune censure n’est observée. Mais il ne faut pas oublier qu’en France, il y a une vieille tradition qui permet la critique des chefs d’État. La France est un pays où l’on a coupé la tête d’un roi : ne l’oublions pas. Par contre, ce qui m’étonne, c’est la réaction, ou plutôt l’absence de réaction, d’une grande partie de la presse algérienne. Hormis le Matin.dz, D.N.A et le Soir d’Algérie qui a cité le livre, très brièvement, à deux reprises, les confrères algériens, ne semblent pas très concernés par Bouteflika, ses parrains et ses larbins.
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