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Tunisien, il est discriminé à l'achat d'un presbytère

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  • Tunisien, il est discriminé à l'achat d'un presbytère

    Kaled Lebh prévoyait d'acheter une bâtisse qui jouxte l'église de Quillebeuf-sur-Seine (Eure). La mairie bloque la transaction, il porte plainte contre le maire pour discrimination.

    Immortalisé par le peintre britannique William Turner en 1833, le lieu exhale une douceur de carte postale normande. Derrière ses hauts murs, le presbytère de Quillebeuf-sur-Seine (Eure), solide bâtisse de briques aux larges embrasures, jouxte l'église Notre-Dame-de-Bon-Port et ses étranges gargouilles. Par-delà le bocage, la silhouette du pont de Tancarville se découpe sur l'horizon. C'est ici, une fois le presbytère restauré, que Kaled Lebh, 36 ans, espérait s'installer avec sa femme et ses vieux parents, originaires de Tunisie.

    Le jeune homme, conducteur de travaux sur les chantiers pétroliers, était d'accord pour payer les 118 100 euros auxquels le maire de Quillebeuf, le sénateur UMP Ladislas Poniatowski, avait mis le bâtiment en vente dans une agence de Pont-Audemer, voilà un mois. Pourtant, ce n'est pas sur une promesse de vente qu'il vient d'apposer son nom, mais sur une plainte pour discrimination raciale et religieuse contre Ladislas Poniatowski et son deuxième adjoint, Neuville Lambert. "Monsieur Lambert a dit au directeur de l'agence qu'il ne voulait pas voir le presbytère acheté par un Arabe, un Tunisien qui pourrait le transformer en mosquée", affirme Kaled Lebh. Quant au sénateur maire, il se serait démené pour bloquer la vente.

    La proposition de Kaled Lebh était conforme au prix et aux conditions fixés
    Le presbytère, Kaled, enfant de Quillebeuf, le convoitait depuis longtemps. Sa maison est à quelques pas de là, derrière l'église. A l'automne dernier, déjà, il avait confié à Ladislas Poniatowski son envie de le racheter lorsqu'il en aurait les moyens. "Il m'a dit qu'il attendait une proposition du bailleur social Eure habitat et qu'il me tiendrait au courant. Je ne l'ai pas cru. La suite m'a donné raison."
    Le mois dernier, apprenant que la vente de la demeure avait été confiée à un agent immobilier de Pont-Audemer, Kaled Lebh se porte acquéreur au prix demandé. Pourtant, la nouvelle ne transporte pas de bonheur les élus quillebois qui tentent alors de faire machine arrière. Le 21 avril, Ladislas Poniatowski informe l'agence immobilière qu'il retire le bien de la vente. Trop tard, lui dit-on. Il doit céder le presbytère à Kaled Lebh puisque la proposition faite par celui-ci est conforme au prix et aux conditions fixés par le mandat de vente.
    Seule issue de secours: dénicher un acheteur qui accepterait de débourser davantage. Le lendemain, le maire annonce avoir trouvé son homme. Mais trois semaines plus tard, l'agent immobilier ne connaît toujours pas l'identité de l'acquéreur providentiel, que le vendeur est pourtant tenu de lui communiquer...

    "Le petit Arabe ne s'écrasera pas..."
    Ladislas Poniatowski proteste de sa bonne foi. "Je ne savais pas que la signature du mandat m'obligeait à vendre au prix indiqué, assure-t-il. Ce montant, qui est une évaluation de la Direction nationale d'interventions domaniales (DNID), ne devait s'appliquer qu'en cas de cession à Eure habitat. La valeur du presbytère est beaucoup plus élevée, en réalité, et il n'est pas question de le brader!" Il l'affirme, "quels que soient les propos qu'ait pu tenir [son] adjoint", il serait "ravi de vendre à M. Lebh, issu d'une famille méritante et respectée".
    Kaled, lui, a tiré un trait sur les vieilles pierres dont il rêvait. "Je suis amer, déçu, lâche-t-il. Mais le petit Arabe ne s'écrasera pas..." Pour défendre ses intérêts, il a fait appel au prestigieux cabinet de l'avocat parisien William Bourdon.

    lexpress.fr
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