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Jusqu’où les cours du pétrole vont-ils flamber ?

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  • Jusqu’où les cours du pétrole vont-ils flamber ?

    Boosté par les troubles dans le monde arabe, l’or noir se rapproche de son pic historique de mars 2008. Et l’envolée de la demande asiatique ne va rien arranger.

    Décidément, les Balkany n’ont plus la baraka. Isabelle n’a pas fini de digérer son échec aux dernières cantonales que son beau-frère se fait retoquer ses projets de prospection pétrolière. Il y croyait pourtant, Julien Balkany, à l’huile de schiste. Au point de se faire attribuer des permis d’exploration en Seine-et-Marne et de s’apprêter à forer à plus de 2 000 mètres de profondeur pour aller y pomper de l’or noir. Hélas ! Pour des raisons environnementales, le gouvernement a annoncé qu’il voulait interdire ce genre de forage. Si bien que le jeune frère du maire de Levallois-Perret risque bel et bien de se retrouver le derrick dans l’eau. Quelle déveine ! Juste au moment où le baril à 127 dollars promettait de lui rapporter des millions d’euros.

    Encore un que la hausse du pétrole met en rage… Que le frère Balkany se rassure, il n’est pas tout à fait le seul. Après le passage à vide de 2009 (la crise financière avait ramené les cours à 34 dollars le baril), la fulgurante remontée des prix du brut est en train de plonger la France entière dans l’inquiétude. Industriels, compagnies aériennes, transporteurs routiers, agriculteurs, adeptes du chauffage au fioul, sans parler, bien sûr, des automobilistes… Tous ou presque sont aux cent coups. Et ils ont de bonnes raisons pour cela. Mi-avril, après avoir l’avoir tutoyé pendant quelques semaines, le prix du litre de sans-plomb 95 a fini par pulvériser son propre record historique, à plus de 1,53 euro à la pompe. Et celui du gazole n’était pas loin de suivre le même chemin, à 1,37 euro. «Si ça continue comme ça, il n’y aura plus un seul de nos bateaux en Méditerranée», gronde un pêcheur de Sète.

    Eh bien, les poissons vont pouvoir bientôt faire la fête ! Car, à y regarder de près, il y a peu de chances que les cours de l’or noir se remettent à piquer du nez dans les prochains mois, ni même dans les prochaines années. D’abord, bien sûr, parce que le printemps arabe est loin d’être terminé. Certes, si l’on excepte la Libye, la plupart des pays frappés par des mouvements de révolte – Syrie, Yémen, Egypte, Tunisie, Jordanie, Bahreïn – ne sont pas de gros producteurs d’hydrocarbures. Mais leur instabilité fait peser une menace sur leurs voisins gorgés d’or noir.

    A commencer par l’Arabie saoudite, premier producteur de la planète et détenteur à lui seul de 20% des réserves mondiales. Pour le moment, Riyad semble être parvenu à calmer la rue, en distribuant à la population 100 milliards de dollars d’argent public au premier trimestre. Mais rien ne dit que le régime wahhabite ne subira pas de nouveaux coups de boutoir. Idem dans les monarchies du Golfe (les Emirats possèdent 7% des réserves mondiales, le Koweït 8% et le Qatar 1%), où les minorités chiites, chauffées à blanc par Téhéran, n’ont peut-être pas
    dit leur dernier mot. Quant à l’Algérie et à l’Iran, ils ne tiennent que grâce à leur appareil répressif. Or la défaillance d’un seul de ces gros exportateurs suffirait à déstabiliser le marché. «Si l’Arabie saoudite craquait, le baril s’envolerait au-dessus de 300 dollars », prévient Patrick Artus, de Natixis.

    Pas de panique, la plupart des spécialistes considèrent cette hypothèse comme peu vraisemblable. Mais cela n’empêche pas les marchés de rester nerveux. «On peut estimer que l’instabilité politique gonfle aujourd’hui les cours d’environ 40 dollars le baril», calcule Céline Antonin, spécialiste de ces questions à l’OFCE. En assurant que cette prime de risque ne devrait pas diminuer «au moins jusqu’à l’été». Avis aux pêcheurs de Sète, l’économiste Moncef Kaabi pense, lui, que l’agitation – et donc la surcote du baril – pourrait se prolonger pendant deux ans.


    Mais les bruits de bottes ne sont évidemment pas les seuls déterminants des cours du brut : ils dépendent aussi de l’offre et de la demande réelles. Or, là encore, les facteurs ne plaident pas en faveur d’une baisse. D’abord parce que les compagnies et les Etats ont beaucoup puisé dans leurs stocks ces derniers mois. Et qu’ils vont donc devoir les reconstituer, comme tous les printemps d’ailleurs. Ensuite, et surtout, parce que l’activité mondiale va sans doute rester dynamique. Loin d’entraîner le monde dans la déprime, comme certains l’ont craint pendant quelques jours, le -Japon blessé est en effet déjà en train de relever la tête. En dépit des mauvais coups de la nature et de la catastrophe nucléaire, il devrait voir son activité progresser de 0,9% cette année et de 2,5% l’an prochain, pronostique Mathilde Lemoine, chef économiste de HSBC. Du coup, tous les conjoncturistes parient sur le maintien d’une croissance mondiale vigoureuse. Ceux de Morgan Stanley attendent, par exemple, 4,2% cette année et 4,6% en 2012, l’Institut Oxford Economics parie sur 4,3 et 4,7%. Quant au FMI, il vient carrément de relever sa prévision de 0,2 point, pour la porter à 4,5% en 2012. Autant dire que la demande d’or noir va continuer d’augmenter à un bon rythme. Selon Moncef Kaabi, un point de hausse de PIB génère en effet 1,6% d’augmentation de la consommation de brut en Chine, 0,65% aux Etat-Unis et 0,7% dans la zone euro. Or la production a déjà du mal à suivre.

    En mars dernier, amputée d’une partie des approvisionnements libyens (1,4 million de -barils/jour), elle n’a pas suffi à couvrir la consommation de la planète, qui culminait à 89,8 millions de barils/jour (Mb/j). Et les capacités d’extraction encore disponibles – situées pour l’essentiel en Arabie saoudite – étaient tombées à 2,5 Mb/j, «un niveau critique qui a complètement affolé les marchés», observe Patrick Darmon, patron du cabinet Spark Consulting. Résultat : quand l’étincelle a mis le feu à la poudrière libyenne, les spéculateurs ont tous joué à fond le pétrole à la hausse. Ces «marchés papiers» – qui pèsent sur les cours même s’ils ne sont pas forcément à l’origine de leurs fluctuations – ont nettement amplifié le mouvement, en raison de leur volume trente fois supérieur à celui des transactions physiques…

    Et les choses ne risquent pas de s’arranger à plus long terme. D’abord parce que l’accident à la centrale de Fukushima pourrait inciter certains Etats à revenir aux centrales au fuel. Mais surtout parce que la demande pétrolière va continuer de croître structurellement du fait de l’accès des pays émergents à l’automobile : l’an dernier, la Chine a brûlé 9 Mb/j de brut, l’Inde 3,3 et le Brésil 2,5. «Ce sont les transports qui tirent les achats d’or noir», prévient Olivier -Appert, le président de l’Institut français du pétrole (IFP). Or les Chinois ne possèdent -encore que 50 voitures particulières pour 1 000 habitants. Si leur taux d’équipement devait un jour égaler celui des Français – lequel est encore inférieur de 40% à celui des Américains – il leur faudrait importer 27 Mb/j supplémentaires, l’équivalent de 30% de la production mondiale actuelle… «Désormais, le monde est entré dans l’ère du pétrole cher», tranche Patrick Darmon.

    Dieu sait pourtant que la planète ne manque pas d’hydrocarbures ! En plus des 1 400 milliards de barils de réserves conventionnelles prouvées – environ quarante-cinq ans de consommation au rythme actuel – elle abrite 175 autres milliards dans les sables bitu-mineux du Canada, 550 dans les huiles lourdes du bassin de l’Orénoque au Venezuela, et sans doute bien plus encore dans les fameux schistes chers à Julien Balkany, et dont Olivier Appert estime aujourd’hui le potentiel «considérable». Sans parler des champs sous-marins toujours plus profonds, qui laissent encore espérer des découvertes majeures, notamment dans des régions sans risques politiques, comme le Brésil.

    Le problème, c’est que l’exploitation de ces nouveaux gisements coûte trois fois plus cher que celle de l’Arabian Light ou du Brent, selon Sadad al Husseini, ex numéro 2 de l’Aramco saoudienne. Et qu’elle ne pourra par conséquent débuter que si les cours du brut restent scotchés à un niveau élevé, d’au moins 80 à 100 dollars le baril. Voilà pourquoi il y a peu de chances qu’ils redescendent aussi bas dans les prochaines années.

    Pas étonnant que Christophe de Margerie nous annonce pour bientôt, avec des larmes de crocodile, le sans-plomb à 2 euros le litre. Mais le patron de Total oublie qu’il nous reste un -ultime rempart pour nous protéger de ce cauchemar : l’euro. Les cours du brut étant exprimés en dollars, toute montée de la monnaie unique face au billet vert fait en effet mécaniquement baisser les prix à la pompe. Ça tombe bien : après avoir pris un coup de froid lors de la crise grecque, notre cher bon vieil euro est de nouveau en train de casser la baraque face à la devise américaine. A la mi-avril, il cotait 1,47 dollar, à deux doigts de son record historique. Ne nous lâche pas, camarade !

    Etienne Gingembre
    © Capital
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

  • #2
    Jusqu’où les cours du pétrole vont-ils flamber ?

    jusqu'à ce qu'on lui trouve une alternative

    donc de beaux jours devant lui et devant ceux qui le possédent ou ceux qui vont le découvrir

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