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Pakistan : d'un meurtre à l'autre...

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  • Pakistan : d'un meurtre à l'autre...

    Par Marie-France Calle le 2 juin 2011
    Lentement mais sûrement, d'un meurtre à l'autre, c'est la liberté qu'on assassine au Pakistan. On y a tué au nom de la religion, et c'est maintenant la presse que l'on tente de museler par le sang. Au "pays des purs", la liberté d'expression se réduit comme peau de chagrin.
    On est loin de l'époque bénie où les pétales de roses pleuvaient sur le Juge Iftikhar Chaudhry. Engagé dans un bras de fer avec le général-président Pervez Musharraf, l'homme était devenu le symbole de l'indépendance de la justice pakistanaise face à la "dictature". Déchu de son poste par Musharraf en 2007, Chaudhry apparaissait désormais comme le rassembleur d'une société civile avide de faire entendre sa voix. Déterminés mais dispersés, fers de lance de causes disparates, juges, avocats, défenseurs des droits de l'Homme, avaient vu en Chaudhry l'"homme providentiel". L'idylle a fait long feu; la fragile unité a volé en éclats.

    En janvier 2011, c'est sur le meurtrier de Salman Taseer, le gouverneur du Pendjab assassiné en plein jour par son propre garde du corps, que les juristes ont lancé des pétales de roses. Une grande partie de ces mêmes juges et avocats qui s'étaient battus pour la réhabilitation du Juge Chaudhry ne cachent plus leur admiration pour celui qui a tué le gouverneur, considéré comme un "blasphémateur". Car Taseer est mort pour avoir apporté son soutien à la Chrétienne Asia Bibi , une pauvre villageoise illettrée, mère de cinq enfants, accusée d'avoir "insulté le Prophète". Depuis, Asia Bibi croupit dans une prison du Pendjab et, mis à part les "groupies" de l'assassin de Taseer, la société civile, terrorisée, garde le silence. A Islamabad, redoutant de s'attirer les foudres d'une opinion publique de plus en plus islamisée, le gouvernement civil a définitivement enterré les amendements qu'il avait vaguement envisagé d'apporter à l'ignominieuse loi sur le blasphème. Y compris les plus bénins.

    Portée au faîte de sa gloire par le général Zia-ul-Haq dans les années 1980, la loi sur le blasphème connaît aujourd'hui un renouveau au Pakistan. Les chrétiens, mais aussi des musulmans, des sikhs, des hindous, en font les frais au quotidien. Le dernier sondage réalisé par Gallup Pakistan n'est pas fait pour rassurer. Il révèle que 67% des Pakistanais souhaitent que le gouvernement introduise des mesures propres à renforcer l'"islamisation de la société".

    Début mars 2011, Shahbaz Bhatti, le jeune ministre des Minorités religieuses, un catholique , est tué à son tour en plein jour, au coeur d'Islamabad. Les assassins courent toujours. La société civile s'est repliée encore un peu plus sur elle-même.

    Et maintenant la presse. Syed Saleem Shahzad venait de publier un article mettant en lumière l'infiltration de l'armée par al-Qaîda lorsqu'il a été enlevé, torturé et assassiné, entre le 29 mai et le 31 mai. Saleem travaillait depuis toujours sur les réseaux islamistes. Au cours du temps, il y avait établi de solides contacts. Ses révélations sur les services secrets pakistanais er l'armée sont plus récentes. Est-ce cela qui a précipité son assassinat ?

    Les journalistes pakistanais ne s'y sont pas trompés. Depuis mardi, tous dénoncent la rentative d'intimidation des services du renseignement vis-à-vis de la presse. Tous sont persuadés qu'avec le meurtre de Syed Saleem Shahzad, il s'agissait aussi de faire un "exemple".

    figaro
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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