LA FÊTE DES MAROCAINS A FAILLI TOURNER AU DRAME POUR LES FANS ALGÉRIENS
Nuit de calvaire à Marrakech
La fin du match Maroc-Algérie a été, côté marocain, un long moment de kermesse. L’exploit de Chamakh et compagnie a généré une autre nuit de folie. Le Maroc a salué, à sa manière, le succès historique des Lions de l’Atlas. Les rues de Marrakech étaient paralysées par la procession des foules qui se dirigeaient, tel un seul homme, en direction de Djamaâ Lefna. Comme pour aller se prosterner devant un lieu meurtri, quelques semaines plus tôt, par l’attentat qui a ciblé le café Argana… Et comme la folie n’a pas de limite, n’épargne personne, la nuit de samedi à dimanche a été un calvaire pour les deux milliers de fans algériens tassés dans la tribune surplombant les loges officielles du Grand-Stade de Marrakech.
Pour les fans algériens, déprimés par la claque essuyée par leurs favoris, tout a commencé au sortir des parkings du stadium de Marrakech. Les bus affrétés au transport des supporters des Verts avaient du mal à se frayer un chemin parmi les foules excitées. Des gosses, mais pas seulement, ne cessaient d’abuser de gestes provocateurs. 4-0 était sur tous les doigts des mains de fans «marokkis».
L’on savait que le baisemain est une tradition ancrée chez les sujets de Sa Majesté. Mais de là à ce qu’ils balancent des insanités et des projectiles de toute nature, le scénario n’était pas en concordance avec toutes les marques de sympathie, de cordialité et d’hospitalité affichées par nos hôtes, quelques heures avant ce derby. Les images dramatiques de la chasse organisée, le 14 novembre 2009 au Caire, revenaient dans bien des mémoires. Des femmes qui accompagnaient le cortège des supporters algériens au Maroc priaient pour que personne parmi les jeunes Algériens ne riposte. Les quelques kilomètres qui séparaient le stade des hôtels du centre-ville semblaient interminables. Il y a eu, certes, quelques adultes qui s’interposaient et condamnaient le harcèlement, mais le traumatisme est tel que dès leur arrivée dans leurs hôtels, les supporters des Verts ont fait le serment de ne plus revenir dans ce royaume de l’ingratitude. «Les frontières resteront fermées et nous tâcherons que cela soit écrit noir sur blanc. L’arabité, l’islamité et la fraternité maghrébine ne sont que slogans. A chaque fois qu’on part chez des pseudo-voisins, on subit ce genre d’exactions. Quand les Marocains sont venus à Annaba, ils ont été accueillis comme des rois. Nous pensions que la victoire de leur équipe allait les soulager des injustices qu’ils subissent quotidiennement», tonnera, grisé et coléreux Aâmi Abdelkader, sexagénaire qui a été de toutes les dernières campagnes. «J’étais en Egypte, au Soudan, en Angola et en Afrique du Sud. Excusez-moi, je n’ai pas subi un tel mauvais traitement. Je pardonnerai tout sauf l’insulte à notre emblème et à nos chouhadas», conclut-il, avec un pincement au cœur.
La nuit agitée s’achèvera aux aurores et les premiers convois de fans algériens prenaient le chemin du retour en Algérie. Pour eux, le Maroc n’est qu’un «grand Makhzen» où l’on cache (mal) tous les malheurs d’un peuple soumis.
M. B.
Le Soir d'Algérie
Nuit de calvaire à Marrakech
La fin du match Maroc-Algérie a été, côté marocain, un long moment de kermesse. L’exploit de Chamakh et compagnie a généré une autre nuit de folie. Le Maroc a salué, à sa manière, le succès historique des Lions de l’Atlas. Les rues de Marrakech étaient paralysées par la procession des foules qui se dirigeaient, tel un seul homme, en direction de Djamaâ Lefna. Comme pour aller se prosterner devant un lieu meurtri, quelques semaines plus tôt, par l’attentat qui a ciblé le café Argana… Et comme la folie n’a pas de limite, n’épargne personne, la nuit de samedi à dimanche a été un calvaire pour les deux milliers de fans algériens tassés dans la tribune surplombant les loges officielles du Grand-Stade de Marrakech.
Pour les fans algériens, déprimés par la claque essuyée par leurs favoris, tout a commencé au sortir des parkings du stadium de Marrakech. Les bus affrétés au transport des supporters des Verts avaient du mal à se frayer un chemin parmi les foules excitées. Des gosses, mais pas seulement, ne cessaient d’abuser de gestes provocateurs. 4-0 était sur tous les doigts des mains de fans «marokkis».
L’on savait que le baisemain est une tradition ancrée chez les sujets de Sa Majesté. Mais de là à ce qu’ils balancent des insanités et des projectiles de toute nature, le scénario n’était pas en concordance avec toutes les marques de sympathie, de cordialité et d’hospitalité affichées par nos hôtes, quelques heures avant ce derby. Les images dramatiques de la chasse organisée, le 14 novembre 2009 au Caire, revenaient dans bien des mémoires. Des femmes qui accompagnaient le cortège des supporters algériens au Maroc priaient pour que personne parmi les jeunes Algériens ne riposte. Les quelques kilomètres qui séparaient le stade des hôtels du centre-ville semblaient interminables. Il y a eu, certes, quelques adultes qui s’interposaient et condamnaient le harcèlement, mais le traumatisme est tel que dès leur arrivée dans leurs hôtels, les supporters des Verts ont fait le serment de ne plus revenir dans ce royaume de l’ingratitude. «Les frontières resteront fermées et nous tâcherons que cela soit écrit noir sur blanc. L’arabité, l’islamité et la fraternité maghrébine ne sont que slogans. A chaque fois qu’on part chez des pseudo-voisins, on subit ce genre d’exactions. Quand les Marocains sont venus à Annaba, ils ont été accueillis comme des rois. Nous pensions que la victoire de leur équipe allait les soulager des injustices qu’ils subissent quotidiennement», tonnera, grisé et coléreux Aâmi Abdelkader, sexagénaire qui a été de toutes les dernières campagnes. «J’étais en Egypte, au Soudan, en Angola et en Afrique du Sud. Excusez-moi, je n’ai pas subi un tel mauvais traitement. Je pardonnerai tout sauf l’insulte à notre emblème et à nos chouhadas», conclut-il, avec un pincement au cœur.
La nuit agitée s’achèvera aux aurores et les premiers convois de fans algériens prenaient le chemin du retour en Algérie. Pour eux, le Maroc n’est qu’un «grand Makhzen» où l’on cache (mal) tous les malheurs d’un peuple soumis.
M. B.
Le Soir d'Algérie
Commentaire