L’AADL est une formule qui a suscité un grand engouement mais qui, aujourd’hui, a montré ses limites, notamment en termes de coût pour le Trésor public et appelle donc à une réflexion qui tienne compte des réalités du terrain
C’est un ministre maîtrisant parfaitement son sujet qui a bien voulu répondre à nos questions. Et avec la franchise qu’on lui connaît et reconnaît, cet ingénieur des travaux publics, formé à bonne école puisque outre, l’arabe et le français, la langue de Goethe lui est également familière, présente donc une carte de visite plutôt étoffée. En somme, un véritable technocrate qui a gravi, à la seule force de l’intelligence, les principaux échelons hiérarchiques (il a été à maintes reprises président-directeur général d’entreprises de construction notamment), avant d’être promu, à juste titre, ministre du Tourisme et de l’Artisanat, dans un premier temps, et ministre de l’Habitat et de l’Urbanisme par la suite. Portefeuille qu’il occupe depuis 2007. Cet homme de terrain s’est distingué dans la reconstruction de la ville de Boumerdès, durement éprouvée par le tremblement de terre en 2003. Entretien donc avec une personnalité qui reste convaincu que quand le bâtiment va tout va, et surtout qui sait de quoi elle parle…
Le plan quinquennal 2010-2014, cible la réalisation de deux millions de logements. Peut-on en savoir plus ?
Le programme inscrit au titre du plan quinquennal 2010-2014, comprenait 2 millions de logements, dont 800.000 relevant du programme précédent. Sur les 1.200.000 logements rajoutés au titre de l’actuel programme, on compte 480.000 Logements publics locatifs (LPL), 480.000 Logements publics ruraux(LPR) et 240.000 Logements promotionnels aidés (LPA) ; une formule qui est venue remplacer le LSP et la location-vente.
Suite au dernier conseil des ministres, du 2 mai 2011, le Président de la République a décidé de rajouter à ce programme 450.000 logements, dont 200.000 logements publics-locatifs et 200.000 logements publics ruraux. En plus des 50.000 qui ont été décidés lors du Conseil des ministres du 22 mai dernier, destinés exclusivement aux jeunes.
Ces derniers viennent renforcer le programme des Logements promotionnels aidés qui a démarré avec 240.000 logements auquel on rajoute les 50.000 logements pour atteindre un total de 290.000 logements.
Il faut savoir que les jeunes ont une place prépondérante dans l’octroi de ces programmes quelle que soit la formule suivie. Le décret 08-142 du 11 mai 2008 qui codifie l’attribution du logement public locatif, a déjà prévu 40 % de ces logements pour les jeunes, dont l’âge ne dépasse pas les 35 ans.
Le travail des commissions consiste à établir deux listes différentes ; la première prend en charge les jeunes de moins de 35 ans et la seconde s’intéresse à ceux qui dépassent cet âge.
Certes, tous ces chiffres devraient être rassurants, mais la réalité est tout autre. Où se situe, selon vous le blocage ?
Le chiffre de 2.450.000 logements, prouve la volonté des pouvoirs publics de mobiliser les moyens financiers pour réaliser ces programmes. L’Etat a l’intention de mettre le plus grand nombre d’Algériens dans de meilleures conditions d’habitat, par rapport à la situation actuelle.
Seulement, la prise en charge se fait d’une manière graduelle, car on ne peut pas satisfaire tout le monde en même temps. Chacun est pressé de passer parmi les premiers.
Nous disons qu’il ne s’agit pas d’un produit manufacturé. Le logement est un processus qui prend beaucoup de temps pour être réalisé.
On compte entre 24 et 30 mois pour livrer un programme de logements. Il faut s’armer de patience, car parmi les nécessiteux, il y a plus nécessiteux que ceux qui se sentent nécessiteux. Il y a des priorités qui sont départagées au niveau des critères arrêtés par le décret évoqué auparavant.
L’Etat se charge de tous les citoyens afin de les servir dans la formule qui leur convient. Mais toujours utile qu’on ne peut guère du jour au lendemain octroyer des millions de logements à tout le monde. Les pays les plus avancés mettent entre 8 et 15 ans pour construire des logements, dits sociaux. Il faut faire la chaîne et attendre son tour, parce c’est un logement qui est octroyé pour servir une famille pendant un temps déterminé. Ce logement n’est pas un don. Il est financé par le Trésor public et appartient à la collectivité nationale.
Bien sûr, il y a des dépassements… il y a des gens qui vendent les logements sous des formules biscornues (la clé, le pas de porte…). La loi et le code civil interdisent la sous-location. Quand à la vente des biens d’autrui, elle est pénalement répréhensible.
Revenons à l’AADL, il y a un chantier et une réalité. Des citoyens ont opté pour cette formule qui a suscité un grand engouement lors de son lancement. Toutefois, on relève des mouvements de protestation suite aux décisions de revoir cette formule… face à cette situation le directeur de l’AADL insiste sur la demande qui dépasse l’offre. Pouvez-vous nous en dire plus sur cette question ?
Cette formule n’a pas très bien marché. Bien au contraire, c’est trop lourd pour le Trésor public de payer des logements de standing AADL pour tout le monde. 20 % des 296 milliards de dinars relevant du programme quinquennal 2010-2014 est réservé à l’habitat. Est-ce que l’Etat peut aller au-delà ? A ce moment-là, il ne faut pas s’occuper des autres secteurs.
En 2001, lorsque l’AADL a été décidé, on a programmé 55.000 logements sur tout le territoire national touchant ainsi 24 wilayas. Alger a bénéficié de presque la moitié de ce programme à savoir 25.400 logements. Malheureusement, au lieu de s’arrêter à ce chiffre, on a continué de prendre les demandes. Nous avons 183.000 demandes éligibles, pour seulement 25.400 logements.
La commission a rejeté à l’époque 15.000 qui ne répondaient pas aux critères, par contre 25.400 ont été satisfaits et le reste (142.000) est en attente.
Est-il possible de construire 142.000 logements à Alger ?
Pour que vous soyez édifiée sur la question, je dois préciser que 142.000 logements, c’est un peu plus que le parc de la ville de Sétif, c’est juste un peu moins que le parc de la ville de Constantine qui compte 149.000 logements. Alors, on ne va pas construire Constantine à Alger pour des gens qui ont émis des vœux d’avoir des logements. Ils ont déposé des dossiers. Il n’y a rien qui les lie à l’AADL sur le plan contractuel. Exception faite pour les gens qui ont déjà payé une tranche et qui vont être servis et bénéficieront d’un logement dans ce cadre.
Nous avons essayé d’étendre cette offre car il y a 4.000 logements qui sont en cours de réalisation (2.000 à Reghaïa et 2.000 à Rouiba), en demandant aux gens concernés de s’organiser en déléguant des représentants pour discuter avec les responsables de l’AADL afin d’arrêter une liste avec des paramètres bien précis.
Nous travaillons pour satisfaire les souscripteurs et tous les autres demandeurs, sachant que 240.000 logements promotionnels aidés (LPA) seront construits dans le cadre du programme quinquennal 2010-2014.
C’est un programme nouveau de 4.000 logements qui touche les gens lésés. Malheureusement, on reçoit des groupes et chacun vient avec sa propre idée. Certains parlent d’ancienneté de demande, d’autres évoquent le nombre d’enfants… Personne ne peut s’entendre avec l’autre tout en incriminant l’administration.
C’est un ministre maîtrisant parfaitement son sujet qui a bien voulu répondre à nos questions. Et avec la franchise qu’on lui connaît et reconnaît, cet ingénieur des travaux publics, formé à bonne école puisque outre, l’arabe et le français, la langue de Goethe lui est également familière, présente donc une carte de visite plutôt étoffée. En somme, un véritable technocrate qui a gravi, à la seule force de l’intelligence, les principaux échelons hiérarchiques (il a été à maintes reprises président-directeur général d’entreprises de construction notamment), avant d’être promu, à juste titre, ministre du Tourisme et de l’Artisanat, dans un premier temps, et ministre de l’Habitat et de l’Urbanisme par la suite. Portefeuille qu’il occupe depuis 2007. Cet homme de terrain s’est distingué dans la reconstruction de la ville de Boumerdès, durement éprouvée par le tremblement de terre en 2003. Entretien donc avec une personnalité qui reste convaincu que quand le bâtiment va tout va, et surtout qui sait de quoi elle parle…
Le plan quinquennal 2010-2014, cible la réalisation de deux millions de logements. Peut-on en savoir plus ?
Le programme inscrit au titre du plan quinquennal 2010-2014, comprenait 2 millions de logements, dont 800.000 relevant du programme précédent. Sur les 1.200.000 logements rajoutés au titre de l’actuel programme, on compte 480.000 Logements publics locatifs (LPL), 480.000 Logements publics ruraux(LPR) et 240.000 Logements promotionnels aidés (LPA) ; une formule qui est venue remplacer le LSP et la location-vente.
Suite au dernier conseil des ministres, du 2 mai 2011, le Président de la République a décidé de rajouter à ce programme 450.000 logements, dont 200.000 logements publics-locatifs et 200.000 logements publics ruraux. En plus des 50.000 qui ont été décidés lors du Conseil des ministres du 22 mai dernier, destinés exclusivement aux jeunes.
Ces derniers viennent renforcer le programme des Logements promotionnels aidés qui a démarré avec 240.000 logements auquel on rajoute les 50.000 logements pour atteindre un total de 290.000 logements.
Il faut savoir que les jeunes ont une place prépondérante dans l’octroi de ces programmes quelle que soit la formule suivie. Le décret 08-142 du 11 mai 2008 qui codifie l’attribution du logement public locatif, a déjà prévu 40 % de ces logements pour les jeunes, dont l’âge ne dépasse pas les 35 ans.
Le travail des commissions consiste à établir deux listes différentes ; la première prend en charge les jeunes de moins de 35 ans et la seconde s’intéresse à ceux qui dépassent cet âge.
Certes, tous ces chiffres devraient être rassurants, mais la réalité est tout autre. Où se situe, selon vous le blocage ?
Le chiffre de 2.450.000 logements, prouve la volonté des pouvoirs publics de mobiliser les moyens financiers pour réaliser ces programmes. L’Etat a l’intention de mettre le plus grand nombre d’Algériens dans de meilleures conditions d’habitat, par rapport à la situation actuelle.
Seulement, la prise en charge se fait d’une manière graduelle, car on ne peut pas satisfaire tout le monde en même temps. Chacun est pressé de passer parmi les premiers.
Nous disons qu’il ne s’agit pas d’un produit manufacturé. Le logement est un processus qui prend beaucoup de temps pour être réalisé.
On compte entre 24 et 30 mois pour livrer un programme de logements. Il faut s’armer de patience, car parmi les nécessiteux, il y a plus nécessiteux que ceux qui se sentent nécessiteux. Il y a des priorités qui sont départagées au niveau des critères arrêtés par le décret évoqué auparavant.
L’Etat se charge de tous les citoyens afin de les servir dans la formule qui leur convient. Mais toujours utile qu’on ne peut guère du jour au lendemain octroyer des millions de logements à tout le monde. Les pays les plus avancés mettent entre 8 et 15 ans pour construire des logements, dits sociaux. Il faut faire la chaîne et attendre son tour, parce c’est un logement qui est octroyé pour servir une famille pendant un temps déterminé. Ce logement n’est pas un don. Il est financé par le Trésor public et appartient à la collectivité nationale.
Bien sûr, il y a des dépassements… il y a des gens qui vendent les logements sous des formules biscornues (la clé, le pas de porte…). La loi et le code civil interdisent la sous-location. Quand à la vente des biens d’autrui, elle est pénalement répréhensible.
Revenons à l’AADL, il y a un chantier et une réalité. Des citoyens ont opté pour cette formule qui a suscité un grand engouement lors de son lancement. Toutefois, on relève des mouvements de protestation suite aux décisions de revoir cette formule… face à cette situation le directeur de l’AADL insiste sur la demande qui dépasse l’offre. Pouvez-vous nous en dire plus sur cette question ?
Cette formule n’a pas très bien marché. Bien au contraire, c’est trop lourd pour le Trésor public de payer des logements de standing AADL pour tout le monde. 20 % des 296 milliards de dinars relevant du programme quinquennal 2010-2014 est réservé à l’habitat. Est-ce que l’Etat peut aller au-delà ? A ce moment-là, il ne faut pas s’occuper des autres secteurs.
En 2001, lorsque l’AADL a été décidé, on a programmé 55.000 logements sur tout le territoire national touchant ainsi 24 wilayas. Alger a bénéficié de presque la moitié de ce programme à savoir 25.400 logements. Malheureusement, au lieu de s’arrêter à ce chiffre, on a continué de prendre les demandes. Nous avons 183.000 demandes éligibles, pour seulement 25.400 logements.
La commission a rejeté à l’époque 15.000 qui ne répondaient pas aux critères, par contre 25.400 ont été satisfaits et le reste (142.000) est en attente.
Est-il possible de construire 142.000 logements à Alger ?
Pour que vous soyez édifiée sur la question, je dois préciser que 142.000 logements, c’est un peu plus que le parc de la ville de Sétif, c’est juste un peu moins que le parc de la ville de Constantine qui compte 149.000 logements. Alors, on ne va pas construire Constantine à Alger pour des gens qui ont émis des vœux d’avoir des logements. Ils ont déposé des dossiers. Il n’y a rien qui les lie à l’AADL sur le plan contractuel. Exception faite pour les gens qui ont déjà payé une tranche et qui vont être servis et bénéficieront d’un logement dans ce cadre.
Nous avons essayé d’étendre cette offre car il y a 4.000 logements qui sont en cours de réalisation (2.000 à Reghaïa et 2.000 à Rouiba), en demandant aux gens concernés de s’organiser en déléguant des représentants pour discuter avec les responsables de l’AADL afin d’arrêter une liste avec des paramètres bien précis.
Nous travaillons pour satisfaire les souscripteurs et tous les autres demandeurs, sachant que 240.000 logements promotionnels aidés (LPA) seront construits dans le cadre du programme quinquennal 2010-2014.
C’est un programme nouveau de 4.000 logements qui touche les gens lésés. Malheureusement, on reçoit des groupes et chacun vient avec sa propre idée. Certains parlent d’ancienneté de demande, d’autres évoquent le nombre d’enfants… Personne ne peut s’entendre avec l’autre tout en incriminant l’administration.
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