Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Evo Morales ou le discours pour l’humanité

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Evo Morales ou le discours pour l’humanité




    Le discours qui suit est le message qu'a adressé le président bolivien Evo Morales lors de la Journée Continentale de Solidarité avec la Bolivie lors du IIIème Forum Social des Amériques tenu dans la ville de Guatemala le 9 octobre 2008. Ce discours a son importance : Evo Morales rappelle avec insistance le référendum révocatoire du 10 août et le mandat reçu par « peuples boliviens pour consolider ce processus de changement, pour continuer à avancer dans la récupération de nos ressources naturelles, à assurer le Bien Vivre pour toutes les Boliviennes et Boliviens, et à unir les différents secteurs de la campagne et de la ville, de l'est et de l'ouest. » Ce référendum gagné, il le dédie à tous « les révolutionnaires d'Amérique Latine et du monde. » Evo Morales situe son combat pour le socialisme - en tant que personne issue de la majorité indienne andine : il est indien ayamara. Il est la traduction de ces mouvements indigènes et sociaux qui se sont levés contre la politique de main mise concentrée entre des familles et des groupes d'intérêts financiers sur un certain nombre de richesses naturelles (la Bolivie est riche en or, en argent, en étain, et en gaz naturel).

    Evo Morales, en tant que responsable de l'Instrument Politique pour la Souveraineté des Peuples (I.P.S.P), puis du Mouvement vers le socialisme (M.A.S.) défend le principe de la répartition équitable des richesses. Pour le pouvoir oligarchique blanc, son accession au pouvoir est un cauchemar. Leurs intérêts sont en danger. Récemment des affrontements régionaux ont montré - sous tendus par des schémas séparatistes financiers - la volonté de cette oligarchie à préserver coûte que coûte son système économique de dilapidation. Si Evo Morales a su privilégier le dialogue à l'usage premier de la force, il n'en demeure pas moins ferme sur ses objectifs originels : restituer aux peuples indiens la dignité et la maîtrise de leur terre - mère, la « Pachamama ». Evo Morales résumait ainsi sa victoire aux élections présidentielles : « Pour la première fois, nous sommes présidents Ayamaras, Chiquitanos, Guaranis..., nous avons enfin gagné. »

    Ulivieru Sauli




    Discours de E. Morales 9 octobre 2008


    Soeurs et frères,

    Je salue, au nom du peuple de la Bolivie, les mouvements sociaux du continent présents à cette Journée Continentale de Solidarité avec la Bolivie. Nous venons de subir la violence de l'oligarchie, qui a eu son expression la plus brutale dans le massacre de Pando, fait qui nous enseigne que détenir le pouvoir sur base de l'argent et des armes pour opprimer le peuple n'est pas soutenable.

    Il s'effondre facilement, s'il n'est pas basé sur la conscience du peuple et un programme. Nous voyons que la refondation de la Bolivie affecte les intérêts mesquins de quelques familles de grands propriétaires fonciers, qui rejettent en tant qu'agression les mesures en faveur du peuple telles qu'une distribution plus équilibrée des ressources de gaz pour nos grandspères et grands-mères, ou que la distribution de terres, les campagnes de santé et d'alphabétisation - entre autres. Pour protéger leur pouvoir, leurs privilèges et fuir le processus de changement, les oligarchies grands propriétaires de ce qu'on appelle la Demi-Lune se réfugient dans les autonomies départementales et la division de l'unité nationale, se prêtant aux intérêts nord-américains voulant mettre un terme à la refondación de la Bolivie. Nous venons cependant de recevoir, par le référendum révocatoire du 10 août, mandat de deux tiers des peuples boliviens pour consolider ce processus de changement, pour continuer à avancer dans la récupération de nos ressources naturelles, à assurer le Bien Vivre pour toutes les Boliviennes et Boliviens, et à unir les différents secteurs de la campagne et de la ville, de l'est et de l'ouest. Soeurs et frères, ce qui est passé dans le référendum révocatoire en Bolivie est quelque chose d'important, non seulement pour les Boliviens mais aussi pour tous les latino-américains.

    Nous le dédions, en revendiquant la lutte de tous les processus de changement, à tous les révolutionnaires d'Amérique Latine et du monde. Je suis venu exprimer la façon de récupérer l'expérience de nos peuples, appelée le Bien Vivre, récupérer notre vision sur la Mère Terre, qui pour nous est vie, parce qu'il n'est pas possible qu'un modèle capitaliste transforme la Terre Mère en marchandise. Nous voyons de plus en plus des coïncidences profondes entre le mouvement indigène et les organisations de mouvements sociaux qui parient aussi sur le Bien Vivre. Nous les saluons pour que nous puissions, de manière conjointe, chercher un certain équilibre dans le monde. Et dans ce cadre, je veux partager et proposer à débat quelque 10 commandements pour sauver la planète, l'humanité et la vie, non seulement à ce niveau-ci mais aussi avec nos communautés, avec nos organisations.

    - Premièrement, si nous voulons sauver la planète Terre et sauver la vie et l'humanité, nous sommes dans l'obligation de mettre un terme au système capitaliste. Les effets graves du changement climatique, des crises énergétiques, alimentaires et financières, ne sont pas le produit des êtres humains en général, mais du système capitaliste en vigueur, inhumain avec son développement industriel illimité.

    - Deuxièmement : renoncer à la guerre, parce que les peuples ne gagnent rien avec les guerres, seuls les empires gagnent. Ne gagnent pas les nations mais les transnationales. Les guerres profitent à de petites familles et non aux peuples. Les milliards de milliards de millions destinés à la guerre doivent plutôt l'être pour réparer et soigner la Terre Mère qui est blessée par le changement climatique.

    - Troisième proposition pour le débat : un monde sans impérialisme ni colonialisme, où les relations doivent être orientées dans le cadre de la complémentarité et prendre en compte les asymétries profondes qui existent d'une famille à l'autre, d'un pays à l'autre, et d'un continent à l'autre.

    - Le quatrième point est orienté sur le thème de l'eau, qui doit être garantie comme droit humain et protégée de la privatisation en peu de mains. Car l'eau est vie.

    - Comme cinquième point, je veux vous dire que nous devons chercher la manière de mettre un terme au gaspillage d'énergie. Nous sommes en train d'épuiser, depuis 100 ans, l'énergie fossile créée durant des millions d'années. Comme certains présidents qui réservent des terres pour des automobiles de luxe et non pour l'être humain, nous devons mettre en oeuvre des politiques pour freiner les agrocarburants et, de cette manière, éviter la faim et la misère pour nos peuples.

    - Le sixième point est celui de la Terre Mère. Le système capitaliste ramène la Mère Terre à une matière première. Or la terre ne peut être comprise comme une marchandise : qui pourrait privatiser ou louer sa mère ? Je propose que nous organisions un mouvement international de défense de la Mère Nature, pour récupérer la santé de la Terre Mère et reconstituer avec elle une vie harmonieuse et responsable.

    - Le septième point du débat est constitué par le thème central des services de base, c'est-à-dire l'eau, la lumière, l'éducation, la santé qui doivent être pris en considération comme un droit humain.

    - Comme huitième point : consommer ce qui est nécessaire, donner la priorité à ce que nous produisons et consommons localement, mettre un terme à la consommation, au gaspillage et au luxe. Nous devons donner la priorité à la production locale pour la consommation locale, en stimulant l'autosuffisance et la souveraineté des communautés dans les limites permises par la santé et les ressources limitées de la planète.

    - L'avant-dernier point est la promotion de la diversité culturelle et économique. Vivre unis en respectant nos différences, non seulement physionomiques mais aussi économiques - des économies maniées par les communautés et associations.

    - Soeurs et frères, comme dixième point, nous proposons le Bien Vivre -ne pas vivre mieux au détriment de l'autre-, un Bien Vivre basé sur l'expérience de nos peuples, sur les richesses de nos communautés, terres fertiles, eau et air propres. On parle beaucoup du socialisme, mais il faut améliorer ce socialisme du XXIe siècle en construisant un socialisme communautaire ou, simplement, le Vivre Bien, en harmonie avec la Terre Mère, en respectant les modèles d'expérience de la communauté.

    Je suis finalement persuadé que vous assurez, soeurs et frères, le suivi des problèmes existants. J'en conclus qu'il y aura toujours des problèmes, mais je veux vous confirmer que je suis très heureux -et non déçu ni préoccupé par le fait que ces groupes qui ont asservi nos familles de façon permanente, pendant la colonie, la république et à l'époque du néolibéralisme, continuent, regroupés dans quelques familles, à me résister. Il est de notre devoir de faire face à ces groupes qui vivent dans le luxe et ne veulent pas perdre celui-ci ni perdre leurs terres. C'est une lutte historique, qui doit continuer.

    Je vous réitère, soeurs et frères, mon salut fraternel, en espérant que cette Journée Continentale du 3ème Forum Social des Amériques culmine par de forts liens d'unité entre vous tous et avec un ferme Plan d'Action en faveur du peuple de la Bolivie, en faveur de tous nos peuples.

    Evo Morales Ayma
    Dernière modification par Gandhi, 08 juin 2011, 22h24.
    Rebbi yerrahmek ya djamel.
    "Tu es, donc je suis"
    Satish Kumar; "Tout est lié, c'est le don qui est le lien naturel entre tout".

  • #2
    Paroles d’Evo Morales Ayma, Président constitutionnel de l’État Plurinational de Bolivie, à Leganés

    Honorable Maire Rafaël Gómez de la ville de Leganés, autorités de la commune, autorités du Gouvernement espagnol, chère Ambassadrice de Bolivie en Espagne, salutations à tous nos frères boliviens. Merci beaucoup pour votre présence et pour me recevoir sur cette terre de Leganés, d’Espagne. Je suis surpris par la présence de milliers et de milliers de Boliviens, Équatoriens, Uruguayens, Vénézuéliens, Colombiens, de frères péruviens, de frères cubains, tant de Latino-Américains réunis ce soir. Je vous remercie beaucoup pour votre grande mobilisation, cette grande intégration en Europe de tous les Latino-Américains. Mais je veux aussi exprimer notre respect au peuple espagnol. Un tout grand merci pour votre présence et pour avoir organisé cette grande rencontre de peuples du monde.

    Je suis surpris, à l’écoute de l’intervention de plusieurs sœurs et frères d’Espagne, par leur connaissance des processus de libération en Bolivie et en Amérique Latine, surpris par leur connaissance des transformations profondes en matière sociale, économique et politique. Certainement que beaucoup d’entre vous qui êtes ici savent comment nous nous sommes organisés, d’abord syndicalement, socialement, communautairement pour changer la Bolivie et, évidemment, pour changer l’Amérique Latine. Si nous parlons de changement, un des changements était justement la libération des peuples en Amérique Latine.

    En Bolivie, ensemble avec la Centrale Ouvrière Bolivienne et les différents mouvements sociaux, [ce fut] une lutte permanente contre des modèles économiques qui faisaient un mal fou aux Boliviens. Si nous nous rappelons de la situation des politiques mises en œuvre pendant la république, avant la république, les peuples indigènes originaires, quechua, aymaras, guaranis, [c’est] une lutte permanente contre le pillage de nos ressources naturelles, une lutte permanente pour l’égalité en ces temps entre indigènes, métis et créoles, pour un nouveau mode de vie, d’égalité dans la dignité, mais aussi une lutte permanente pour le respect de nos droits, le droit surtout des peuples indigènes, le secteur le plus vilipendé de l’histoire bolivienne et de l’histoire d’Amérique Latine. Une résistance dure, une rébellion face à un État colonial, une rébellion des peuples contre le pillage de nos ressources naturelles, une rébellion permanente contre les formes de soumission. Et ces luttes -je veux vous le dire, sœurs et des frères de Bolivie- n’ont pas été en vaines. D’une lutte syndicale, d’une lutte sociale, d’une lutte communale, nous sommes passés à une lutte électorale.

    Je me souviens parfaitement quand je suis arrivé en 1980 au Chapare (2), quand il y avait des négociations avec des gouvernements et que les dirigeants syndicaux, d’ex-dirigeants syndicaux émettaient des propositions de changements structurels. La réponse des gouvernements néolibéraux était que nous autres paysans, indigènes, n’avions pas le droit de faire de la politique, et nos propositions de modifications à l’ordre du jour ou au calendrier des négociations étaient controversées parce qu’elles étaient de caractère politique. Je me souviens qu’on nous disait -j’étais le délégué de base- qu’ils nous disaient : ce sont des propositions politiques et on ne s’occupe pas de ça, la politique du mouvement paysan indigène dans la zone tropicale de Cochabamba c’est la hache et la machette, c’est-à-dire le travail, et nous n’avions pas le droit de faire de la politique. Sur les hauts plateaux, c’était la pelle et la pioche, la pelle pour le travail, le pilori pour le travail aussi. Et peu à peu ce mouvement social va rompre la peur de la politique. Quelques-uns avaient le droit de faire de la politique et nous les majorités ouvrières et originaires n’avions pas le droit de faire de la politique. Quand quelque ouvrier, mineur, dans les décennies 60, 70, 80, faisait de la politique, il était accusé de communiste -nous saluons le Parti Communiste Espagnol, le Parti Socialiste, nous saluons les humanistes ici présents, merci beaucoup de m’avoir enseigné à défendre la vie, nous avons eu tant de rencontres- mais je veux que vous sachiez, sœurs et frères d’Amérique Latine, d’Europe, mouvements sociaux de ce continent, [que] nos dirigeants syndicaux, dans ces décennies 60, 70, étaient accusés de communistes et poursuivis. [On fomentait] des coups d’État, des putschs militaires pour terminer avec les dirigeants syndicaux du secteur minier. Par conséquent, la doctrine de l’impérialisme américain était de les accuser de communistes et, pour cette raison, des mineurs étaient massacrés dans des centres miniers et beaucoup de frères dirigeants miniers ont échappé en s’exilant, en Europe parfois. Je veux exprimer mon profond respect et mon admiration pour l’accueil reçu par beaucoup de frères miniers et paysans en fuite en Europe pour pouvoir survivre. Les gouvernements humanistes, communistes, socialistes leur ont sûrement accordé l’asile politique.

    Est venue ensuite l’autre doctrine, qui était la lutte contre le trafic de drogues. Je me rappelle parfaitement que, dans les décennies 80 et 90, les dirigeants syndicaux étaient des narcotrafiquants, autre persécution de l’Empire et [que], à partir du 11 septembre 2001, les dirigeants syndicaux [étaient] accusés de terroristes. Quelques frères doivent sûrement se souvenir qu’on appelait Evo Morales le Ben Laden andin, les producteurs de coca les talibans, et avec ce prétexte, [est venue] la doctrine politique de coca zéro, comme moyen d’expulser le mouvement paysan de la zone productrice de coca. Tout ça pour dire -je veux qu’on me comprenne-, que nous avons supporté des interventions permanentes, parfois de caractère même militaire pour attaquer cette rébellion de nos peuples en Amérique Latine. Ces luttes, qu’elles soient ouvrières ou indigènes, ces luttes de métis, ces luttes d’intellectuels comme Marcelo Quiroga Santa Cruz, ces luttes de pères révolutionnaires comme Luis Espinal, un Espagnol qui a donné sa vie par les pauvres de Bolivie et, comme Luis Espinal, ces luttes de militaires patriotes comme Germán Busch, comme le Lieutenant-colonel Gualberto Villarroel - je vous le dis, sœurs et frères- n’ont pas été vaines. Une lutte évidemment pacifique, démocratique, pour arriver au gouvernement, au Palacio Quemado 3 , pour changer, de là, les politiques économiques, les politiques sociales.

    Et avec un résultat ! Je voudrais que vous écoutiez, sœurs et frères boliviens : depuis l’année 1940, la Bolivie n’avait jamais d’excédent fiscal, et ce jusqu’en 2005 -avant que je sois président. Après que nous ayons nationalisé en 2006 et récupéré les hydrocarbures, [il y a eu] en Bolivie en 2006, la première année de notre gouvernement, un excédent fiscal. On a fini avec cet État mendiant qui empruntait même de l’argent pour payer les étrennes en Bolivie. L’année 2005, les réserves internationales de la Bolivie étaient de 1.700 millions de dollars. Nous sommes allés avant-hier à la Banque Centrale de la Bolivie signer un prêt interne, et le président de la Banque Centrale de la Bolivie m’a informé que nous avons maintenant 8.500 millions de réserves internationales. De 1.700 à 8.500 millions de dollars de réserves internationales ! Imaginez, sœurs et frères, combien d’argent s’en est allé pendant les vingt années de gouvernement néolibéral, et où il est allé, sûrement dans la poche d’économistes, d’experts financiers en Europe, en Espagne et en Amérique Latine. Je voudrais que vous m’aidiez à enquêter sur le pillage de nos ressources naturelles. Combien d’argent ont perdu la Bolivie ou l’Amérique Latine, durant les dernières années combien argent avons-nous perdu, au détriment d’un nombre d’avantages sociaux ? Même si ce n’est pas beaucoup, ce serait un soulagement pour beaucoup de familles boliviennes. Maintenant nous avons des réserves, maintenant nous avons un excédent.
    Rebbi yerrahmek ya djamel.
    "Tu es, donc je suis"
    Satish Kumar; "Tout est lié, c'est le don qui est le lien naturel entre tout".

    Commentaire


    • #3
      suite ...

      On nous a dit, depuis l’année passée, qu’il y avait une crise économique du capitalisme, une crise financière. On nous a effrayés, on nous a induit la peur pour voir comment nous allions y faire face. J’ai vraiment pensé, sœurs et frères, que cette crise allait fort nous affecter. J’ai pensé qu’il n’y aurait pas d’excédent commercial. Je voudrais vous dire, sœurs et frères boliviens, qu’au 30 juillet de cette année la balance commerciale [était] positive de trois cent millions de dollars ! Il n’y avait jamais de balance commerciale positive en Bolivie ! Et c’est pourquoi, sœurs et frères, je suis acquis aux changements structurels en démocratie et, quand il y a un certain secteur qui s’oppose, [je suis d’avis qu’]il vaut mieux les soumettre au peuple bolivien par le referendum. Maintenant les Boliviens et Boliviennes ont non seulement le droit d’élire leurs autorités nationales ou départementales, ainsi que leurs autorités municipales. Maintenant le peuple bolivien a le droit de décider par tout referendum des politiques économiques pour le peuple bolivien. Ce sont des referendums qu’il n’y avait jamais avant. Mais aussi, grâce à la nouvelle Constitution politique de l’État bolivien, les Boliviens et Boliviennes non seulement ont le droit d’élire leurs autorités nationales, départementales, municipales ou parlementaires. Maintenant avec le vote du même peuple, ils ont le droit de révoquer tout président, vice-président, parlementaire, préfet ou maire qui agit mal en son domaine, ils ont le droit de les révoquer par le vote. C’est une démocratie profonde qui non seulement est représentative, mais aussi participative -là où se prennent les décisions avec le vote en conscience du peuple bolivien. Mais je voudrais vous dire, sœurs et frères, qu’il est aussi possible de changer en Bolivie les normes, les procédures pour administrer un État. Pour la première fois en 183 années de vie républicaine, le peuple bolivien approuve une nouvelle Constitution. Il n’y a jamais eu cela auparavant. Seuls la classe politique, les partis ou finalement le parti qui avait la représentation parlementaire avaient le droit de réformer la Constitution. Maintenant, le peuple approuve avec son vote une nouvelle Constitution de l’État bolivien. C’est-à-dire que nous avons même changé des constitutions.

      Je voudrais vous dire, sœurs et frères, nous avons une grande faiblesse, qui est le changement de la mentalité des fonctionnaires publics. Quelques-uns ne comprennent pas encore ce qu’est être fonctionnaire public. Je l’ai déjà dit, je n’ai pas besoin de simples fonctionnaires publics, j’ai besoin de révolutionnaires au service du peuple bolivien. On a du mal à trouver des personnes qui sont au service du peuple. Il y a une mentalité, une mentalité coloniale –dirais-je-, un héritage paternaliste, du patron, du pillard, de l’exploitant, cette mentalité ne peut être changée facilement, elle est une des faiblesses présentes encore en Bolivie. Nous commençons toutefois à changer, malgré ces faiblesses. Ce n’est pas suffisant, la participation des mouvements sociaux dans ces transformations profondes sera sûrement encore importante. Il y a un moment, notre Ministre des Affaires Étrangères me disait : « En Bolivie il y a beaucoup de mobilisation, élections après élections, des campagnes pour des referendums, parfois révocatoires, parfois pour approuver la nouvelle Constitution ». Je lui ai répondu qu’auparavant c’était putsch après putsch, que maintenant c’étaient élections après élections. Je suis très content, même s’il y a chaque année des élections et des referendums -mais pas de coups d’État.

      Mais je voudrais vous dire aussi que, dans notre nouvelle Constitution politique de l’État bolivien approuvé par le peuple bolivien, il ne sera pas permis, il n’est autorisé aucune base militaire étrangère, encore moins des Etats-Unis. Et je voudrais que les frères d’Europe, d’Espagne me comprennent. En Amérique Latine, là où il y a une base militaire des Etats-Unis, il y a des putschs militaires ; la paix n’est pas garantie, la démocratie n’est pas garantie. Et je parle d’expérience, puisque j’ai été continuellement victime, dans la décennie 90 -de mi-80 à mi-2000-, de la présence de militaires étrangers en armes, spécialement des Etats-Unis. C’est heureusement terminé, grâce à la conscience du peuple bolivien. Je dois demander aux mouvements sociaux d’Europe et du monde : aidez-nous à mettre un terme aux bases militaires en Amérique Latine ! Tout pour la vie, tout pour la démocratie, et tout pour une paix et une justice sociale !

      [Applaudissements nombreux] Merci beaucoup, sœurs et frères, je crois que vous m’aimez plus en Espagne qu’en Bolivie, merci beaucoup. Je suis sûr, sœurs et frères, que le processus de libération, le processus de transformation profonde, non seulement en Bolivie mais en Amérique Latine, est engagé dans une voie à sens unique. Les processus de transformation de la démocratie ne peuvent être arrêtés en Bolivie. Pourquoi dis-je ceci ? Vous les frères qui vivez ici, vous devez être informés : plusieurs fois des groupes néolibéraux de la droite fasciste, raciste, ont essayé de me sortir du gouvernement -et je m’en souviens parfaitement. La première année de mon gouvernement, qu’ont-ils dit ? « Pauvre petit indien, il restera trois, quatre, cinq, six mois, il ne va pas pouvoir gouverner, et après il va s’en aller, ils vont le sortir ». C’était en 2006. Arrive 2007, qu’ont dit ces groupes ? « Je crois que cet Indien va rester longtemps, il faut faire quelque chose ». 2008, en 2008 ils ont fait quelque chose. Et qu’est-ce que c’était ? D’abord essayer de me sortir par le vote révocatoire du peuple bolivien. J’ai accepté : allons au révocatoire ! Vous savez que nous avons gagné les élections avec 54 %. Dans ce vote révocatoire, le peuple bolivien nous a ratifiés avec 67 %. Comme ils ont raté leur coup par le vote révocatoire, qu’ils n’ont pas réussi à me faire révoquer avec la conscience du peuple, ils ont tenté l’année passée un coup d’État civil -pas militaire. Et ici je voudrais remercier les pays d’Europe, des défenseurs de la démocratie, UNASUR, les Nations Unies pour leur défense de la démocratie. Ils ont raté leur coup d’État civil préfectoral. Et voilà le grand triomphe du peuple bolivien dans le domaine politique et constitutionnel ! Et cette année, grâce à la force et à la conscience du peuple, nous avons approuvé la nouvelle Constitution. Nous avons maintenant l’obligation d’appliquer et de mettre en œuvre cette nouvelle Constitution politique de l’État bolivien, dont quelques pays européens me disent honnêtement qu’elle est plus avancée, dans le domaine social, au niveau des droits sociaux, que dans n’importe quel pays d’Europe.

      Y de quels droits parlons-nous ? Nous parlons non seulement des droits individuels, nous parlons non seulement des droits politiques : dans cette nouvelle Constitution Politique de l’État bolivien, on respecte autant les droits collectifs que privés. Par exemple, tous les services de base constituent des droits de l’homme ; s’il s’agit d’un droit de l’homme, il ne peut être de négoce privé -mais de service public.

      Sœurs et frères, je peux vous en raconter pas mal de cette nouvelle Constitution de l’État bolivien, mais je suis aussi sûr qu’il y a quelques requêtes que nous n’avons encore pu résoudre -spécialement du service extérieur. Je n’ai trouvé l’État bolivien -maintenant reconnu mondialement comme l’État plurinational, où existe une diversité d’êtres humains qui habitent sur cette terre de patrie qu’est la Bolivie-, je ne l’ai trouvé par exemple que deux [fois] en Espagne -à Madrid et Barcelone. Nous créons maintenant un autre consulat à Murcie -je sais, ce n’est pas suffisant. Nous sommes en train de discuter pour étendre les consulats dans quatre ou cinq villes espagnoles -inclus les Iles Canaries, Tenerife ou même Majorque et Menorca que j’ai déjà pu visiter, sœurs et frères-, pour nous occuper d’un problème nôtre, celui des migrations et des papiers y relatifs. Mais je voudrais aussi vous parler, sœurs et frères, au nom de l’Ambassade en Espagne -où tous les consulats donnent des informations grâce à la compréhension du gouvernement espagnol- de quelques thèmes importants. Le sujet par exemple des permis de conduire est très avancé, de même que celui d’une convention de vote réciproque -c’est-à-dire les résidents boliviens en Espagne auront le droit de voter aux élections municipales. Nous espérons concrétiser cela, ce vote en Espagne, lors de cette visite.
      Dernière modification par Gandhi, 08 juin 2011, 21h59.
      Rebbi yerrahmek ya djamel.
      "Tu es, donc je suis"
      Satish Kumar; "Tout est lié, c'est le don qui est le lien naturel entre tout".

      Commentaire


      • #4
        suite et fin

        Le thème du vote à l’étranger a été une préoccupation permanente. Je veux que vous sachiez, sœurs et frères, qu’en 2006 nous avons envoyé, depuis le palais, un projet de loi au Congrès National. La Chambre des Députés a heureusement approuvé sans aucune limitation le vote à l’étranger. Mais de 2006 à 2009 il n’a pas été approuvé au Sénat, et vous savez d’ailleurs pourquoi ils ne l’ont pas approuvé au Sénat : les sénateurs néolibéraux ont très peur des frères qui ont abandonné la Bolivie à la recherche de meilleures conditions de vie. On l’a enfin approuvé pour la première fois -mais pas autant que je l’aurais voulu-, sous la forte pression en Bolivie et en Argentine. Je sais qu’ici aussi on s’est mobilisé pour faire pression sur le Congrès national en vue de l’approbation d’une loi sur le vote extérieur. Il a été approuvé jusqu’à une certaine limite, mais c’est clair, sœurs et frères, [viendra] un moment où des congressistes partageront les sentiments de beaucoup de frères vivant à l’étranger. Nous ferons alors en sorte que le vote à l’étranger ne soit pas limité. Je ne suis pas d’accord de limiter, c’est une forme d’atteinte aux droits de l’homme, le droit des citoyens boliviens vivant à l’étranger. Mais nous commencerons cette année, cette année avec le vote extérieur -bien que limité.

        Sœurs et frères, il y a un moment je parlais du thème de la migration. Je voudrais dire aux pays d’Europe et du monde, spécialement d’Europe, aux gouvernements, que ce sera aussi un débat. Par le passé des Européens, des Espagnols sont arrivés en Bolivie, et nos grands-pères n’ont jamais dit qu’ils étaient illégaux. Maintenant que les Latino-Américains viennent en Europe, ils ne peuvent pas être déclarés illégaux, parce que tous, nous avons tous le droit d’habiter dans n’importe quelle partie du monde -nous avons tous le droit d’habiter dans n’importe quelle partie du monde- en respectant les lois de chaque pays. Mais nous déclarer illégaux est une grande erreur, c’est là où je diverge des Nations Unies. Heureusement beaucoup de pays se joignent à nos propositions. Nous espérons que les Nations Unies établiront bientôt des normes permettant à ces soi-disant immigrants d’être reconnus comme personnes légales -je répète, en respectant la législation de chaque pays -, qu’ils investissent ou qu’ils viennent chercher des meilleures conditions de vie. Soyez-en sûrs, sœurs et frères, ce sera une autre bataille, une autre bataille pour nos sœurs et frères -que ce soient des Européens en Bolivie ou en Amérique latine, ou d’autres Latino-Américains en Europe. Ils doivent être déclarés comme des personnes légales qui vivent de leur travail, qui, par leurs efforts, vivent pour améliorer leur situation économique et sociale.

        Il y a un autre sujet central, sœurs et frères : le sujet de l’environnement. Il y a sûrement beaucoup de paceños 4 ici. Imaginez-vous : le Chacaltaya 5 , notre Chacaltaya n’a plus de neige ! A Potosí, le Chorolque6 n’a plus de neige -il y a sûrement quelques potosinos ici. Chaque jour qui passe voit se réduire le poncho blanc de ces montagnes des hauts plateaux boliviens et du haut-plateau paceño. Nous devons en établir la responsabilité : [ce sont] les modèles de développement capitaliste, l’industrialisation exagérée et illimitée de quelques pays occidentaux. Ce problème affecte toutefois [toute] l’humanité. C’est pourquoi je voudrais vous dire que je suis arrivé à la conclusion, à la conclusion suivante : à l’heure actuelle, dans ce nouveau millénaire, il est plus important de défendre le droit de la Terre Mère que le droit de l’être humain. Si nous ne défendons pas le droit de la Terre Mère, il ne servira à rien de défendre seulement le droit humain. Je voudrais dire aux frères humanistes, au grand nombre de mouvements sociaux, aux groupements, intellectuels et personnalités qui se consacrent à la défense de l’environnement, et donc de la Terre Mère, je voudrais vous dire : unissons-nous, rejoignez-nous, aidez-nous, présidents et gouvernements qui défendons le droit de la Terre Mère. Défendons tous l’environnement, par conséquent le droit à la terre, défendons la planète terre pour sauver l’humanité. Si nous ne nous unissons pas, si nous ne nous engageons pas dans une direction, si nous ne travaillons pas ensemble, quelle sera la situation de tout être humain d’ici 20, 30, 50 ans ? Je veux dire, qu’il s’agisse d’un indigène, d’un ouvrier, d’un chef d’entreprise ou d’un dirigeant de transnationale : leur vie n’est pas sûre ! La seule façon de garantir, de garantir notre vie d’êtres humains qui vivons sur cette planète terre est de défendre la Terre Mère.

        Il est temps d’assumer cette énorme responsabilité, et tous nous avons cette obligation noble et sacrée de défendre l’environnement. J’appelle les pays qualifiés d’industrialisés à commencer à penser sérieusement à l’annulation de la dette climatique, une dette historique qui aura fait beaucoup de tort à l’environnement. Je pressens que nous devrons assumer, en ce millénaire, cette responsabilité pour défendre l’humanité.

        Sœurs et frères, je sais que vous venez de beaucoup de secteurs, par différents chemins. Salutations aux frères qui viennent nous voir de différentes villes, qui viennent nous saluer, qui viennent tous applaudir, aux frères des îles, aux compagnons latino-américains qui viennent partager ce moment, et aux organisateurs. Je remercie le maire de Leganés pour nous avoir permis ce rassemblement. En ce qui me concerne, je voudrais vous dire, frères, un grand merci à tous. A bientôt ! Nous continuerons à travailler pour l’égalité, pour la dignité et le bien des Boliviens et de tous les Latino-Américains, pour leur libération qui se prépare depuis l’Amérique du Sud. Un grand merci !
        Dernière modification par Gandhi, 08 juin 2011, 21h59.
        Rebbi yerrahmek ya djamel.
        "Tu es, donc je suis"
        Satish Kumar; "Tout est lié, c'est le don qui est le lien naturel entre tout".

        Commentaire


        • #5
          DISCOURS DE EVO MORALES (61ème assemblée générale de l'ONU)

          Merci Madame la Présidente,
          Sœurs Présidentes, Frères Présidents,
          Déléguées et délégués de la 61ème Assemblée Générale des Nations-Unies,

          C"est une énorme satisfaction d'être présent ici, représentant mon peuple, ma patrie, la Bolivie, et en particulier le mouvement indigène.

          Je veux vous dire qu'après plus de 500 ans de mépris, où l'on nous a regardés de haut, à une époque où nous étions considérés comme des sauvages, des animaux, condamnés à l'extermination dans certaines régions, grâce à cette prise de conscience et à la lutte pour les droits des peuples, je suis venu ici pour obtenir réparation des dommages historiques, pour réparer 500 années de dommages.

          Pendant la république, nous avons été pareillement discriminés, marginalisés, ils n'ont jamais pris en compte cette lutte des peuples pour la vie, pour l'humanité. Durant les 20 dernières années, avec leur application d'un modèle économique - le néolibéralisme - qui a continué le pillage de nos ressources naturelles, la privatisation de nos services essentiels.

          Nous sommes convaincus que la privatisation des services essentiels est la meilleure façon de violer les droits de l'homme. Et ces petites considérations m'obligent à dire la vérité ici sur les conditions de vie de ces familles. Je viens exprimer ce sentiment d'humanité des peuples, de mon peuple. Je viens exprimer la souffrance, le résultat de la marginalisation, de l'exclusion, je viens pour exprimer par-dessus tout, ce sentiment anti-colonial des peuples qui luttent pour la vérité et pour la justice.

          Je veux dire à tous les délégués, Madame la Présidente, que dans mon pays nous avons commencé des transformations démocratiques profondes et pacifiques. Nous réfléchissons à la manière de refonder la Bolivie, refonder la Bolivie pour unir les Boliviens, refonder tous les secteurs du pays - et pas de nous venger de quiconque, malgré le fait que nous ayons été opprimés par la discrimination - refonder la Bolivie, et en particulier, pour mettre fin au dédain et à la haine contre les peuples.

          Je dis cela parce que ma mère me disait que lorsqu'elle se rendait en ville, elle n'avait pas le droit de marcher sur les places principales de mon pays. Elle n'avait pas le droit de marcher sur les trottoirs.

          Il y a 30 ou 40 ans, nous avons décidé de passer à la lutte sociale, syndicale et communale et, enfin, à une lutte électorale afin d'être nous-mêmes les acteurs pour résoudre les problèmes sociaux, les problèmes économiques, les problèmes structurels, et nous nous battons pour cette Assemblée Constituante de re-fondation. Et je voudrais que les Nations-Unies participent à ce processus de changement pacifique et démocratique, qui est ce que nous pouvons faire de mieux pour ces familles abandonnées et marginalisées.

          Certainement, de nombreux pays ont les mêmes problèmes que le mien. Un pays, une nation avec tant de richesses, mais aussi avec tant de pauvreté, où les ressources naturelles ont été historiquement volées, pillées, bradées par le gouvernement néolibéral, données aux multinationales.

          À présent, à la tête de cette lutte des peuples pour le pouvoir et la terre, le temps est venu de récupérer, récupérer ces ressources naturelles pour l'Etat bolivien sous le contrôle des peuples.

          Et lorsque nous parlons de récupérer nos ressources naturelles, ils disent, grâce à une sale campagne d'accusations, que le gouvernement d'Evo Morales ne respectera pas la propriété privée. Je veux vous le dire : dans mon gouvernement, la propriété privée sera respectée.

          Il est vrai que nous avons besoin d'investissements. Nous avons besoin de partenaires, pas de patrons, pas de gens qui possèdent nos ressources naturelles. Nous comprenons parfaitement qu'un pays sous-développé a besoin d'investissements. Et je veux dire, pour clarifier devant vous tous certaines inquiétudes, certaines accusations mensongères : Si l'Etat bolivien exerce les droits de propriété sur une ressource naturelle, telle que le gaz naturel, les hydrocarbures, le pétrole, nous ne chasserons personne, nous ne confisquerons les biens de personne.

          Cela sera respecté. Mais si nous garantissons qu'ils rentreront dans leurs investissements et qu'ils feront du profit, ils ne gagneront pas comme avant, parce que nous ne voulons pas nous retrouver sans la capacité de résoudre les problèmes sociaux dans notre pays.

          Je veux vous dire, dans ce cadre de travail, que je ne suis pas venu ici pour vous dire comment gouverner ou pour menacer un pays ou pour commencer à placer des conditions sur un pays. Je veux seulement, en tant qu'organisations internationales, en tant qu'Etats solidaires, en tant que nations ayant des principes de réciprocité, de fraternité, que vous participiez à ce processus de changement démocratique.

          Nous avons un très grand désir, un très grand intérêt à ce qu'ils aient conscience de cette classe dans les forums internationaux, les réunions internationales comme les Nations-Unies, pour soutenir, pour livrer bataille sur des changements pacifiques.

          Vous savez tous, surtout ici, en Amérique du Nord, de même qu'en Europe, qu'il y a beaucoup de Boliviens qui viennent [chez vous] chercher du travail. Auparavant, ce sont les Européens qui ont envahi l'Amérique Latine, en particulier la Bolivie. Aujourd'hui, il semble que la situation ait changé. C'est l'Amérique Latine ou les Boliviens qui envahissent l'Europe, comme ils l'ont fait auparavant avec les Etats-Unis ? Pourquoi ? Parce que, dans cette conjoncture, en ce moment, il n'y a pas de création d'emploi.

          Je veux vous dire à tous que nous voulons livrer une bataille pour un commerce juste, un commerce des peuples pour les peuples, un commerce qui résolve le problème de l'emploi. Il est clair que ce commerce est important pour les entreprises, mais le commerce pour les petits et micro-producteurs, pour les coopératives, pour les associations, les entreprises collectives est plus important.

          Je voudrais dire, et c'est mon souhait numéro un, qu'au lieu que mes sœurs et mes frères aillent en Europe, combien il serait meilleur que ce soient les produits qui s'y rendent et pas les êtres humains, et je crois que ceci a à voir avec la prise de conscience de la communauté internationale, si nous voulons résoudre la question de l'immigration.

          Je vous informe que nos sœurs et nos frères ne se rendent pas là-bas pour accaparer des milliers d'hectares, comme l'ont fait ceux qui sont venus en Amérique Latine lorsqu'ils ont accaparé des milliers d'hectares, ils sont venus prendre possession de notre richesse, de nos ressources.

          Je crois qu'il est important qu'à l'intérieur du cadre de travail pour le commerce, le commerce qui se réfère au libre échange, même dans mon pays, a affecté et éliminé de gros producteurs - de l'industrie agroalimentaire - imaginez l'accord signé par la Colombie avec les Etats-Unis sur l'Accord de Libre Echange, supprime déjà des marchés aux producteurs de soja en Bolivie, une part de l'industrie agroalimentaire en Colombie.

          Je suis convaincu qu'il est important d'importer ce que nous ne produisons pas et d'exporter ce que nous produisons et cela serait une solution au problème économique, le problème de l'emploi.

          Je voudrais profiter de cette occasion, Madame la Présidente, pour dire qu'il y a aussi d'autres injustices historiques. La criminalisation de la feuille de coca. [Il agite une feuille de coca devant les délégués] Je veux vous dire : ceci est une feuille verte de coca, ce n'est pas de la cocaïne blanche. Cette feuille de coca représente la culture andine, c'est une feuille de coca qui représente l'environnement et l'espoir de nos peuples.

          Il n'est pas possible que la feuille de coca soit légale pour le Coca-Cola et que la feuille de coca soit illégale pour d'autres consommations médicinales dans notre pays et dans le monde entier. [applaudissements]

          Nous voulons dire qu'il est important que les Nations-Unies reconnaissent qu'avec l'aide des universités nord-américaines, avec les universités européennes, nous avons scientifiquement démontré que la feuille de coca ne cause pas de dommages à la santé humaine. Il est particulièrement lamentable qu'à cause de coutumes, de mauvaises coutumes, que l'ont ait fait de la feuille de coca un problème illégal. Nous avons conscience de cela. C'est pourquoi nous disons, en tant que producteurs de la feuille de coca, qu'il n'y aura pas de culture libre de coca. Mais il n'y aura pas non plus zéro coca.
          Rebbi yerrahmek ya djamel.
          "Tu es, donc je suis"
          Satish Kumar; "Tout est lié, c'est le don qui est le lien naturel entre tout".

          Commentaire


          • #6
            suite et fin

            Les politiques appliquées précédemment avaient des conditions imposées qui parlaient de zéro coca. Zéro coca, c'est comme dire zéro Quechuas, Aymaras, Mojenos et Chiquitanos dans mon pays ? Avec notre gouvernement, c'est terminé ! Quel que soit le niveau de sous-développement de notre pays, un pays avec des problèmes économiques qui sont le produit du pillage de notre richesse en ressources naturelles.

            Et nous sommes ici pour devenir dignes et nous avons commencé à faire prendre à notre pays le chemin de la dignité et à l'intérieur de ce processus de dignité je veux dire que la meilleure proposition pour la lutte contre les narcotrafiquants a été la réduction volontaire concertée, sans morts ni blessés.

            Heureusement, j'ai entendu le rapport des Nations-Unies qui reconnaît cet effort honnête et responsable dans la lutte contre les narcotrafiquants. L'augmentation des saisies de drogue a été de 300%.

            Néanmoins, hier, j'ai entendu un rapport du gouvernement des Etats-Unis disant qu'ils n'acceptent pas la culture de la coca et qu'ils y mettent des conditions qui modifient nos normes.

            Je veux dire avec un très grand respect pour le gouvernement des Etats-Unis que nous n'allons rien changer, que nous n'avons pas besoin de chantage et de menaces, que la soi-disant certification ou dé-certification dans la lutte contre les narcotrafiquants est simplement un instrument de re-colonisation ou de colonisation des pays andins, ceci est inacceptable, nous ne le permettrons pas.

            Je veux vous dire que nous avons besoin d'une alliance pour combattre le trafic de drogue. Mais d'une alliance qui soit réelle et efficace pour que la guerre contre la drogue ne soit pas utilisée comme un instrument, un prétexte pour qu'ils assujettissent les pays de la région andine, exactement comme ils ont inventé les guerres préventives pour intervenir dans certains pays du Proche-Orient.

            Nous menons un véritable combat contre le trafic de drogue et j'en appelle aux Nations-Unies et j'invite le gouvernement des Etats-Unis à passer un accord, une alliance efficace pour combattre le trafic de drogue, afin que cette guerre contre la drogue ne soit pas une excuse ou un prétexte pour nous dominer ou pour nous humilier ou pour essayer d'établir des bases militaires. Dans notre pays, ils utilisent le prétexte de la lutte contre le trafic de drogue.

            Je profite de cette occasion pour dire que, au sein de ce processus de changement, nous voulons la justice. Et que cette justice est importante pour nos peuples. Mais j'ai le sentiment que l'intention de l'Assemblée Constituante sera de décoloniser la loi afin de nationaliser la justice, la véritable justice.

            Il y a des personnes impliquées dans les violations des droits de l'homme. Aux peuples menacés d'interventions militaires, on ne parle jamais de justice. Nous sommes obligés en tant que présidents, en tant que chefs d'Etat, de rendre la dignité à l'humanité en mettant fin à l'impunité.

            Dans les précédents gouvernements de mon pays, ils ont massacré ceux qui luttaient pour les revendications économiques, pour leurs ressources naturelles et il n'est pas possible que les auteurs de génocide, des criminels corrompus, s'échappent afin de vivre aux Etats-Unis.

            À un pays développé comme les Etats-Unis, je demande avec beaucoup de respect : expulsez ces auteurs de génocide, ces criminels, les corrompus qui sont venus vivre ici ! S'ils n'ont rien à voir avec cela, pourquoi ne viennent-ils pas se défendre devant le système judiciaire bolivien.

            Je suis obligé, en tant que président, de demander que ces autorités soient jugées dans le système judiciaire bolivien, et je pense qu'aucun pays, aucun chef d'Etat, ne peut protéger, cacher des criminels, des auteurs de génocide.

            Espérons qu'avec l'aide du peuple nord-américain, espérons que par l'intermédiaire des organisations internationales, ceux qui ont commis autant de dégâts économiques, des atteintes aux droits de l'homme, seront jugés, étant donné qu'ils n'ont jamais respecté les droits de l'homme.

            J'ai une recommandation pour le forum permanent des peuples indigènes, face aux débats sur les droits des peuples indigènes, qui sont dans la sous-commission des droits des peuples indigènes aux Nations-Unies à Genève, dans l'Organisation des Etats Américains, j'ai l'information que ce débat a atteint le maximum dans cette instance des Nations-Unies.

            Je veux vous demander au nom des peuples indigènes du monde, en particulier d'Abyalala, qui est maintenant américain, à approuver d'urgence la déclaration des droits des peuples indigènes du monde, le droit à l'autodétermination, le droit de vivre en communauté, collectivement, le droit de vivre en solidarité, en réciprocité et, fondamentalement, le droit de vivre en fraternité.

            Il y a des régions où les communautés vivent sans propriété privée. Il y a une propriété collective. Les peuples indigènes veulent seulement vivre bien, pas mieux [que bien]. Vivre mieux [que bien] c'est exploiter, c'est piller, c'est voler. Mais vivre bien, c'est vivre dans la fraternité et c'est pourquoi c'est très important, présidente, que les Nations-Unies, de façon urgente, pour les peuples indigènes, que cette déclaration des droits des peuples indigènes, le droit aux ressources naturelles, le droit de s'occuper de l'environnement, soit approuvée.

            Enfin, présidente, les peuples indigènes, les pauvres viennent spécialement d'une culture de vie et non pas d'une culture de guerre et ce millénaire devra vraiment défendre la vie, sauver l'humanité et si nous voulons sauver l'humanité nous avons l'obligation de sauver la planète. Les peuples indigènes vivent en harmonie avec mère nature et pas seulement en réciprocité, en solidarité avec les êtres humains.

            Nous ressentons fortement que les politiques de compétitions hégémoniques détruisent la planète. Je ressens que tous les pays, les forces sociales, les organismes internationaux sont importants. Commençons à débattre sans mentir afin de sauver la planète, pour sauver l'humanité.

            Ce nouveau millénaire, le millénaire que nous trouvons nous-mêmes qu'il doit être un millénaire de vie, pas de guerre, un millénaire des gens et pas de l'empire, un millénaire de justice et d'égalité et que toute politique économique a besoin d'être orientée vers la finalité, au moins de réduire ces soi-disant différences asymétriques entre un pays et un autre, ces inégalités sociales.

            Nous n'essayons pas de mettre en place des politiques qui permettent l'humiliation économique ou le pillage économique ; lorsqu'ils ne peuvent pas piller selon les normes, ils utilisent les troupes.

            Je veux dire avec beaucoup de respect qu'il est important de retirer les troupes d'Irak. Si nous voulons respecter les droits de l'homme, il est important de retirer les politiques économiques qui permettent la concentration du capital dans seulement quelques mains.

            Et pour cela, je ressens, présidente, que ces circonstances devraient être historiques afin de changer le monde, de changer les modèles économiques et les politiques interventionnistes. Par-dessus tout, nous voulons qu'elles donnent l'occasion de défendre l'humanité.

            Merci beaucoup.
            Rebbi yerrahmek ya djamel.
            "Tu es, donc je suis"
            Satish Kumar; "Tout est lié, c'est le don qui est le lien naturel entre tout".

            Commentaire

            Chargement...
            X