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Syrie : la vaine quête d'un ennemi idéal par Bachar Al-Assad

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  • Syrie : la vaine quête d'un ennemi idéal par Bachar Al-Assad

    Après bientôt trois mois de tumulte, le "docteur Bachar" ne parvient toujours pas à faire tomber la fièvre qui a saisi son pays. Ce surnom, le président syrien l'avait entretenu lorsqu'il se préparait à succéder à son père, avant le décès de ce dernier, le 10 juin 2000.

    Il présidait alors la Société scientifique syrienne d'informatique et organisait à Damas des salons consacrés aux nouvelles technologies, symboles alors absolus de la modernité qu'il souhaitait incarner. Ce sont pourtant ces nouvelles technologiques qui le trahissent semaine après semaine, donnant à voir ce que le régime cherche vainement à dissimuler en interdisant son territoire à la presse internationale. Images volées, fugitives, terribles, les extraits de vidéos captées par les téléphones portables et acheminées clandestinement à l'extérieur du pays racontent une terrible et sanglante répression.

    Le plus cruel, pour Bachar Al-Assad, est qu'il n'était pas le moins mal armé de tous les responsables de la région pour faire face à la vague de contestation arabe. Arrivé au pouvoir depuis une décennie "seulement", ce président avait pour lui d'incarner la réforme d'un système politique tournant à vide, comme l'avait montré en 2004 le cruel documentaire Déluge au pays du Baas, du cinéaste dissident Omar Amiralay, disparu trop tôt à Damas, le 5 février, avant que les Syriens ne retrouvent la voix. M. Assad avait survécu à une passe difficile, en 2005, après l'éviction des troupes syriennes du Liban consécutive à la brève "révolution du Cèdre".

    Isolé parmi ses pairs arabes et tenu à distance en France comme aux Etats-Unis, il avait alors profité de l'effet repoussoir du chaos irakien provoqué par la théorie américaine du changement de régime. Ses rares opposants le reconnaissaient : mieux valait la famille Assad que les bains de sang de Bagdad. Il en a été tout autrement quand le vent de la révolte arabe a commencé à souffler. C'est alors qu'en connaissance de cause sur le prix à payer, les Syriens ont commencé à réclamer leur dû, leur dignité et leur liberté. Fallait-il que la colère soit forte pour qu'elle triomphe d'une peur irriguée par une violence d'Etat qui sourd dans nombre de romans syriens, comme L'Eloge de la haine (Actes Sud, 368 p., 24 €), de l'Aleppin Khaled Khalifa !

    En trois mois, le président syrien a apporté la preuve de son incapacité à conduire la rupture avec l'ordre ancien. Si l'opacité qui a toujours caractérisé son cercle de pouvoir interdit de spéculer sur des tendances et des rapports de force, il suffit de relire l'entretien accordé au New York Times le 10 mai par le cousin du président, Rami Makhlouf, pour prendre la mesure de l'état d'esprit qui y règne. C'est un homme d'affaires, incarnation de la kleptocratie du système, qui a alors endossé le rôle de ministre syrien des affaires étrangères en agitant les menaces ("pas de stabilité ici, pas de stabilité en Israël"). Depuis cette date et à deux reprises déjà, la frontière la plus froide du Moyen-Orient, la ligne de cessez-le-feu de 1974 entre la Syrie et l'Etat juif, sur le plateau syrien du Golan, s'est brusquement réchauffée.

    Menaces inutiles à dire vrai quand on mesure la pusillanimité de la réaction internationale face à la répression. Pour bien moins que cela, le Guide libyen Mouammar Kadhafi avait été promptement passé par pertes et profits au Conseil de sécurité des Nations unies (à l'unanimité !), promis à la justice internationale, puis bombardé par l'OTAN. Le projet de résolution actuellement discuté à New York n'empêchera pas les dirigeants syriens de dormir, puisqu'ils ont déjà fait leur deuil de la politique d'engagement française et des invitations du président Nicolas Sarkozy à participer à la célébration de la Révolution française, comme en juillet 2008. Les pressions sur la Syrie risquent fort de se limiter au cordon sanitaire des sanctions américaines et européennes.

    Le plus grand souci du régime, pour l'heure, tient à son incapacité d'identifier un bouc émissaire commode. Il est désorienté face aux cortèges spontanés et pacifiques. C'est sans relâche, mais sans convaincre, qu'il rabâche sa thèse de "terroristes étrangers" qui pousseraient au crime. Il a pu mesurer, au début du soulèvement, son incapacité à tuer dans l'oeuf tout embryon de contestation. Partout où elle a été pratiquée, cette réponse militaire a au contraire régulièrement alimenté la contagion par des mécanismes de solidarité et d'identification aux victimes, aux villes et localités voisines. La révolte a cédé la place à une guerre d'usure entre des manifestants mitraillés sans hésitation et des forces de sécurité qui pourraient, en cas de prolongation et d'extension du mouvement, se retrouver à un point de rupture.

    Contrairement à la Tunisie, à l'Egypte et à la Libye, le régime qui campe sur une mosaïque communautaire dans laquelle il est minoritaire, peut encore compter sur un appareil de sécurité homogène, même si la communauté alaouite dont il est issu est loin d'être une, compte tenu des différences qui existent en son sein en termes de niveaux d'éducation, de pratiques religieuses ou de proximité avec la famille Assad. C'est l'une des clefs que le régime pourra actionner. Quelle survie, cependant, lui assurerait une telle fragmentation sciemment provoquée ?

    LEMONDE

  • #2
    Le plus grand souci du régime, pour l'heure, tient à son incapacité d'identifier un bouc émissaire commode. Il est désorienté face aux cortèges spontanés et pacifiques. C'est sans relâche, mais sans convaincre, qu'il rabâche sa thèse de "terroristes étrangers" qui pousseraient au crime. Il a pu mesurer, au début du soulèvement, son incapacité à tuer dans l'oeuf tout embryon de contestation.
    Dommage pour lui, Al Qaïda ne fait plus recette...c'est une marque exclusivement américaine!!
    Dernière modification par sako, 10 juin 2011, 20h47.

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    • #3
      Syrie : la vaine quête d'un ennemi idéal par Bachar Al-Assad
      l'ennemi de Bachar , c'est son peuple
      le probleme est comment designer son peuple d'ennemi ?

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      • #4
        et Israël alors ? Punaise ils me dégoutent de plus en plus ces etats arabes du proche-orient !

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