A Fatnassi
Investir En Tunisie : 11 - 06 - 2011
Le Parti Démocrate Progressiste (PDP) a organisé vendredi 10 juin 2011, une soirée culturelle à l'Acropole autour du thème « la liberté d'expression après la Révolution ». L'invité d'honneur était l'écrivain Mohammed Talbi. Historien, ancien recteur de l'université de Tunis, fils du bourguibisme, Mohamed Talbi, musulman pratiquant, est aujourd'hui l'un des penseurs les plus rigoureux et les plus audacieux de la réforme de l'islam.
Dans une salle presque pleine, Mohammed Talbi, à 85 ans, a capté toute l'attention des participants. Evoquant la problématique de la liberté d'expression en Islam, le vieil homme a ébloui tout le parterre, enthousismé par son discours religieux moderniste.
« Avant toute réforme, il faut s'affirmer musulman en vertu d'une triple adhésion : adhésion au témoignage, adhésion au langage, adhésion d'observance. On peut discuter l'observance tant qu'on ne réduit pas l'islam à un vague déisme sans pratique. Car, on entre alors dans la catégorie dite de « l'athéisme pratique » des sociologues. On se comporte comme n'importe quel athée, mais qui ne veut pas se dire athée parce qu'il croit tout de même à quelque chose, un absolu, une divinité.
La réforme ne viendra jamais du dehors mais de l'intérieur de la mosquée. Et là, tout est possible, si l'on est musulman de conviction, par le libre jeu de la réflexion critique, du doute, de la mise en interrogation, car il n'y a pas de conviction sans interrogation » a-t-il indiqué.
Il a réitéré plusieurs fois dans son discours que "l'islam est liberté" et qu'il est "tout à fait compatible" avec la démocratie et la modernité. « La charia (loi islamique) est une "production humaine" qui n'a "rien à voir" avec l'islam. Les musulmans doivent "se délivrer" de ces textes juridiques apparus deux siècles après le Prophète et qui donnent de leur religion une image d'épouvante. Jamais le Livre saint n'a recommandé de couper la main des voleurs ou de lapider les femmes adultères ! "Seul, le Coran oblige", », prononce-t-il inlassablement.
Selon Mohammed Talbi, si l'islamologue tunisien s'oppose avec force à toutes les interprétations passéistes de l'islam - le salafisme, le wahhabisme, en particulier -, il combat avec autant d'énergie la désacralisation du Coran. « Rénover la pensée musulmane, ce n'est pas prôner "un islam laïque, un islam sans Dieu », insiste-t-il.
Mohamed Talbi n'est pas tendre envers ces "désislamisés" qui prônent "un islam commode", purement identitaire. "La religion n'est ni une identité, ni une culture, ni une nation. C'est une relation personnelle à Dieu, une voie vers lui. On peut être musulman et de culture hollandaise, française ou chinoise", explique-t-il avec force.
Investir En Tunisie : 11 - 06 - 2011
Le Parti Démocrate Progressiste (PDP) a organisé vendredi 10 juin 2011, une soirée culturelle à l'Acropole autour du thème « la liberté d'expression après la Révolution ». L'invité d'honneur était l'écrivain Mohammed Talbi. Historien, ancien recteur de l'université de Tunis, fils du bourguibisme, Mohamed Talbi, musulman pratiquant, est aujourd'hui l'un des penseurs les plus rigoureux et les plus audacieux de la réforme de l'islam.
Dans une salle presque pleine, Mohammed Talbi, à 85 ans, a capté toute l'attention des participants. Evoquant la problématique de la liberté d'expression en Islam, le vieil homme a ébloui tout le parterre, enthousismé par son discours religieux moderniste.
« Avant toute réforme, il faut s'affirmer musulman en vertu d'une triple adhésion : adhésion au témoignage, adhésion au langage, adhésion d'observance. On peut discuter l'observance tant qu'on ne réduit pas l'islam à un vague déisme sans pratique. Car, on entre alors dans la catégorie dite de « l'athéisme pratique » des sociologues. On se comporte comme n'importe quel athée, mais qui ne veut pas se dire athée parce qu'il croit tout de même à quelque chose, un absolu, une divinité.
La réforme ne viendra jamais du dehors mais de l'intérieur de la mosquée. Et là, tout est possible, si l'on est musulman de conviction, par le libre jeu de la réflexion critique, du doute, de la mise en interrogation, car il n'y a pas de conviction sans interrogation » a-t-il indiqué.
Il a réitéré plusieurs fois dans son discours que "l'islam est liberté" et qu'il est "tout à fait compatible" avec la démocratie et la modernité. « La charia (loi islamique) est une "production humaine" qui n'a "rien à voir" avec l'islam. Les musulmans doivent "se délivrer" de ces textes juridiques apparus deux siècles après le Prophète et qui donnent de leur religion une image d'épouvante. Jamais le Livre saint n'a recommandé de couper la main des voleurs ou de lapider les femmes adultères ! "Seul, le Coran oblige", », prononce-t-il inlassablement.
Selon Mohammed Talbi, si l'islamologue tunisien s'oppose avec force à toutes les interprétations passéistes de l'islam - le salafisme, le wahhabisme, en particulier -, il combat avec autant d'énergie la désacralisation du Coran. « Rénover la pensée musulmane, ce n'est pas prôner "un islam laïque, un islam sans Dieu », insiste-t-il.
Mohamed Talbi n'est pas tendre envers ces "désislamisés" qui prônent "un islam commode", purement identitaire. "La religion n'est ni une identité, ni une culture, ni une nation. C'est une relation personnelle à Dieu, une voie vers lui. On peut être musulman et de culture hollandaise, française ou chinoise", explique-t-il avec force.
Commentaire