Le monde horrifié par les exactions
Les témoignages qui accablent le régime syrien
D’Alger à New York en passant par Tunis et Montréal, le monde entier dénonce l’horrible carnage commis par le bras armé de Bachar Al Assad.
Les témoignages sur les exactions du régime de Bachar Al Assad se multipliaient hier, alors que les forces de l’ordre appuyées par des hélicoptères ont tué au moins 25 civils lors d’énormes manifestations hostiles au régime vendredi à travers le pays.
Près de trois mois après le début de la révolte mi-mars, et en dépit des sanctions et des protestations internationales, le régime semble déterminé à mater dans le sang toute contestation, des agissements qualifiés d’«atroces» par Ankara et «d’effroyables» par la Maison-Blanche.
Alors que les 15 membres du Conseil de sécurité de l’ONU divergent sur l’opportunité d’une résolution condamnant cette répression, la Maison-Blanche a affirmé que «la violence et les brutalités» devaient «cesser immédiatement».
Les condamnations n’émanaient pas seulement des gouvernements : plus d’une quinzaine de villes à travers le monde, dont Paris, Montréal et New York, se sont associées hier à une journée mondiale pour la Syrie. Ils étaient quelques dizaines, principalement des Syriens établis en Algérie, rassemblés devant l’ambassade de Syrie à Alger, de même qu’à Tunis où ils scandaient : «Pas de salafisme, pas de terrorisme, notre révolution est une révolution d’hommes libres».
Vendredi, la répression a été particulièrement violente à Maaret Al Nouman, localité proche de Jisr Al Choughour (nord-ouest), où une dizaine de civils ont été tués par les soldats qui ont tiré sur des dizaines de milliers de manifestants, selon des témoins et des militants qui ont raconté que des hélicoptères de l’armée avaient tiré sur la foule à Maaret Al Nouman.
«Même les oliviers…»
La télévision d’Etat a, pour sa part, accusé des «groupes terroristes armés» d’avoir attaqué un QG de la sécurité dans cette ville et mis le feu à des récoltes autour de Jisr Al Choughour. Mais des témoins ont accusé les soldats d’avoir mis eux-mêmes le feu à des champs de blé dans cette zone. «Dans mon village, il y avait 40 maisons, ils l’ont complètement détruit. Même les arbres, même les oliviers, ils les ont brûlés», a raconté à l’AFP une quinquagénaire réfugiée à la frontière turque.
«Ils sont venus avec une trentaine de tanks, au total une soixantaine de blindés de la quatrième division. Ils ont tiré avec les tanks et des roquettes (...). Les cadavres sont encore sur place», a déclaré un quadragénaire à propos d’un autre village.
En soutien à Jisr Al Choughour, dont presque tous les 50 000 habitants ont fui, des dizaines de milliers de personnes ont manifesté vendredi à l’appel de militants pro-démocratie à travers le pays, des régions kurdes du nord, aux villes du centre-est Deir Ezzor et Abou Kamal, en passant par la capitale Damas.
Là aussi, le régime a répondu par la force, faisant trois morts à Damas, et deux dans la province de Deraa (sud), épicentre de la contestation, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).
A Lattaquié, grande cité portuaire du nord de la Syrie, 9 personnes ont été tuées par les services de sécurité vendredi. Hier, environ 3000 personnes ont défilé lors des funérailles d’une personne tuée la veille, scandant des slogans en faveur des «martyrs», selon un militant sur place.
En raison des restrictions imposées par le régime, les journalistes ne peuvent circuler librement et les informations sont difficiles à confirmer de source indépendante.
Le «nettoyage» d’Ar Rasta
Mais plusieurs déserteurs de l’armée, réfugiés à la frontière turque, ont témoigné des exactions commises par leurs unités et de la peur des soldats, «à bout de nerfs» mais menacés de mort en cas d’insubordination. Un jeune appelé, Tahal Al Loush, a raconté le «nettoyage» d’Ar Rastan, une ville de 50 000 habitants dans la province de Homs (centre) : «On nous a dit qu’il y avait là-bas des hommes armés. Mais (...) il s’agissait de simples civils. On nous a dit de leur tirer dessus. Quand on rentrait dans les maisons, on mitraillait tout le monde dedans, les grands comme les petits.» «Ils mettent des snipers sur certains points en hauteur (...) et quand les soldats ne tirent pas (sur les contestataires), ils les abattent», a ajouté un autre déserteur, Ahmed Khalef.
Le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, pourtant «un ami» du président syrien, a décrit comme une «atrocité» la répression chez son voisin. «Le silence total du Conseil de sécurité face aux atrocités de masse commises contre le peuple syrien encourage le gouvernement syrien à poursuivre sa répression sanglante», a dénoncé hier Philippe Bolopion, directeur de Human Rights Watch à l’ONU.
Depuis le 15 mars, la répression du mouvement de contestation a fait plus de 1200 morts, entraîné l’arrestation d’au moins 10 000 personnes et la fuite de milliers d’autres, selon des ONG. Environ 4600 Syriens se sont réfugiés en Turquie, et des milliers d’autres étaient massés le long de la frontière, prêts à franchir la ligne de démarcation en cas d’attaque mais hésitant encore à devenir des exilés.
El Watan
Les témoignages qui accablent le régime syrien
D’Alger à New York en passant par Tunis et Montréal, le monde entier dénonce l’horrible carnage commis par le bras armé de Bachar Al Assad.
Les témoignages sur les exactions du régime de Bachar Al Assad se multipliaient hier, alors que les forces de l’ordre appuyées par des hélicoptères ont tué au moins 25 civils lors d’énormes manifestations hostiles au régime vendredi à travers le pays.
Près de trois mois après le début de la révolte mi-mars, et en dépit des sanctions et des protestations internationales, le régime semble déterminé à mater dans le sang toute contestation, des agissements qualifiés d’«atroces» par Ankara et «d’effroyables» par la Maison-Blanche.
Alors que les 15 membres du Conseil de sécurité de l’ONU divergent sur l’opportunité d’une résolution condamnant cette répression, la Maison-Blanche a affirmé que «la violence et les brutalités» devaient «cesser immédiatement».
Les condamnations n’émanaient pas seulement des gouvernements : plus d’une quinzaine de villes à travers le monde, dont Paris, Montréal et New York, se sont associées hier à une journée mondiale pour la Syrie. Ils étaient quelques dizaines, principalement des Syriens établis en Algérie, rassemblés devant l’ambassade de Syrie à Alger, de même qu’à Tunis où ils scandaient : «Pas de salafisme, pas de terrorisme, notre révolution est une révolution d’hommes libres».
Vendredi, la répression a été particulièrement violente à Maaret Al Nouman, localité proche de Jisr Al Choughour (nord-ouest), où une dizaine de civils ont été tués par les soldats qui ont tiré sur des dizaines de milliers de manifestants, selon des témoins et des militants qui ont raconté que des hélicoptères de l’armée avaient tiré sur la foule à Maaret Al Nouman.
«Même les oliviers…»
La télévision d’Etat a, pour sa part, accusé des «groupes terroristes armés» d’avoir attaqué un QG de la sécurité dans cette ville et mis le feu à des récoltes autour de Jisr Al Choughour. Mais des témoins ont accusé les soldats d’avoir mis eux-mêmes le feu à des champs de blé dans cette zone. «Dans mon village, il y avait 40 maisons, ils l’ont complètement détruit. Même les arbres, même les oliviers, ils les ont brûlés», a raconté à l’AFP une quinquagénaire réfugiée à la frontière turque.
«Ils sont venus avec une trentaine de tanks, au total une soixantaine de blindés de la quatrième division. Ils ont tiré avec les tanks et des roquettes (...). Les cadavres sont encore sur place», a déclaré un quadragénaire à propos d’un autre village.
En soutien à Jisr Al Choughour, dont presque tous les 50 000 habitants ont fui, des dizaines de milliers de personnes ont manifesté vendredi à l’appel de militants pro-démocratie à travers le pays, des régions kurdes du nord, aux villes du centre-est Deir Ezzor et Abou Kamal, en passant par la capitale Damas.
Là aussi, le régime a répondu par la force, faisant trois morts à Damas, et deux dans la province de Deraa (sud), épicentre de la contestation, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).
A Lattaquié, grande cité portuaire du nord de la Syrie, 9 personnes ont été tuées par les services de sécurité vendredi. Hier, environ 3000 personnes ont défilé lors des funérailles d’une personne tuée la veille, scandant des slogans en faveur des «martyrs», selon un militant sur place.
En raison des restrictions imposées par le régime, les journalistes ne peuvent circuler librement et les informations sont difficiles à confirmer de source indépendante.
Le «nettoyage» d’Ar Rasta
Mais plusieurs déserteurs de l’armée, réfugiés à la frontière turque, ont témoigné des exactions commises par leurs unités et de la peur des soldats, «à bout de nerfs» mais menacés de mort en cas d’insubordination. Un jeune appelé, Tahal Al Loush, a raconté le «nettoyage» d’Ar Rastan, une ville de 50 000 habitants dans la province de Homs (centre) : «On nous a dit qu’il y avait là-bas des hommes armés. Mais (...) il s’agissait de simples civils. On nous a dit de leur tirer dessus. Quand on rentrait dans les maisons, on mitraillait tout le monde dedans, les grands comme les petits.» «Ils mettent des snipers sur certains points en hauteur (...) et quand les soldats ne tirent pas (sur les contestataires), ils les abattent», a ajouté un autre déserteur, Ahmed Khalef.
Le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, pourtant «un ami» du président syrien, a décrit comme une «atrocité» la répression chez son voisin. «Le silence total du Conseil de sécurité face aux atrocités de masse commises contre le peuple syrien encourage le gouvernement syrien à poursuivre sa répression sanglante», a dénoncé hier Philippe Bolopion, directeur de Human Rights Watch à l’ONU.
Depuis le 15 mars, la répression du mouvement de contestation a fait plus de 1200 morts, entraîné l’arrestation d’au moins 10 000 personnes et la fuite de milliers d’autres, selon des ONG. Environ 4600 Syriens se sont réfugiés en Turquie, et des milliers d’autres étaient massés le long de la frontière, prêts à franchir la ligne de démarcation en cas d’attaque mais hésitant encore à devenir des exilés.
El Watan
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