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Jamel est fier de son «commando du rire» franco-marocain

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  • Jamel est fier de son «commando du rire» franco-marocain

    Il l'avoue sans complexe : Jamel est aux anges d'avoir pu réunir la grande famille du rire de ses deux pays de coeur à l'occasion du premier festival d'humour de Marrakech. Fier de son «commando du rire» franco-marocain. Et il s'exalte, comme de coutume, quand on aborde les questions politiques, de Luc Ferry à DSK, des révolutions arabes à Martine Aubry.

    Pourquoi ce Marrakech du rire ?


    Jamel Debbouze
    Le Maroc fait partie intégrante de mon histoire artistique, ce sont les associations marocaines qui m'ont offert mes premières scènes. On a décidé de faire ce festival pour mettre en lumière des artistes marocains et français, et encourager la culture scénique à travers tout le pays. Tout ça grâce au Jamel Comedy Club, qui m'a permis de découvrir des jeunes talents et m'a rapproché de partenaires comme Florence Foresti ou Patrick Timsit, que je connaissais mal.

    Ce festival est-il un cadeau fait au Maroc ?

    C'est d'abord un cadeau pour nous, c'est très égoïste, excusez moi... Pouvoir échanger avec des artistes de tous les bords, c'est extraordinaire. Après, on l'a fait ici parce qu'il n'y avait pas de festival. A Paris, il serait passé un peu plus inaperçu.

    Le Maroc n'a pas cette culture du spectacle ?

    Il n'y a pas suffisamment d'aides pour les artistes, ni de salles de spectacles dignes de ce nom. Mais chaque Marocain est un comédien potentiel, c'est un truc de fou. Allez sur la place Jema El Fnaa, vous allez vite vous en rendre compte... C'est d'ailleurs ma mère qui m'a donné ce réflexe d'imiter, de caricaturer. Elle faisait ça avec mon grand-père, avec mon oncle, avec ma tante, avec le condé (policier. ndlr) qui venait d'arrêter mon père un quart d'heure plus tôt... Elle a toujours tout dédramatisé, le rire a toujours été omniprésent dans la maison. Et heureusement, parce que ce n'était pas facile tous les jours.

    Vous dites aussi que vous êtes venus faire la guerre à l'obscurantisme...

    Les mots, c'est une façon de lutter. Quand tu vas voir un bon spectacle, tu t'en souviens toute ta vie. Quand tu regardes un truc sur internet, la semaine d'après, tu ne t'en souviens plus. Quand on a accumulé autant de frustration, c'est vital d'avoir un exutoire. C'est l'improvisation théatrale qui m'a permis de ne plus avoir honte de moi. Je serais malade d'accumuler des couches de frustration et j'ai la chance de pouvoir les gueuler sur scène...

    Avez-vous envisagé d'annuler le festival après l'attentat du 28 avril, place Jema El Fnaa ?

    Pas une seule seconde. C'est la fatalité, c'est comme ça, ça peut arriver à Paris, ça peut arriver partout... Au contraire, cet attentat a été un moteur pour nous ! Après ce qui s'est passé, les gens morflent tellement ici...

    Vous avez salué l'évolution démocratique des pays arabes...

    En 1998, avec la victoire black-blanc-beur des Bleus au Mondial, on avait une cote extraordinaire. En 2001, avec le 11 septembre, on est passés pour des terroristes potentiels du jour au lendemain. Tous ! Et encore, c'est l'Arabe le mieux loti de France qui vous parle ! On en sort tout juste. Avec le printemps arabe, il se passe quelque chose d'extraordinaire, de révolutionnaire : d'un coup, on s'est rendu compte que les Arabes avaient une conscience, une âme... (rires). On a des revendications simples : on veut être libres de nos faits et gestes, libres de nos pensées.

    Pensez-vous que Mohamed VI s'inscrit dans évolution démocratique ?

    Le Maroc est l'un des pays qui a le moins brûlé. Il reste relativement stable parce que le monarque a réagi, qu'il a fait un discours fort, promis des réformes... J'espère qu'il ira jusqu'au bout. En tous cas, j'ai le sentiment qu'il a entendu. Et pour le connaître, je le sais conscient des problèmes de son pays.

    Vous parlez de politique avec le roi ?

    On se parle complètement librement. Et depuis dix ans qu'il est à la tête du Maroc, j'ai vu évoluer le pays. Il progresse, même si c'est à petits pas. Il y a de plus en plus de villages qui sont désenclavés, le nouveau port de Tanger est un des plus grands de la Méditerrannée, le TGV arrive, il y a de plus en plus de travail ... Alors, oui, les jeunes revendiquent, il y a trop d'analphabétisme, la sécurité sociale n'est pas assez élargie... Mais le roi n'a peut-être pas les outils à la hauteur de ses ambitions.

    Luc Ferry a évoqué les actes pédophiles d'un ministre français au Maroc. Pensez-vous qu'il devrait aller plus loin dans ses révélations ?

    Il faut qu'il balance le blaze (le nom. ndlr) ! Je soutiens de tout coeur les associations qui ont porté plainte. C'est trop facile d'aller à la tribune et de dire "Moi je sais qui est le ministre qui a violé"... Se taire veut dire que vous êtes tous de mèche. Il y en a marre de ces gens qui pensent être au-dessus des lois.

    Qu'avez-vous ressenti devant l'arrestation de DSK ?

    Au départ, j'ai trouvé terriblement choquant de menotter comme ça le patron du FMI et de l'exposer à ce point. Et puis j'ai appris que c'est dans la culture américaine. Il n'y a pas eu un traitement de défaveur. Ils l'ont traité comme tout le monde. Et je trouve ça bien. J'adore quand la justice fait son travail, je me sens fort. Si on était tous protégés par la justice, il y aurait moins de problèmes. Il est temps que la France mette en application la devise «Liberté, Egalité, fraternité» ! Après, j'ai été choqué par certaines réactions sexistes, comme le commentaire (NDLR. de Jack Lang) «Il n'y a pas mort d'homme», à propos de l'agression de la femme de ménage. Ce serait arrivé à ta soeur ou à ta femme, tu trouverais qu'il y a mort d'homme !

    Vous êtes-vous intéressé à la polémique sur les quotas dans le football ?

    Les joueurs, qu'ils soient turcs, moldaves ou algériens, s'ils sont bons, ils sont pris en équipe de France. Ceux qui ne sont pas pris sont ceux que la Fédération française estime moins bons. Mieux vaut alors jouer en équipe A dans son pays d'origine que de ne pas jouer du tout dans son pays d'accueil. Mais la France est une vieille dame dont on connaît les vieux réflexes... Cela ne m'étonne pas que ce type de débat intervienne à la veille des élections.

    A propos d'élections, pourquoi soutenez-vous Martine Aubry ?

    Pour tout ce qu'elle a déjà entrepris, pour tout ce que j'ai entendu à son propos. Je suis en campagne en ce moment, je fais le tour de France avec mon spectacle. Je suis passé par Lille et je peux vous dire que c'est une ville où il fait bon vivre. Les jeunes sont heureux d'y être. Sur le plan de l'éducation, de l'écologie, elle est à la pointe. C'est la fille de Delors, elle a inventé les 35 heures... Je suis sûre qu'elle ferait mieux que Merkel si on la laisse faire. Et puis une femme présidente de la République, ce serait extraordinaire !

    Vous êtes féministe ?

    Je suis avant-gardiste (rires)

    Festival Marrakech du Rire, jusqu'au 12 juin.

    Le Parisien
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