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Le « J'accuse » d'un fils d'immigrés : DÉSINTÉGRATION d'Ahmed Djouder

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  • Le « J'accuse » d'un fils d'immigrés : DÉSINTÉGRATION d'Ahmed Djouder

    Bonjour, l'exil intérieur est le pire des châtiments, et c'est ce qu'on subi nos parents, rien n'a été fait pour eux, pour les ouvrir au monde.
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    Alors que l'immigration ne quitte plus le débat politique, Ahmed Djouder publie un premier livre d'une force inouïe dans laquelle il dresse les carences de l'« intégration ».

    C'est un fils d'immigrés qui parle : « Nos parents ne joueront jamais au tennis, au badminton, au golf. Ils n'iront jamais au ski. Ils ne mangeront jamais dans un restaurant gastronomique. Ils n'achèteront jamais un bureau Louis-Philippe, une bergère Louis-XV, des assiettes Guy Degrenne, des verres Baccarat, ni même un store Habitat. Ils n'assisteront jamais à un concert de musique classique. Ils ne possèderont jamais de leur vie un appartement ou une jolie propriété quelque part en France où finir leurs jours tranquillement. Non, ils ont préféré investir dans des maisons au bled, en ciment, au prix de plusieurs décennies de sacrifices, qui ressemblent vaguement à des cubes et qu'ils appellent des villas. » C'est la première page du livre.

    On croyait tout connaître des problèmes de l'intégration avant les émeutes de l'hiver dernier dans les banlieues, et on s'est finalement rendu compte que, non, on ne les connaissait pas bien. On croyait en savoir plus après les innombrables heures de débats qui se sont déroulées ensuite. Et puis les semaines se sont écoulées, et on est passé à autre chose. Est alors publié « Désintégration », premier livre d'un inconnu, français et fils d'immigrés algériens, dont les mots, des premiers aux derniers, sont cinglants.

    Ahmed Djouder commence par décrire la réalité de l'enfance et de l'adolescence des fils d'immigrés, les traditions, l'organisation familiale, les relations entre les parents, la situation des soeurs... « Nos soeurs sont faibles. Nous les empêchons de sortir après une certaine heure. Nous leur flanquons des raclées lorsqu'elles n'obéissent pas. Notre peur, la pire, c'est celle du déshonneur. Qu'elles salissent la famille, qu'elles souillent notre nom. » Puis, plus loin : « Nous n'avons rien compris à l'amour. Nous en avons une image dangereuse. La répression sexuelle en est responsable. Nous n'avons pas compris que le sexe n'a pas d'importance. Qu'il ne représente rien. Nous en avons fait une montagne, de cette histoire de sexe. Il prend beaucoup trop de place. Le jour où il réintègrera sa juste place, nous nous apaiserons. »

    L'intégration semble difficile, voire impossible, lorsque l'on conserve des traditions, des habitudes aussi éloignées que celle du pays d'adoption. Mais réagir ainsi, c'est n'être que spectateur, ou alors demander à l'« autre » de faire 100 % du chemin. Après tout, c'est logique puisque c'est lui qui est venu là. « Vous comprenez que puisque vous ne les avez pas aimés, nos parents se sont arc-boutés sur leurs traditions. » Plus loin : « Si vous les aviez mieux aimés, ils auraient prêté une oreille plus attentive à vos magazines, à vos émissions radio, à Dolto, ils auraient mieux écrit, ils auraient mieux lu, ils auraient mieux compris que dans la vie tout est vaste, complexe, multimodal ; ils seraient sortis, un peu, d'une vision ethnocentrique. Cela aurait suffi à réduire les dégâts. »


    « Nous faire remarquer »
    Ahmed Djouder connaît la force du verbe, et « Désintégration » ressemble souvent à « J'accuse ». « Vous n'avez pas compris que vous êtes responsables. Vous n'avez pas compris qu'en voyant la souffrance de nos parents, nous nous sommes retournés contre vous et que, malheureusement, nous avons rejeté vos principes, vos valeurs, vos traditions, votre peuple, votre culture. » La charge est de plus en plus violente : « Avez-vous constaté combien nous aimons nous faire remarquer ? Nous ne le faisons pas toujours exprès. C'est vrai, parfois, on abuse. On fait exprès, pour vous faire c.hier. Pour faire c.hier le monde. On crie. On fume du shit, de l'herbe ou on fume tout court dans les métros, au fond des bus. On fout la musique à fond. On s'en branle complètement de votre point de vue. » Et pourquoi ? Par manque d'attention, bien sûr. « Il n'y a pas de discours, il n'y a pas de revendication, car il n'y a pas de mots. Notre monde, c'est la désertion du langage. »

    Ahmed Djouder liste une à une les raisons qui ont conduit à mettre ces générations d'immigrés et leurs enfants dans un ***-de-sac. Souvent naît le malaise. Le même que lors de ce fameux France-Algérie de football au Stade de France, en novembre 2001, lorsque l'interprétation de « La Marseillaise » a été couverte par les sifflets et que le terrain a été envahi avant la fin du match. Des comportements insupportables sur le moment, mais qui témoignent de l'impasse dans laquelle nous ont conduits des années de « politiques de l'immigration ».

    Ainsi s'explique le rejet de l'auteur du fameux mot : intégration. « Ce mot est moche. Nous n'en voulons pas. On ne doit pas s'intégrer. On ne s'intègrera pas. On attendra que vous réagissiez », écrit-il en ajoutant : « La France a quelques problèmes de langage, elle se trompe de mots, et quand on ne s'entend pas sur les mots, on ne s'entend pas. »

    Que faut-il faire alors ? Changer de regard. « Vous allez finir par nous aimer. Comme un enfant qu'on n'a pas désiré mais qui est là. » La route est longue.

    Stock, 157 pages, 15 euros.
    http://www.lesechos.fr/info/rew_loisirs/4418166.htm
    Dernière modification par zek, 09 mai 2006, 10h04.
    Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-la.” Saint Augustin

  • #2
    Le décors est planté

    Il y a aussi un Film que je conseille car je suit sûr qu'il va faire parler de lui car il traite un peu du même sujet .
    Son réalisateur n'est ni plus ni mois que Mahmoud Zemmouri .
    Si si vous connaissé !
    Si je vous dit "prend dix milles balles et casse toi " çà réveille forcément votre inconscient collectif .

    Le titre du Film est " Beur , Blanc ,Rouge " et il sort en France le 17 Mai .

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