La visite de 24 heures d’Alain Juppé, outre qu’elle intervient à un moment particulier des vents de révoltes qui soufflent dans le monde arabe, aura été laborieusement préparée par les deux parties.
Le ministre de Nicolas Sarkozy ne traîne pas l’image d’un va-en-guerre comme son prédécesseur, Bernard Kouchner qui était venu en 2008 à Alger pour ensuite laisser libre cours à ses ressentiments d’un autre siècle. Un fiel nauséabond et néo-colonialiste que nourrit encore à l’égard de l’Algérie une bonne partie de la classe politique et pas qu’au sein de la droite revancharde. Alain Juppé n’avait, certes, pas fait preuve de compréhension à l’égard de l’Algérie en guerre contre le terrorisme islamiste lorsqu’il avait occupé les bureaux du Quai d’Orsay entre 1993 et 1994, mais l’homme a, apparemment, changé puisque c’est à lui que le président français Nicolas Sarkozy a confié la mission de faire oublier les travers et calculs désastreux de la diplomatie française, notamment pour ses relations avec le Maghreb et le monde arabe. Et, en ce qui concerne les relations franco-algériennes, ce choix d’une personnalité politique qui, souligne-t-on à Paris, a le sens de l’État, peut sembler le bon. Cela sera vérifié tout de suite après ses entretiens avec son homologue algérien, le Premier ministre et le président Bouteflika. D’abord et c’est le porte-parole du Quai d’Orsay qui le souligne : “C'est une visite importante entre deux pays partenaires depuis si longtemps, entre deux acteurs du sud et du nord de la Méditerranée, et importante aussi parce que nous avons avec nos partenaires algériens toute une longue série de sujets politiques et diplomatiques à aborder.” Des ministres français recommencent à fouler le tarmac d’Alger et l’ambassadeur de France en Algérie fait preuve d’un grand dynamisme. Il est sur tous les fronts de la coopération et du business. Plus de commentaires publics pouvant être interprétés comme une ingérence. Nicolas Sarkozy fait montre de sa volonté d’ouvrir une nouvelle page avec l’Algérie en désignant en automne 2010 son “Monsieur Algérie”, en la personne de l’ex-Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, un homme du sérail de la bonne vieille droite française mais ouvert sur les autres, notamment le Sud, comme son physique fait de rondeurs. Cependant, pour que le processus soit vraiment enclenché, il aura fallu attendre le départ de Claude Guéant du secrétariat général de l’Élysée qui avait pris du poids dans la gestion de la politique arabe et africaine française. De nombreux analystes en étaient convaincus. Et pour accepter le poste que lui a offert Sarkozy, Juppé aurait exigé la cessation des interventions de Guéant, lequel, sorti de l’ombre élyséenne, se révèle, par ailleurs, raciste, xénophobe, islamophobe et anti-immigrés jusqu’au bout de ses ongles. La désignation de Nicolas Galley comme conseiller aux affaires maghrébines et du Moyen-Orient auprès du président français est significative du poids de Juppé au Quai d’Orsay. C’est un proche de l’ancien Premier ministre que Jacques Chirac avait souhaité voir reprendre sa relève à l’Élysée. Galley a également effectué un passage par le cabinet de Dominique de Villepin, l’autre Premier ministre chéri par Chirac. Dans les milieux diplomatiques, le conseiller aux affaires du Maghreb/Machrek est considéré comme un bon connaisseur du dossier algérien. En plus d'être marié à une Algérienne, il a occupé des postes diplomatiques à Alger de 1988 à 1991(deuxième puis premier secrétaire de l'ambassade de France). Son passage par Alger est intervenu à un moment crucial de la vie politique algérienne : la transition démocratique de 1989, suivie de l'interruption du processus électoral en 1991. Raffarin est venu deux fois à Alger, son interlocuteur, Benmeradi, ministre de l’Industrie, lui a rendu la pareille une fois à Paris. Renault, Sanofi, Lafarge, GDF Suez, Total, Saint-Gobain Cristal Union, Filière Laitière, Macif, Alstom… gagnent des places en Algérie. Ce sont des contrats qui devraient déboucher sur 30 000 emplois directs et 100 000 emplois indirects pour l’Algérie et une grande bouffée d’oxygène pour le commerce, l’industrie et les services français en crise.
Ce n’est qu’une mise en bouche car, le 30 mai, quelque quatre cents PME étaient derrière Raffarin à Alger pour prospecter le marché algérien. De nombreux projets en période d’incubation ont mûri à travers les discussions qui se sont passées ces dernières semaines entre industriels français et leurs homologues algériens, sous le coup de pousse de Raffarin et de représentants algériens, habilités par l’Élysée pour les premiers et El-Mouradia pour les seconds. Il reste des arbitrages à trouver pour d’autres projets et un jour il faudra bien ouvrir le dossier politique car, quelle que soit l’avancée de la coopération économique, les deux pays doivent donner à leur relation sa dimension politique, la sortir des calculs conjoncturels qui sont périodiquement établis à Paris comme à Alger. L’Algérie des réformes sera certainement plus à même d’obtenir ce qu’elle a toujours poursuivi, d’autant que la France, à en croire Juppé, a mis, dans le placard ses velléités hégémoniques au parfum néocolonialiste.
liberte
Le ministre de Nicolas Sarkozy ne traîne pas l’image d’un va-en-guerre comme son prédécesseur, Bernard Kouchner qui était venu en 2008 à Alger pour ensuite laisser libre cours à ses ressentiments d’un autre siècle. Un fiel nauséabond et néo-colonialiste que nourrit encore à l’égard de l’Algérie une bonne partie de la classe politique et pas qu’au sein de la droite revancharde. Alain Juppé n’avait, certes, pas fait preuve de compréhension à l’égard de l’Algérie en guerre contre le terrorisme islamiste lorsqu’il avait occupé les bureaux du Quai d’Orsay entre 1993 et 1994, mais l’homme a, apparemment, changé puisque c’est à lui que le président français Nicolas Sarkozy a confié la mission de faire oublier les travers et calculs désastreux de la diplomatie française, notamment pour ses relations avec le Maghreb et le monde arabe. Et, en ce qui concerne les relations franco-algériennes, ce choix d’une personnalité politique qui, souligne-t-on à Paris, a le sens de l’État, peut sembler le bon. Cela sera vérifié tout de suite après ses entretiens avec son homologue algérien, le Premier ministre et le président Bouteflika. D’abord et c’est le porte-parole du Quai d’Orsay qui le souligne : “C'est une visite importante entre deux pays partenaires depuis si longtemps, entre deux acteurs du sud et du nord de la Méditerranée, et importante aussi parce que nous avons avec nos partenaires algériens toute une longue série de sujets politiques et diplomatiques à aborder.” Des ministres français recommencent à fouler le tarmac d’Alger et l’ambassadeur de France en Algérie fait preuve d’un grand dynamisme. Il est sur tous les fronts de la coopération et du business. Plus de commentaires publics pouvant être interprétés comme une ingérence. Nicolas Sarkozy fait montre de sa volonté d’ouvrir une nouvelle page avec l’Algérie en désignant en automne 2010 son “Monsieur Algérie”, en la personne de l’ex-Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, un homme du sérail de la bonne vieille droite française mais ouvert sur les autres, notamment le Sud, comme son physique fait de rondeurs. Cependant, pour que le processus soit vraiment enclenché, il aura fallu attendre le départ de Claude Guéant du secrétariat général de l’Élysée qui avait pris du poids dans la gestion de la politique arabe et africaine française. De nombreux analystes en étaient convaincus. Et pour accepter le poste que lui a offert Sarkozy, Juppé aurait exigé la cessation des interventions de Guéant, lequel, sorti de l’ombre élyséenne, se révèle, par ailleurs, raciste, xénophobe, islamophobe et anti-immigrés jusqu’au bout de ses ongles. La désignation de Nicolas Galley comme conseiller aux affaires maghrébines et du Moyen-Orient auprès du président français est significative du poids de Juppé au Quai d’Orsay. C’est un proche de l’ancien Premier ministre que Jacques Chirac avait souhaité voir reprendre sa relève à l’Élysée. Galley a également effectué un passage par le cabinet de Dominique de Villepin, l’autre Premier ministre chéri par Chirac. Dans les milieux diplomatiques, le conseiller aux affaires du Maghreb/Machrek est considéré comme un bon connaisseur du dossier algérien. En plus d'être marié à une Algérienne, il a occupé des postes diplomatiques à Alger de 1988 à 1991(deuxième puis premier secrétaire de l'ambassade de France). Son passage par Alger est intervenu à un moment crucial de la vie politique algérienne : la transition démocratique de 1989, suivie de l'interruption du processus électoral en 1991. Raffarin est venu deux fois à Alger, son interlocuteur, Benmeradi, ministre de l’Industrie, lui a rendu la pareille une fois à Paris. Renault, Sanofi, Lafarge, GDF Suez, Total, Saint-Gobain Cristal Union, Filière Laitière, Macif, Alstom… gagnent des places en Algérie. Ce sont des contrats qui devraient déboucher sur 30 000 emplois directs et 100 000 emplois indirects pour l’Algérie et une grande bouffée d’oxygène pour le commerce, l’industrie et les services français en crise.
Ce n’est qu’une mise en bouche car, le 30 mai, quelque quatre cents PME étaient derrière Raffarin à Alger pour prospecter le marché algérien. De nombreux projets en période d’incubation ont mûri à travers les discussions qui se sont passées ces dernières semaines entre industriels français et leurs homologues algériens, sous le coup de pousse de Raffarin et de représentants algériens, habilités par l’Élysée pour les premiers et El-Mouradia pour les seconds. Il reste des arbitrages à trouver pour d’autres projets et un jour il faudra bien ouvrir le dossier politique car, quelle que soit l’avancée de la coopération économique, les deux pays doivent donner à leur relation sa dimension politique, la sortir des calculs conjoncturels qui sont périodiquement établis à Paris comme à Alger. L’Algérie des réformes sera certainement plus à même d’obtenir ce qu’elle a toujours poursuivi, d’autant que la France, à en croire Juppé, a mis, dans le placard ses velléités hégémoniques au parfum néocolonialiste.
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