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Vivre sans le droit de conduire: une jeune Saoudienne raconte

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  • Vivre sans le droit de conduire: une jeune Saoudienne raconte

    En Arabie Saoudite, prendre le volant est, pour une femme, un acte hautement subversif. Privées du droit de conduire dans ce pays qui applique un islam ultra-rigoriste, les femmes sont appelées à mener la révolution routière, ce vendredi 17 juin. Et à suivre ainsi l'exemple de Manal al-Charif, une jeune informaticienne arrêtée fin mai, après avoir posté une vidéo sur Youtube. Elle s'y mettait en scène conduisant un véhicule.

    L'Arabie saoudite n'a connu aucune manifestation de rue, mais n'échappe pas pour autant aux demandes de liberté qui émergent du «printemps arabe». Un premier appel à manifester a été lancé en mars, sans succès. Les femmes saoudiennes ont aussi mené une action, fin avril, pour revendiquer le droit de vote.

    Fatimah (le prénom a été modifié) a la vingtaine et étudie la médecine. Elle raconte ce que l'interdiction de conduire implique dans son quotidien.

    «Ne pas pouvoir conduire est rageant. Dans un an, je serai médecin, j'aurai la vie de gens entre les mains et mon propre pays ne me croit pas capable de conduire une voiture. Je vais devoir trouver un étranger, juste pour faire marcher une machine très simple, que je suis capable de manipuler moi-même.
    Aujourd'hui, je me déplace avec le chauffeur de mes parents. Mais je crois que je n'aurai pas assez d'argent pour m'en payer un, seule. Et je n'ai pas de frères pour me conduire.
    Le chauffeur de mes parents vient d'Indonésie. La plupart sont originaires d'Asie du Sud-est: Indonésie, Philippines, Inde, Pakistan. Des musulmans très souvent, qui peuvent ainsi aller à La Mecque et Médine.
    Pour trouver un chauffeur, on passe par une agence, comme celles qu'on utilise pour engager des femmes de ménage. Pour les faire rentrer dans le pays (sous le nom de mon père, car seuls les hommes peuvent faire venir des travailleurs étrangers), on doit payer un permis de travail. Cela coûte 5000 riyals (940 euros), auxquels s'ajoutent le prix du billet d'avion.

    280 euros par mois

    La journée-type de mon chauffeur ressemble à ça: le matin, il nous emmène, ma soeur et moi, respectivement au collège et à l'hôpital. Puis il va faire quelques courses et reste à la maison toute la journée. L'après-midi, il revient nous chercher. Si plus tard on veut aller quelque part, il nous dépose et on l'appelle pour venir nous rechercher. Son salaire annuel est de 18.000 rials (3400 euros), soit 1500 rials (280 euros) par mois*. On doit aussi lui fournir un logement.
    Il travaille tous les jours, sauf le vendredi. Nous lui accordons ce jour de congé, mais il n'y a aucune loi claire qui réglemente le statut du personnel domestique. Certaines familles ne donnent aucun jour de congé, ne les laissent même pas aller voir des amis.
    Depuis mes quatre ans, c'est le cinquième chauffeur que nous avons. Si nous n'avons pas eu de problèmes avec eux, c'est parce que nous avons été chanceuses, voilà tout.
    L'un de nos chauffeurs précédents a été attrapé en train de boire et de faire des paris (ce qui est illégal). Un autre a été pris en train d'utiliser notre voiture pour transporter des étrangers.
    La plupart du temps, les chauffeurs arrivent ici sans savoir conduire. On doit les inscrire à l'auto-école et leur faire passer le permis. De plus, ils ne sont pas toujours dignes de confiance. Des cas de rapt, de viols, d'attentats à la pudeur, de réseaux de prostitution, remplissent les colonnes des journaux.

    «Elle reviendra saoûle»

    En théorie, on peut aussi prendre le taxi. On est autorisées à le prendre, mais le nombre de crimes associés aux taxis est si élevé que les filles ne le prennent jamais toutes seules. Il y a aussi des entreprises privées qui ont des minibus, pour emmener des filles à l'école. C'est moins cher que d'avoir un chauffeur. Autre solution: beaucoup de femmes qui vivent ou travaillent au même endroit partagent un chauffeur.
    Des femmes conduisent déjà dans des zones fermées, à Kaust [une université high tech, inaugurée en 2009, ndlr]et Aramco [compagnie nationale d'hydrocarbures, ndlr], ou même dans des petits villages du désert, sans problèmes. Mais le clergé en décourage le développement, proclamant que cela autorisera les femmes à «s'égarer», parce que c'est la première étape vers l'abolition du système de domination masculine. Le clergé raconte des choses telles que: "ta femme ira voir son amoureux, ta soeur sortira pour aller voir son petit ami" ou "elle dira qu'elle va travailler le matin, et elle reviendra saoûle". Tout ça pour effrayer les gens, pour qu'ils continuent à enfermer leur femme.
    Il ne s'agit pas simplement de conduire, il s'agit de droits humains de base.»
    *Le salaire mensuel moyen, en Arabie Saoudite, était de 1081,9 euros par mois (Source: Journal du Net / Banque mondiale)


    Libération 16/06/2011
    « N’attribuez jamais à la malveillance ce qui s’explique très bien par l’incompétence. » - Napoléon Bonaparte

  • #2
    J'ai vue ça aux infos ce midi, c'est fou quand même !! J'ai aussi vue que beaucoup d'hommes étaient avec elles et c'est top ça J'espère que ça changera pour ces femmes...

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