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L’Algérie, ou le conservatisme transformiste

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  • L’Algérie, ou le conservatisme transformiste

    C’est une ambiance de course contre la montre entre une agitation politico-sociale disparate mais soutenue et un pouvoir qui fait tout pour ralentir le mouvement. Une lutte entre le frein du régime et l’accélérateur de l’Histoire.

    Alors que la commission Bensalah clôturait sa série de consultations, première étape d’un processus de divertissement national, et que les différentes polices s’occupaient de réprimer, nerveusement, une nouvelle tentative de rassemblement de la CNCD, le vent de révolte se levait, du côté sud cette fois-ci. La corruption, la hogra et le chômage parmi la jeunesse des villes du Sahara et le déficit de gestion du logement social provoquent toujours les mêmes vagues de soulèvements locaux.

    Dans une semaine, le Maroc aura sa nouvelle constitution qui, malgré les insuffisances que lui trouvent les animateurs du Mouvement du 20 février, sera vraisemblablement approuvée par l’électorat marocain comme une réelle avancée démocratique. La commission Bensalah sera alors en train de synthétiser le fruit de ses “mouchaouarate”, amas de contributions, pour la plupart accommodantes, qui sera présenté comme l’expression de l’intelligence politique et civile nationale.

    Mais, la mise en scène, qui vient prendre la suite des largesses sociales envers les catégories les plus bruyantes, aura-t-elle atteint son réel objectif : substituer la critique de connivence à la voix de l’indignation et faire passer la première pour la seconde ?

    Ce n’était pas la bousculade au portillon de la commission qui a eu surtout à recueillir les avis familiers de représentants du sérail. Un président de Sénat et des conseillers à la Présidence recueillant, pour le compte du président de la République, les suggestions des chefs de l’Alliance présidentielle et de parti qui n’existent que par le système du quota de figuration ou par l’agrément du ministère de l’Intérieur : une bien singulière démarche pour la conception d’une Constitution démocratique et, donc, en rupture avec l’ordre en place.

    Le régime s’adonne une nouvelle fois, et comme il l’a toujours fait, à l’exercice de la transition recommencée, si rentable pour le système et si coûteuse pour le pays. Parce qu’il trouve, grâce à l’effet clientéliste de la rente, un activisme courtisan de “démocrates” appointés, toujours prompts à s’ébahir devant la grandeur de “l’initiative”, le régime croit posséder le talent du transformisme politique. Celui-ci est spectaculairement illustré par les pirouettes du Premier ministre qui, comme cela a été observé, fut de toutes les causes, l’éradication comme la réconciliation, la libéralisation effrénée comme le protectionnisme étouffant, la rigueur sociale comme la libéralité salariale. Même en ces moments d’exhibition démocratique, la nature régressive et liberticide du régime persiste : alors qu’il s’évertue à simuler la volonté de promouvoir les libertés démocratiques, son inclination à céder au rigorisme terrorisant de l’islamisme le contraint à sous-traiter, et de manière pratique, la chasse aux bars et aux “lieux de débauche” pour le compte de l’intégrisme, et son tempérament “uniciste” le pousse à réprimer toute manifestation de sa contestation.
    Le système n’admet aucune remise en cause extérieure : même sa remise en cause, il la revendique comme une réalisation propre et spontanée.

    Par : Mustapha Hammouche
    Liberté
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