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Comment Goldman Sachs a escroqué 1.3 milliard à la Libye

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  • Comment Goldman Sachs a escroqué 1.3 milliard à la Libye

    Des documents confidentiels libyens qui sont parvenus à Global Witness cette semaine révèlent que le fonds souverain libyen a perdu des milliards de dollars sur les marchés financiers internationaux au cours des dernières années et que Wall Street et des firmes européennes ont vendu à des managers libyens inexpérimentés des produits financiers douteux avant et après la crise financière mondiale de 2008. Un seul investissement avec Goldman Sachs en 2007 a perdu presque le total de sa valeur, plus d'un milliard de dollars, en seulement quelques mois.


    Avant que la Libye n’émerge enfin de sa longue période d’Etat paria, au milieu de la décennie passée, son énorme fonds souverain, les milliards de dollars de revenus pétroliers qu’engrange le pays chaque année, étaient principalement gardés dans des banques libyennes et investis dans des épargnes fiables modérément performantes ; il y avait peu d’options alternatives étant donné la position internationale de l’Etat libyen.
    Lorsque Kadhafi a signé des accords avec les Américains et les Britanniques en 2004, les milliards libyens ont subitement été mis à la portée des marchés financiers internationaux ; l’Autorité libyenne d’investissement (Libyan Investment Authority, LIA) a été créée en juin 2007 avec près de 40 milliards de dollars d’actifs. Les Libyens ont offert à des douzaines de firmes bancaires et d’investissement occidentales des tranches de centaines de millions de dollars chacune ; en réinvestissant la fortune du pays à l’étranger, ils espéraient qu’ils pourraient à la fois accroître cette fortune et le poids international du pays à travers une sorte de «diplomatie des fonds souverains» comme l’ont fait les pays du Golfe.
    Les banquiers de Wall Street, pas tous scrupuleux, se sont rués sur Tripoli et le siège de la LIA à Londres. Selon un télégramme datant de 2010 envoyé par l’ambassade américaine à Tripoli et obtenu par Wikileaks, ce sont à la fois Bernard Madoff, l’ex-président de NASDAQ qui a monté une vente pyramidale déguisée en société d’investissements, et Allen Stanford, dont le faux fonds alternatif a volé des milliards de dollars d’argent d’investissement, qui ont tout deux tenté de mettre la main sur une partie du fonds souverain libyen. A une réunion qui a eu lieu en janvier 2010 avec des diplomates américains, le président de la LIA, Mohamed Layas, aurait dit à l’ambassadeur que «Stanford (avait) approché la LIA alors qu’il était en pleine tourmente, offrant une part de 7 à 8% dans son escroquerie d’investissement mais qu’il (Layas) avait refusé». Des articles de presse avaient suggéré que la LIA avait en réalité perdu plus de cent millions de dollars dans un investissement avec Stanford.
    Même s’ils ont peut-être réussi à éviter les pires des escrocs, les Libyens ont néanmoins été très malchanceux, à la fois dans leur choix du moment et dans celui des conseillers en investissement qu’ils ont pris. En opérant le saut dans la finance internationale juste avant que la crise de 2008 ne frappe, le fonds souverain était assuré de rencontrer des difficultés. Lors de la même réunion, Layas s’était plaint à l’ambassadeur américain du fait que la LIA était en litige avec la défunte firme Lehman Brothers, qui avait «mal géré» un investissement qui valait des millions de dollars ; Lehman avait vendu aux Libyens un instrument financier à «revenus fixes» supposément conçu pour à la fois protéger le capital investissement de près du tiers d’un milliard de dollars et générer un revenu annuel. Mais au lieu de cela, c’est tout l’investissement qui a disparu et Lehman – qui entre-temps a cessé d’exister – doit toujours à la Libye près de 300 millions de dollars. Selon les documents de la LIA obtenus par Global Witness, un autre investissement géré par la Dresdner Bank a perdu plus de 30% de sa valeur initiale de 200 millions de dollars en juin 2010, et il y a eu des pertes similaires sur un portefeuille encore plus important géré par la Société Générale.

    Les Libyens impressionnés par le Vampire des Abysses

    Cependant, le plus important des investissements et de loin le pire, a été fait avec Goldman Sachs, la gigantesque banque d’investissement de Wall Street, appelée par ses critiques dans la presse américaine le «Vampire des Abysses». Celle-ci a payé l’année dernière une pénalité de 500 millions de dollars pour avoir escroqué des investisseurs durant la crise financière de 2008 et devrait faire face à des accusations en matière pénale cette année.
    En mai 2007, les partenaires Goldman ont rencontré le directeur adjoint de la LIA, Mustafa Zarti et un certain nombre de ses collègues à Londres. Zarti a ensuite invité Goldman au siège de la LIA à Tripoli. Goldman a envoyé quelques-uns de ses poids lourds à Tripoli. Parmi eux le chef des revenus ventes européen et le chef de son département «marchés émergents» Driss Brahimi, né marocain, et dont on disait qu’il était parmi les gens les mieux rémunérés de toute l’histoire de la finance britannique. «Nous étions totalement impressionnés par Driss», avait raconté l’un des ex-cadres de la LIA au Wall Street Journal. «Il était une rock star alors que nous, nous ne gagnions que des clopinettes. Nous nous sommes sentis honorés par sa présence.» Les Libyens, impressionnés et inexpérimentés, sont ainsi tombés pour Goldman comme des écolières.
    Le premier investissement libyen était de près de 350 millions de dollars en deux comptes de gestion d’actifs. Mais dans les mois qui suivirent, les cadres de Goldman ont convaincu les Libyens d’investir lourdement dans des options d’achat pour lesquelles ils paieraient le droit d’acheter dans le futur des actions et devises à des prix spécifiques. Les Libyens ont mis un montant astronomique – 1.3 milliard de dollars dans des options à terme de devises (currency futures) et options d’achat sur un petit groupe de six actions : la banque américaine Citigroup, la banque italienne UniCredit, la banque espagnole Santander, la compagnie d’assurances allemande Allianz, la compagnie électrique française EDF et l’italienne Eni. Si le cours de ces actions avait augmenté dans un proche avenir au-delà du prix fixé par les options, les Libyens auraient gagné de l’argent sur le différentiel. Mais au lieu de cela, ces actions ont toutes décroché assez rapidement, faisant perdre toute valeur aux options; un investissement en devises de moindre importance a également perdu l’essentiel de sa valeur. En quelques mois, cet investissement de 1,3 milliards de dollars ne valait plus que 25 millions de dollars, perdant ainsi 98% de sa valeur. Les responsables libyens ont accusé Goldman Sachs d’avoir présenté ces transactions de manière trompeuse et d’avoir effectué des transactions sans y être autorisés. Selon le Wall Street Journal, Zarti, fou de rage, avait convoqué les cadres de Goldman à une réunion avec les avocats de la LIA en juillet 2008, où il était tel un «taureau en furie» maudissant et menaçant le chef du bureau Afrique du Nord de Goldman et d’autres. Les employés effrayés de Goldman ont alors appelé leurs patrons qui leur ont loué des body gardes jusqu’au moment où ils ont quitté la Libye.
    Soit par désir d’éviter d’endommager sa réputation auprès d’autres fonds souverains ou peut-être pour continuer à gagner de grasses commissions auprès des Libyens, Goldman a tenté pendant plus d’un an de garder secrètes les énormes pertes et essayé de raccommoder les choses avec la LIA, offrant une demie douzaine de deals différents à Zarti et Layas, y compris une offre de 5 milliards de dollars en actions Goldman en échange d’un investissement de 3.7 milliards de dollars. Mais il existe un vieux proverbe américain qui dit : «dupe-moi une fois honte à toi, dupe-moi deux fois honte à moi». Les Libyens étaient évidemment méfiants à l’idée de donner encore plus d’argent aux mêmes gens qui venaient de perdre l’entièreté de leur investissement. Les négociations étaient au point mort mais les Libyens espéraient encore récupérer leur argent lorsque la révolution éclata en février.
    Les différents documents divulgués et rendus publics cette semaine suggèrent que la LIA a perdu des milliards de dollars en mauvais conseils et caprices des marchés financiers internationaux en l’espace de seulement deux ans, ce qui est certainement un avertissement à d’autres pays cherchant à investir la fortune de leur pétrole à l’étranger. Mais bien sûr, un avertissement encore plus saisissant est venu ce printemps ; presque immédiatement après le début de la révolution libyenne, les Etats américain et européens ont gelé quasiment tous les avoirs de la LIA à l’étranger, mettant subitement des dizaines de milliards de dollars hors de portée de Tripoli. Cette semaine, les Américains débattent de la possibilité de faire parvenir une partie de ces fonds au gouvernement rebelle à Benghazi, dans un geste qui serait sans précédent dans de telles situations. Zarti, entre temps, a fui en Autriche où il a demandé l’asile.

    Maghreb Emergent
    And ye shall know the truth and the truth shall make you free.

  • #2
    Cette semaine, les Américains débattent de la possibilité de faire parvenir une partie de ces fonds au gouvernement rebelle à Benghazi, dans un geste qui serait sans précédent dans de telles situations
    Pour financer la guerre et l'achat des armes aux américains & co.

    Et financer les multinationales pour la reconstruction.

    Et bien sure ça ne sera pas suffisant, la Libye fera appel sans doute aux généreuses institutions financières.
    Rebbi yerrahmek ya djamel.
    "Tu es, donc je suis"
    Satish Kumar; "Tout est lié, c'est le don qui est le lien naturel entre tout".

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