Tanger.- On avait cru qu’avec tout le bazar du changement de la constitution la manière de travailler de certains médias « professionnels » allait également changer. On s’est trompés. Installée confortablement à Tanger depuis 1980, Médi1, une radio maroco-française vient de nous donner la preuve qu’elle reste fidèle à l’esprit paramilitaire de son fondateur Pierre Casalta. .
Pour titre d’exemple on a choisi par hasard le journal en français de 22h00 du mercredi 22 juin.
Premier sujet. Le présentateur ouvre son journal par un « colloque international organisé à l’Ecole nationale d’administration de Rabat », et dont le sujet, comme il fallait s’y attendre, est le projet de révision de la constitution.
Tout se déroule normalement jusqu’à ce que l’envoyé spécial évoque le nom de « l’un des organisateurs du colloque ». Il s’agit rien moins que de Charles de Saint Prot, un universitaire français qui a épousé ces dernières années, et sans la moindre précaution, tous les postulats politiques du Makhzen, internes et externes.
Ce sympathisant des régimes baasistes arabes qui ont séquestré leurs peuples et mis à feu et à sang le Moyen Orient et qui taxait Saddam Hussein de « gaulliste arabe », s’est reconverti depuis la perte d’influence de ces anciens amis dans les affaires maghrébines. Pour mémoire, lors de la parution du livre « Le grand malentendu » du journaliste et écrivain Ali Amar il avait été chargé de le contrer sur un plateau de télévision en France.
Puis on a droit à l’avis du professeur Christophe Boutin, de l’université de Caen, qui paraissait quelque peu contrarié que le roi, en tant qu’arbitre (et hôte généreux !), ne puisse plus avoir la possibilité de dissoudre le parlement (qui revient au chef du gouvernement dans la nouvelle constitution).
Pour appuyer ses dires, ce cher professeur a fait appel à la constitution de la Ve République française qui prévoit que le pouvoir de dissolution du parlement revient au chef de l’Etat « dans un régime on ne peut plus démocratique ». Sauf qu’au Maroc, qui n’est pas la France, on est dans un cas de régime « on ne peut plus autocratique ».
Deuxième sujet. Quittant son envoyé spécial, le journal revient tout de suite sur le même sujet : le colloque. Cette fois-ci, il fait parler un professeur marocain. Mohamed Benyahia, de l’université Mohamed V, fait une brillante prestation en expliquant qu’avec le changement du nom du Conseil supérieur de la magistrature en Conseil supérieur du pouvoir judiciaire, la justice marocaine allait retrouver son indépendance et se libérer des pouvoirs législatif et exécutif.
Mais voilà, notre érudit semblait avoir oublié que le roi, qui va présider le nouveau conseil, forme partie du pouvoir…exécutif. Une petite contradiction que Médi n’a pas relevé.
Troisième sujet. Notre vaillant petit soldat radiophonique annonce un scoop : la poursuite du même colloque dans les locaux de l’Ecole nationale d’administration de Paris.
Quatrième sujet. On croyait en avoir fini avec la constitution, et bien non on y est toujours. Le conducteur du journal nous lit une dépêche sur le secrétaire général des Nations-Unies, Ban Ki-Moon, qui se serait « réjoui » de la réforme constitutionnelle.
Et pour étoffer le sujet, notre présentateur nous « signale » gentiment la publication d’un article « évocateur » dans la « prestigieuse revue américaine » Foreign Policy » : « Maroc la voie royale de la démocratie ».
A la fin, on s’est rendu compte que les quatre sujets sur le même sujet avaient occupé six précieuses minutes des 17 minutes que compte le journal.
Médi1, conduite par des « professionnels » français de l’information, aura défendu durant ces six minutes de bout en bout la version officielle sur le référendum. Elle n’a à aucun moment donné la parole à ceux qui défendent le contraire, c’est-à-dire le « non » ou le boycott à la nouvelle constitution.
Comme elle n’a pas « signalé » la publication d’un article « évocateur » dans la plus que « prestigieuse revue américaine » Foreign Affairs qui avait écrit parfaitement le contraire de ce qu’a écrit Foreign Policy.
« Ma radio Medi 1, bilingue, honnête et bien faite », dit la chansonette….
Abdellatif Gueznaya
Demainonline
Pour titre d’exemple on a choisi par hasard le journal en français de 22h00 du mercredi 22 juin.
Premier sujet. Le présentateur ouvre son journal par un « colloque international organisé à l’Ecole nationale d’administration de Rabat », et dont le sujet, comme il fallait s’y attendre, est le projet de révision de la constitution.
Tout se déroule normalement jusqu’à ce que l’envoyé spécial évoque le nom de « l’un des organisateurs du colloque ». Il s’agit rien moins que de Charles de Saint Prot, un universitaire français qui a épousé ces dernières années, et sans la moindre précaution, tous les postulats politiques du Makhzen, internes et externes.
Ce sympathisant des régimes baasistes arabes qui ont séquestré leurs peuples et mis à feu et à sang le Moyen Orient et qui taxait Saddam Hussein de « gaulliste arabe », s’est reconverti depuis la perte d’influence de ces anciens amis dans les affaires maghrébines. Pour mémoire, lors de la parution du livre « Le grand malentendu » du journaliste et écrivain Ali Amar il avait été chargé de le contrer sur un plateau de télévision en France.
Puis on a droit à l’avis du professeur Christophe Boutin, de l’université de Caen, qui paraissait quelque peu contrarié que le roi, en tant qu’arbitre (et hôte généreux !), ne puisse plus avoir la possibilité de dissoudre le parlement (qui revient au chef du gouvernement dans la nouvelle constitution).
Pour appuyer ses dires, ce cher professeur a fait appel à la constitution de la Ve République française qui prévoit que le pouvoir de dissolution du parlement revient au chef de l’Etat « dans un régime on ne peut plus démocratique ». Sauf qu’au Maroc, qui n’est pas la France, on est dans un cas de régime « on ne peut plus autocratique ».
Deuxième sujet. Quittant son envoyé spécial, le journal revient tout de suite sur le même sujet : le colloque. Cette fois-ci, il fait parler un professeur marocain. Mohamed Benyahia, de l’université Mohamed V, fait une brillante prestation en expliquant qu’avec le changement du nom du Conseil supérieur de la magistrature en Conseil supérieur du pouvoir judiciaire, la justice marocaine allait retrouver son indépendance et se libérer des pouvoirs législatif et exécutif.
Mais voilà, notre érudit semblait avoir oublié que le roi, qui va présider le nouveau conseil, forme partie du pouvoir…exécutif. Une petite contradiction que Médi n’a pas relevé.
Troisième sujet. Notre vaillant petit soldat radiophonique annonce un scoop : la poursuite du même colloque dans les locaux de l’Ecole nationale d’administration de Paris.
Quatrième sujet. On croyait en avoir fini avec la constitution, et bien non on y est toujours. Le conducteur du journal nous lit une dépêche sur le secrétaire général des Nations-Unies, Ban Ki-Moon, qui se serait « réjoui » de la réforme constitutionnelle.
Et pour étoffer le sujet, notre présentateur nous « signale » gentiment la publication d’un article « évocateur » dans la « prestigieuse revue américaine » Foreign Policy » : « Maroc la voie royale de la démocratie ».
A la fin, on s’est rendu compte que les quatre sujets sur le même sujet avaient occupé six précieuses minutes des 17 minutes que compte le journal.
Médi1, conduite par des « professionnels » français de l’information, aura défendu durant ces six minutes de bout en bout la version officielle sur le référendum. Elle n’a à aucun moment donné la parole à ceux qui défendent le contraire, c’est-à-dire le « non » ou le boycott à la nouvelle constitution.
Comme elle n’a pas « signalé » la publication d’un article « évocateur » dans la plus que « prestigieuse revue américaine » Foreign Affairs qui avait écrit parfaitement le contraire de ce qu’a écrit Foreign Policy.
« Ma radio Medi 1, bilingue, honnête et bien faite », dit la chansonette….
Abdellatif Gueznaya
Demainonline
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