Tanger.- Le dessinateur marocain Khalid Gueddar serait toujours interdit de caricature au Maroc. A part une petite collaboration avec le site Lakome.com, il n’aurait pas le « droit » de travailler dans aucun autre média, traditionnel ou électronique.
Récemment, après que le site Kifache ait publié une de ses caricatures, « quelqu’un » aurait appelé un certain Redouane Ramdani responsable de cette Web pour lui tirer les oreilles.
Cette information a été confirmée par le propre Gueddar depuis Bruxelles, où il se trouve actuellement. « Ramdani m’a dit que quelqu’un lui avait demandé pourquoi il avait publié ma caricature. Le plus marrant, c’est qu’il s’agit d’une ancienne caricature que ce site a publié sans mon consentement », a expliqué Gueddar en s’esclaffant de rire.
Khalid Gueddar, un historique de Demain magazine et Doumane, deux publications interdites par Sidna en 2003, a défrayé la chronique journalistique il y a deux ans quand il a eu l’insigne honneur d’être poursuivi en justice par le prince Ismaïl El Alaoui, alias « Moulay Ismaïl ». Ce noble cousin du roi Mohamed VI, qui est à l’affut, comme toute sa famille, de la moindre bonne affaire à rafler au royaume, s’était offusqué qu’un roturier puisse le dessiner.
Khalid avait dessiné dans le quotidien Akhbar El Youm, à l’occasion du mariage de ce petit seigneur avec une Teutonne, un gentil dessin où on voyait Sidi Moulay assis sur une « ammaria » avec comme toile de fond le drapeau marocain frappé de l’habituelle croix à cinq branches, dont on n’apercevait que quelques unes.
Or, pour la police judiciaire, la DST (qui s’associa à la poursuite) et la « justice », il s’agissait en fait d’une croix dite juive à six branches, celle qui orne le drapeau israélien. Khalid Gueddar nia à juste raison l’intention qu’on lui prêtait, sans aucune preuve d’ailleurs.
Mais qu’importe ! Ce qui intéressait Sidi Moulay c’était de punir et le journal et le caricaturiste pour avoir commis un si grand forfait. Le siège d’Akhbar Al Youm fut investi et occupé par la police, et ses journalistes et employés expulsés sans ménagement de leurs bureaux. Sans aucun mandat judiciaire. Comme si on était dans une république bananière, ou plutôt dans une monarchie bananière.
Dans les allées de la police judiciaire de Casablanca, où ils avaient été convoqués, Taoufik Bouâchrine, le directeur d’Akhbar Al Youm, et son caricaturiste, on a eu droit à une scène surréaliste. Le patron de la DST de Casablanca s’était spécialement déplacé pour insulter et menacer physiquement, devant un parterre de témoins, Gueddar et Bouâchrine.
Après un retentissant procès, ces derniers furent finalement condamnés à une peine de prison avec sursis. Quelque temps plus tard, Bouâchrine qui avait recruté Gueddar « au nom de la liberté d’expression » après que ce dernier fut licencié d’Al Massae, licencia à son tour le caricaturiste…
Selon Gueddar, la DST avait mis comme condition à la reprise d’Akhbar Al Youm son départ du journal.
Depuis, ce dernier ne peut travailler contractuellement avec aucune publication marocaine.
Abdellatif Gueznaya
Demainonline
Récemment, après que le site Kifache ait publié une de ses caricatures, « quelqu’un » aurait appelé un certain Redouane Ramdani responsable de cette Web pour lui tirer les oreilles.
Cette information a été confirmée par le propre Gueddar depuis Bruxelles, où il se trouve actuellement. « Ramdani m’a dit que quelqu’un lui avait demandé pourquoi il avait publié ma caricature. Le plus marrant, c’est qu’il s’agit d’une ancienne caricature que ce site a publié sans mon consentement », a expliqué Gueddar en s’esclaffant de rire.
Khalid Gueddar, un historique de Demain magazine et Doumane, deux publications interdites par Sidna en 2003, a défrayé la chronique journalistique il y a deux ans quand il a eu l’insigne honneur d’être poursuivi en justice par le prince Ismaïl El Alaoui, alias « Moulay Ismaïl ». Ce noble cousin du roi Mohamed VI, qui est à l’affut, comme toute sa famille, de la moindre bonne affaire à rafler au royaume, s’était offusqué qu’un roturier puisse le dessiner.
Khalid avait dessiné dans le quotidien Akhbar El Youm, à l’occasion du mariage de ce petit seigneur avec une Teutonne, un gentil dessin où on voyait Sidi Moulay assis sur une « ammaria » avec comme toile de fond le drapeau marocain frappé de l’habituelle croix à cinq branches, dont on n’apercevait que quelques unes.
Or, pour la police judiciaire, la DST (qui s’associa à la poursuite) et la « justice », il s’agissait en fait d’une croix dite juive à six branches, celle qui orne le drapeau israélien. Khalid Gueddar nia à juste raison l’intention qu’on lui prêtait, sans aucune preuve d’ailleurs.
Mais qu’importe ! Ce qui intéressait Sidi Moulay c’était de punir et le journal et le caricaturiste pour avoir commis un si grand forfait. Le siège d’Akhbar Al Youm fut investi et occupé par la police, et ses journalistes et employés expulsés sans ménagement de leurs bureaux. Sans aucun mandat judiciaire. Comme si on était dans une république bananière, ou plutôt dans une monarchie bananière.
Dans les allées de la police judiciaire de Casablanca, où ils avaient été convoqués, Taoufik Bouâchrine, le directeur d’Akhbar Al Youm, et son caricaturiste, on a eu droit à une scène surréaliste. Le patron de la DST de Casablanca s’était spécialement déplacé pour insulter et menacer physiquement, devant un parterre de témoins, Gueddar et Bouâchrine.
Après un retentissant procès, ces derniers furent finalement condamnés à une peine de prison avec sursis. Quelque temps plus tard, Bouâchrine qui avait recruté Gueddar « au nom de la liberté d’expression » après que ce dernier fut licencié d’Al Massae, licencia à son tour le caricaturiste…
Selon Gueddar, la DST avait mis comme condition à la reprise d’Akhbar Al Youm son départ du journal.
Depuis, ce dernier ne peut travailler contractuellement avec aucune publication marocaine.
Abdellatif Gueznaya
Demainonline
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