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Palestine: délégation à Matignon.

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    RENCONTRE DU TROISIÈME TYPE À MATIGNON
    Compte rendu de l'Union Juive Française pour la Paix (UJFP).
    Comme annoncé dans le dernier « Infos UJFP », le Collectif national pour une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens a été reçu par les services du Premier ministre le mercredi 19 avril suite à la décision de l’Union européenne de couper l’aide aux Palestiniens. Un rassemblement a eu lieu à proximité de Matignon au cours de cette rencontre. La délégation était composée de Bernard Ravenel pour l’AFPS, de Richard Wagman pour l’UJFP, de Nahla Chahal pour la CCIPPP et de Majed Bamya pour la GUPS. Bien que ce soit la cellule diplomatique de Matignon qui nous ait reçus, la rencontre a eu lieu au Quai d’Orsay. La réunion s’est déroulée dans la prestigieuse salle de crise du Ministère des Affaires étrangères. La délégation gouvernementale était composée de trois personnes, dont deux hauts fonctionnaires responsables de la politique française au Proche-Orient : Hervé Besancenot (pas de parenté avec Olivier) et François-Aïssa Touazi, Conseiller au Cabinet de Philippe Douste-Blazy.

    Comme vous pouvez imaginer, c’était la langue de bois diplomatique qui était de mise côté gouvernemental, mais la délégation du Collectif national a fait feu de tout bois : les conséquences de la suspension de l’aide, la situation humanitaire dans les territoires, le Mur, l’Accord d’association UE-Israël, le tramway, la coopération militaire franco-israélienne, etc. Les représentants gouvernementaux ont essayé de nous convaincre que « seulement » 100 millions d’euros ont été « provisoirement » suspendu sur une enveloppe totale de 250 millions (en l’occurrence l’aide budgétaire directe à l’Autorité palestinienne). Ils ont également dit que dans les coulisses, la France a plaidé pour le maintien de l’aide humanitaire et que notre pays, tout comme l’UE, est tenu par les obligations de la « liste des organisations terroristes » (sur laquelle figure le Hamas). Ils ont avoué que la décision européenne était prise par consensus des 25 États membres, avec le consentement de la France, qui fait partie de ce consensus. Leur malaise était visible, trahissant des dissensions au sein des ministères clés sur cette question.

    La délégation du Collectif national ne s’est pas gênée pour démonter ces arguments un à un et souligner que c’est la lisibilité de la position française et l’audibilité de la France qui sont sérieusement écornées, pas seulement dans le monde arabe, mais également en Europe. Au nom de l’UJFP (j’ai également fait écho du communiqué des JEPJ adressé à José Manuel Barroso), j’ai signalé qu’Israël est également redevable devant la communauté internationale pour son usage de la violence et pour la non-reconnaissance des droits du peuple palestinien. C’est moi qui ai évoqué le tramway, le pavillon israélien au salon aéronautique du Bourget et le financement du « Salon de l’alaya » du KKL à Marseille par le Conseil régional PACA. J’ai laissé un dossier à la délégation gouvernementale avec plusieurs documents, dont nos courriers adressés à Douste-Blazy et à Javier Solana, la brève parue dans « Infos UJFP » sur la suspension de l’aide aux Palestiniens, ainsi qu’un communiqué de la Fédération des JEPJ.

    Pendant ce temps, Chirac était en Egypte en train de plaider en faveur de l’aide financière aux Palestiniens. Pour l’opinion au cœur du monde arabe, la France fait une chose à Bruxelles et dit une autre chose au Caire. Plus lisible que ça tu meurs. Nos hôtes nous ont dit (avant que cette nouvelle soit largement reprise par la presse) que Douste-Blazy ira au Proche-Orient au mois de mai, où il rencontrera des responsables israéliens et palestiniens (mais seulement Mahmoud Abbas – il ne verra aucun ministre du Hamas). Il attend d’abord la formation du nouveau gouvernement israélien. Puis Mahmoud Abbas sera de nouveau à Paris le 28 avril, où il sera reçu par Chirac.

    Après la levée de la réunion, François-Aïssa Touazi m’a dit qu’il est prêt à nous rencontrer de nouveau. Je lui ai dit que nous sommes toujours à sa disposition. Vaut mieux qu’il consulte l’UJFP que le CRIF sur la politique française au Proche-Orient.

    En sortant de la rencontre, Bernard, Nahla, Majed et moi avons arpenté les quelques coins de rue qui séparent le Quai d’Orsay de Matignon, où nous nous sommes rendus pour faire un rapport au rassemblement. Une compagnie de CRS a bloqué la rue d’accès et nous avons aperçu le rassemblement à 100 mètres, de l’autre côté du barrage policier. Les flics nous regardaient stoïques, mine de dire « vous ne passerez pas », pensant que nous étions des badauds ou bien de simples renforts pour la manif. Je me suis approché du brigadier chef, disant tout droit que nous arrivons du Quai d’Orsay où nous avons été reçus sur ce dossier par le conseiller de Philippe Douste-Blazy. Il a donné l’ordre de nous laisser passer et un policier en civil nous a escorté jusqu’à la rue suivante où le rassemblement nous attendait. Juste devant l’entrée principale de l’Hôtel Matignon, Bernard Ravenel m’a regardé, un peu surpris. En guise d’explication, je lui ai dit que Paris, ce n’est pas Jénine et que les barrages des CRS n’ont rien à voir avec les checks-points israéliens ! Il y avait une belle lumière au soleil couchant, éclairant le rassemblement au bout de la rue. En s’approchant, la première chose qu’on a pu voir était notre banderole UJFP-ATMF (la seule déployée sur les lieux) avec l’inscription visible de loin : « Juifs et Arabes unis pour la justice ». Dommage que je n’avais pas mon appareil sur moi : c’était vraiment une très belle image.

    Richard Wagman
    21/04/06
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