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La géothermie profonde, une alternative au nucléaire et au gaz de schiste

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  • La géothermie profonde, une alternative au nucléaire et au gaz de schiste

    Des accidents aussi graves que ceux de Tchernobyl et de Fukushima constituent le centre d'ondes de choc qui interpellent toutes celles et tous ceux qui veulent bien réfléchir sur les destinées que nous réserve notre société industrielle.

    De nombreux incidents ou accidents jalonnent l'utilisation de l'énergie atomique. Mais au delà d'un certain niveau de gravité, Tchernobyl et Fukushima montrent qu'ils ne sont plus maîtrisables. Le problème le plus inquiétant étant celui de la contamination radioactive de toute une région. Même dans le cadre d'un fonctionnement normal, une centrale émet des déchets nucléaires qu'il faut retraiter.

    Certains comme le plutonium 239 ne perd que la moitié de sa radioactivité en 24 000 ans (il y a 24 000 ans, l'humanité était encore en plein paléolithique). Comme il faut surveiller les déchets, certains déchets vont nécessiter de très longues périodes de surveillance.

    Vingt-six ans après son arrêt, on ne sait toujours pas comment se débarrasser des éléments contaminés de l'ex-centrale de Brennilis en Bretagne. Ce n'est qu'un aperçu du fardeau que nous allons abandonner sur les épaules des générations futures. Ces aspects particulièrement négatifs, sont systématiquement niés ou ignorés par les inconditionnels du nucléaire.

    Mais le nucléaire civil présente aussi un revers de médaille colossal, qui est le nucléaire militaire, issu des mêmes minéraux et des mêmes techniques de séparation et de concentration. Les menaces que ce dernier fait peser sur notre devenir sont encore plus radicales puisqu'il y va de la survie de l'humanité. Le potentiel de destruction de notre force de frappe peut s'élever jusqu'à près de 4 000 Hiroshima. Quant aux Américains et aux Russes, leurs stocks d'armes nucléaires leur permet à chacun de détruire, raser, carboniser plusieurs fois la surface des terres émergées. Force est de reconnaître que le nucléaire dans ces deux principales composantes fait perdre la tête aux "grands responsables" de la planète.

    Quant au gaz de schiste, étant donné la multitude de produits toxiques qu'il faut utiliser pour fracturer les roches, il a causé d'énormes dégâts dans les nappes phréatiques du sous-sol américain et de l'environnement des forages. La pollution s'est même étendue aux cours d'eau ainsi qu'à l'eau de consommation qui en principe doit rester potable. Un certain nombre de municipalités comme celles de New York et de Buffalo ont fait interdire tout forage sur leur territoire. Le gaz de schiste est, de loin, le plus polluant des carburants fossiles.

    Jusqu'à maintenant, de toutes les énergies disponibles, la géothermie profonde, alors qu'elle est particulièrement abondante, fait figure de parent pauvre. C'est dans le nord de l'Alsace que notre pays s'investit dans cette énergie. Les forages y ont une profondeur de près de 5 km pour atteindre des eaux qui ont une température de près de 200°C. A cette température et à cause de la pression de 300 bar, l'eau ne bout pas. Elle ne se mettra à bouillir qu'en se rapprochant de la surface. Elle peut alors servir à faire tourner les turbines d'une centrale électrique.

    Situé sur une faille géologique, le nord de l'Alsace fait partie des zones privilégiées pour lesquelles on trouve assez rapidement des températures élevées. Font aussi partie de ces zones privilégiées, les zones volcaniques. C'est ainsi qu'avec leurs centrales géothermiques, l'Islande et d'autres pays profitent de la chaleur souterraine amenée par les volcans. Dans l'île de la Guadeloupe, un forage profond seulement d'un kilomètre à cause de la proximité du volcan de la Soufrière, permet à l'île de produire une partie de l'électricité dont elle a besoin.

    Partout ailleurs en dehors de ces zones privilégiées, chaque fois qu'on s'enfonce d'un kilomètre dans l'écorce terrestre, la température augmente en moyenne de 25°C. A 5 km de profondeur, on est à 125°C, ce qui est un peu juste pour faire tourner des turbines étant donné que cette eau chaude va perdre quelques dizaines de degrés en remontant.

    Il suffit donc de descendre de quelques 2 à 3 km plus bas pour bénéficier de températures voisines de 200°C et faire tourner directement des turbines. On arrive ainsi dans les parages d'un océan d'énergie pratiquement illimité. Cette énergie a de plus l'énorme avantage d'être totalement gratuite. Une fois le forage terminé, l'installation d'un tube en acier en forme de U de grandes dimensions permettrait de remonter vers la surface des eaux chaudes et des vapeurs non corrosives. Ces dernières peuvent alors être envoyées directement dans les turbines. Un isolant entourant le tube chaud permettrait de limiter les pertes thermiques.

    Dans la presqu'île de Kola, les ingénieurs russes sont arrivés à descendre à plus de 12 km. Point n'est besoin de descendre à de telles profondeurs pour installer partout (ou presque) des centrales géothermiques. Il suffit pour cela de rendre un peu plus performantes les techniques actuelles de forage.

    C'est là un défi auquel il est urgent de s'atteler pour surmonter les difficultés technologiques auxquelles devront faire face les techniciens. L'homme a déjà surmonté bien des défis technologiques autrement plus redoutables notamment dans les domaines aéronautique et spatial. Mais il y avait alors la volonté politique d'aboutir. Il y a fort à parier que les obstacles à surmonter seront moins considérables que ceux qu'il a fallu surmonter pour les forages en mer.

    La géothermie présente bien d'autres avantages avec tous les risques de pollution en moins. Les centrales géothermiques peuvent être installées à proximité des centres de consommation comme les villes ou les zones industrielles et éviter ainsi les transports d'électricité sur de longues distances avec les pertes qui s'ensuivent. La sécurité dans ces centrales est identique à celle des centrales thermiques classiques qui jusqu'à maintenant ont posé peu de problèmes.

    La géothermie peut présenter un espoir sérieux pour mieux maîtriser le grave problème du réchauffement climatique en diminuant la consommation des carburants fossiles.
    Une généralisation de la géothermie profonde et une limitation de la gloutonnerie énergétique du système actuel, permettraient d'établir avec l'ensemble des énergies renouvelables une économie plus stable, plus sociale et moins sujette à des crises car moins dépendante des spéculateurs.

    Jean Molénat, ingénieur et docteur en sciences
    LEMONDE.FR
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

  • #2
    salam 3alik solas

    merci pour article , très intéressant

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    • #3
      Intéressant, merci pour l'article.

      L'homme a déjà surmonté bien des défis technologiques autrement plus redoutables notamment dans les domaines aéronautique et spatial. Mais il y avait alors la volonté politique d'aboutir.
      Peut être un jour on pourra construire des centrales électriques sur des volcans, rien n'est impossible s'il y a une volonté pour aboutir.

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