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Les pays du golfe Persique misent sur l'aluminium

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  • Les pays du golfe Persique misent sur l'aluminium

    Grâce à leur énergie électrique à bas prix, les pays du Golfe s'affirment bien placés pour produire de l'aluminium à prix compétitif. Les investissements en cours feront de la région l'un des foyers de la production mondiale.

    Le pays de l'or noir va-t-il devenir aussi celui du métal blanc ? C'est probable, au vu des multiples projets d'usines de production d'aluminium primaire qui fleurissent dans la région du golfe Persique. L'Arabie saoudite, Bahreïn, le Qatar, Dubaï (Emirats arabes unis), Oman, le Koweït prévoient de créer ou d'étendre des fonderies d'aluminium dans les trois à cinq ans qui viennent. Au total, la capacité de production d'aluminum dans la région devrait dépasser 2,5 millions de tonnes par an (1 million actuellement), représentant 8 à 10 % du marché mondial. Des marchés en perspective pour les fournisseurs d'équipements industriels.

    Les deux producteurs actuels, Alba (Bahreïn) et Dubal (Dubaï), ont déjà lancé l'extension de leurs unités de production. Mais les« néophytes », que sont Oman, le Qatar, l'Arabie saoudite et le Koweït, préparent des projets de plusieurs centaines de milliers de tonnes, et qui se chiffrent en milliards de dollars. Certains sont confirmés, d'autres en discussion. Mais tous reposent sur le même double constat : les pays producteurs d'hydrocarbures du Golfe ont besoin de diversifier leurs sources de revenus et ils ont les moyens de produire de l'électricité à bas prix, indispensable à la production d'aluminium par électrolyse.

    Réduire leur dépendance vis-à-vis du pétrole

    En fait, certains pays ont compris depuis longtemps la nécessité de réduire leur dépendance vis-à-vis des revenus pétroliers. L'Arabie saoudite a développé, depuis vingt ans, une sidérurgie qui produit 4,5 millions de tonnes d'acier par an. Bahreïn a créé une industrie de transformation de l'aluminium, en aval de la production d'aluminium primaire par Alba. A Dubaï, l'aluminium est devenu la troisième activité industrielle après le pétrole et le gaz. Par ailleurs, le Qatar est présent dans l'acier et le ciment. Oman développe ses usines de liquéfaction de gaz naturel et a lancé l'an dernier un projet d'usine d'engrais. Cependant, malgré ces efforts, les hydrocarbures représentent encore 80 % des exportations des pays du Golfe.

    Certains pays ont l'avantage d'avoir des réserves de gaz naturel, facilement « transformables » en électricité bon marché, à condition d'investir dans des centrales électriques (turbines à gaz). Un atout décisif pour l'aluminium, sachant que l'énergie électrique peut représenter jusqu'à un tiers du coût de production d'une tonne de métal. L'exploitation des ressources gazières est, de fait, devenue une priorité dans les pays richement dotés tels le Qatar et l'Arabie saoudite, respectivement au troisième et quatrième rang mondial des réserves de gaz (après la Russie et l'Iran). Une « diversification » qui est souvent à la base d'autres initiatives industrielles.

    C'est clairement le cas au Qatar, qui a, au moins, un siècle de production de gaz devant lui. Ainsi, une fonderie d'aluminum de 500 000 tonnes par an sera installée à Ras-Laffan, en plein site d'exploitation gazière, à 80 kilomètres de la capitale Doha. « Le montage financier est sur le point d'être bouclé, et l'appel d'offres sur les études et l'ingénierie devrait déboucher sur un contrat en avril 2004 », indique Christian Ponsot, chef de la mission économique française de Doha. L'américain Bechtel et le canadien SNC Lavalin font partie des ingéniéristes préqualifiés. La présélection de Technip est en cours pour la phase de réalisation. L'usine d'aluminium - de technologie Comalco-Dubal -sera alimentée par une centrale électrique au gaz de 1300 MW.

    Assurer l'approvisionnement en gaz

    Tous les pays du Golfe n'ont pas cette opportunité. Certes, à Dubaï, la première unité de production d'aluminium de Dubal a démarré en 1979. Aujourd'hui, sa capacité est d'environ 500 000 tonnes par an, et un projet d'extension portera la production annuelle, en 2006, à plus de 700 000 tonnes. Les français Alstom et Reel (ponts de manutention) font notamment partie des fournisseurs. Mais pour assurer l'alimentation électrique de Dubal (et du pays en général), Dubaï dépend de ses voisins pour l'approvisionnement en gaz. Il en négocie actuellement le prix avec le Qatar, pays dans lequel il est par ailleurs engagé dans un autre projet de fonderie : il détient 49 % du capital de Dohal, joint-venture avec UDC, le holding privé du Qatar qui investit dans plusieurs projets industriels comme la pétrochimie ou les engrais.

    L'approvisionnement en gaz est aussi la clé des deux projets d'extension de production d'aluminium à Bahreïn. Alba, la société nationale, dispose aujourd'hui d'une capacité équivalente à celle de son concurrent Dubal. Mais ses projets doivent hisser le producteur de Bahreïn au-delà du million de tonnes annuel avant 2010. Pour la cinquième ligne en construction, qui doit démarrer en mars 2005, Alba a sécurisé son approvisionnement en gaz pour vingt ans, grâce au gisement local. La centrale électrique de 630 MW est fournie par Alstom, tandis que la technologie d'électrolyse AP30 est d'origine Pechiney. « La part des fournisseurs français représente 150 millions de dollars, hors Alstom », indique Alain Boutebel, chef de la mission économique française à Bahreïn. On y retrouve, par exemple, une filiale de Fives-Lille, Solios (anodes, traitement des effluents, fours), ou la société de Seine-Saint-Denis, Brochot (équipements industriels). Mais à l'étape suivante, dont le calendrier n'est pas encore arrêté, Alba doit négocier son approvisionnement sur les champs gaziers de ses voisins du Qatar ou de l'Arabie saoudite.

    Autre défi : la bauxite, la matière première de l'aluminium, et dont le prix flambe actuellement, en raison de la demande en Chine. En Arabie saoudite, un gisement important dans le nord du pays a suscité le montage d'un projet industriel intégré : extraction de la bauxite, raffinerie d'alumine et fonderie d'aluminium. Sans oublier une ligne ferroviaire entre le gisement et les usines de la région de Jabail, sur la côte est, qui coûterait, à elle seule, 1,5 milliard de dollars... Le projet industriel pourrait démarrer sans attendre le train avec de l'alumine importée, estime-t-on à la mission économique française de Ryiad.

    Pas de risque de surcapacités

    Alba, en revanche, n'a pas d'accès direct au minerai de bauxite. Le producteur de Bahreïn a donc choisi de passer un accord de fourniture à long terme en alumine avec l'américain Alcoa. Les deux groupes ont signé un accord préliminaire qui doit être confirmé au premier semestre 2004 et se traduire par une prise de participation de 26 % d'Alcoa dans Alba. « C'est un partenariat, et rien de plus, tient à souligner Jeremy Nottingham, directeur adjoint d'Alba Nous avons besoin d'alumine à bas prix tandis qu'Alcoa veut disposer d'aluminium à bas coût. »

    Une énergie électrique bon marché et des capacités de production élevées, c'est avec ces atouts que les producteurs d'aluminium du Golfe - actuels ou futurs - comptent s'imposer sur le marché mondial. Mais ils ne sont pas les seuls à investir. D'importantes créations ou extensions de fonderie sont en projet : en Afrique du Sud (Pechiney-Alcan), en Amérique du Nord (Alcoa), en Australie (Aldoga), au Mozambique (BHP Billiton), ou encore en Islande (Alcoa, Norsk Hydro). Sans oublier un autre producteur d'hydrocarbures, Brunei qui, avec Alcoa, étudie lui aussi la possibilité de se mettre au métal blanc. Avec un risque de surcapacités ? « La consommation d'aluminium devrait globalement continuer à croître de 4 % par an, comme c'est le cas depuis vingt ans. Le marché devrait donc absorber sans problème les nouvelles capacités qui seront installées d'ici à 2010 », affirme Patrick de Schrynmakers, secrétaire général de l'European Aluminium Association.

    La compétition viendra de l'acier et des plastiques

    Si les producteurs d'aluminium du Golfe ont de bonnes raisons d'être confiants dans leur compétitivité, reste une grande inconnue : la Chine. Premier producteur mondial d'aluminium primaire, ce pays est aussi devenu, depuis 2002, exportateur net de métal blanc. En phase de restructuration accélérée - des dizaines de petits producteurs sont condamnés - l'industrie chinoise de l'aluminium a de nom- breux projets d'augmentation de capacités. Des ambitions souvent refrénées par des problèmes d'approvisionnement en électricité dans certaines régions. De toute façon, estime-t-on chez Alba, la compétition dans les années qui viennent ne mettra pas aux prises les producteurs d'aluminium, mais opposera, encore et toujours, l'aluminium à ses concurrents habituels : l'acier et les plastiques.

    THIERRY LUCAS
    L'Usine Nouvelle n° 2898



    Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-la.” Saint Augustin

  • #2
    Cause perdue

    Encore une industrie LARGEMENT accessible à l’Algérie qu'on regarde passer!

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