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L'université et la recherche scientifique en Algérie

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  • L'université et la recherche scientifique en Algérie

    Let us not look back in anger, nor forward in fear, but around us in awareness.” – James Thurber

    « Ne regardons pas le passé avec colère, ni l’avenir avec crainte, mais le présent avec enthousiasme. »



    La fin des années soixante le psychologue canadien Laurence J. Peter énonça le principe paradoxal suivant (appelé depuis lors Principe de Peter) :
    « Tout nouveau membre d’une organisation hiérarchique gravit les échelons de la hiérarchie jusqu’à atteindre son niveau d’incompétence maximale[1] ».
    L’idée sous-jacente est que les promotions sont accordées aux individus les « meilleurs » mais que la compétence demandée à chaque niveau est essentiellement indépendante (ou au moins bien différente) de celle requise au niveau précédent[2].
    Début 2010, le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique qui a alloué un budget de 250 milliards de dinars du programme quinquennal 2010-2014 pour le développement de la recherche scientifique, vient de lancer pour atteindre ces objectifs un grand chantier, sous l’énoncé de :
    Projets Nationaux de la Recherche (PNR). Il s’en est fallu de peu pour que ce soit un principe !

    Ainsi, dans cette perspective et pour faire enfin un peu de recherche développement en Algérie, 34 PNR ont été arrêtés[3], c’est ce que vient d’annoncer la direction générale de la recherche scientifique et du développement technologique (DG-RSDT).
    Pour cela, tenez vous bien, pas moins de 2577 projets touchant à tous les domaines on été retenus par les « commissions d’experts », allant de la nanotechnologie, aux sciences fondamentales, à l’histoire nationale, la préhistoire, l’archéologie et les énergies renouvelables.
    Les chiffres, notion très élastique dans notre pays n’étant jamais définitifs, ce nombre de projets risque d’être augmentés d’environ 1500 autres à l’étude par les commissions de recours.
    Les commissions sont en effet très à la mode en ce moment ! Et ne me demandez pas surtout pas de vous éclairer davantage sur les mécaniques et les prestidigitationsqui amènent les uns à se prononcer sur les autres et à décider de tout et pour tous.

    Des cérémonies en grandes pompes ont ainsi été organisées pour la signature des dits contrats de recherche, et ce, à Alger, Constantine et Oran, nous reviendrons sur ce syndrome que sans doute le principe de Peter pourra expliquer ne serait ce que partiellement et qui touche en particulier l’université avec ces lots impressionnants de chercheurs aux sommets de la hiérarchie.
    Cette fois, c’est décidé, l’université et pour reprendre les propos d’un responsable (chercheur de facto) au ministère : »les résultats attendus permettront de prendre les décisions adéquates pour le développement du pays, en citant également des priorités stratégiques comme la poursuite du programme national spatial, les énergies renouvelables et le développement du nucléaire civil (les militaires chez nous sont sympathisants de Green Peace et ne touchent pas au nucléaire, ils préfèrent les safaris du Sahel) YES WE CAN !
    5,6 milliards de dinars ont donc été débloqués et l’appel d’offres pour les PNR a mobilisé plus de 18.000 chercheurs à travers près de 3.998 soumissions de projets examinées par 15 organismes pilotes, qui ont eu à évaluer la pertinence de ces propositions de projets de recherche.


    On se souvient en effet de ce triste épisode où faute de moyens et de laboratoires de recherche performants, 23 sacs d’ossements, patrimoine du parc du Tassili (cimetière Mankhor) envoyés dans les laboratoires de Frobenius, en vue de leur datation, n’ont jamais été rendus à l’Algérie[4].
    On se souvient également du scandale des vaccins H1N1 non-conformes, pour ne pas dire superfétatoires et autres vaccins périmés[5] qui n’ont ému aucune communauté scientifique ni aucun laboratoire de recherche, encore moins nos facultés et leur lots de juristes lorsque, cerise sur le gâteau, la seule scientifique à avoir dénoncé l’arnaque et le danger a été traînée dans le boxe des prévenus, mais là, paraît il ce n’était ni un problème d’ordre scientifique, ni économique puisqu’il aurait été question seulement, je dis bien, seulement, d’importateurs peu scrupuleux.

    Je ne voudrais pas m’avancer trop vite, mais le développement économique et le rayonnement scientifique, ces thèmes si chers à nos décideurs new look du secteur de la recherche, peuvent ils réellement survivre, voire exister dans ce chaos et ce débridement social, moral et politique ?

    A quoi sert d’injecter des milliards de dollars ou de dinars dans des structures sclérosées qui croulent sous la paperasse, et avec des responsables, arrogants, autoritaires et naviguant à vue qui siègent indéfiniment dans des universités où la libre expression est prohibée, où la moindre opposition est réprimée et où la plus petite critique est criminalisée ?
    On ne saura jamais de quelle crédibilité et de quelles compétences disposent nos commissions pour évaluer des dossiers et des projets de recherche ou pas, ils ont été désignés pour ce faire, et ceci se passe de tout commentaire.
    Ces structures croulent sous des cartons de papier et de rapports souvent illisibles, et le sérieux attendu pour apprécier, jauger et coter des travaux est souvent supplanté par des mécanismes de passe droit, de routine et de rituels. Vous retrouverez sans trop de peine les mêmes thèmes de recherche depuis 20 ans repris par les mêmes équipes, avec comme seule innovation parfois l’intégration de nouveaux membres, choisis, de préférence, parmi les copains, les conjoints et ceux qui savent ce qu’il faut faire et ne pas faire, ce qu’il faut dire et ne pas dire pour toucher ces fameuses primes de recherche.
    Bien sûr il y aura toujours des enseignants qui croient en leur métier et qui tentent d’imposer la réflexion, mais tous, finissent malheureusement par se lasser et se plier à ce cérémonial et cette cohue où se confondent formulaires, formalités et fourberie au détriment du savoir-faire et de la recherche.
    Ce pays qui ne vit que de ses richesses souterraines, peut-il continuer à se payer le luxe de se passer d’éducation de qualité et de recherche ?

    Jusqu’à quand ces façades chiffrées et ces murs de la honte qui entourent et quadrillent nos universités ?
    Sans recherche scientifique, sans dynamique sérieuse de changement, ces lieux dits universitaires censés éclairer et guider la société sont aujourd’hui les chantiers de toutes les dérives, ils sont devenus les hauts lieux de bourrage et de propagande où se bousculent les CV de tous les tartufe qui ne rêvent que de gravir ces fameux échelons que le pouvoir a prévu pour décorer ses vitrines.
    Un petit siège à l’assemblée par ci, une petite nomination par décret présidentiel pas là, et c’est la consécration d’une brillante carrière scientifique.

  • #2
    Ce délestage programmé qui entretient l’université par les séminaires démagogiques, les discours creux accompagnés de data show colotés où l’on ne voit que des chiffres en constante augmentation, ce délestage n’a que trop duré et alors qu’on espérait qu’avec les récentes augmentations, de nouveaux types de comportements allaient enfin voire le jour dans la communauté des professeurs, force est de constater, qu’au contraire, les vieux démons n’ont été que trop bien nourris.
    Forts de leur investissement sur les salaires, l’appas de nouvelles primes et de nouveaux « postes » a amorcé de façon pavlovienne une dynamique de gloutonnerie et d’insatiabilité redoutable et jamais observée auparavant même lorsque les enseignants pouvaient difficilement joindre les deux bouts et rêvaient à peine de posséder une petite voiture.

    Au moment où les étudiants inquiets du devenir de l’université se font bastonner dans la rue, les professeurs acceptent les pires humiliations pour une prime dite de recherche.
    Ces constats souffrant toujours d’exception, je suis certaine que beaucoup parmi nos rares chercheurs sont très inquiets, mais faute d’organisation et de structuration, les voix sont timorées, timides et souvent étouffées.

    Au moment où les intellectuels du monde entier réfléchissent aux crises, brisent les tabous, se positionnent et sortent même dans les rues accompagner les cris de détresse de leurs peuples, les nôtres sirotent les élixirs des tyrans dans les salons molletonnés, insonorisés et hermétiques de ceux qui ne s’encombrent d’aucun protocole pour rappeler aux professeurs leur statut « chasseurs de primes ».

    Est-il raisonnable d’envisager une dynamique économique quelconque basée sur la recherche et le développement dans un pays incapable de protéger ses richesses, ses jeunes et sa monnaie, un pays où la corruption touche tous les sommets et bats tous les records, un pays qui n’a jamais connu de processus électoral digne de ce nom ?
    Attendons les résultats des nouveaux PNR, me diriez vous ?

    Quand certains vont à la recherche comme on va à la soupe

    34 dits Projets Nationaux de Recherche viennent donc d’être « lancés », précédés d’augmentations de salaires substantielles (du moins comparé aux précédentes augmentations et surtout aux autres secteurs), 900 laboratoires de recherche, des enseignants au grade de professeur en nombre croissant voire exponentiel, des primes de recherche atteignant jusqu’à trois fois le SMIC, et pourtant, et pourtant, une université qui reste, et selon plus d’un critère, médiocre, au point d’être parmi les plus mal classées y compris en Afrique[6].

    A titre indicatif, il faut savoir par exemple que sur le Top 100 des universités Africaines, la première université Algérienne n’arrive qu’au 49ème rang !

    Par pudeur, je n’oserai pas vous citer de classement en dehors de l’Afrique !

    Comme le dit si bien un brillant mathématicien interrogé à propos de cette prime de rechercher et de l’université en général :

    N’est il pas aberrant d’accorder une prime de recherche à des enseignants-chercheurs ? Est-ce que dans leur statut il n’est pas spécifié que c’est une part importante de leur activité ?
    Malheureusement, dans le brouillard dans lequel nagent les cerveaux de nos dirigeants (et non décideurs), je pense que ce n’est qu’un moyen d’acheter la paix…créer 900 laboratoires de recherche est une question d’aligner un chiffre, je pense qu’on pourrait même en créer 3 fois plus, soit 2700, il suffit de permettre à toute équipe de 4 personnes de se constituer en Labo.

    La notion de niveau de ridicule n’étant pas linéaire, cela ne l’étonne pas du tout.

    C’est le même climat qui prévaut à l’université depuis des années, où se succèdent grèves et malaises, scandales de tout genre[7], réformes et contre réformes, fuite des enseignants et des étudiants, dévalorisation des diplômes, absence de moyens et où les équipes dirigeantes, en parfaites répliques de tout ce qui fait le pouvoir dans ce pays, agissent par clanisme, encourageant médiocrité et vassalité, autoritarisme et gestion arbitraire.
    Cette université budgétivore qui matraque ses étudiants, couvre et couve toutes le dérives, allant du plagiat, aux faux diplômes et bien sûr aux titres de professeurs offerts par décrets et parfois à des enseignants sans baccalauréat, cette université dont les responsables nommés à vie censurent et excluent du débat tous ceux qui refusent d’appliquer ou d’acquiescer et de se ranger derrière eux, se veut aujourd’hui moderne et tournée vers la recherche scientifique.

    Les enseignants CHEFS de PNR ont été invités, pour ne pas dire convoqués à signer des contrats de recherche au cours d’un cérémonial presque initiatique, dont le moins qu’on puisse dire est qu’il se voulait froissant, et n’ayons pas peur des mots, avilissant pour des enseignants à qui on a tenu à rappeler les conditions draconiennes, voire kafkaïennes de ces contrats, s’apparentant au pointage et aux pires paperasseries.
    Il est par exemple exigé de remplir des « cahiers » chaque semaine !

    Le monde de l’Algérien ordinaire, contrôlé par les réseaux du mensonge et de la vanité découvre depuis peu que le pouvoir, en plus de toutes les armes dont il dispose, se paie le luxe de mettre à son service des « professeurs » et des dits « chercheurs », c’est-à-dire de hauts diplômés que personne ne pourra traiter d’analphabètes comme ce fût longtemps le cas chez nous.
    Un peu comme une énième revanche pour mieux écraser ce Ghachi et en toute bonne conscience puisque la science et ses médailles et les experts et leur monde (celui des commissions) auront parlé et surtout pensé pour nous !

    Or la réalité, pour la comprendre, le monde toujours ordinaire n’a pas besoin de faire ou d’avoir fait Saint-Cyr, il voit la détresse de nos diplômés, les cris de nos médecins résidents et la rage de nos étudiants en LMD.

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    • #3
      Licence, Master, Doctorat : LMD, dites vous ?

      Pour rappel, le système LMD (Licence Master doctorat) est un projet rapporté dans les valises Parisiennes de Bouteflika en 2003 sous prétexte de nous mettre aux normes européennes, un argument hautement autistique pour ceux qui ne semblent pas voire chaque jour nos barques de harragas hors normes, nos fuites de capitaux énormes et tous ces indices de misère humaines et de précarité que subissent les Algériens.
      Sans que l’on ne sache jamais pourquoi les pays développés veulent s’encombrer de canards boiteux, il a été décidé de nous aligner sur l’UE et le monde en général, tels des trous absorbants nous avons tout calqué, dans la forme bien sûr !

      Ainsi, et pour des raisons que la raison ne connaîtra jamais, ce système est appliqué alors que le ministre est en campagne électorale à l’époque, à coups d’injonctions sans nuances et avec presque une brutalité et une célérité jamais observée auparavant.
      Dûment appliqué par des recteurs et des responsables qui n’avaient d’autre choix que de s’exécuter tels des sergents s’ils voulaient bien sûr être maintenus en poste et ne pas subir les foudres de ceux qui les nourrissaient, le LMD est entré par effraction.
      Evidement, liberté de la presse et libertés syndicales obligent, aucun mot n’est soufflé sur les véritables enjeux de cette mascarade décriée y compris en Europe et qui n’est que le corollaire du processus de Bologne dont le but officiellement est de construire un espace européen de l’enseignement supérieur mais dont les objectifs inavoués ne sont autres que de marchandiser le savoir dans une logique utilitariste très dangereuse et aux effets à long terme incommensurables.

      Quand on voit les dégâts des logiques normatives et faussement unitaires en Grèce, au Portugal et ailleurs et dont le but était aussi de mettre tous les pays Européens sur les mêmes normes et la même monnaie, je vous laisse un seul instant imaginer la débâcle et les ravages de telles réformes dans un pays comme l’Algiré !

      L’autocratie et le caporalisme par la production scientifique

      Définitivement acquise aux modèles des titres, de la gestion des carrières et surtout des ego par la hiérarchisation excessive de la dite production scientifique sans réflexion ni débat autour de cette fameuse quantification des compétences ; sans ossature ni structures scientifiques sérieuses, autonomes et pouvant un tant soit peu étayer les référentiels, et sous l’impulsion des nouvelles directives calquées surtout sur le modèle français et trempées dans les modes de pensées militarisées, l’université avec ses enseignants s’est entourée d’un danger d’une toute autre nature.

      Au moment où ailleurs les remises en cause vont bon train et où ce qu’on appelle la BIBLIOMETTRIE interpelle toute la communauté scientifique, notre université semble définitivement embourbée dans cette course effrénée et infernale vers les titres dont le seul but est la promotion aux sommets de cet amas qui se pense et se veut pyramidal.

      L’université est en réalité dirigée sans le moindre critère crédible pour une évaluation des compétences, certes il y a des commissions et surtout des commis, des conseils scientifiques dont la disparité dans les modes de fonctionnement n’est plus à prouver, des structures qui fonctionnent par cooptation, copinage et consensus boiteux, mais à ce jour, la communauté scientifique reste incapable de se structurer et de s’investir dans le sens d’une émancipation et d’un projet commun pour dégager d’abord des objectifs et réfléchir ensuite aux moyens d’apprécier, d’estimer voire d’arbitrer des résultats et des travaux.


      Le centre nationale de recherche en mathématiques par exemple qui a réquisitionné les meilleurs et les plus sincères ne risque pas de voire le jour et son projet ne sortira des tiroirs que si preuve est faite que ceux qui y siègeront n’opposeront aucune résistance aux NON-projets des décideurs, n’exprimeront aucune velléité d’autonomie et de souveraineté et ne s’interposeront jamais pour dénoncer ou critiquer les politiques d’enseignement et de recherche.

      Depuis peu un discours faussement internationaliste impose par exemple (en plsu du LMD) et dans une ambiance aussi biaisée et aussi frelatée, la notion du dit facteur d’impact (Impact Factor : IF), une sorte de mesure de l’importance d’une revue scientifique en fonction du nombre de fois qu’un article publié est cité ailleurs et qui est calculée chaque année par l’Institute for Scientific Information (ISI) pour chaque revue suivie.
      Pourtant, et comme le rappellent à chaque fois les chercheurs, à titre d’exemple, les deux revues scientifiques considérées les plus prestigieuses et qui sont Nature et Science, ont toutes deux des facteurs d’impact autour de 30, alors que nombres de revues de domaines spécialisés de très haut niveau, et faute de lecteurs ont des facteurs d’impact inférieurs à 5 !
      Au-delà de l’hégémonie anglophone qui sanctionne de très bonnes revues notamment en sciences sociales, dans certains domaines, les chercheurs se retrouvent obligés de bricoler en tronçonnant leurs résultats afin de multiplier le nombre de publications.

      La crainte de se faire humilier par le collègue qui accède aux dits rangs magistraux, car il faut bien le comprendre, c’est en ces termes que sont perçues les rapports et les responsabilités chez nous, c’est-à-dire par l’exercice du pouvoir au sens strict et restreint du terme, cette crainte a généré les pires dérives comportementales et les déviances les plus marquantes de cette décennie, et ce à l’évidence, au détriment d’une pédagogie débrayée et relayée au second plan, puisque non valorisée et donc non CAPITALISABLE.

      Peu importe ce que vous faites en classe, puisque vous publiez paraît il !

      Ainsi, il n’est improbable de retrouver les meilleurs enseignants parmi les moins titrés.

      Le principe de Peter prend pleinement son sens parmi des décideurs et des acteurs qui en ignorent l’existence et continuent à croire qu’en réinventant le fil à couper le beurre, ils auront gagné la bataille de la science et de l’autocratie par les titres scientifiques.

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      • #4
        Questionnaire

        En conclusion, nous avons tenu à étayer ce papier par un questionnaire présenté à des professeurs Algériens dont certains n’ont pas eu le choix que de travailler actuellement dans des laboratoires de recherche à l’étranger (et même souvent dans les meilleurs), non sans avoir tenté et à plusieurs reprises de jeter les pont pour être un tant soit peu utiles à l’université Algérienne.

        Leurs expériences ont toutes été confrontées, et selon leurs propos, à la médiocrité des responsables et des chercheurs sur place, à l’aveuglement et à l’autoritarisme ambiant.

        Notre enquête ne se targue pas d’être exhaustive, mais les chercheurs contactés semblent tous malheureusement d’accord pour dire que la qualité fait gravement défaut et que l’argent injecté bien que nécessaire, sans les gestionnaires qualifiés, ne sert à rien, si ce n’est bien sûr à renflouer les statistiques et les poches des intermédiaires et autres importateurs qui gravitent autour de l’université.

        Leurs réponses sincères et sans détour nourries d’une longue expérience méritent d’être lues et relues.

        Je tiens auparavant à rappeler ces deux phrases qui m’ont particulièrement interpellée et même suggérée le titre de ce papier, c’est celles d’un professeur très apprécié à l’USTHB et ailleurs qui les a citées dans ses réponses à mon questionnaire :

        Loin de la réalité du terrain, dénués de toute humilité, ces systèmes n’ont jamais pensé au principe de Peter.

        A la question si les la recherche scientifique est toujours possible en Algérie : Oui, heureusement,…même les terres les plus arides donnent les fruits, …il faut savoir les cultiver !

        Nous avons joint un résumé de réponses, pour chaque question nous présentons au moins deux réponses.

        • Avec les mêmes équipes, les mêmes mécanismes, les mêmes visions méprisantes et déconnectées des réalités et surtout cette illégitimité qui ne trompe plus personne, couplée à cet acharnement à réduire au silence toute velléité de compétence , selon vous, est-ce encore possible et surtout crédible ce discours sur la recherche scientifique ?


        Il y a un parallèle strict entre ce discours et le discours « politique » général. Exactement, comme il n’y a qu’une démocratie de façade, il n’y a qu’une recherche de façade. La mascarade est peut-être plus ample et plus subtile dans le cas de la recherche. (Il y a bien sûr des exceptions dans les deux cas).

        خطاب السلطات من أعلى الهرم إلى أسفله الخاص بالبحث العلمي (وأيضا بأمور أخرى ذات صلة بالبحث، مثل التربية والتعليم بكل مستوياته) سيئ للغاية وينبغي التنديد به بكل قوة. سيئ لأنه كان ولا يزال ديماغوجيا بشكل لا يحتمل. فهؤلاء يقدمون دائما الكم على الكيف. وما يهم البحث بوجه خاص هو الكيف وليس الكم. فمثلا عندما تستعرض تلك السلطات قضايا البحث يسعدها أن تشير إلى مئات المخابر وآلاف المشاريع البحثية. في حين أننا نعلم أن هناك العديد من المخابر البحثية بدون مقرات، وحتى تلك التي لها مقرات جلها غير كافية حتى لتوفير مكاتب للباحثين. أما مشاريع الأبحاث التي تسيرها الوزارة فحدث ولا حرج، إذ أن كل ما فيها علاوة تمنح لكل باحث في آخر السنة، أما بقية مقتضيات البحث فغالبا ما تكون غائبة. ورغم ذلك فنحن لا نستثني من هذا النقد الباحث شخصيًا. فهو يتحمل قسطا وافرا من تردي الأوضاع. كيف يسكت مثلا عن بقية مستلزمات البحث وكأن العلاوة وحدها هي التي تهمه؟ وإذا اعتبرنا تحضير الأطروحات بحثا فلا بد من الاعتراف بأن العديد من مشاريع البحث –رغم ما فيها من عيوب- قد حفّزت الكثير من الزملاء على استكمال رسائلهم الجامعية. وهذا أمر جميل.


        • A votre avis, pourquoi les enseignants, pour la plupart des professeurs ont-ils accepté de signer ces contrats ? Les primes alléchantes allouées en contrepartie seraient elles la seule explication ?


        - je pense que la question de signature de ces contrats n’a posé aucun problème (de conscience) pour la plupart des professeurs.

        -Il y a un préoccupation majeure du pouvoir algérien, c’est d’exhiber des chiffres satisfaisants, la quantité comptant plus que la qualité. Cette préoccupation a amené l’université à délivrer des diplômes sans consistance scientifique. Cela a amené ces nouveaux diplômés au grade de professeur sans réelle qualification scientifique. Ces derniers sont amenés pour justifier leur existence, et asseoir leur autorité, à publier dans des revues sans déontologie, à plagier, et à être sans scrupule. Il serait intéressant, (mais naturellement impossible à réaliser), d’étudier la qualité scientifique de ceux qui se sont précipités pour signer les contrats dans des conditions lamentables, et de ceux qui ont refusé de signer le jour dit.

        من المؤسف القول بأنه يبدو لي أن حجم العلاوة هي الدافع الأول الذي أدى بالزملاء على الإقدام على توقيع عقود البحث في إطار برنامج الوطني للبحث. وبالنسبة لي أستطيع أن أتفهم بعض الشيء هذا الوضع لولا الاستفزاز والاحتقار والإهانة التي كان هؤلاء الزملاء ضحيته من قبل القائمين على هذا البرنامج وأخص بالذكر المدعو’سلامي’ الذي جمع رؤساء المشاريع بالآلاف في الوسط والشرق والغرب معتبرهم كالقطعان في مهرجانات فلكلورية لا داعي لها… سوى لإشعارهم بأنهم أقلّ بكثير مما يدعون وأنهم تحت رحمته عاجلا أم آجلا…


        • La recherche scientifique dans notre pays, est ce possible ?


        -Il y a plusieurs niveaux de recherche.
        Sans recherche, l’université devient un lycée ; il est indispensable d’assurer un niveau minimal.
        Sans que ce soit une recherche pure, des projets technologiques ciblés seraient possibles.
        En termes d’innovation pure, c’est une affaire d’hommes, c’est-à-dire essentiellement, une activité individuelle…
        Bref, une vraie recherche pourrait engager un petit pourcentage (10%, disons) ; un autre niveau d’activité assimilée est à imaginer pour le reste (90%).

        -La recherche scientifique est toujours possible en Algérie. Le budget consacré à la recherche est à mon avis très important. Le problème c’est que nous n’avons pas de gestionnaires compétents pour faire mener cette recherche à bien. Les gestionnaires pensent qu’il suffit de donner l’argent pour que tout aille très bien, tout en continuant à mépriser le chercheur (je n’explique cette contradiction entre donner beaucoup d’argent et dévaloriser la personne que par l’incompétence des gestionnaires, quand bien même certains d’entre eux sont de bonne foi). Ce qu’il y a, c’est que plus il y a de professeurs sans réelle formation scientifique, plus la réparation des dégâts est longue et difficile.


        هل البحث العلمي ممكن؟ نحن واثقون بأن هناك بضعة مئات من المشاريع العلمية التي يشرف عليها زملاء في جامعات الوطن تستحق التقدير والتنويه. وسواء توصلوا إلى نتائج مرموقة أم لم يتوصلوا فلو ظلوا على تلك الطريقة لتمكنوا من الوصول ذات يوم. ولذلك لا بد من تشجيع هؤلاء أيما تشجيع. لكن هذا التشجيع لا يتم بتشجيع الرداءة في آن واحد، وهذا بوضع تلك المشاريع في نفس مقام مشاريع أخرى تشتم ضحالتها ورائحتها الكرهة من عناوينها.


        Toute une panoplie de notions et critères scientifiques, de normes, de classement, de performances du chercheur par des publications dans des revues scientifiques dite ‘’cotées’’ ou à fort Impact Factor, est en train de s’imposer et d’accompagner cette politique de réforme de l’université.

        • Au-delà des référentiels qui peuvent toujours être remis en cause, pensez- vous qu’il existe actuellement à l’université Algérienne des critères crédibles pour évaluer les compétences et la qualité des chercheurs ?


        -Non, l’erreur objective dans tous ces critères est si importante que leur application devient superflue.

        -Il ne peut y avoir des critères crédibles pour évaluer la compétence et la qualité des chercheurs, et en même temps chercher à faire progresser le nombre de professeurs à une vitesse qui dépasse tout raison.

        نعتقد أن المشكل ليس في وجود المعايير بل في تطبيقها. كيف مثلا نتصور زميلا يقيّم زميلا له في نفس الجامعة أو قريبا منه؟ هل يمكن في هذه الحالة أن يكون هناك حد أدنى من الموضوعية مهما كانت كفاءة ذلك الخبير؟ هل يمنع علينا الاستفادة من الخبرة الأجنبية مثلا؟ هذا لا يعني أنه ليس لدينا كفاءات تقوم بذلك. نحن نعلم أن دولا مثل الأردن أو السعودية وغيرها من بلدان العالم الثالث (حتى لا نضرب مثلا بدول متقدمة) تطلب خبرة الأجانب من كل الدول حتى في ترقية أستاذ مساعد إلى رتبة أستاذ محاضر ومن رتبة أستاذ محاضر إلى رتبة أستاذ. ومن بين هؤلاء الخبراء جزائريون يعملون بالجزائر… هذا دليل آخر على وجود كفاءات عندنا إن كان هذا السؤال مطروحا.

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        • #5
          • Qui selon vous, est habilité à définir les priorités en matière de recherche dans un pays ?


          - Il ne serait pas déshonorable de copier d’autres pays ?

          -Les priorités doivent être définis par des politiques (sérieux). La mise en pratique doit être faite par un commission composée en partie de politiques et en partie de scientifiques (compétents)

          من المعلوم أن في كل بلد هناك خبراء علميين مستشارين لدى أصحاب القرار من السياسيين. ويعتمد القرار السياسي هنا على خبرة أهل العلم. بمعنى أن الذي يعلن عن الأوليات في باب سياسة البحث العلمي هو « السياسي »، لكن ذلك يعكس توجيه أهل العلم (الخبراء العلميين).


          • Peut-on évaluer la recherche sans être capable d’évaluer les diplômes délivrés par l’université ?



          On ne peut pas en même temps, donner une formation au rabais à l’école, au lycée, et à l’université, donner des diplômes au rabais, et exiger une recherche compétente. Ceci est un tout qui relève donc de la politique, et personnellement, pour le moment, je ne pense pas que le pouvoir actuel ait la volonté ou le courage de redéfinir sa politique dans ce domaine.

          يبدو لي أنه يمكن تقييم البحث بمعزل عن تقييم الشهادات. فالبحث يمكن مثلا تقييمه بالحكم على أصالة النتائج التي توصل إليها، أو بالنواة البشرية التي كونها في اختصاصه. أما تقييم الشهادات فهو موضوع آخر حسب ما يبدو لي. يمكن تقييمها بالمستوى التي كانت فيه قبل 10 أو 20 سنة في نفس البلد. كما يمكن تقييمها مقارنة بشهادات الجيران التي تحمل نفس التسميات ونفس المؤهلات. ويمكن أيضا تقييمها بالحاجة التي تفي بها. فنحن بالمدرسة العليا للأساتذة مثلا نكوّن أساتذة للتعليم الثانوي والمتوسط. إن كان مفتشو التعليم ومسؤولو المؤسسات راضين عن أداء خرّيجينا (مقارنة بأداء غيرهم) فإننا سنقيّم شهادة المدرسة تقييما إيجابيا، والعكس بالعكس.


          • La liberté d’expression, de réflexion, de réunion et d’initiative sont prohibées à l’université, selon vous est ce une fatalité irréversible et est ce une exigence incontournable pour redynamiser l’université ?


          - Ces libertés pourraient redynamiser l’université sur le plan culturel, mais pas nécessairement sur le plan de la recherche scientifique.

          -La prohibition dont vous parlez ne vise pas spécialement l’université, mais fait partie d’un tout, qui est que le pouvoir, ne peut accepter que ce qui ne le met pas en danger. Ainsi, par exemple, l’élection des instances de l’université, ferait certainement améliorer la gestion de l’université, et la qualité des enseignements; cependant, beaucoup d’élus n’accepteraient alors pas les diktats du pouvoir et refuseraient les incohérences, d’où l’opposition à toute élection.

          سؤال لا يطرح إذ لا شك أن حرية التعبير والمبادرة أمر أساسي في كل مكان، وبوجه خاص في الحرم الجامعي. وبدون ذلك تفقد الجامعة (جامعة الأفكار) ركيزة أساسية ولا يمكنها أداء مهمتها على أكمل وجه. ولسوء الحظ فالجامعة عندنا بحاجة ماسة إلى هذا النوع من الحريات.

          Zineb AZOUZ,
          Le 26 Juin 2011

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