Let us not look back in anger, nor forward in fear, but around us in awareness.” – James Thurber
« Ne regardons pas le passé avec colère, ni l’avenir avec crainte, mais le présent avec enthousiasme. »
La fin des années soixante le psychologue canadien Laurence J. Peter énonça le principe paradoxal suivant (appelé depuis lors Principe de Peter) :
« Tout nouveau membre d’une organisation hiérarchique gravit les échelons de la hiérarchie jusqu’à atteindre son niveau d’incompétence maximale[1] ».
L’idée sous-jacente est que les promotions sont accordées aux individus les « meilleurs » mais que la compétence demandée à chaque niveau est essentiellement indépendante (ou au moins bien différente) de celle requise au niveau précédent[2].
Début 2010, le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique qui a alloué un budget de 250 milliards de dinars du programme quinquennal 2010-2014 pour le développement de la recherche scientifique, vient de lancer pour atteindre ces objectifs un grand chantier, sous l’énoncé de :
Projets Nationaux de la Recherche (PNR). Il s’en est fallu de peu pour que ce soit un principe !
Ainsi, dans cette perspective et pour faire enfin un peu de recherche développement en Algérie, 34 PNR ont été arrêtés[3], c’est ce que vient d’annoncer la direction générale de la recherche scientifique et du développement technologique (DG-RSDT).
Pour cela, tenez vous bien, pas moins de 2577 projets touchant à tous les domaines on été retenus par les « commissions d’experts », allant de la nanotechnologie, aux sciences fondamentales, à l’histoire nationale, la préhistoire, l’archéologie et les énergies renouvelables.
Les chiffres, notion très élastique dans notre pays n’étant jamais définitifs, ce nombre de projets risque d’être augmentés d’environ 1500 autres à l’étude par les commissions de recours.
Les commissions sont en effet très à la mode en ce moment ! Et ne me demandez pas surtout pas de vous éclairer davantage sur les mécaniques et les prestidigitationsqui amènent les uns à se prononcer sur les autres et à décider de tout et pour tous.
Des cérémonies en grandes pompes ont ainsi été organisées pour la signature des dits contrats de recherche, et ce, à Alger, Constantine et Oran, nous reviendrons sur ce syndrome que sans doute le principe de Peter pourra expliquer ne serait ce que partiellement et qui touche en particulier l’université avec ces lots impressionnants de chercheurs aux sommets de la hiérarchie.
Cette fois, c’est décidé, l’université et pour reprendre les propos d’un responsable (chercheur de facto) au ministère : »les résultats attendus permettront de prendre les décisions adéquates pour le développement du pays, en citant également des priorités stratégiques comme la poursuite du programme national spatial, les énergies renouvelables et le développement du nucléaire civil (les militaires chez nous sont sympathisants de Green Peace et ne touchent pas au nucléaire, ils préfèrent les safaris du Sahel) YES WE CAN !
5,6 milliards de dinars ont donc été débloqués et l’appel d’offres pour les PNR a mobilisé plus de 18.000 chercheurs à travers près de 3.998 soumissions de projets examinées par 15 organismes pilotes, qui ont eu à évaluer la pertinence de ces propositions de projets de recherche.
On se souvient en effet de ce triste épisode où faute de moyens et de laboratoires de recherche performants, 23 sacs d’ossements, patrimoine du parc du Tassili (cimetière Mankhor) envoyés dans les laboratoires de Frobenius, en vue de leur datation, n’ont jamais été rendus à l’Algérie[4].
On se souvient également du scandale des vaccins H1N1 non-conformes, pour ne pas dire superfétatoires et autres vaccins périmés[5] qui n’ont ému aucune communauté scientifique ni aucun laboratoire de recherche, encore moins nos facultés et leur lots de juristes lorsque, cerise sur le gâteau, la seule scientifique à avoir dénoncé l’arnaque et le danger a été traînée dans le boxe des prévenus, mais là, paraît il ce n’était ni un problème d’ordre scientifique, ni économique puisqu’il aurait été question seulement, je dis bien, seulement, d’importateurs peu scrupuleux.
Je ne voudrais pas m’avancer trop vite, mais le développement économique et le rayonnement scientifique, ces thèmes si chers à nos décideurs new look du secteur de la recherche, peuvent ils réellement survivre, voire exister dans ce chaos et ce débridement social, moral et politique ?
A quoi sert d’injecter des milliards de dollars ou de dinars dans des structures sclérosées qui croulent sous la paperasse, et avec des responsables, arrogants, autoritaires et naviguant à vue qui siègent indéfiniment dans des universités où la libre expression est prohibée, où la moindre opposition est réprimée et où la plus petite critique est criminalisée ?
On ne saura jamais de quelle crédibilité et de quelles compétences disposent nos commissions pour évaluer des dossiers et des projets de recherche ou pas, ils ont été désignés pour ce faire, et ceci se passe de tout commentaire.
Ces structures croulent sous des cartons de papier et de rapports souvent illisibles, et le sérieux attendu pour apprécier, jauger et coter des travaux est souvent supplanté par des mécanismes de passe droit, de routine et de rituels. Vous retrouverez sans trop de peine les mêmes thèmes de recherche depuis 20 ans repris par les mêmes équipes, avec comme seule innovation parfois l’intégration de nouveaux membres, choisis, de préférence, parmi les copains, les conjoints et ceux qui savent ce qu’il faut faire et ne pas faire, ce qu’il faut dire et ne pas dire pour toucher ces fameuses primes de recherche.
Bien sûr il y aura toujours des enseignants qui croient en leur métier et qui tentent d’imposer la réflexion, mais tous, finissent malheureusement par se lasser et se plier à ce cérémonial et cette cohue où se confondent formulaires, formalités et fourberie au détriment du savoir-faire et de la recherche.
Ce pays qui ne vit que de ses richesses souterraines, peut-il continuer à se payer le luxe de se passer d’éducation de qualité et de recherche ?
Jusqu’à quand ces façades chiffrées et ces murs de la honte qui entourent et quadrillent nos universités ?
Sans recherche scientifique, sans dynamique sérieuse de changement, ces lieux dits universitaires censés éclairer et guider la société sont aujourd’hui les chantiers de toutes les dérives, ils sont devenus les hauts lieux de bourrage et de propagande où se bousculent les CV de tous les tartufe qui ne rêvent que de gravir ces fameux échelons que le pouvoir a prévu pour décorer ses vitrines.
Un petit siège à l’assemblée par ci, une petite nomination par décret présidentiel pas là, et c’est la consécration d’une brillante carrière scientifique.
« Ne regardons pas le passé avec colère, ni l’avenir avec crainte, mais le présent avec enthousiasme. »
La fin des années soixante le psychologue canadien Laurence J. Peter énonça le principe paradoxal suivant (appelé depuis lors Principe de Peter) :
« Tout nouveau membre d’une organisation hiérarchique gravit les échelons de la hiérarchie jusqu’à atteindre son niveau d’incompétence maximale[1] ».
L’idée sous-jacente est que les promotions sont accordées aux individus les « meilleurs » mais que la compétence demandée à chaque niveau est essentiellement indépendante (ou au moins bien différente) de celle requise au niveau précédent[2].
Début 2010, le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique qui a alloué un budget de 250 milliards de dinars du programme quinquennal 2010-2014 pour le développement de la recherche scientifique, vient de lancer pour atteindre ces objectifs un grand chantier, sous l’énoncé de :
Projets Nationaux de la Recherche (PNR). Il s’en est fallu de peu pour que ce soit un principe !
Ainsi, dans cette perspective et pour faire enfin un peu de recherche développement en Algérie, 34 PNR ont été arrêtés[3], c’est ce que vient d’annoncer la direction générale de la recherche scientifique et du développement technologique (DG-RSDT).
Pour cela, tenez vous bien, pas moins de 2577 projets touchant à tous les domaines on été retenus par les « commissions d’experts », allant de la nanotechnologie, aux sciences fondamentales, à l’histoire nationale, la préhistoire, l’archéologie et les énergies renouvelables.
Les chiffres, notion très élastique dans notre pays n’étant jamais définitifs, ce nombre de projets risque d’être augmentés d’environ 1500 autres à l’étude par les commissions de recours.
Les commissions sont en effet très à la mode en ce moment ! Et ne me demandez pas surtout pas de vous éclairer davantage sur les mécaniques et les prestidigitationsqui amènent les uns à se prononcer sur les autres et à décider de tout et pour tous.
Des cérémonies en grandes pompes ont ainsi été organisées pour la signature des dits contrats de recherche, et ce, à Alger, Constantine et Oran, nous reviendrons sur ce syndrome que sans doute le principe de Peter pourra expliquer ne serait ce que partiellement et qui touche en particulier l’université avec ces lots impressionnants de chercheurs aux sommets de la hiérarchie.
Cette fois, c’est décidé, l’université et pour reprendre les propos d’un responsable (chercheur de facto) au ministère : »les résultats attendus permettront de prendre les décisions adéquates pour le développement du pays, en citant également des priorités stratégiques comme la poursuite du programme national spatial, les énergies renouvelables et le développement du nucléaire civil (les militaires chez nous sont sympathisants de Green Peace et ne touchent pas au nucléaire, ils préfèrent les safaris du Sahel) YES WE CAN !
5,6 milliards de dinars ont donc été débloqués et l’appel d’offres pour les PNR a mobilisé plus de 18.000 chercheurs à travers près de 3.998 soumissions de projets examinées par 15 organismes pilotes, qui ont eu à évaluer la pertinence de ces propositions de projets de recherche.
On se souvient en effet de ce triste épisode où faute de moyens et de laboratoires de recherche performants, 23 sacs d’ossements, patrimoine du parc du Tassili (cimetière Mankhor) envoyés dans les laboratoires de Frobenius, en vue de leur datation, n’ont jamais été rendus à l’Algérie[4].
On se souvient également du scandale des vaccins H1N1 non-conformes, pour ne pas dire superfétatoires et autres vaccins périmés[5] qui n’ont ému aucune communauté scientifique ni aucun laboratoire de recherche, encore moins nos facultés et leur lots de juristes lorsque, cerise sur le gâteau, la seule scientifique à avoir dénoncé l’arnaque et le danger a été traînée dans le boxe des prévenus, mais là, paraît il ce n’était ni un problème d’ordre scientifique, ni économique puisqu’il aurait été question seulement, je dis bien, seulement, d’importateurs peu scrupuleux.
Je ne voudrais pas m’avancer trop vite, mais le développement économique et le rayonnement scientifique, ces thèmes si chers à nos décideurs new look du secteur de la recherche, peuvent ils réellement survivre, voire exister dans ce chaos et ce débridement social, moral et politique ?
A quoi sert d’injecter des milliards de dollars ou de dinars dans des structures sclérosées qui croulent sous la paperasse, et avec des responsables, arrogants, autoritaires et naviguant à vue qui siègent indéfiniment dans des universités où la libre expression est prohibée, où la moindre opposition est réprimée et où la plus petite critique est criminalisée ?
On ne saura jamais de quelle crédibilité et de quelles compétences disposent nos commissions pour évaluer des dossiers et des projets de recherche ou pas, ils ont été désignés pour ce faire, et ceci se passe de tout commentaire.
Ces structures croulent sous des cartons de papier et de rapports souvent illisibles, et le sérieux attendu pour apprécier, jauger et coter des travaux est souvent supplanté par des mécanismes de passe droit, de routine et de rituels. Vous retrouverez sans trop de peine les mêmes thèmes de recherche depuis 20 ans repris par les mêmes équipes, avec comme seule innovation parfois l’intégration de nouveaux membres, choisis, de préférence, parmi les copains, les conjoints et ceux qui savent ce qu’il faut faire et ne pas faire, ce qu’il faut dire et ne pas dire pour toucher ces fameuses primes de recherche.
Bien sûr il y aura toujours des enseignants qui croient en leur métier et qui tentent d’imposer la réflexion, mais tous, finissent malheureusement par se lasser et se plier à ce cérémonial et cette cohue où se confondent formulaires, formalités et fourberie au détriment du savoir-faire et de la recherche.
Ce pays qui ne vit que de ses richesses souterraines, peut-il continuer à se payer le luxe de se passer d’éducation de qualité et de recherche ?
Jusqu’à quand ces façades chiffrées et ces murs de la honte qui entourent et quadrillent nos universités ?
Sans recherche scientifique, sans dynamique sérieuse de changement, ces lieux dits universitaires censés éclairer et guider la société sont aujourd’hui les chantiers de toutes les dérives, ils sont devenus les hauts lieux de bourrage et de propagande où se bousculent les CV de tous les tartufe qui ne rêvent que de gravir ces fameux échelons que le pouvoir a prévu pour décorer ses vitrines.
Un petit siège à l’assemblée par ci, une petite nomination par décret présidentiel pas là, et c’est la consécration d’une brillante carrière scientifique.
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