"Au Maroc, l’avenir du mouvement du Fev20 en question"
"Ce vendredi premier juillet, une grande majorité de ceux qui se sont exprimés pour le 'oui' ont dit oui à leur roi. La plupart a répondu à son*appel du 17 juin, dans lequel la seule chose qu’ils ont retenu c’est qu’il fallait voter 'oui', même sans savoir pourquoi. D’autres, dont le chiffre est difficilement estimable, ont voté oui en leur âme et conscience, parce qu’ils croient au potentiel de la nouvelle loi fondamentale, et font le pari d’un avenir démocratique. Quant à ceux qui ont voté non, ils se retrouvent noyés, avec les abstentionnistes et ceux qui ont boycotté le scrutin, aux oubliettes", analyse Adam Kouider, sur le*blog collaboratif Eplume.
La réforme constitutionnelle initiée par le roi Mohammed VI a été plébiscitée par le peuple marocain, qui a voté oui à 98,5 % au référendum, avec un taux de participation de 73 %. Un véritable*"vote de confiance en faveur de la personne du roi", reconnaît le*journal électronique Lakome. Ces résultats étaient largement attendus, même si certains évoquent des*"fraudes"*et des*"irrégularités", à l'instar de*Adam Kouider, de*Mustapha Ajbaili*sur le site Al-Arabiya English et de membres du mouvement du 20 février sur*Lakome.
Pour protester contre ces*"irrégularités"*et maintenir le mouvement mobilisé, les 20-février avaient appelé à de nouvelles manifestations, dimanche 3 juillet, qui ont réunies des milliers de sympathisants (suivies par le*site Mamfakinch*en*direct).
Le roi Mohammed VI vote pour le référendum constitutionnel, le 1er juillet 2011.
"UN REVERS" POUR LES 20-FÉVRIER
Pour le mouvement du 20-février, qui avait appelé au*boycott du référendum, c'est"un revers", estime le*journal électronique Lakome. Marginalisés, ses sympathisants"sont devenus plus que minoritaires et, en tout état de cause, ne peuvent prétendre à une classification politique honorable", assène Me Mohamed Boufous, qui soutient l'initiative royale, sur son*blog Droit marocain.
Son combat n'était-il pas perdu d'avance ? Le défi était titanesque, estime tout du moins l'auteur du*blog J'écris parce que je chante mal.*"Les Marocains, dans leur grande majorité, n’ont pas de problème avec le concept de la monarchie pour aspirer à changer de régime", analyse-t-il.*"Ils ne veulent pas d'une monarchie symbolique" où le pouvoir reviendrait à une classe politique, largement discréditée aux yeux de tous, précise-t-il. Or, si*"le Makhzen sait instrumentaliser cet attachement des Marocains au trône, le mouvement du 20-février a, pour sa part, pêché en ne communiquant pas suffisamment sur ses réelles intentions de réformes, et puis ses 'mauvaises fréquentations', disons-le comme ça, ont fini par lui coller l’étiquette d’antimonarchique islamophobe",*ajoute-t-il.
Reuters
Des critiques sont également formulées par Larbi, qui estime que*"le mouvement a sans doute sous-estimé la sophistication de la machine répressive et de propagande du pouvoir. La pédagogie lui a bien souvent fait défaut empêchant l’élargissement du soutien populaire".*Il a été, en cela, handicapé par son organisation en coordinations indépendantes, qui a empêché toute coordination au niveau national.
Le mouvement du 20-février*"a beaucoup de questions à clarifier, et je ne doute pas un instant qu’il fera son autocritique sereinement et sans renoncement. A sa décharge il ne disposait ni de l’expérience ni des moyens logistiques dont disposait l’Etat et ses relais politiques. Malgré cela, il a tenu bon contre vents et marées, et il tiendra bon", prédit-il, optimiste quant à l'avenir du mouvement.*"Il n’y a pas de raison de désespérer. Quelque chose s’est définitivement levé le 20 février et ce n’est pas la parodie de consultation référendaire qui peut l’arrêter. Mamfakinch*[nous ne lâcherons pas]*et nous nous battrons !", conclut-il.
*
"LA RUPTURE A EU LIEU"
Car, la question se pose désormais de savoir si le mouvement du 20-février survivra à ce plébiscite royal ? Chez de nombreux sympathisants, désillusion et colère cohabitent. Nizar Idrissi exprime ainsi, sur le*site Mamfakinch, sa colère face au"sentiment d’appartenir à une génération sacrifiée. Sacrifiée par ses parents, sacrifiée par ses aînés, sacrifiée par le pouvoir [...] sur l'autel de la stabilité de l'oligarchie au pouvoir".
Manifestation du mouvement du 20-février à Rabat le 3 juillet 2011.
"Le Maroc a raté un rendez-vous historique qui aurait pu donner lieu à un nouveau départ pour son développement",*renchérit Ahmed Bouachrine Ansari, sur le*site internet Lakome. Un constat pessimiste que tous, sur la blogosphère marocaine, ne partagent pas.*"Le référendum a sanctionné la politique de transformation d'une monarchie absolue vers une monarchie constitutionnelle en réponse aux demandes démocratiques du printemps arabe",*estime l'auteur du*blog The view from Fez*, qui y voit*"un pas dans la bonne direction"*. Et, comme le fait remarquer le*blogueur Citoyen Hmida,*"on ne s’improvise pas 'société moderne et développée' le temps d’un scrutin référendaire, n’en déplaise aux éternels insatisfaits !". Il appelle*"à se retrousser les manches pour mettre en oeuvre les dispositions de cette nouvelle constitution".
Au sein du mouvement du 20-février, un constat s'impose désormais : le chantier de la réforme constitutionnelle, ouvert avec le printemps arabe, s'inscrira dans la durée. En cela, Adam Kouider est optimiste, estimant que*"la rupture a eu lieu".*"La rupture a été celle de mois de débats et de (re)politisation, de la jeunesse d’abord, et de beaucoup de Marocains ensuite. Ceux-ci ont ainsi renoué avec la politique, se sont retrouvés dans des cafés pour débattre de l’avenir de leur pays, débats qui ont divisé des amis, des familles. Là est le réel changement, là est l’espoir démocratique du Maroc", estime-t-il sur le*blog collaboratif Eplume. Et d'espérer :*"Si la nouvelle Constitution donne suite à une mobilisation générale des acteurs politiques et des citoyens au sein des institutions, syndicats, conseils, instances et associations du pays, alors peut-être aura-t-elle le mérite d’avoir avivé chez davantage de Marocains la conscience qu’ils ont leur mot à dire, et leur pierre à poser dans l’édifice."
Le Monde
"Ce vendredi premier juillet, une grande majorité de ceux qui se sont exprimés pour le 'oui' ont dit oui à leur roi. La plupart a répondu à son*appel du 17 juin, dans lequel la seule chose qu’ils ont retenu c’est qu’il fallait voter 'oui', même sans savoir pourquoi. D’autres, dont le chiffre est difficilement estimable, ont voté oui en leur âme et conscience, parce qu’ils croient au potentiel de la nouvelle loi fondamentale, et font le pari d’un avenir démocratique. Quant à ceux qui ont voté non, ils se retrouvent noyés, avec les abstentionnistes et ceux qui ont boycotté le scrutin, aux oubliettes", analyse Adam Kouider, sur le*blog collaboratif Eplume.
La réforme constitutionnelle initiée par le roi Mohammed VI a été plébiscitée par le peuple marocain, qui a voté oui à 98,5 % au référendum, avec un taux de participation de 73 %. Un véritable*"vote de confiance en faveur de la personne du roi", reconnaît le*journal électronique Lakome. Ces résultats étaient largement attendus, même si certains évoquent des*"fraudes"*et des*"irrégularités", à l'instar de*Adam Kouider, de*Mustapha Ajbaili*sur le site Al-Arabiya English et de membres du mouvement du 20 février sur*Lakome.
Pour protester contre ces*"irrégularités"*et maintenir le mouvement mobilisé, les 20-février avaient appelé à de nouvelles manifestations, dimanche 3 juillet, qui ont réunies des milliers de sympathisants (suivies par le*site Mamfakinch*en*direct).
Le roi Mohammed VI vote pour le référendum constitutionnel, le 1er juillet 2011.
"UN REVERS" POUR LES 20-FÉVRIER
Pour le mouvement du 20-février, qui avait appelé au*boycott du référendum, c'est"un revers", estime le*journal électronique Lakome. Marginalisés, ses sympathisants"sont devenus plus que minoritaires et, en tout état de cause, ne peuvent prétendre à une classification politique honorable", assène Me Mohamed Boufous, qui soutient l'initiative royale, sur son*blog Droit marocain.
Son combat n'était-il pas perdu d'avance ? Le défi était titanesque, estime tout du moins l'auteur du*blog J'écris parce que je chante mal.*"Les Marocains, dans leur grande majorité, n’ont pas de problème avec le concept de la monarchie pour aspirer à changer de régime", analyse-t-il.*"Ils ne veulent pas d'une monarchie symbolique" où le pouvoir reviendrait à une classe politique, largement discréditée aux yeux de tous, précise-t-il. Or, si*"le Makhzen sait instrumentaliser cet attachement des Marocains au trône, le mouvement du 20-février a, pour sa part, pêché en ne communiquant pas suffisamment sur ses réelles intentions de réformes, et puis ses 'mauvaises fréquentations', disons-le comme ça, ont fini par lui coller l’étiquette d’antimonarchique islamophobe",*ajoute-t-il.
Reuters
Des critiques sont également formulées par Larbi, qui estime que*"le mouvement a sans doute sous-estimé la sophistication de la machine répressive et de propagande du pouvoir. La pédagogie lui a bien souvent fait défaut empêchant l’élargissement du soutien populaire".*Il a été, en cela, handicapé par son organisation en coordinations indépendantes, qui a empêché toute coordination au niveau national.
Le mouvement du 20-février*"a beaucoup de questions à clarifier, et je ne doute pas un instant qu’il fera son autocritique sereinement et sans renoncement. A sa décharge il ne disposait ni de l’expérience ni des moyens logistiques dont disposait l’Etat et ses relais politiques. Malgré cela, il a tenu bon contre vents et marées, et il tiendra bon", prédit-il, optimiste quant à l'avenir du mouvement.*"Il n’y a pas de raison de désespérer. Quelque chose s’est définitivement levé le 20 février et ce n’est pas la parodie de consultation référendaire qui peut l’arrêter. Mamfakinch*[nous ne lâcherons pas]*et nous nous battrons !", conclut-il.
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"LA RUPTURE A EU LIEU"
Car, la question se pose désormais de savoir si le mouvement du 20-février survivra à ce plébiscite royal ? Chez de nombreux sympathisants, désillusion et colère cohabitent. Nizar Idrissi exprime ainsi, sur le*site Mamfakinch, sa colère face au"sentiment d’appartenir à une génération sacrifiée. Sacrifiée par ses parents, sacrifiée par ses aînés, sacrifiée par le pouvoir [...] sur l'autel de la stabilité de l'oligarchie au pouvoir".
Manifestation du mouvement du 20-février à Rabat le 3 juillet 2011.
"Le Maroc a raté un rendez-vous historique qui aurait pu donner lieu à un nouveau départ pour son développement",*renchérit Ahmed Bouachrine Ansari, sur le*site internet Lakome. Un constat pessimiste que tous, sur la blogosphère marocaine, ne partagent pas.*"Le référendum a sanctionné la politique de transformation d'une monarchie absolue vers une monarchie constitutionnelle en réponse aux demandes démocratiques du printemps arabe",*estime l'auteur du*blog The view from Fez*, qui y voit*"un pas dans la bonne direction"*. Et, comme le fait remarquer le*blogueur Citoyen Hmida,*"on ne s’improvise pas 'société moderne et développée' le temps d’un scrutin référendaire, n’en déplaise aux éternels insatisfaits !". Il appelle*"à se retrousser les manches pour mettre en oeuvre les dispositions de cette nouvelle constitution".
Au sein du mouvement du 20-février, un constat s'impose désormais : le chantier de la réforme constitutionnelle, ouvert avec le printemps arabe, s'inscrira dans la durée. En cela, Adam Kouider est optimiste, estimant que*"la rupture a eu lieu".*"La rupture a été celle de mois de débats et de (re)politisation, de la jeunesse d’abord, et de beaucoup de Marocains ensuite. Ceux-ci ont ainsi renoué avec la politique, se sont retrouvés dans des cafés pour débattre de l’avenir de leur pays, débats qui ont divisé des amis, des familles. Là est le réel changement, là est l’espoir démocratique du Maroc", estime-t-il sur le*blog collaboratif Eplume. Et d'espérer :*"Si la nouvelle Constitution donne suite à une mobilisation générale des acteurs politiques et des citoyens au sein des institutions, syndicats, conseils, instances et associations du pays, alors peut-être aura-t-elle le mérite d’avoir avivé chez davantage de Marocains la conscience qu’ils ont leur mot à dire, et leur pierre à poser dans l’édifice."
Le Monde
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