Alors que la saison du retour de Marocains résidant à l’étranger et l’affluence touristique vers le Maroc bat son plein, Royal Air Maroc a mauvaise mine.
Depuis quelques mois déjà, les difficultés financières de la RAM n’étaient plus un secret pour personne. Des retards de plusieurs heures enregistrés, aucune prise en charge pour les voyageurs, appareils défectueux… La RAM qui rame dans une crise générale prévoit « d’officialiser » son plan de restructuration à la fin du mois, à commencer par le personnel. 1000 départs sont prévus.
Les retards rapportés par les clients augurent mal de l'état de la RAM : Samedi dernier, 184 voyageurs au départ de Lyon Saint-Exupéry ont dû attendre leur avion pendant…plus de 24heures. Les passagers de l’AT641 au départ d’Orly vers Marrakech ce dimanche ont eu droit à leur tour à un transfert, un retard de 19 heures, et… un réacteur qui prend feu. Se cachant derrière les « quelques passagers concernés (par des retards) [qui] ont bloqué l’enregistrement de vols entraînant ainsi une perturbation de l’activité de la compagnie et engendrant des retards sur plusieurs vols », la direction de la communication de la RAM, par le biais d'un communiqué, tentait de rassures ses clients sur ses bonnes intentions. En vain, et ce n'est que la partie visible de l'iceberg.
Départs « volontaires » pour 1/5 du personnel
En interne, l’ambiance dans les différentes directions de la RAM est très tendue et « stressante ». Qui sera le prochain à partir ? La question revient comme un refrain. En effet la RAM prévoit de se délester de pas moins de 1 000 personnes sur ses 5 300 salariés. La compagnie leur propose une option de départ volontaire qui ne fait pas l’unanimité. « Leur offre est la moins avantageuse, comparée à celle des administrations publiques. Ils proposent un petit pécule, mais pas de mensualités. J’aurais bien aimé partir, mais ça ne me convient pas » nous confie cette hôtesse de l’air basée à Casablanca. Des rumeurs avancent qu’on aurait proposé 4 500 000dhs aux pilotes, refusés immédiatement : « pas assez ». A Marrakech, « dix personnes sont déjà parties, d’autres vont suivre. Il n’y a plus beaucoup de trafic, fini les primes, on ne sait pas ce qui va nous arriver d’ici peu, nous raconte Houda, salariée de la RAM. Toutes les directions se plaignent des restrictions budgétaires. C’est la crise ».
Si officiellement il s’agit uniquement de départs volontaires, quelques éléments du personnel de la RAM parlent de départs «forcés» pour certains cas. « Le directeur du département Inflight Service a été suspendu hier, à cause des irrégularités enregistrées ce week-end, et on fera passer ça pour un départ volontaire » rapporte un employé. Et si les 1 000 départs ne sont pas atteints ? « Ils vont commencer à nous tendre des peaux de banane, ils tablent sur les erreurs professionnelles et les absences même avec certificat de maladie pour atteindre l’objectif » nous assure-t-il. Les Contrats à durée déterminée des nouvelles recrues n’ont pas été renouvelés.
L’instinct de survie de la RAM
Hormis le personnel « remercié », un plan de restructuration est en préparation et sera rendu à la fin de ce mois de juillet. La RAM envisagerait également d’ouvrir son capital à un « partenaire industriel ». Les pertes enregistrées par la compagnie ont atteint 22 millions par semaine à cause des baisses de trafic dues aux perturbations dans le monde arabe et la montée de 42% du prix du carburant. Les demandes de zones « dédiées » dans les aéroports et de réductions fiscales que la RAM a déposé auprès du gouvernement sont restée lettres mortes.
Malgré toutes les résolutions prises pour faire redécoller la compagnie, le renouvellement de la flotte est maintenu, d’après ce cadre de la RAM. La compagnie, qui touche le fond, a encore de longs mois avant de sortir de cette « zone de turbulences ». Une employée au sol affirme : « Il faudrait un coup de baguette magique ou un miracle pour que [la compagnie] se remette debout. »
par Rym Battal
Depuis quelques mois déjà, les difficultés financières de la RAM n’étaient plus un secret pour personne. Des retards de plusieurs heures enregistrés, aucune prise en charge pour les voyageurs, appareils défectueux… La RAM qui rame dans une crise générale prévoit « d’officialiser » son plan de restructuration à la fin du mois, à commencer par le personnel. 1000 départs sont prévus.
Les retards rapportés par les clients augurent mal de l'état de la RAM : Samedi dernier, 184 voyageurs au départ de Lyon Saint-Exupéry ont dû attendre leur avion pendant…plus de 24heures. Les passagers de l’AT641 au départ d’Orly vers Marrakech ce dimanche ont eu droit à leur tour à un transfert, un retard de 19 heures, et… un réacteur qui prend feu. Se cachant derrière les « quelques passagers concernés (par des retards) [qui] ont bloqué l’enregistrement de vols entraînant ainsi une perturbation de l’activité de la compagnie et engendrant des retards sur plusieurs vols », la direction de la communication de la RAM, par le biais d'un communiqué, tentait de rassures ses clients sur ses bonnes intentions. En vain, et ce n'est que la partie visible de l'iceberg.
Départs « volontaires » pour 1/5 du personnel
En interne, l’ambiance dans les différentes directions de la RAM est très tendue et « stressante ». Qui sera le prochain à partir ? La question revient comme un refrain. En effet la RAM prévoit de se délester de pas moins de 1 000 personnes sur ses 5 300 salariés. La compagnie leur propose une option de départ volontaire qui ne fait pas l’unanimité. « Leur offre est la moins avantageuse, comparée à celle des administrations publiques. Ils proposent un petit pécule, mais pas de mensualités. J’aurais bien aimé partir, mais ça ne me convient pas » nous confie cette hôtesse de l’air basée à Casablanca. Des rumeurs avancent qu’on aurait proposé 4 500 000dhs aux pilotes, refusés immédiatement : « pas assez ». A Marrakech, « dix personnes sont déjà parties, d’autres vont suivre. Il n’y a plus beaucoup de trafic, fini les primes, on ne sait pas ce qui va nous arriver d’ici peu, nous raconte Houda, salariée de la RAM. Toutes les directions se plaignent des restrictions budgétaires. C’est la crise ».
Si officiellement il s’agit uniquement de départs volontaires, quelques éléments du personnel de la RAM parlent de départs «forcés» pour certains cas. « Le directeur du département Inflight Service a été suspendu hier, à cause des irrégularités enregistrées ce week-end, et on fera passer ça pour un départ volontaire » rapporte un employé. Et si les 1 000 départs ne sont pas atteints ? « Ils vont commencer à nous tendre des peaux de banane, ils tablent sur les erreurs professionnelles et les absences même avec certificat de maladie pour atteindre l’objectif » nous assure-t-il. Les Contrats à durée déterminée des nouvelles recrues n’ont pas été renouvelés.
L’instinct de survie de la RAM
Hormis le personnel « remercié », un plan de restructuration est en préparation et sera rendu à la fin de ce mois de juillet. La RAM envisagerait également d’ouvrir son capital à un « partenaire industriel ». Les pertes enregistrées par la compagnie ont atteint 22 millions par semaine à cause des baisses de trafic dues aux perturbations dans le monde arabe et la montée de 42% du prix du carburant. Les demandes de zones « dédiées » dans les aéroports et de réductions fiscales que la RAM a déposé auprès du gouvernement sont restée lettres mortes.
Malgré toutes les résolutions prises pour faire redécoller la compagnie, le renouvellement de la flotte est maintenu, d’après ce cadre de la RAM. La compagnie, qui touche le fond, a encore de longs mois avant de sortir de cette « zone de turbulences ». Une employée au sol affirme : « Il faudrait un coup de baguette magique ou un miracle pour que [la compagnie] se remette debout. »
par Rym Battal
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