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Algérie: 49 ans après...

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  • Algérie: 49 ans après...

    Un certain 3 juillet 1962, le peuple algérien entérina par le bulletin de vote l’indépendance de l’Algérie. Les foules sortirent dans un délire de joie pour exprimer leur soif de liberté mise sous la chape de plomb du colonialisme français. Mais dans les structures dirigeantes de la révolution l’heure était aux règlements de compte, à la course au pouvoir, aux menaces et surtout aux retournements de veste. Pendant que les wilayas combattantes comptaient les derniers baroudeurs à l’intérieur, l’EMG recrutait sans discernement parmi les réfugiés et même les tribus des frontières. Il fallait gonfler les rangs pour fouler la terre algérienne en force. C’était le premier mauvais présage

    Le premier clan – celui qu’on appelle le clan d’Oujda - constitué vers la fin de la guerre de libération sort du bois. N’ayant pu faire grand-chose pendant la révolution, il entend peser sur l’Algérie indépendante. Les manœuvres avaient commencé dès l’année 1961 et se poursuivirent jusqu’au fameux congrès de Tripoli en juin 1962. Par la voix d’Ahmed Ben Bella, la dernière recrue, ce clan fit assaut d’intimidations contre le président du GPRA et tous ceux qui étaient susceptibles de lui barrer le chemin du pouvoir. Avec la complicité de quelques chefs de wilayas, et en l’absence du président du GPRA et de nombreux ministres, Ben Bella réussit à désigner le bureau politique, sensé préparer les élections de l'Assemblée. Par ce geste, Ben Bella et sa clique inauguraient un demi-siècle de fraudes électorales. Deuxième mauvais présage.

    De plus en plus isolé, Benyoussef Benkhedda avait bien tenté de destituer le colonel Boumediene fin juin, mais en vain. Il était bien trop seul. Avec ses 35000 hommes et un armement jamais servi contre le colonialisme français, l’armée de l’extérieur entame, dès le début juillet, sa marche sur Alger. Elle n’obéissait et n’avait d’yeux qu’à un seul chef : le colonel Boumediene. Exit le Gouvernement provisoire qui avait porté la voix de l’Algérie combattante.

    Dès ce premier mois de l’Algérie nouvelle, le GPRA est mis hors circuit par le clan d’Oujda. Un nouveau clan tenta de se constituer pour faire pièce à celui-ci qu’on surnommera désormais le clan de Tlemcen, car ayant prit ses quartiers dans cette ville. Autour donc de Krim, Boudiaf et le colonel Mohand Oulhadj, le clan de Tizi Ouzou avait tenté de barrer la route au premier. Mais la terrible machine militaire était déjà en marche. Elle entendait s’installer par les armes. La légitimité révolutionnaire authentique cédait la place à la force brute. Les maquisards de l’intérieur, sous armés, peu nombreux, usés par sept et demi d’une guerre effroyable, ne purent pas s’imposer dans le nouvel échiquier algérien. Contre toute attente, l’armée de l’extérieur investit le 25 juillet Annaba, Constantine et Skikda. On dénombra une cinquantaine de morts. Troisième mauvais présage pour l’Algérie indépendante.

    Malheureusement, ce n’était que les premiers morts de la course folle pour le pouvoir. La fraternité révolutionnaire avait vécu. Fin septembre, d’autres combats eurent lieu entre maquisards de la wilaya IV et l’armée de l’extérieur. Chlef, Boughari, Sidi Aïssa et Sour El Ghozlane sont soumises à la mitraille et aux bombardements vers le début septembre. Selon un décompte de l’APS, il y a eu plus d’un millier de morts au cours de ces combats. Un millier de morts de trop était le prix à payer pour asseoir le nouveau pouvoir. Quatrième mauvais présage.

    Le 9 septembre, l’armée de l’extérieur entre à Alger. Quelques jours plus tard, une commission acquise à Ben Bella et au clan de Tlemcen désignait les premiers députés. Contrairement à ce qu’on veut faire croire ce vote n’avait rien de libre. Choisis sur candidature unique, le vote était un plébiscite. Cinquième mauvais présage.

    La première assemblée était un savant dosage entre les supporters de Ben Bella et un petit nombre de députés plutôt opposé au premier chef du gouvernement.

    Depuis, toutes les élections de l’Algérie indépendante se ressemblent. Elles sont le fruit de fraudes répétées et de bourrages des urnes. Depuis, il y a eu le maquis du FFS avec ses 400 morts et ses trois mille prisonniers. Il y a eu le coup d’Etat du 19 juin, des assassinats de grands noms de la révolution, le printemps berbère et ses dizaines d’arrestations, octobre 1988 réprimé dans le sang de ses 500 morts, la guerre civile et ses 100 000 morts. Le retour au pouvoir d’Abdelaziz Bouteflika, un enfant naturel du système unique et inique qui a conduit l’Algérie là où elle est a sérieusement entamé le peu de crédit qui restait entre le peuple et les autorités. Quoi de neuf depuis ? C’est le retour vers le passé. Le même système politique toujours en place nous ressert les mêmes plats froids.

    Aujourd’hui, 49 ans après l’indépendance arrachée au prix du sang, l’Algérien a perdu tout espoir de lendemains meilleurs. L’écrasante majorité des Algériens ne pensent qu’à quitter le pays, ou à défaut faire des affaires pour s’enrichir au plus vite. Les pouvoirs successifs ont érigé le clientélisme, la corruption, la fraude électorale et l’assassinat en modèle de gestion. Ils ont réussi à tuer tout esprit de citoyenneté dans le cœur des Algériens. Les jeunes préfèrent se jeter dans la mer pour gagner d’hypothétiques côtés nordiques que de demeurer ici. Qu’est devenue, depuis, la joie exprimée par le peuple algérien un certain 3 juillet 1962 ? Qu'ont fait les pouvoirs de l'Algérie indépendante de la solidarité révolutionnaire ?

    Par Le Matin DZ
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