Quand les autorités françaises se sont lancées - avec quelques autres - dans une intervention militaire en Libye, le 19 mars dernier, elles n'imaginaient sans doute pas qu'elles devraient en passer quatre mois plus tard par un débat au Parlement, désormais rendu obligatoire par la Constitution. Certes, le gouvernement ne risque aucun désaveu, ni demain à l'Assemblée, ni après-demain au Sénat. Tout juste pourra-t-il mesurer le lent effritement du consensus relatif qui avait accompagné le début de cette intervention. Il prendra surtout la mesure des questions - de plus en plus nombreuses - qui se posent. Car la guerre a un inconvénient : on sait quand elle commence, jamais quand elle finit. Officiellement, il ne s'agit pas d'une guerre, puisqu'il n'y a pas de troupes au sol. Mais c'est toujours ce que l'on dit au début, du Vietnam à l'Algérie en passant par l'Afghanistan. Sans doute la cause est-elle juste, puisqu'il s'agissait de protéger des populations promises à un massacre certain. Mais le risque de l'engrenage est bien réel. À moins que ne guette celui de l'humiliation.
Car rien ne s'est passé comme prévu dans cette « non-guerre » de Libye. Il s'agissait au départ de donner un petit coup de pouce aux opposants à Kadhafi afin que Tripoli fasse sa révolution, après Tunis et Le Caire. Mais le dictateur libyen s'est accroché. Ce devait être le baptême du feu pour l'Europe de la défense, mais c'est l'Otan qui a pris le relais. Et si l'Europe a affiché ses divisions, ce ne sont pas celles que l'on envoie sur le terrain… Les États-Unis devaient embrayer, mais ils se sont vite retirés. Or, il apparaît que la France et la Grande-Bretagne ne peuvent plus mener seules une guerre moderne sans la puissance américaine : elles n'ont plus les moyens financiers de leurs ambitions. Enfin, les bombardements en Libye devaient servir d'exemple à tous les apprentis massacreurs du monde arabe. Mais le Syrien al-Assad fait impunément tirer sur son peuple, et il ne se passe rien.
C'est dire que Nicolas Sarkozy et Alain Juppé ont pris un sacré risque en se lançant dans cette aventure. Risque honorable, encore une fois, mais sans doute mal calculé. Peut-être la patience finira-t-elle par payer, comme elle vient de payer en Côte d'Ivoire. Peut-être l'usage de la force donnera-t-il à la longue des résultats, comme il en a donné dans l'ex-Yougoslavie. Il faut en tout cas l'espérer. Pour les Libyens, bien sûr. Mais aussi pour les Français, et les Européens en général.
Sud-Ouest
Car rien ne s'est passé comme prévu dans cette « non-guerre » de Libye. Il s'agissait au départ de donner un petit coup de pouce aux opposants à Kadhafi afin que Tripoli fasse sa révolution, après Tunis et Le Caire. Mais le dictateur libyen s'est accroché. Ce devait être le baptême du feu pour l'Europe de la défense, mais c'est l'Otan qui a pris le relais. Et si l'Europe a affiché ses divisions, ce ne sont pas celles que l'on envoie sur le terrain… Les États-Unis devaient embrayer, mais ils se sont vite retirés. Or, il apparaît que la France et la Grande-Bretagne ne peuvent plus mener seules une guerre moderne sans la puissance américaine : elles n'ont plus les moyens financiers de leurs ambitions. Enfin, les bombardements en Libye devaient servir d'exemple à tous les apprentis massacreurs du monde arabe. Mais le Syrien al-Assad fait impunément tirer sur son peuple, et il ne se passe rien.
C'est dire que Nicolas Sarkozy et Alain Juppé ont pris un sacré risque en se lançant dans cette aventure. Risque honorable, encore une fois, mais sans doute mal calculé. Peut-être la patience finira-t-elle par payer, comme elle vient de payer en Côte d'Ivoire. Peut-être l'usage de la force donnera-t-il à la longue des résultats, comme il en a donné dans l'ex-Yougoslavie. Il faut en tout cas l'espérer. Pour les Libyens, bien sûr. Mais aussi pour les Français, et les Européens en général.
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