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Le travail illégal : une "chance" pour la Roumanie?

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  • Le travail illégal : une "chance" pour la Roumanie?

    Plus de 10.000 Roumains travaillent illégalement au noir en France et font bénéficier leur pays de précieuses rentrées financières. Un mouvement récemment encouragé par une loi sur la libre circulation à l'étranger.

    L'un travaille dans le bâtiment, l'autre est femme de ménage. Il y a aussi des écrivains, des médecins, des dirigeants... Leur point commun : ils habitent la France et détiennent un passeport roumain. La plupart gagnent plus de 1500 euros net mensuels, dix fois plus que dans leur pays d'origine (180 euros). Et tout cela, bien souvent, se passe « au noir ».

    Estimés en 2003 à plus de dix mille (selon une étude de Dana Diminescu, sociologue à la Maison des Sciences de l'Homme de Paris), ces travailleurs illégaux réinjectent ensuite massivement leurs « capitaux » en Roumanie. Les flux de l'ensemble des expatriés roumains illégaux seraient en effet supérieurs à la totalité des investissements étrangers en Roumanie! Dans les Carpates, la ville Intorsura Buzaului (90% de taux de chômage) compte par exemple, dans chaque famille, un travailleur parti à l'étranger. Mieux vaut être en effet électricien au noir en France qu'avocat au chômage en Roumanie...

    Une journée de chantier, en France, leur rapporte 50 euros nets. Le tout sans charges patronales, ni assurance-maladie. S'il se « débrouille » bien, un Roumain peut faire fortune dans l'Hexagone en un an seulement. En moyenne, un clandestin roumain parvient à épargner 1000 euros par mois. Tout le monde y trouve son compte - sauf l'Etat français, bien sûr. Les clandestins roumains. Les employeurs particuliers français, qui ne paient pas de charges patronales. Sans oublier... le gouvernement roumain.

    Trois économistes de la Société Académique Roumaine (SAR), Daniel Daianu, Bogdan Chiritoiu et Liviu Voina ont prouvé que les fonds monétaires liés à l'émigration (qui correspondent exactement au budget de l'enseignement supérieur roumain) constituent une source importante de financement du déficit de compte courant. Au premier trimestre 2005, ce déficit était de 899 millions d'euros, d'après la Banque nationale de Roumanie. Les émigrants légaux et illégaux ont réinjecté 598 millions d'euros dans l'économie locale. Soit 66% du déficit. Les législateurs roumains ne s'y sont d'ailleurs pas trompés. La réglementation roumaine limitait jusqu'à présent les mouvements transfrontaliers. Mais la nouvelle loi roumaine sur la libre circulation à l'étranger (2005) ouvre désormais les portes en grand, puisqu'elle garantit le droit des Roumains à « voyager, émigrer et revenir à tout moment dans le pays » (article 2). Et les 67.000 passeports, que la police des frontières roumaines avait confisqués à leurs compatriotes clandestins, viennent de leur être rendus.

    Iulia Badea-Gueritée, l'expansion

    L'auteur de cet article vient d'obtenir le prix Louise Weiss du journalisme européen, catégorie espoirs
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