« On ne s'impose qu'en s'opposant »
Il est des feuilletons dont on connaît à l'avance l'issue, il en est d'autres qui nous tiennent en haleine. En l'occurrence, le feuilleton libyen a battu tous les records par son imprévisibilité. Voilà un potentat qu'on croyait facilement indéboulonnable après 41 ans de règne sans partage et qui fait contre toute attente de la résistance avec son fameux cri de résistance (zenga zenga, dar dar) ; (Rue par rue, maison par maison), qui arrive encore à mobiliser plus d'un million de personnes pour aller bouter les insurgés de Benghazi. Pour l'histoire, la résolution 1973 -votée avec la félonie de la Ligue arabe de Amr Moussa qui voulait être dans les bons papiers de l'Occident attendant un retour d'ascenseur pour une éventuelle succession du pharaon aux pieds d'argile qu'était Moubarek - était censée protéger les civils qui sont morts par centaines !!!
Comment a commencé la croisade avec BHL « le tintin chez les diplomates » ?
Christopher Caldwell, rédacteur en chef du Weekly Standard, n'est pas tendre avec Bernard-Henry Levy qui s'avère être l'âme du complot contre la Libye. Nous l'écoutons : « Le philosophe BHL a beaucoup pesé pour que Paris s'engage contre Kadhafi. De grands principes et un opportunisme teinté d'amateurisme qui pourrait faire des dégâts. L'Occident espère désormais, que Lévy ne s'est pas trompé sur la Libye. C'est en effet grâce à lui - ou à cause de lui - que l'Otan est intervenue. Fin février, Lévy a pris un avion pour se rendre à la frontière entre l'Egypte et la Libye, où il est entré en contact avec le Conseil national de transition (CNT), un groupe d'insurgés de Benghazi. (..) Il a alors téléphoné à Nicolas Sarkozy (son ami depuis trente ans) pour l'engager à soutenir les rebelles par des frappes aériennes. Le philosophe a ensuite organisé à Paris une rencontre entre les rebelles et Nicolas Sarkozy, le 10 mars, et Hillary Clinton a rencontré leur dirigeant officiel, Mahmoud Jibril, quelques jours plus tard dans la capitale française. Le 17 mars, dix membres du Conseil de sécurité de l'ONU ont voté la résolution 1973, et l'aviation française est entrée en action pour empêcher les chars de Kadhafi d'entrer dans Benghazi ».(1)
« Plus le temps passe, moins ces initiatives semblent judicieuses. (...) L'avenir de Sarkozy dépend désormais de cette question : est-ce Bernard-Henri Lévy ou bien BHL qui l'a poussé à agir ? Lancer un pays dans la guerre après avoir consulté un philosophe d'une haute autorité morale est une chose ; mais le faire sous la pression d'un ami très riche et très influent en est une autre. (...) Il est vrai que l'humanitarisme militarisé de Lévy, contrairement à celui de Bush, suppose l'obsolescence de l'Etat-nation. D'après Lévy, que la Ligue arabe demande de l'aide à l'ONU pour renverser Kadhafi est un fait historique d'une importance capitale. Pourtant, son engagement au nom de la communauté internationale reste flou. (...) La France a beau dire qu'elle occupe une place privilégiée en Afrique du Nord, les soulèvements démocratiques dans la région ont été autant d'humiliations pour elle. Lévy a surtout joué un grand rôle dans la manière dont la France s'est engagée dans la guerre. (...) La France a ensuite rapidement reconnu le CNT comme seul gouvernement légitime de la Libye, suivie par l'Italie et le Qatar. Ce n'était apparemment pas une sage décision. (...) Voilà un homme riche qui assure au reste du monde que la Libye compte d'innombrables démocrates, mais qui agit ensuite en secret pour s'assurer que le contrôle des milliards du pétrole libyen revienne bien à la poignée de démocrates qu'il connaît personnellement. C'est hélas, le genre de démocratie qui fait le lit des dictateurs ».(1)
Il est des feuilletons dont on connaît à l'avance l'issue, il en est d'autres qui nous tiennent en haleine. En l'occurrence, le feuilleton libyen a battu tous les records par son imprévisibilité. Voilà un potentat qu'on croyait facilement indéboulonnable après 41 ans de règne sans partage et qui fait contre toute attente de la résistance avec son fameux cri de résistance (zenga zenga, dar dar) ; (Rue par rue, maison par maison), qui arrive encore à mobiliser plus d'un million de personnes pour aller bouter les insurgés de Benghazi. Pour l'histoire, la résolution 1973 -votée avec la félonie de la Ligue arabe de Amr Moussa qui voulait être dans les bons papiers de l'Occident attendant un retour d'ascenseur pour une éventuelle succession du pharaon aux pieds d'argile qu'était Moubarek - était censée protéger les civils qui sont morts par centaines !!!
Comment a commencé la croisade avec BHL « le tintin chez les diplomates » ?
Christopher Caldwell, rédacteur en chef du Weekly Standard, n'est pas tendre avec Bernard-Henry Levy qui s'avère être l'âme du complot contre la Libye. Nous l'écoutons : « Le philosophe BHL a beaucoup pesé pour que Paris s'engage contre Kadhafi. De grands principes et un opportunisme teinté d'amateurisme qui pourrait faire des dégâts. L'Occident espère désormais, que Lévy ne s'est pas trompé sur la Libye. C'est en effet grâce à lui - ou à cause de lui - que l'Otan est intervenue. Fin février, Lévy a pris un avion pour se rendre à la frontière entre l'Egypte et la Libye, où il est entré en contact avec le Conseil national de transition (CNT), un groupe d'insurgés de Benghazi. (..) Il a alors téléphoné à Nicolas Sarkozy (son ami depuis trente ans) pour l'engager à soutenir les rebelles par des frappes aériennes. Le philosophe a ensuite organisé à Paris une rencontre entre les rebelles et Nicolas Sarkozy, le 10 mars, et Hillary Clinton a rencontré leur dirigeant officiel, Mahmoud Jibril, quelques jours plus tard dans la capitale française. Le 17 mars, dix membres du Conseil de sécurité de l'ONU ont voté la résolution 1973, et l'aviation française est entrée en action pour empêcher les chars de Kadhafi d'entrer dans Benghazi ».(1)
« Plus le temps passe, moins ces initiatives semblent judicieuses. (...) L'avenir de Sarkozy dépend désormais de cette question : est-ce Bernard-Henri Lévy ou bien BHL qui l'a poussé à agir ? Lancer un pays dans la guerre après avoir consulté un philosophe d'une haute autorité morale est une chose ; mais le faire sous la pression d'un ami très riche et très influent en est une autre. (...) Il est vrai que l'humanitarisme militarisé de Lévy, contrairement à celui de Bush, suppose l'obsolescence de l'Etat-nation. D'après Lévy, que la Ligue arabe demande de l'aide à l'ONU pour renverser Kadhafi est un fait historique d'une importance capitale. Pourtant, son engagement au nom de la communauté internationale reste flou. (...) La France a beau dire qu'elle occupe une place privilégiée en Afrique du Nord, les soulèvements démocratiques dans la région ont été autant d'humiliations pour elle. Lévy a surtout joué un grand rôle dans la manière dont la France s'est engagée dans la guerre. (...) La France a ensuite rapidement reconnu le CNT comme seul gouvernement légitime de la Libye, suivie par l'Italie et le Qatar. Ce n'était apparemment pas une sage décision. (...) Voilà un homme riche qui assure au reste du monde que la Libye compte d'innombrables démocrates, mais qui agit ensuite en secret pour s'assurer que le contrôle des milliards du pétrole libyen revienne bien à la poignée de démocrates qu'il connaît personnellement. C'est hélas, le genre de démocratie qui fait le lit des dictateurs ».(1)
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