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L’opposition cherche un salut pour la Syrie

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  • L’opposition cherche un salut pour la Syrie

    Des morts, encore des morts. La contestation populaire en Syrie n’en finit pas de subir l’aveuglement du régime qui semble incapable d’esquisser, au-delà des discours du jeune président, sporadiques et inopérants, la moindre sortie de crise. Le régime en place à Damas est de plus en plus sous pression. Incapable de s’ouvrir véritablement aux revendications populaires, pris dans son propre piège.

    C’est de l’opposition que viendra probablement le salut du pays. Damas semble résolument déterminée à en découdre avec des manifestations qui ébranlent le pays depuis quatre mois. L’opposition, elle, tant à l’intérieur du pays qu’à l’étranger, évoque déjà la période post-Bachar Al-Assad.

    La Conférence de salut national, telle que l’ont dénommée les opposants syriens, avait pour objectif de rassembler l’opposition syrienne, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays.

    Cette réunion, cinquième du genre, a débouché sur l’élection de 25 représentants d’un conseil dont la mission sera désormais de porter la «voix» de la révolution syrienne. Ainsi donc, l’opposition se place comme un acteur indispensable pour une sortie de crise et l’arrêt de la fuite en avant. Un paramètre que le régime devrait désormais intégrer pour pouvoir envisager une transition en douce.

    La conférence a réuni plus de 300 opposants venus de différents pays et différentes tendances. L’initiative avait pour objectif d’élaborer une «feuille de route» et mettre en place une structure de coordination permanente de l’opposition. Des partis anciennement ancrés dans le paysage politique aux intellectuels des centres de réflexion à l’étranger, en passant par les mouvements de jeunes, dans sa diversité, l’opposition syrienne se place comme alternative. Depuis la fin du mois d’avril, néanmoins, un effort pour rassembler, puis structurer l’opposition s’est opéré. Les opposants au régime en place sont idéologiquement hétéroclites et il paraissait difficile de réunir toutes les tendances sur une plate-forme commune.

    Le régime en place a d’ailleurs longtemps joué sur les contradictions au sein de l’opposition même dans son exil. Le 29 avril, «l’Initiative nationale pour le changement», rassemblant 150 opposants, publiait un communiqué faisant part des premières revendications acceptées par tous : modification de la Constitution, indépendance du système judiciaire, levée de l’état d’urgence, liberté pour la presse, arrêt des pratiques discriminantes notamment à l’endroit des Kurdes. Et finalement début d’une transition du pouvoir assurée par l’armée. Lors de la réunion du 27 juin à Damas, l’opposition a fait un pas de plus. Elle a créé un «Comité national pour le changement démocratique», regroupant une large palette de représentants de la vie politique et intellectuelle syrienne, comprenant notamment le Parti communiste syrien et une dizaine de partis kurdes.

    Cependant, au moment où l’opposition tentait de se structurer pour peser sur le cours des événements, la logique du régime restait la même, c’est-à-dire suicidaire. Trente personnes ont été tuées, dont seize à Damas, quand les forces de sécurité ont ouvert le feu pour tenter de disperser des manifestants. Une intervention musclée qui a causé également une dizaine de blessés et plus de 300 personnes interpellées.

    Depuis le début des manifestations à la mi-mars, la répression visant les manifestants a fait quelque 1 600 morts, selon les militants des droits de l’Homme. L’opposition syrienne avait dédié les manifestations de vendredi aux milliers de personnes arrêtées depuis le début du mouvement de protestation. Environ 15 000 sont toujours détenues.

    Pour les observateurs, la crise éclatée depuis quatre mois en Syrie est ouverte sur tous les scénarios. La Syrie, un peu trop vite comparée aux autres pays arabes subissant la révolution populaire, s’est avérée un cas singulier. L’apparent statu quo qui s’est établi depuis le début du soulèvement populaire pousserait la situation actuelle à se perpétuer. La dernière insurrection a duré trois ans entre 1979 et 1982, elle a été réprimée dans le sang. Le régime semble donc s’installer dans une préservation manifeste de sa cohésion dans le but d’épuiser la contestation en cours.

    Quel sera l’avenir immédiat de la Syrie ? Divers scénarios sont également esquissés par les spécialistes. Le régime pourrait procéder à des réformes superficielles en maintenant un système autoritaire avec le risque permanent de s’exposer à une reprise de la contestation. Le régime pourrait également céder à une transition démocratique, pour l’heure très improbable. L’option équivaudrait à un suicide vu l’incertitude des élections libres. En attendant une démarche véritable pour dépasser le dangereux blocage, Damas subit pour l’heure la pression interne et externe. Les ministres européens viennent d’annoncer qu’aussi longtemps que le régime Assad maintiendra sa politique actuelle envers les contestataires, l’UE «va poursuivre et faire avancer son action y compris par le biais de sanctions visant les responsables ou ceux qui sont associés à la répression violente». L’UE a déjà adopté trois trains successifs de sanctions à l’encontre de responsables du régime, dont le président syrien lui-même, ainsi que des sociétés gravitant autour du pouvoir en place.

    La Syrie, en proie depuis quatre mois à un mouvement de contestation du régime du président Bachar Al-Assad, se retrouve à un tournant de son histoire. Le régime répond depuis le début par une répression aveugle, attribuant le mouvement à des groupes armés manipulés. D’après les militants des droits de l’Homme, l’aveuglement a déjà fait plus de 1 400 morts, entraîné l’arrestation de plus de 12 000 personnes et l’exode de milliers d’autres. L’opposition réussira-elle à stopper l’hémorragie avant le point de rupture ?

    Par Moumene Belghoul, La Tribune
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