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L’art en quête d’une place dans la rue en Algérie

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  • L’art en quête d’une place dans la rue en Algérie

    L’art monumentaliste, qui a permis à de nombreuses villes dans le monde d’introduire dans leurs tissus urbains une touche esthétique pour adoucir l’uniformité, la platitude et la sobriété des bâtiments et de l’architecture, peine toujours à trouver une place en Algérie.

    Les personnes ayant voyagé outre-mer ont certainement remarqué ces sculptures monumentales «habillant» des places publiques et ces fresques sur les murs. Certaines villes ont même sollicité de jeunes taggers pour décorer des halls, des tunnels et autres façades hideuses.

    Des sculpteurs et des artistes peintres se sont d’ailleurs spécialisés dans ce qu’on appellera désormais l’art monumentaliste, nom emprunté au monumentalisme qui, en fait, est un néologisme ayant remplacé le terme académique «statuaire» pour désigner, dans un premier temps, l’art de la construction des monuments, avant d’être généralisé pour englober la sculpture et la peinture.

    Ces artistes monumentalistes dont la démarche traduit leur volonté de s’émanciper du cadre (musée et galerie d’exposition) et libérer l’œuvre de ce carcan pour la rendre visible à tous, ont réussi à s’imposer sur la scène culturelle et le marché de l’art. Leurs créations ont leur place, y compris dans les conceptions architecturales, l’architecture étant, depuis des années déjà, considérée comme une œuvre artistique, voire un patrimoine culturel. Mais le monumentalisme qui a permis à de nombreuses villes dans le monde d’introduire dans leurs tissus urbains une touche esthétique qui adoucit l’uniformité, la platitude et la sobriété des bâtiments et de l’architecture, peine toujours à trouver une place en Algérie. Les œuvres monumentalistes, quand elles existent, peuvent se compter sur les doigts d’une main dans les villes algériennes.

    Alger, hormis la statue équestre de l’émir Abdelkader sur la place éponyme - la première, œuvre d’un sculpteur italien, a été déboulonnée pour être remplacée par une autre plus imposante mais moins belle -, la statue de Barberousse devant la prison de Sarkadji et du docker face au port, n’a accueilli aucune sculpture. Quant à la peinture, des fresques en céramique représentant des hommes et des femmes en tenue traditionnelle ont été, certes, collées un peu partout, mais sans être réellement mises en valeur ni entretenues. On remarquera d’ailleurs que des carreaux se sont décollés sur certaines sans être remplacés ou, pis, quand ils l’ont été, les couleurs et les tons des nouveaux carreaux n’ont pas respecté ceux de l’œuvre originelle. C’est dire l’importance qu’on donne à l’art et aux artistes.

    En fait, l’art monumentaliste ne se traduit en Algérie qu’à travers les stèles érigées un peu partout dans les villes et villages à la mémoire des martyrs ainsi que les fresques datant de l’ère du socialisme à la gloire des trois révolutions (agraire, industrielle et culturelle). Ces réalisations sont les produits «d’artistes officiels» dont le manque de créativité n’a d’égal que leur entrisme, qui leur a permis de décrocher les marchés. Quel meilleur hommage peut-on rendre à nos martyrs que celui de leur élever un mémorial beau et esthétique… une véritable œuvre d’art en somme ? De même, y a-t-il meilleure reconnaissance pour un artiste monumentaliste que celle de voir son œuvre trouver une place au soleil, au sens plein du terme ? Evidemment, il appartient aussi aux artistes de travailler dans ce sens, de proposer des projets bien ficelés, de batailler pour les imposer et, s’il y a sabordage, marginalisation, rejet, de dénoncer ouvertement ces entraves. Autrement, nos villes continueront à tourner le dos au beau et à l’esthétique alors qu’il ne suffit que d’une décision pour faire de tous les espaces vides des socles pour des sculptures ou des supports pour des fresques. N’est-ce pas le moyen idéal de mettre le citoyen en contact direct avec l’art ?

    Par Hassan Gherab, La Tribune
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