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Entretien avec Raquel Rolnik, rapporteuse spéciale de l'ONU sur le droit à un logement convenable

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  • Entretien avec Raquel Rolnik, rapporteuse spéciale de l'ONU sur le droit à un logement convenable

    « La contestation des listes de logements est un signe d'une politique qui manque de transparence »

    Dans le cadre de votre enquête, vous avez effectué quelques visites de terrain. Quel est le premier constat que vous avez fait sur l'accès au logement en Algérie ?

    Il est important de reconnaître que le gouvernement a fait des efforts significatifs en matière de construction de logements. Mais le défi aujourd'hui est la transparence dans le processus de distribution. Beaucoup de gens vivent dans des conditions pénibles et beaucoup de choses aussi restent à faire.


    Votre visite intervient dans une période caractérisée par les mouvements de protestation contre les listes de bénéficiaires de logements sociaux...

    Dans les quartiers populaires qu'on a visités, les habitants nous ont parlé du problème. Enfin, de telle personne ayant été introduite dans une liste grâce à des connaissances ou à une somme qu'elle aurait avancée. Je n'ai eu, cependant, aucune preuve concrète mais j'ai écouté. Je pense que ce qui se passe actuellement est un signe d'une politique qui manque de transparence. Pourquoi ne pas rendre publiques, par exemple, les listes des postulants aux logements sociaux sur un site internet géré par la wilaya ? Les citoyens devraient être impliqués dans le processus d'attribution. Les comités de quartiers devraient jouer un rôle plus important dans les différentes commissions. Aussi, l'opération devrait s'effectuer selon les priorités, un point qui demeure encore très sensible. Il est nécessaire également de vulgariser les critères pour l'accès au logement puisqu'il y a de nombreuses formules proposées. Abstraction faite des décrets et des lois, il n'y a pas de documents, de brochures qui expliquent les critères qui sont très complexes.


    L'exemple que vous venez de donner (concernant le site internet) paraît très simple à réaliser. Pourquoi, selon vous, les pouvoirs publics ne s'engagent‑ils pas sur cette voie ?

    Il y a certainement une marge (un nombre d'appartements dans le quota, ndlr), on ne sait pas si elle est grande ou petite, dont l'attribution dépendrait du choix des élus, du wali, du chef de daira... Enfin, de quelqu'un impliqué dans le processus de distribution. C'est pour cela que je vous disais que c'est très important d'impliquer le citoyen. Dans un processus ouvert, chacun aura sa place, chacun saura sa position selon les priorités précédemment définies.


    Vous avez discuté de cette question avec plusieurs responsables algériens, dont des ministres et des walis. Quelle est leur conception des choses ?

    Ils disent qu'ils ne peuvent pas tout faire en même temps. Qu'ils ont fait beaucoup et que le reste va arriver. Pour eux, les gens qui protestent contre les listes des bénéficiaires de logements sociaux n'avaient pas le droit d'accéder à cette formule. On ne veut pas, en fait, reconnaître qu'il y a un vrai problème.


    À quoi est dû le problème du logement en Algérie ?

    Je pense que la situation actuelle est d'abord la conséquence de l'histoire de la politique adoptée dans le secteur depuis des années. Cette politique du logement ne s'est pas basée, en fait, sur une évaluation exacte des besoins en la matière. En Algérie, on prend des décisions puis on effectue des enquêtes. C'est pour ça qu'on remarque aujourd'hui un décalage entre l'offre et la demande. Une enquête générale pour recenser ceux qui sont dans le besoin est nécessaire avant la prise d'une quelconque décision. Autre chose : la politique du logement ne peut pas concerner uniquement l'offre d'acquisition. Elle doit avoir plusieurs outils. Je pense qu'elle devrait aussi être branchée sur une offre en matière de location. Ce que nous avons remarqué, c'est que le marché de la location demeure très peu régulé.

    TSA
    Hadjer Guenanfa
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