Jamai à Juppé: «Toléreriez-vous que votre président ne soit pas comptable de ses actes, de ses décisions, de sa politique?»
Jeudi, 14 Juillet 2011 09:50 Khalid Jamai
Mensonges et flagorneries
Par Khalid JAMAI
Monsieur le Ministre,
Dans un communiqué en date du 2 juillet 2011, vous aviez affirmé que « Les Marocains avaient pris une décision claire et historique à l’occasion d’une campagne référendaire transparente » qui, de plus, se serait déroulée « dans le respect des règles démocratiques » .
De même, vous avez soutenu que la révision de la constitution avait été conduite à partir de « consultations étendues, associant tous les partis politiques, les syndicats et une large palette de représentants de la société civile ».
Enfin vous alléguiez : « La participation du peuple marocain à ce référendum a été forte et a donné lieu à des débats animés et substantiels, reflétés dans les médias et notamment sur Internet ».
Qu’en est-il de l’exactitude de ces propos que vous présentiez comme des certitudes indiscutables?
Un leader de l’USFP, parti de gauche siégeant au gouvernement, Ali Bouabid, pourtant fervent partisan du oui, a écrit sur sa page Facebook, après avoir voté :
« Je viens de voter. Je remets ma carte d’électeur. Je demande si on doit vérifier mon identité. On me dit « on ne fait pas ça ». On trouve mon nom sur les listes. On met une croix en face de mon nom. Je vote. Je demande si je dois signer, on me dit non. Je dis : mais vous pouvez mettre autant de croix à la place des personnes qui ne sont pas venues voter puisque aucune signature n’est requise ! Amer. »
Quant au secrétaire général du PJD, parti islamiste, qui a mené campagne en faveur du projet constitutionnel, il a déclaré à l’envoyée du Financial Times : « Les chiffres fournis par le ministère de l’Intérieur sont exagérés. Le taux de participation doit tourner autour de 50% ».
Et, ils ne furent pas les seuls à dénoncer les fraudes massives qui ont entaché cette consultation référendaire. Loin s’en faut. Des dizaines de vidéos circulant sur la toile en apportent les preuves irréfutables. Il en est de même de la presse internationale écrite et télévisuelle telle que France 24 et TV5.
Nous sommes à mille lieux d’une campagne référendaire « transparente » qui se serait déroulée « dans le respect des règles démocratiques », comme vous l’affirmiez avec tant d’assurance.
Monsieur le Ministre,
Pour arriver à ses fins et pour faire croire que le projet de la constitution avait été approuvé par plus de 98,50%, le pouvoir marocain a mobilisé toute son administration, tout son potentiel humain et matériel. De même qu’il a raclé les bas-fonds pour recruter, embrigader, contre monnaie sonnante et trébuchante, (comme le prouvent là aussi les dizaines de vidéos) chômeurs, citoyens dans le besoin, repris de justice, « chmakria », africains sub-sahariens en rupture de ban. Ces énergumènes, véritables « Tantons Macoutes Makhzanéens » ont permis, au régime de sous-traiter sa répression contre les militants du Mouvement du 20 février (1). De la sorte, le pouvoir pouvait continuer à réprimer, en toute quiétude et impunité tout en se prémunant contre tout rappel à l’ordre de la part de l’UE et des USA, hostiles à tout recours à la violence contre les manifestations pacifiques comme celles menées par ce mouvement.
Et que dire de l’instrumentalisation de la religion opérée à travers la mise à contribution forcée des imams et le recours à des confréries religieuses telle la Zaouïa Bouchichia ?
Cet embrigadement tous azimuts a été rendu impératif pour pallier à l’incapacité des partis politiques, adeptes du oui, à mobiliser les citoyennes et citoyens. De même qu’il permettait, si besoin était, de contraindre, par la menace, le chantage et la violence les « récalcitrants » à voter en faveur du projet constitutionnel.
Quant au score de 98,50%, qui n’a pu être réalisé que grâce à une OPA opérée par le makhzen sur les urnes, il s’inscrit dans la logique référendaire marocaine : 84% en 1962, 98% en 1972, 99 99% en 1992 et 99, 69% en 1996.
Pouvait-il en être autrement ?
Evidemment non, car tous ces référendums ont été présentés comme des référendums sur la monarchie. Or, celle-ci ne peut tolérer d’être remise en cause, ne serait-ce que par une infime partie de la population.
Jeudi, 14 Juillet 2011 09:50 Khalid Jamai
Mensonges et flagorneries
Par Khalid JAMAI
Monsieur le Ministre,
Dans un communiqué en date du 2 juillet 2011, vous aviez affirmé que « Les Marocains avaient pris une décision claire et historique à l’occasion d’une campagne référendaire transparente » qui, de plus, se serait déroulée « dans le respect des règles démocratiques » .
De même, vous avez soutenu que la révision de la constitution avait été conduite à partir de « consultations étendues, associant tous les partis politiques, les syndicats et une large palette de représentants de la société civile ».
Enfin vous alléguiez : « La participation du peuple marocain à ce référendum a été forte et a donné lieu à des débats animés et substantiels, reflétés dans les médias et notamment sur Internet ».
Qu’en est-il de l’exactitude de ces propos que vous présentiez comme des certitudes indiscutables?
Un leader de l’USFP, parti de gauche siégeant au gouvernement, Ali Bouabid, pourtant fervent partisan du oui, a écrit sur sa page Facebook, après avoir voté :
« Je viens de voter. Je remets ma carte d’électeur. Je demande si on doit vérifier mon identité. On me dit « on ne fait pas ça ». On trouve mon nom sur les listes. On met une croix en face de mon nom. Je vote. Je demande si je dois signer, on me dit non. Je dis : mais vous pouvez mettre autant de croix à la place des personnes qui ne sont pas venues voter puisque aucune signature n’est requise ! Amer. »
Quant au secrétaire général du PJD, parti islamiste, qui a mené campagne en faveur du projet constitutionnel, il a déclaré à l’envoyée du Financial Times : « Les chiffres fournis par le ministère de l’Intérieur sont exagérés. Le taux de participation doit tourner autour de 50% ».
Et, ils ne furent pas les seuls à dénoncer les fraudes massives qui ont entaché cette consultation référendaire. Loin s’en faut. Des dizaines de vidéos circulant sur la toile en apportent les preuves irréfutables. Il en est de même de la presse internationale écrite et télévisuelle telle que France 24 et TV5.
Nous sommes à mille lieux d’une campagne référendaire « transparente » qui se serait déroulée « dans le respect des règles démocratiques », comme vous l’affirmiez avec tant d’assurance.
Monsieur le Ministre,
Pour arriver à ses fins et pour faire croire que le projet de la constitution avait été approuvé par plus de 98,50%, le pouvoir marocain a mobilisé toute son administration, tout son potentiel humain et matériel. De même qu’il a raclé les bas-fonds pour recruter, embrigader, contre monnaie sonnante et trébuchante, (comme le prouvent là aussi les dizaines de vidéos) chômeurs, citoyens dans le besoin, repris de justice, « chmakria », africains sub-sahariens en rupture de ban. Ces énergumènes, véritables « Tantons Macoutes Makhzanéens » ont permis, au régime de sous-traiter sa répression contre les militants du Mouvement du 20 février (1). De la sorte, le pouvoir pouvait continuer à réprimer, en toute quiétude et impunité tout en se prémunant contre tout rappel à l’ordre de la part de l’UE et des USA, hostiles à tout recours à la violence contre les manifestations pacifiques comme celles menées par ce mouvement.
Et que dire de l’instrumentalisation de la religion opérée à travers la mise à contribution forcée des imams et le recours à des confréries religieuses telle la Zaouïa Bouchichia ?
Cet embrigadement tous azimuts a été rendu impératif pour pallier à l’incapacité des partis politiques, adeptes du oui, à mobiliser les citoyennes et citoyens. De même qu’il permettait, si besoin était, de contraindre, par la menace, le chantage et la violence les « récalcitrants » à voter en faveur du projet constitutionnel.
Quant au score de 98,50%, qui n’a pu être réalisé que grâce à une OPA opérée par le makhzen sur les urnes, il s’inscrit dans la logique référendaire marocaine : 84% en 1962, 98% en 1972, 99 99% en 1992 et 99, 69% en 1996.
Pouvait-il en être autrement ?
Evidemment non, car tous ces référendums ont été présentés comme des référendums sur la monarchie. Or, celle-ci ne peut tolérer d’être remise en cause, ne serait-ce que par une infime partie de la population.
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