Une semaine après avoir infirmé les déclarations du Ministre de la Défense Gérard Longuet qui affirmait que la priorité de l'intervention n'était plus au départ de Kadhafi, Alain Juppé est revenu sur ses propos indiquant sur LCI que Kadhafi pourrait séjourner en Libye à condition de se retirer de la vie politique. Des tergiversations politiques qui en disent long sur l'improvisation militaire de l'opération...
« Il n'y a pas de médiation possible avec M. Kadhafi. Les soldats de M. Kadhafi doivent rentrer dans les casernes et M. Kadhafi doit partir. On peut discuter des modalités du départ dans l'honneur, dans quel pays… tout cela, c'est effectivement discutable » déclarait Nicolas Sarkozy le 27 mai dernier en marge du sommet du G8 à Deauville.
Machine arrière toute ! Quelques milliers de sorties aériennes et de missiles n’y auront pas suffi. La priorité n’est plus au départ de Kadhafi. Alain Juppé l’a confirmé dans un entretien à LCI : « L'une des hypothèses envisagées, c'est qu'il séjourne en Libye, mais à une condition, c'est que très clairement il se mette à l'écart de la vie politique libyenne. C'est ce que nous attendons avant de déclencher le processus politique du cessez-le-feu ».
Rien à voir avec les déclarations du chef de la diplomatie française qui, sur ses terres bordelaises, il y a encore une semaine, était loin de mettre autant d’eau dans son vin déclarant que « L'idée que Kadhafi doit partir est désormais admise par tout le monde... Même s'ils ne le disent pas ouvertement, la majorité des pays africains ont compris que Kadhafi devait s'écarter du pouvoir. La question n'est pas de savoir s'il doit partir, mais quand et comment ».
Des tergiversations politiques et diplomatiques
L’histoire a donc donné raison à Gérard Longuet. Le Ministre de la défense avait sous-entendu il y a une semaine aux micros de BFM TV que le départ de Kadhafi n’était plus une condition à l’arrêt des opérations militaires : « Il sera dans une autre pièce de son palais avec un autre titre ».
A peine prononcés, les propos de Gérard Longuet avaient suscité beaucoup de questionnements : une simple bourde ou le reflet d'une réflexion en cours prématurée à assumer chez les militaires français de voir leur potentiel trop entamé et pour l’exécutif de s’engager dans un conflit durable et coûteux politiquement. Ce revirement spectaculaire apporte plus qu’un début de réponse et vient même crédibiliser la sortie de Saïf al Islam, fils du dirigeant libyen, qui déclarait à la presse algérienne que Tripoli négociait avec la France les conditions d'un cessez-le-feu.
Le rétro-pédalage amorcé par Longuet n’avait pourtant pas eu l’heur de plaire du tout au Ministre des affaires étrangères. Un certain…Alain Juppé qui avait aussitôt réaffirmé que la chute du guide était un « élément clé » des négociations. C’est donc une semaine, jour pour jour, après le vote de l’assemblée nationale pour la poursuite des opérations militaires en Libye que l’exécutif fait explicitement passer le message que l’offensive pourrait avoir assez duré… Gérard Longuet a même déclaré aujourd'hui que les insurgés n'étaient pas en capacité de prendre Tripoli.
Des tergiversations politiques et diplomatiques qui en disent long sur les difficultés rencontrées par la coalition contrainte d’envoyer des signaux amènes au Guide. Un changement de cap symbole d’une remise en cause sévère de la stratégie de la France (mais aussi du Royaume-Uni, des Etats-Unis et donc de l'Otan), qui, jusqu'à présent, « menait » la guerre en Libye et que le colonel Kadhafi saura à coup sûr utiliser pour assurer ses fidèles soutiens de sa puissance retrouvée. D'ici à ce qu'il réclame à Sarkozy de planter à nouveau sa tente dans les jardins de l'Hôtel Marigny...
La victoire de la realpolitik sur la guerre juste ?
Partis dans une campagne quelque peu improvisée, sous la pression d’un BHL auto-proclamé chef de la diplomatie médiatique, et accessoirement des services de renseignement français, les forces armées semblent aujourd'hui dans une impasse. Sur le terrain, le ministre Alain Juppé a d’ailleurs admis que si les choses progressaient, il n’y avait pas de « basculement spectaculaire ».
Et pendant la guerre, le temps –politique- suit son cours… comme l'analysait clairement le spécialiste en relations internationales Bertrand Badie, dans un chat pour le monde.fr, estimant que l’enlisement de la crise libyenne comportait le risque « notamment pour la diplomatie française, de passer l'été sans qu'une transformation profonde de la situation ne la libère du danger de voir son action prise en otage d'une temporalité électorale ».
Un pari risqué alors que le retour des soldats d’Afghanistan dans des cercueils sensibilise de plus en plus l’opinion sur la question de la légitimité de l’engagement des troupes françaises en opérations extérieures.
Reste un détail : la présence négociée de Kadhafi en Libye signifierait l'annulation du mandat de capture prononcé contre le raïs pour crimes contre l'humanité par la Cour Pénale Internationale. Une broutille juridique balayée par Alain Juppé : « C'est un point qui n'est pas en discussion aujourd'hui. Il y a des procédures qui doivent être poursuivies et on verra ensuite dans le cadre des négociations les conséquences qu'il faut en tirer ».
La victoire de la « realpolitik » sur la « guerre juste » si chère à BHL. L’historien Tzetan Todorov avait anticipé les risques d’un engagement militaire : « l’inconvénient est que la guerre est un moyen si puissant qu’elle fait oublier le but poursuivi ». A méditer.
« Il n'y a pas de médiation possible avec M. Kadhafi. Les soldats de M. Kadhafi doivent rentrer dans les casernes et M. Kadhafi doit partir. On peut discuter des modalités du départ dans l'honneur, dans quel pays… tout cela, c'est effectivement discutable » déclarait Nicolas Sarkozy le 27 mai dernier en marge du sommet du G8 à Deauville.
Machine arrière toute ! Quelques milliers de sorties aériennes et de missiles n’y auront pas suffi. La priorité n’est plus au départ de Kadhafi. Alain Juppé l’a confirmé dans un entretien à LCI : « L'une des hypothèses envisagées, c'est qu'il séjourne en Libye, mais à une condition, c'est que très clairement il se mette à l'écart de la vie politique libyenne. C'est ce que nous attendons avant de déclencher le processus politique du cessez-le-feu ».
Rien à voir avec les déclarations du chef de la diplomatie française qui, sur ses terres bordelaises, il y a encore une semaine, était loin de mettre autant d’eau dans son vin déclarant que « L'idée que Kadhafi doit partir est désormais admise par tout le monde... Même s'ils ne le disent pas ouvertement, la majorité des pays africains ont compris que Kadhafi devait s'écarter du pouvoir. La question n'est pas de savoir s'il doit partir, mais quand et comment ».
Des tergiversations politiques et diplomatiques
L’histoire a donc donné raison à Gérard Longuet. Le Ministre de la défense avait sous-entendu il y a une semaine aux micros de BFM TV que le départ de Kadhafi n’était plus une condition à l’arrêt des opérations militaires : « Il sera dans une autre pièce de son palais avec un autre titre ».
A peine prononcés, les propos de Gérard Longuet avaient suscité beaucoup de questionnements : une simple bourde ou le reflet d'une réflexion en cours prématurée à assumer chez les militaires français de voir leur potentiel trop entamé et pour l’exécutif de s’engager dans un conflit durable et coûteux politiquement. Ce revirement spectaculaire apporte plus qu’un début de réponse et vient même crédibiliser la sortie de Saïf al Islam, fils du dirigeant libyen, qui déclarait à la presse algérienne que Tripoli négociait avec la France les conditions d'un cessez-le-feu.
Le rétro-pédalage amorcé par Longuet n’avait pourtant pas eu l’heur de plaire du tout au Ministre des affaires étrangères. Un certain…Alain Juppé qui avait aussitôt réaffirmé que la chute du guide était un « élément clé » des négociations. C’est donc une semaine, jour pour jour, après le vote de l’assemblée nationale pour la poursuite des opérations militaires en Libye que l’exécutif fait explicitement passer le message que l’offensive pourrait avoir assez duré… Gérard Longuet a même déclaré aujourd'hui que les insurgés n'étaient pas en capacité de prendre Tripoli.
Des tergiversations politiques et diplomatiques qui en disent long sur les difficultés rencontrées par la coalition contrainte d’envoyer des signaux amènes au Guide. Un changement de cap symbole d’une remise en cause sévère de la stratégie de la France (mais aussi du Royaume-Uni, des Etats-Unis et donc de l'Otan), qui, jusqu'à présent, « menait » la guerre en Libye et que le colonel Kadhafi saura à coup sûr utiliser pour assurer ses fidèles soutiens de sa puissance retrouvée. D'ici à ce qu'il réclame à Sarkozy de planter à nouveau sa tente dans les jardins de l'Hôtel Marigny...
La victoire de la realpolitik sur la guerre juste ?
Partis dans une campagne quelque peu improvisée, sous la pression d’un BHL auto-proclamé chef de la diplomatie médiatique, et accessoirement des services de renseignement français, les forces armées semblent aujourd'hui dans une impasse. Sur le terrain, le ministre Alain Juppé a d’ailleurs admis que si les choses progressaient, il n’y avait pas de « basculement spectaculaire ».
Et pendant la guerre, le temps –politique- suit son cours… comme l'analysait clairement le spécialiste en relations internationales Bertrand Badie, dans un chat pour le monde.fr, estimant que l’enlisement de la crise libyenne comportait le risque « notamment pour la diplomatie française, de passer l'été sans qu'une transformation profonde de la situation ne la libère du danger de voir son action prise en otage d'une temporalité électorale ».
Un pari risqué alors que le retour des soldats d’Afghanistan dans des cercueils sensibilise de plus en plus l’opinion sur la question de la légitimité de l’engagement des troupes françaises en opérations extérieures.
Reste un détail : la présence négociée de Kadhafi en Libye signifierait l'annulation du mandat de capture prononcé contre le raïs pour crimes contre l'humanité par la Cour Pénale Internationale. Une broutille juridique balayée par Alain Juppé : « C'est un point qui n'est pas en discussion aujourd'hui. Il y a des procédures qui doivent être poursuivies et on verra ensuite dans le cadre des négociations les conséquences qu'il faut en tirer ».
La victoire de la « realpolitik » sur la « guerre juste » si chère à BHL. L’historien Tzetan Todorov avait anticipé les risques d’un engagement militaire : « l’inconvénient est que la guerre est un moyen si puissant qu’elle fait oublier le but poursuivi ». A méditer.
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