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Exécution de Lounès Matoub : un avocat ardennais dénonce

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  • Exécution de Lounès Matoub : un avocat ardennais dénonce

    Exécution de Lounès Matoub : un avocat ardennais dénonce


    Lundi dernier, la justice algérienne a condamné les deux repentis islamistes qui ont reconnu avoir en juin 1998 abattu Lounès Matoub, chanteur et porte-parole de la cause kabyle. L'avocat carolo Ahmed Harir, ami intime de la victime, dénonce une parodie de justice et accuse le gouvernement algérien.


    ON ne saura probablement jamais ce qui s'est réellement passé le 25 juin 1998, vers 13 heures, sur une route de montagne reliant Tizi Ouzou à Beni Doualah, en Kabylie. Ou plutôt si, on le sait, et même trop bien : Lounès Matoub, le charismatique chantre de la cause kabyle, était froidement abattu par un commando d'hommes armés. Et c'est tout. Le reste, c'est-à-dire l'identité des tueurs, celle de leurs commanditaires, les éventuelles complicités, les circonstances qui ont amené à l'assassinat de cet homme de 42 ans connu de la planète entière comme étant l'emblématique défenseur de la culture kabyle, tout cela demeurera à jamais sous le lourd boisseau d'une justice aux ordres d'un gouvernement corrompu. Tel est du moins le sentiment qui habite aujourd'hui l'avocat carolomacérien Ahmed Harir au lendemain du procès qui risque fort de tirer un trait définitif sur cette sombre affaire.
    « J'étais un ami intime de Lounès, nos familles sont originaires du même village et je le voyais régulièrement », raconte Me Harir. Une proximité qui l'a très rapidement conduit à représenter dans ce dossier la famille de son ami disparu. Et tout aussi rapidement à émettre de très sérieux doutes sur la version officielle. « Lounès était à la fois un artiste et un homme de convictions. Des convictions qu'il n'a jamais trahies et qui constituent la cause de son élimination. Il gênait beaucoup par ses déclarations, ses prises de position ou ses chansons engagées. Son dernier disque est sorti quelques jours après sa mort, à la date prévue, le 5 juillet, le jour de la fête nationale. La dernière chanson de l'album, donc sa dernière chanson, est une reprise parodique et caustique de l'hymne algérien. Il n'hésitait pas à critiquer haut et fort, aussi bien les islamistes que le pouvoir en place en Algérie. Et il avait donc pas mal d'ennemis. »
    Des ennemis qui s'en étaient déjà physiquement pris à lui : lors des manifestations d'octobre 1988, il reçoit plusieurs balles tirées par un gendarme et est hospitalisé pendant près de 6 mois. Le 25 septembre 1994, il est enlevé par un groupe islamiste qui le relâche quelques jours plus tard, en bonne santé. « Son rapt avait déclenché de telles passions, un tel mouvement de solidarité à travers toute la Kabylie que ses ravisseurs ont eu peur des conséquences que sa disparition aurait pu avoir et ont préféré le libérer », commente Ahmed Harir.

    Un hymne revu et corrigé

    Mais ces « alertes » ne l'empêchaient pas de poursuivre la voie qu'il s'était tracée, même si par mesure de sécurité, il s'était réfugié en France ou il bénéficiait de la protection de plusieurs gardes du corps. « Il a commencé à retourner en Algérie à la mort de son père, en 1996, poursuit l'avocat carolomacérien. En Kabylie, c'était un héros. Il possédait un charisme inimaginable. Je suis persuadé qu'avec lui vivant, le fameux Printemps arabe se serait très rapidement propagé en Algérie. »
    Mais son destin s'est donc brutalement brisé le 25 juin 1998. « On a relevé 96 impacts sur sa voiture ! Son épouse et deux sœurs de cette dernière, qui se trouvaient à bord, ont été légèrement blessées. Quant à lui, il a été achevé, probablement d'une balle en plein crâne, à bout portant. » Pour Me Harir, aucun doute, c'est le gouvernement algérien qui a organisé cet assassinat. « Le GIA a toujours revendiqué ses crimes. Là, au contraire, ils ont fait paraître un communiqué expliquant qu'il n'y était pour rien ! Et quand on voit comment l'enquête a été menée, c'est signé : c'est l'Etat algérien qui est derrière, un peu comme pour le massacre des moines de Tibhirine, lui aussi attribué aux islamistes par le pouvoir en place. »

    « J'ai une femme et des gosses… »

    Pourtant, deux hommes ont été arrêtés, deux islamistes repentis, qui ont avoué avoir tué Matoub. Deux hommes qui, lundi, ont été condamnés à des peines de prison couvertes par la durée de leur détention préventive. « Ce n'était pas le procès des vrais assassins. Ces deux repentis ont avoué sous la torture. Il n'y a jamais eu de véritable enquête, aucune reconstitution, aucune enquête balistique et encore moins d'autopsie. Plusieurs juges et procureurs se sont succédé sur ce dossier, mais sans aucune marge de manœuvre. Le dernier procureur à qui j'en ai parlé m'a répondu : ''J'ai une femme et des gosses…'' Je trouve navrant que l'on ait organisé ce pseudo-procès pendant les vacances, les autorités misant sur l'absence de réaction du peuple kabyle. Mais c'est l'effet inverse qui se produit : le peuple kabyle n'est pas dupe de cette mascarade de justice digne d'une république bananière. Comment tenir un tel procès sur une seule journée alors qu'une bonne cinquantaine de témoins auraient pu être cités ou entendus ? J'ai préféré quitter Alger le dimanche 17, la veille du procès, pour ne pas cautionner cette parodie. Le gouvernement algérien ne sort pas grandi de cette histoire. Les vrais assassins courent toujours, mais il faudra bien qu'un jour la caste d'Alger réponde de ses crimes impunis. »
    J.-C.R.

  • #2
    un simulacre d’enquête suivi d'un simulacre de procès ... comme on sait si bien les faire en algérie !!!

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    • #3
      Hélas on ne connaitra jamais la vérité sur ce lache assassinat..........

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      • #4
        A en croire la soeur de la victime, un kabyle notoire qui avait déjeuné en sa compagnie juste avant l'exécution, qui entre autres serait mené par des professionels, serait derrière.

        Les gens de la Mecque connaissent leurs ravins.
        Ask not what your country can do for you, but ask what you can do for your country.

        J.F.Kennedy, inspired by Gibran K. Gibran.

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        • #5
          un simulacre d’enquête suivi d'un simulacre de procès ... comme on sait si bien les faire en algérie !!!
          dans un simulacre de pays oui!

          de toute façon ils ne réussiront jamais à ce cacher derrière ce crime et de tant d'autres, tout cadavre caché sous l'eau fini toujours par remonter.
          "Vous avez voulu éviter la guerre au prix du déshonneur. Vous avez le déshonneur et vous aurez la guerre."
          W.C

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          • #6
            Simulacre !

            Dans le pays du «koulchi festi, koulchi faux» (Baaziz), on ne peut pas s'attendre à autre chose. Mais, comme l'a si bien dit @hassa2006 : La vérité finira inéluctablement par remonter à la surface.
            Écrire l’Histoire, c’est foutre la pagaille dans la Géographie...

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