Aujourd’hui en Egypte, tous les jeudis et vendredis, on compte en moyenne 50 victimes. Les jeunes de la place Tahrir imputent ces morts à une conspiration [de la part des hommes de l’ancien régime] visant à montrer que, s’il n’y a plus aucune présence policière dans les rues, la population prendra la mesure du chaos ambiant et regrettera vite les forces de sécurité de l’Etat. Le gouvernement insiste auprès des agences de voyages pour qu’elles disent que les touristes n’ont rien à craindre. Vraiment ? La compagnie aérienne nationale Egyptair, qui se sert audacieusement des manifestations de début février sur la place Tahrir pour faire la publicité de la “nouvelle Egypte”, vient d’annoncer qu’elle avait perdu 104 millions de livres [119 millions d’euros] en quatre mois. A l’hôtel Marriott qui se trouve au bord du Nil, sur l’île de Gezira, au Caire – un vieux palace avec des lions en marbre et des plafonds en stuc –, 24 touristes seulement occupent les 1 040 chambres. “Avant, la révolution était une bonne chose”, m’a confié un ami, “mais plus maintenant.” Début juillet, des jeunes qui préparaient une manifestation pour le vendredi ont été attaqués par des vendeurs de rue armés de couteaux et de pierres. On a entendu les histoires habituelles : tout était prévu par les autorités. Aucun groupe islamiste n’était présent lors des manifestations récentes, affirment les manifestants. Je retrouve un vieil ami égyptien qui est journaliste. Les employés du café viennent le saluer pour lui demander de continuer à dénoncer la corruption généralisée en Egypte. Il est inquiet. Les gens parleraient d’une “mutinerie du peuple”, certains voudraient recommencer à brûler les postes de police, renverser le gouvernement ou faire leur propre justice en exécutant certains membres de la police. Des rumeurs courent – je les ai entendues moi-même sur la place Tahrir – selon lesquelles des groupes de jeunes prévoient de fermer le canal de Suez si les responsables des forces de sécurité qui ont tué des innocents en janvier et février ne sont pas traduits en justice. Les plus intraitables appellent désormais à l’exécution de Moubarak.
C International.
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