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Immigration de travail: la liste très select du gouvernement

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  • Immigration de travail: la liste très select du gouvernement

    décryptage

    Pour lutter contre le chômage, le gouvernement veut réduire la liste des métiers ouverts sans restriction aux migrants, créée en 2008. Ce qui risque fort de n'avoir que peu d'effets. Explications.

    Le gouvernement aura mis un peu plus de trois mois à réduire de moitié la liste (déjà pas très longue) des métiers ouverts sans restriction aux ressortissants non-européens.

    Mi-avril, Claude Guéant, le ministre de l'Intérieur, ouvrait la brèche: dans Le Figaro magazine, il affirmait vouloir raboter de 20.000 personnes le nombre de migrants en règle: ils étaient 200.000 en 2009, la plupart entrés au titre du regroupement familial. Dans la foulée, Xavier Bertrand, ministre du Travail, sous-entendait que l'immigration professionnelle (23.650 personnes en 2009) pourrait prendre sa part de l'effort.

    Un revirement complet dans la politique d'«immigration choisie» initiée par Nicolas Sarkozy quand il était encore ministre de l'Intérieur. Fin 2007, devenu Président, il expliquait vouloir «faire passer l'immigration professionnelle de 7% à 50% des personnes qui s'installent durablement en France»

    Les Echos ont dévoilé vendredi le projet d'arrêté, transmis pour avis aux syndicats: la liste ne contiendrait plus que quinze métiers.


    Moins de métiers, moins de travailleurs immigrés et donc moins de chômage pour les Français: la logique est tordue et raboter la «liste des 30» risque fort de n'avoir que peu d'effet. Explications.
    A quoi sert la «liste des 30»?

    Deux listes de métiers «en tension», c'est-à-dire en manque de candidats, ouverts aux étrangers ont été instituées par arrêté le 18 janvier 2008. La première, la fameuse liste des trente métiers (en fait plus ou moins selon les régions), est destinée aux immigrés des pays tiers, en gros les pays du Sud, et ne liste que des métiers hautement qualifiés et ultra-ciblés: «informaticien expert», «installateur en ascenseur», «géomètre», «conseiller en crédit bancaire»...

    L'autre liste, qui comprend 150 métiers dont ceux des secteurs de la restauration, du BTP, des services, etc., qui emploient nombre d'immigrés, n'est valable que pour les ressortissants des nouveaux États membres de l'UE en période transitoire. Depuis le 1er juillet 2008, cette liste ne concerne plus que les ressortissants Bulgares et Roumains.

    Mais ce n'est pas tout. A ces deux listes s'en ajoutent une ribambelle d'autres, celles établies entre la France et les pays tiers. Ce sont souvent celles-ci, plus larges que celle des 30, qui s'appliquent: 108 métiers pour le Sénégal, 77 pour la Tunisie, 16 pour le Bénin, etc. «Elles ont fait l'objet d'accords bilatéraux. Il faudrait donc les renégocier», souligne Pierre Henry, de France Terre d'Asile.

    Dernier cas de figure: la personne immigrée ne «rentre» dans aucune de ces listes. Elle peut quand même obtenir un titre de séjour, si elle relève d'une autre liste, moins connue car ajoutée comme annexe au «guide des bonnes pratiques» des préfectures le 18 juin 2010 sous la pression des syndicats, après des mois de grève de travailleurs sans-papiers. Les 85 métiers qui y figurent comprennent les secteurs des services, le BTP, de la sécurité, de la restauration... C'est sur la base de cette liste qu'en lle-de-France 2000 travailleurs sans-papiers ont, selon la CGT, obtenu un titre de séjour depuis l'accord de juin 2010, sur les 3900 dossiers déposés par le syndicat.

    «Dans la grande majorité des cas, c'est cette liste des 85 qui s'applique, car bien plus adaptée aux réalités des travailleurs immigrés que la liste de 30, qui de fait ne sert à rien puisqu'elle ne correspond pas aux emplois réellement occupés», assure Francine Blanche, de la CGT. «Réviser la liste des 30, c'est juste un moyen de remettre le sujet de l'immigration sur le tapis à l'approche des élections.»
    Quels métiers resterait-il dans la «liste des 15»?

    N'y figurent plus, selon Les Echos, les agents d'assurance, géomètres, installateurs d'ascenseurs. «Des métiers pour lesquels l'immigration par le travail était déjà quasi inexistante», souligne le quotidien. « Les vraies restrictions se situent dans l'informatique (...) et surtout dans le BTP», poursuivent les journalistes. Dans ce secteur, seuls les dessinateurs industriels survivent à la révision de la liste. Les chargés d'étude, de chefs de chantier, de conducteurs de travaux en sont exclus.

    Les préfets pourront, dans leur région, restreindre encore la liste, jusqu'à ne retenir qu'un seul métier, précise encore le projet d'arrêté.
    De combien de travailleurs parle-t-on?

    S'attaquer à l'immigration légale de travail, c'est s'attaquer à un phénomène très marginal. «A peu près 20.000» personnes, chiffrait Xavier Bertrand en avril. «Alors que dans le même temps 500.000 emplois ne sont pas pourvus sur le marché du travail», souligne Xavier Chojnicki, chercheur en sciences politiques à l'université de Lille 2 et spécialiste de l'économie des migrations.

    Selon le rapport du Comité interministériel de contrôle de l'immigration, 23.650 personnes ont obtenu un titre de séjour au motif du travail en 2009. Roumains, Marocains, Américains, Maliens forment le gros des troupes. Puis viennent les Tunisiens, les Chinois, les Indiens (lire en détails p. 46).

    Les entrées pour motif professionnel ont fait un bond depuis 2005: de 15.000 personnes en 2005, on est passé à 20.000 en 2007, à 30.000 l'année suivante, avant de retomber aux 23.650 de 2009.

    Mais, là encore, «les métiers occupés par des nouveaux entrants ne correspondent que très peu à ceux découlant de la liste des métiers sous tension», indique Xavier Chojnicki.

    François Héran, chercheur à l'Ined, relativise aussi: «Les entrées légales, c'est 200.000 personnes, soit 0,3% de la population française. Les entrées professionnelles, c'est 10% des entrées légales. Ca veut dire jouer sur 0,03% de la population française, c'est imperceptible. On est vraiment dans l'épaisseur du trait.»

    Pas de quoi produire des effets significatifs, si tant est que ça soit possible, ni sur les flux migratoires, ni sur le marché du travail.

    Même Laurence Parisot interpellait, au printemps: «On parle de 20.000 personnes, est-ce qu'il y a un sujet sur 20.000 personnes?». Visiblement oui pour le gouvernement, soucieux d'afficher un volontarisme en matière d'emploi et d'immigration, quitte à faire des liaisons dangereuses entre les deux.
    Réduire la liste va-t-il permettre de former plus de chômeurs?

    Sur RTL en avril, Xavier Bertrand a fait le coup de l'immigré qui pique le travail aux Français. Le ministre prenait aussi l'exemple du «conducteur de travaux BTP», l'un des métiers de la liste des 30. «Vous ne pensez pas que ma responsabilité, c'est plutôt de former les demandeurs d'emploi pour occuper ces postes?», s'indigne-t-il.

    Sauf qu'opposer le travail des migrants et celui des Français n'a pas de sens. «Liste ou pas, former les chômeurs, c'est de toute façon pertinent», raille Gilles Saint-Paul, auteur du rapport «Immigration, qualifications et marché du travail» en 2009. «Il faut jouer sur les salaires pour rendre un métier attractif, mais ça, ce n'est pas dans l'intérêt des entreprises», souligne cet économiste libéral.

    «Certains emplois ne trouveront de toute façon pas preneurs parmi les salariés nationaux. Quel que soit le niveau de chômage, nous avons donc besoin d'une immigration régulière», réagissait Dominique Paillé, le nouveau président de l'Office français de l'immigration et de l'intégration, dans une interview aux Echos en avril.

    Les organisations patronales elles-mêmes sont sceptiques. Ainsi Geneviève Roy, de la Confédération générale des PME, prévient: «Attention à ne pas augmenter la pénurie. Dans les métiers sous tension, certains demandent un temps long de formation. Notre priorité, c'est de trouver des compétences.»

    Le principe de la liste est lui-même sujet à caution. «Ces listes sont mal conçues. Elles résultent de copinages patronaux et diplomatiques. Par exemple, une liste de 108 métiers a été définie avec le Sénégal, sans aucune justification économique», souligne Gilles Saint-Paul. De plus, poursuit-il, «tout métier est tôt ou tard en tension, il faudrait réactualiser la liste en temps réel». Or, elles n'avaient pas bougé depuis trois ans.

    Selon Les Echos, le gouvernement prévoit cette fois une révision «au plus tard le 1er août 2013».

    Libération.fr
    « Ça m'est égal d'être laide ou belle. Il faut seulement que je plaise aux gens qui m'intéressent. »
    Boris Vian

  • #2
    La France ne m'a jamais interessé, vivement l'amerique du nord ou l'Algerie.
    And ye shall know the truth and the truth shall make you free.

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