Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Décès du grand peintre tunisien Ali Bellagha

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Décès du grand peintre tunisien Ali Bellagha

    Aly Bellagha nous a quittés

    Aly Bellagha nous a quittés. Doucement, discrètement, sur la pointe des pieds. Cela faisait longtemps qu’il avait pris ses distances avec l’univers artistique qui était le sien.Ses amis galeristes, artistes, journalistes lui reprochaient souvent son absence aux vernissages.

    Il disait, en souriant, qu’il ne venait même pas à ses propres vernissages. Renfermé sur lui-même, dans un cocon familial, il confiait aux très rares amis qu’il acceptait de recevoir : «Je m’habitue à l’obscurité».
    Ce petit-fils d’artisan avait vécu dans le sérail : un grand-père qui appartenait à la très distinguée corporation des bchamkiyas (fabricants de babouches), un père chaouachi, une enfance à l’impasse Tej, cœur emblématique de la cité…
    On voulut le «désorienter». Il fit des études de géographie et même de droit. Mais l’appel des origines était le plus fort, le goût des matières, des couleurs et des harmonies l’emporta. Et c’est à l’Ecole supérieure des beaux-arts de Paris qu’il achèva ses études avec un intérêt particulier pour la gravure et la céramique.

    A son retour, au sein de la toute jeune et très active Ecole de Tunis, il s’intègra tout en se distinguant.
    On ne quitte pas impunément l’univers si riche d’une tradition artisanale séculaire, il en reste toujours quelque chose : dans ses sujets — ceux d’une vie traditionnelle toute de raffinement, d’esthétisme — dans ses techniques — la gravure sur bois occupe une part importante de son œuvre — dans son approche où il avait voulu, et réussi, à se faire le réceptacle d’un art millénaire revisité à sa manière.
    Pour ceux qui ont connu son atelier de la rue du Pacha, et l’extraordinaire collection d’objets qu’il y avait amassée, somptueux pour certains, modestes pour les autres, mais tous chargés du poids du passé, Si Aly restera toujours le gardien du temple.

    Sa galerie — Les Métiers — qu’il anima longtemps en ville, d’abord, puis au bas de la colline du Belvédère, lui permettait de rester en contact étroit avec ses origines, et ces artisans qui, tous, lui apportaient quelque chose.
    Modeste, discret, humble même, il avait toujours refusé les hommages que le monde de la culture voulait lui rendre.
    Absent de la scène publique, il répondait toujours positivement à ses amis galeristes et jamais ne refusait d’exposer quelques œuvres pour eux.
    Ce très grand artiste qui, désormais, disait vouloir s’habituer à l’obscurité, venait d’accepter de participer à une exposition sur le thème de la lumière.
    Seuls ses amis le savaient : à Sidi Bou Saïd, dans une ravissante demeure qu’il avait aménagée avec un goût subtil, il avait réuni ses œuvres pour en faire un musée.

    Il en parlait peu, mais s’en occupait activement.
    Nous souhaitons que ses amis et sa famille concrétisent ce projet.

    Alya
Chargement...
X