La peur de l’enlisement
La coalition de l’Otan, qui bombarde la Libye depuis mars, se heurte à l’absence de progrès majeurs de la rébellion sur le terrain et à une résistance inattendue de Mouammar Kadhafi. L’espoir d’une sortie politique du conflit semble mort, et l’enlisement guette, même si le mot est encore proscrit.
«Sans doute avons-nous sous-estimé la résistance des forces de Kadhafi», reconnaissait jeudi le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé. Mais «on ne peut pas parler d’enlisement» car il n’a jamais été question de «guerre éclair».
À la pointe de cette guerre, la France assure avec ses avions le tiers des frappes contre le régime de Kadhafi. L’autre fer de lance de l’opération est Londres.
«La communauté internationale ne pourra pas mener une guerre longue»
Après avoir justifié ces bombardements par la protection des civils, les Occidentaux ont rapidement demandé le départ de Mouammar Kadhafi. Cette exigence complique aujourd’hui toute solution politique, estiment les experts.
«Ce que veut la communauté internationale, c’est que Kadhafi parte. Mais il ne peut pas y avoir de solution politique sans Kadhafi, en l’état actuel du rapport de forces et de l’occupation du terrain», relève ainsi Jean-Yves Moisseron, chercheur à l’Institut pour la recherche et le développement (IRD).
«Donc, il n’y a pas d’issue, il y a un enlisement pour un certain temps et il n’est pas sûr que Kadhafi s’en aille parce que la communauté internationale, la France en particulier, n’a pas les moyens de mener une guerre longtemps», estime-t-il.
Sur cette question, les principales puissances de la coalition ont tâtonné ces dernières semaines. Après avoir semblé tenir à un départ de Kadhafi de son pays, elles ont accepté qu’il y reste à condition d’abandonner toute fonction politique et militaire.
Diverses sources ont fait état de discussions entre des pays de la coalition, des proches de Kadhafi et le Conseil national de transition (CNT, rébellion). Mais ces discussions sont restées stériles.
Un soulèvement de la population de Tripoli ou une offensive victorieuse de la rébellion sont également très incertains. Selon des experts, la structure tribale de la Libye y est pour beaucoup.
Des raids pour casser l’appareil d’État «et qu’à un moment il s’écroule»
«Les Libyens sont bons pour se battre sur leur terrain, mais quand il s’agit d’aller porter la guerre sur un autre terrain, c’est une autre affaire», explique Patrick Haimzadeh, ancien diplomate et auteur du livre Au cœur de la Libye de Kadhafi». Et les progrès militaires de la rébellion depuis quatre mois apparaissent marginaux, ajoute-t-il.
«Pour schématiser, les tribus berbères du Djebel Nefoussa (sud-ouest) sont prêtes à défendre leur terrain, mais elles n’iront pas à Tripoli, parce que ce n’est pas leur référentiel», confirme Jean-Yves Moisseron. De plus, le ramadan, commencé au début de la semaine, pourrait figer les positions.
Les Occidentaux doivent aussi tenir compte des soutiens dont le leader libyen continue de bénéficier dans le pays. Selon ce chercheur, Mouammar Kadhafi a aussi réussi, dès les premières semaines de la guerre, à retrouver des alliances avec certaines tribus puissantes.
Les bombardements aériens permettent d’affaiblir l’appareil sécuritaire de Kadhafi. Comme celui qui a prétendument tué l’un des fils Kadhafi (notre encadré).
Avec ce genre de raids, on cherche à casser l’appareil d’État «et à un moment donné le système s’écroule». «En Libye, il y a un appareil d’État extrêmement réduit (...) Ce n’est pas un État classique», relativise Patrick Haimzadeh.
DNA
La coalition de l’Otan, qui bombarde la Libye depuis mars, se heurte à l’absence de progrès majeurs de la rébellion sur le terrain et à une résistance inattendue de Mouammar Kadhafi. L’espoir d’une sortie politique du conflit semble mort, et l’enlisement guette, même si le mot est encore proscrit.
«Sans doute avons-nous sous-estimé la résistance des forces de Kadhafi», reconnaissait jeudi le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé. Mais «on ne peut pas parler d’enlisement» car il n’a jamais été question de «guerre éclair».
À la pointe de cette guerre, la France assure avec ses avions le tiers des frappes contre le régime de Kadhafi. L’autre fer de lance de l’opération est Londres.
«La communauté internationale ne pourra pas mener une guerre longue»
Après avoir justifié ces bombardements par la protection des civils, les Occidentaux ont rapidement demandé le départ de Mouammar Kadhafi. Cette exigence complique aujourd’hui toute solution politique, estiment les experts.
«Ce que veut la communauté internationale, c’est que Kadhafi parte. Mais il ne peut pas y avoir de solution politique sans Kadhafi, en l’état actuel du rapport de forces et de l’occupation du terrain», relève ainsi Jean-Yves Moisseron, chercheur à l’Institut pour la recherche et le développement (IRD).
«Donc, il n’y a pas d’issue, il y a un enlisement pour un certain temps et il n’est pas sûr que Kadhafi s’en aille parce que la communauté internationale, la France en particulier, n’a pas les moyens de mener une guerre longtemps», estime-t-il.
Sur cette question, les principales puissances de la coalition ont tâtonné ces dernières semaines. Après avoir semblé tenir à un départ de Kadhafi de son pays, elles ont accepté qu’il y reste à condition d’abandonner toute fonction politique et militaire.
Diverses sources ont fait état de discussions entre des pays de la coalition, des proches de Kadhafi et le Conseil national de transition (CNT, rébellion). Mais ces discussions sont restées stériles.
Un soulèvement de la population de Tripoli ou une offensive victorieuse de la rébellion sont également très incertains. Selon des experts, la structure tribale de la Libye y est pour beaucoup.
Des raids pour casser l’appareil d’État «et qu’à un moment il s’écroule»
«Les Libyens sont bons pour se battre sur leur terrain, mais quand il s’agit d’aller porter la guerre sur un autre terrain, c’est une autre affaire», explique Patrick Haimzadeh, ancien diplomate et auteur du livre Au cœur de la Libye de Kadhafi». Et les progrès militaires de la rébellion depuis quatre mois apparaissent marginaux, ajoute-t-il.
«Pour schématiser, les tribus berbères du Djebel Nefoussa (sud-ouest) sont prêtes à défendre leur terrain, mais elles n’iront pas à Tripoli, parce que ce n’est pas leur référentiel», confirme Jean-Yves Moisseron. De plus, le ramadan, commencé au début de la semaine, pourrait figer les positions.
Les Occidentaux doivent aussi tenir compte des soutiens dont le leader libyen continue de bénéficier dans le pays. Selon ce chercheur, Mouammar Kadhafi a aussi réussi, dès les premières semaines de la guerre, à retrouver des alliances avec certaines tribus puissantes.
Les bombardements aériens permettent d’affaiblir l’appareil sécuritaire de Kadhafi. Comme celui qui a prétendument tué l’un des fils Kadhafi (notre encadré).
Avec ce genre de raids, on cherche à casser l’appareil d’État «et à un moment donné le système s’écroule». «En Libye, il y a un appareil d’État extrêmement réduit (...) Ce n’est pas un État classique», relativise Patrick Haimzadeh.
DNA
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